Au rayon de l’éternelle Lumière
vont les âmes en robes étoilées,
parmi voiles d’or et de bleu tissés,
et avec elles, je vais de piété altière.
Je franchis le pont sur les flammes
puisque toutes nuits, il nous faut le franchir,
et enfin être avec eux, les mains jointes en la lyre,
en adoration car adorer est bien, est une juste âme.
Elle, me tend la main, je lui offre la mienne,
de lumière fécondée qu’Amour éclaire.
Elle m’offre à chaque venue sept couleurs claires,
comme sur terre, nous offrons des fleurs pauliniennes.
Nos bras n’ont pas assez de longueur d’homme
pour s’aimer ; et nous les prolongeons d’un cœur
pour vivre le plus noble des sentiments-soeurs,
le plus pur, le plus grand, et nous sommes.
Au rayon de l’éternelle Lumière
vont les âmes en robes étoilées,
parmi voiles d’or et de bleu tissés,
et avec elles, je vais de piété altière.
Montserrat Caballé sur des paroles et musique de Vangélis
Nous vivons plus que jamais une époque ou l'étrangeté côtoie le non-sens et le monde s'en satisfait comme si cela était une rose. Savent-ils ce qu'est une rose ?
BL
"Le poème de l'âme" de Louis Janmot
Étrange est le silence diurne du disparu,
Malgré la brise légère dans le jardin fleuri,
Malgré le soleil dardant son éclat sans bruit,
Une tombe sans corps révélant son esprit.
Et je la cherche dans un papillon, une rose,
Une fleur d’hortensia, une abeille butinant,
Un lilas mauve, un brin de muguet blanc,
Un souffle d’air, un nuage clair, la rosée.
Et je l’appelle au petit jour, le soir tombé,
Encore à minuit, aux heures immobiles,
Quand le clocher sonne le siècle fébrile,
Lors la retraite du vent, le repos fécondé.
Et je la demande, et je la prie, et je la rêve,
Un peu, beaucoup, tellement, sagement,
Dans son absence, sa voix exhalée, son pas lent,
Son sourire, ses larmes, aussi, sans trêve.
Et je vois Jeanne assise sur le banc de pierre,
Près des roses, pas loin des chardons pourpres,
Regardant l’eau de la Meuse, l’onde lourde,
Les pieds meurtris, une perle sous sa paupière.
Et je prends son silence en mon cœur fondé,
Ne comprenant plus cette amère désertion,
Que blouses blanches ont imposé de trahison.
Ah ! Vieillir pour mourir d’un létal comprimé !
Et son silence devient le mien, loi soumet.
Son corps nu, laissé à la dérive, mis en bois,
Ses cheveux à la dérive, la ride accentuée,
Son mutisme, me disent l’atonie de ses souhaits.
Et je vais dans le jardin, de fleur en fleur,
Scrutant chaque pétale léger des sauges rouges,
Espérant voir sa main dans un bouquet farouche,
Traînant mon jour, ma sœur, aussi, pour cette heure.
"Chardon-Marie" photo issue du site
https://www.femmeactuelle.fr/evenements/femme-actuelle-senior/(offset)/1134
Lorsque tout est immobile, quand tout attend,
Que néant, et tout, a été dit,
Je dessine un bateau sur l'océan étale,
Aidant la destinée achevée.
Le vent se tait ; le soleil se lève,
Ne s'étant pourtant jamais couché, ni levé,
Laissant le droit hébété aux rêves
De leurrer le monde, la peur à son chevet.
C'est Orphée, par l'enfer torturé,
Qu'Amour sauve l'amour qu'Hadès a enfin vu ;
Et de son chant, m'ayant embrassé,
Pour l'abondance d'une âme blessée, s'est tu.
Elle se couche, le pli défait.
Un pan vif de drap glisse, laissant l'âme vide,
Aux heures blêmes d'efforts parfaits
Qui veulent accomplir la lumière sur ses rides.
Je la prends dans mes bras fort meurtris,
Que mes pas affligés ornent de fleurs garances,
Et dans un chardon-Marie* fleuri ,
Disent la vie, d'un soubresaut lorrain en France.
À ma mère
*Le Chardon-Marie est l'emblême de la Lorraine
Tableau de LOUIS MARIE DE SCHRYVER
https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-19e-siecle/louis-marie-de-schryver.html
Vous attendiez dans une gare, altière et timide, l'oeil rivé au temps,
Un train qui n'avait de destination que notre rencontre dans l'air du temps ,
Coiffée d'un chapeau sage et la jupe longue aux chevilles
Je ne sais pourquoi encore, je vous vis, d'abord sans famille.
Comme vous, j'attendais dans la vaste salle
Sans savoir que c'était vous, vous et moi sans malle,
Les pieds entravés de sacs, nonchalamment posés,
Comme déposés par envie de l'attente reposée.
Je ne sus pas pourquoi, mes yeux se firent regard,
Au votre s'esquivant pudique, les paupières embellies de fard,
Vous étiez ailleurs et si présente,
Presque transparente.
Je vous vis longuement évanescente,
Tout à la fois surgissant de l'ombre tourmente,
Comme un saule aux larmes somnolentes,
Qui vous prit et vous reprit d'une émotion en attente.
Le sentiment naissant de l'inconnue faveur
Me fit votre diligente en votre présence, vécue telle une saveur.
Je peignis en mon âme un vaste paysage
Avec pour couleurs votre visage pour modèle sage.
Aux marques du temps je me suis suspendue,
Flânant fièrement à la lumière des lueurs attendues
Que jamais vous n'aimerez autant que moi
Dans ce clair obscur presque Verméen des émois.
L'aura couronnée de pastels en des fleurs vibrantes,
La composition florale dans le creux de la ride passante,
Je vous vis et vous vécus comme une ode aux fées,
Qui des passantes riches de soucis à la pensée étoffés.
Photo du site https://www.deviantart.com/mementomori-stock/art/vintage-springtime-woman-163798129
Je n'osais peut être pas frôler votre attention ,
Qui pourtant me scrutait, loin des nuages et des volitions ;
L'envie me prit de vous connaître sans oser de témérité,
Je ne vous connaissais ni de vous, ni d'Astarté !
A l'alizé soufflant vers Freyja, Bast et Sélène tendrement,
Je vous vis encore auréolée d'ondes garances en mouvement,
Que seule, revêtue de mon esprit rassuré, à vos vœux d'émerveillement,
Vous fîtes très soudainement deux à nos grands soulagements.
Je n'avais que cela à vous dire très chère Madame !
Ce poème pour vous être votre puissant dictame.
À l'orée des jardins et des chapelles fleuries, vous êtes ;
Des fleurs gardez le ciel en levées d'aurores, or et violettes.
Poème écrit pour une vieille dame et sa fille
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