Gustave Moreau "Poète mort porté par un centaure"
Viendras-tu au crépuscule danser
et de ta claire flamme bercer ma peine ?
Revêtu de ta capeline ébène,
viendras-tu rimer en ma pensée ?
Abandon est un lourd fardeau
quand déserte le seuil en silence
puisque vie est mort et mort est existence,
tes jours éteints déposés au tombeau !
Seras-tu là aux heures solitaires
quand la nuit installera son voile d’apparat
pour réjouir ma vue de ton aura
brodant en mes mains l’issue de Jupiter ?
Prendras-tu ma main au grand matin
signant ta lumière de tes pupilles de flore,
quand du vert émeraude à l’éclat d or,
tu écris encore sur mes genoux samaritains ?
Ah ! Vieillir ! disais-tu, le regard mouillé.
Je t’emmène. Vivre est bien assez ! Viens !
Trop de deuils révèle le signe du lien
en notre sceau achevé et dépouillé.
Viendras-tu ce soir à minuit
cueillir le fruit de nos plaies
nous remémorant avoir fleuri les cyprès
aux instants silencieux et d’amour infini ?
Mort est le chat poète et son poète
écrivant chaque soir la beauté des étoiles,
et des célestes confins dessinait des toiles
qu’années sans fin racontaient au poète.
Ce texte car il vous faut imaginer que durant 12 ans, j'ai écrit tous les soirs - sans exception - avec mon Cyrano (mon chat) couché sur mes genoux.
Cela n'aurait pas déplu à l'écrivain Colette.
Tableau pastel sec d'Arild Rosenkrantz " Âme groupe"
Âme-Groupe féline,
moi qui contiens tous les félins du monde,
du chat, du lion, du tigre, du lynx au puma,
je dirige de l’univers ma grande sagesse
que chaque groupe félin prend de ma prévenance,
attendant du règne humain l’Amour
qu’incarne en mon essence la Création.
Moi, si haute dans le règne de l’Esprit,
observant le geste humain en sa pensée,
écoutant la parole de l’homme,
sentant le parfum de la pensée,
sans goûter le nectar de son principe,
je vis dans la volonté des hommes
incarnant l’Amour de ma Nature.
Accompagnée des êtres élémentaires
dont je suis en la lumière vivifiante
l’avenir dessiné à mon règne venant,
je vis dans l’image humaine
qui fut l’origine de mon sacrifice
Que l’évolution soit !
Recueillant l’Amour versé en mes membres,
lumineuse suis-je quand nous sommes,
accompagnant la mort du détachement
me revenant en offrande de la chaleur du monde,
par ma volonté spirituelle,
le devenir de la lumière du monde.
Assaillant les hommes sans compassion
quand du mal terrible, ils me soumettent
et me flagellent l’Esprit que nul ne ressent,
je jette sur les âmes habitées du vide
ma colère divine assiégeant l’homme.
Reconnaissante aux êtres m’aimant
quand du bien en conscience ils me louent,
de la clarté en la pensée, je vis,
et en mon cœur je me repose parfois
quand la souffrance m’est si immense
que accablée, je vis le froid de mes fauves.
Âme féline ayant conservé le souffle de la vie,
que crée le Verbe chaque instant en ma mémoire
mon éternité attend l’heure céleste me faisant Ego
par le Logos en Sa substance répandue,
Son Essence d’Amour que je regarde de loin
aimée de Lui, non dans la conscience des hommes.
Vais-je sereine aux heures prenant mes défuntes créatures,
cueillant le fruit des vies vécues sur terre,
je m’abandonne en leur respiration les quittant,
remettant à la tunique de l’univers leur air chaud
habitant la beauté de Sa lumière flamboyante
qu’il soit jour ou nuit, crépuscule ou aube,
que nul ne peut saisir de ses mains.
Et la conscience de l’âme en l’Esprit
s’établit en mon Âme-Groupe portant avec clarté
toute ma douleur non fécondée du regard humain,
que chacun de mes Êtres sert de ses douleurs
quand ils vivent assujettis à ma mémoire.
Remerciant le membre nous laissant,
seul sur notre terre, divine en son Graal que je vois,
sans en comprendre toute la merveille en Lui vivant,
nous laissant dans l’agir de l’Amour, comme perdus
que prenez-vous en soi de mon immense sagesse ?
Et quand de leurs foyers, ils furent l’hôte et le compagnon,
le guide et le chemin, guérissant leurs et nos plaies,
ils se couchent sur leurs corps malades,
apaisant et redonnant l’énergie de la vie
afin qu’ils comprennent.
Il y a dans l’aether une solennité établie
car d’âme animale ayant vécu dans l’ombre humaine,
je regarde la transformation en son processus
qui de sa noblesse étreint les cœurs m’ayant servie,
et dans le physique, là, laissés, rendant à la terre
sa poussière devenue étincelle d’or,
m’emplit de son inouïe chaleur
telle une flamme devenant mon flambeau.
Moi, recevant le contenu de leurs joies et de leurs peines
vécues chaque minute, sauvages ou apprivoisés,
dis au Christ le calvaire vécu d’avoir été méconnue,
qu’Il prend avec moi, remettant en ma vertu,
le pouvoir de juger et de peser les âmes,
selon qu’elles m’ont aimée et animée d’amour
ou fait subir de supplices innommables.
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C’est un chat noir,
un vieillard si vieux,
noire est sa longue robe,
rose est son nez fleuri.
Sa robe est en velours,
douce comme la soie,
chaude tel l’été,
belle et légère.
Cyrano est son nom,
de la Mosquée Bleue,
de l’Arc de Lune,
mon angora Turc.
Quand il aime,
m’aimant sans lassitude,
il va clopinant,
épuisé par son âge.
Quand il s’allonge
sur ma hanche fragile,
quand il me soigne,
il témoigne de son ciel.
Son étoile au firmament,
si haute, si noble, brillante,
qu’il en est le prince et le sire,
brille de l’éclat de ses yeux.
Les jours vieux l’aiment
car de son règne, il est le vrai roi,
ordonnant le sage et la fidélité,
qu’il n’a jamais cessé d’être.
C’est Cyrano au pays du bien,
l’ami sans fêlure, le bienveillant,
le compagnon de toute heure
qui, encore appelle sa Rose.
Vient-elle d’en-haut le chercher
pour une autre vie,
d’autres genoux plus forts,
qu’il attend l’heure de la lune.
Cyrano, de ces photos qu'on aurait voulu faire sans y parvenir.
Le chat pose ; on ne fait pas attention au décor
et le résultat prête à sourire
né le 18/08/2007 - décédé le 01/10/2023 à 17h15.
RIP Mon bel ami.