Odilon REDON "La mort d'Ophélie"
https://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-redon.php
http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/autour-de-redon.html
Il y a de la désespérance en moi,
Chaque fois que j'entends hurler,
Autour de moi, toujours entendre,
L'insatisfaction et hurler la haine.
Il y a de la désespérance en moi,
Chaque heure où l'orgueil se plaît
À calfeutrer ses propres défauts,
À enterrer l'autre par l'acte de terreur.
Il y a de la désespérance en moi,
Chaque fois que l'autre est parfait,
Ignorant tout des âmes passantes,
Riant des viles imperfections.
Il y a de la désespérance en moi,
Chaque seconde que fait la vie,
Aux cris des corbeaux noirs,
Tirant sur la colombe des devoirs.
Il y a de la désespérance en moi,
Quand ternir la beauté est volonté,
Lorsque les femmes, aux rictus creux,
S'évertuent à creuser les rides d'autres.
Pire est ma désespérance,
Quand la haine habite le jour,
Et que la nuit traîne son cri,
En de longues mémoires sans vie.
Que dire des hommes qui rient,
Parfois pire que les langues des femmes
Aux quarts de leurs muscles laids,
Au faîte de leur tessiture asexuée ?
Il y a de la désespérance en moi,
Chaque fois que je vois la suffisance,
Chaque fois que noms veulent s'asseoir,
Aux rêves des célébrités, qui rien ne laissera.
S'il faut de la désespérance pour dire,
Espérer améliorer la condition humaine,
Je clame haut et fort ma désespérance,
Devant ce monde terne, à la dérive.
Ne criez plus dans mes oreilles,
Que cris balafrent de sons stridents,
Ne hurlez plus le manque d'élégance,
Si l'élégance attendue est espérée !
Je veux pouvoir entendre des sourires
Et encore entendre pousser les fleurs,
Quant à la nuit, enfin, cessent les cris,
Et que le silence devient sage et profond.
Il y a de la désespérance en moi,
Quand face aux deux extrêmes,
S'agenouillent les hommes,
Et du milieu, n'en voient pas la beauté.
Faudra-t-il qu'elle s'éteigne,
Comme s'éteint l'électrique lumière,
Pour ne plus voir que la lumière,
Qui, au cœur des cœurs, s'allume.
La désespérance gagnera son soir,
Lorsqu'elle se sera regardée,
Parfaite en son miroir,
Couchée, à force d'avoir désespéré.
S'il faut que vie témoigne
Des justes retours d'actes,
Parce qu'il est juste de récupérer
Ce que l'on sème, j'entendrai le pardon.
Alors cesse ma désespérance,
Jusqu'au jour suivant engendré,
Qu'humains salissent de terreurs,
Quand j'engendre l'embellie des levants.
Roses, bleues, grenats dorés, solaires, élues,
tendres bourgeons infiniment lents et féconds,
vont dans mon jardin, de ciel grisé, revêtues,
nues dans leurs frêles tenues, depuis des éons.
En avril, loge un rêve glorieux dehors,
que notre espérance d’éclore ensoleillée,
dévoile aux roses de jours, nos épines d’or,
qu’ensemble, nous allons avec art vers l’été.
Pourpres, orangées, ambrées, attendent les fleurs,
espérant fleurir à foison sur les charmilles,
ornant de leurs fines lianes, la douceur :
murs et écrins, chaumières, nids et haies dociles.
Giroflées, opales, rubis, bleu-saphirs-nuits,
secrets d’inexprimables perles de nuances
dansent dans la campagne et ses vertes prairies,
psalmodiant, avec l’oiseau bleu, l’abondance.
Le voyons-nous folâtrer avec l’hirondelle,
haut, haut ! dans le firmament lié - Nous inonde -
prenant à peine manifeste de Ses ailes
le fleuron qu’Il veille, tout juste né au monde.
Puis, voyons-nous la terre fleurie pour Son Verbe,
Amour immortel de clarté en Ses volutes,
que nous sommes Son cloître, tous Un en Ses lettres,
qu’oiseaux et Sylphes jouent en leurs vols de leur flûte.
Toutes photos libres de droits ; site Pixabay
Tableau acrylique Béatrice Lukomski-Joly
C'était hier ; et demain est venu au présent,
Racontant son histoire pour un passé vivant ;
Rien n'a vieilli ; tout est là ; tout se mêle ; les ans,
Les siècles, nos vies, tous ces pas nous reliant !
Partie, la vie revient, son sac lourd d'offrandes ;
Une voix ; la joie ; se retrouver ; rien n'a vieilli.
Un enfant, un navire, un poème, une pluie,
Tout avance ! Ma mémoire révèle l'amande..
Les douleurs s'amenuisent ; les plaies se défont,
Mon cœur est allé fendre la nuit ; c'est vendredi.
Vénus chuchote : en ce jour où si peu pense, je te le dis,
Vois la volonté des enfers qui meurent. Prions !
Mon cœur a fendu la nuit ; la nuit parle et luit.
La lune a brillé ; le soleil attend son heure.
Mon dos plie sous la charge ; je pleure.
Il me dit : viens ! Suis-moi ! dès aujourd’hui !
Je prends demain dans mille étoiles se levant ;
C'est vendredi ; vendredi est long ; je meurs.
Avec vous, pour vous, je vais, plié de sueur ;
Je marche ; le bois crisse d'un pas du vent.
Je chute ; j'ai peur ; pas cette heure ! Vois !
Fleurs baignent dans l'éclipse ; le monde est muet.
Ma mère gîte avec moi ; vivre d'un grain de millet !
La vie coule d' abondance neuve. Vois !
Bras en croix, épaules fatiguées, mains percées,
Pieds épousés, je regarde le monde ; entends !
Chacun s'affaire pour mon calice ; Ô, Jean !
Terre devient ; je la foule, les genoux pliés.
Tout se tait ; oiseaux ne chantent plus ; je meurs.
Sept cors vibrent ; sept étoiles disent ma parole ;
Neuf mondes s'ouvrent ; d'ailes nouvelles volent
Cent pauvres hères ; douze devient onze ; demeure !
Lymphe et nectar ! Roses à leurs pétales s'ouvrent ;
Colombe chante dans le tourment ; J'ai soif.
Meurt le vin ! L'eau afflue ; terre me coiffe.
Et dans la main gémit une épine qui me couvre.
Tableau de Daniel Plasschaert
C'est vendredi. Lilas baissent leurs branches.
Source vive descend du tertre douloureux.
Corde se balance au pied des buis malheureux ;
C'est vendredi ; et Terre m'épouse d'une pervenche.
Wagner/Liszt - Feierlicher Marsch zum heiligen Graal aus "Parsifal", S.450 1/2
J’ai vu quelqu’un de triste
alors je suis entrée sans frapper ;
sa douleur m’était insupportable,
je suis entrée en son âme.
A cause des yeux tristes sous son front,
j’ai pleuré de tristesse
prenant la tristesse en mon âme
tant son âme pleurait.
Y a-t-il plus vaste entrée qu’un regard
quand les iris à peine brillent,
car trop de douleurs rencontrées,
car le monde n’est pas à sa hauteur.
J’ai vu la beauté derrière le voile,
il faut l’affirmer, l’éclat de l’infini,
la splendeur dans l’harmonie
et triste était le tourment que nul ne voit.
Je suis entrée dans la pupille,
iris fleuri, solitaire et orpheline,
car des roses par sept croisées,
j’ai vu l’âme que nul ne voit.
La douleur du monde dans le regard,
et la peine de l’impuissance,
m’ont dit la patience de la lueur
présente dans la peine lumineuse.
J’ai vu dans le poète l’avenir du Seuil,
et dans l’écriture la grâce de l’espoir,
l’immensité de la vie et du destin,
sans rien dire car je suis entrée.
Je suis entrée par deux grandes arcades
gravées dans la ride du temps,
et j’ai vu la profondeur des larmes
qui n’ont pas été versées, devenu océan.
J’ai vu quelqu’un de triste
alors je suis entrée sans frapper ;
sa douleur m’était insupportable,
aussi, je suis entrée en son âme.
Quand sa lumière éclairait sa tristesse,
c’est la peine qui témoignait de son Amour,
et j’ai vu l’Amour en l’âme solaire
parce qu’Il est Dieu, parce qu’Il est sien.
Je suis entrée en son âme, forte de cette clarté,
brillant sur les Sceaux de son front
qui ne peut être écrite que par la peine
vécue en soi pour le monde.
Alors, cette beauté infinie en ses étoiles
m’a montré l’année trente-trois
de l’an Un vécu et partagé
quand près du Mont tout a commencé.
Et, dans la Gloire du Berger qui conduit,
venu à nous pour témoigner,
jamais la douleur d’un Dieu n’a pu s’effacer
que regards ayant vu, aussi témoignent.
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Il y a de longs mystères infinis
adoucissant l’Humanité de nuit
quand la Mort eut écrit sa partition
entre le jour et la nuit de Son adoration.
Des Dieux réunis Le contemplant,
l’écriture put enfin dans le sang
se lire d’absolue mémoire,
et la nuit devint soleil en Sa victoire.
Le trépas fut délivré de ses ombres,
les martyrs se levèrent en grand nombre,
le mal vaincu, mais présent, vit l’auréole,
et reconnut la divine parole.
Nul ne comprit cette soudaine glorification,
là, agissante pour notre consécration,
nous, sublime merveille de l’avenir
qui ne dit pas son secret en Sa myrrhe.
Tout restait à faire, pour nous, en Sa naissance,
nous, en Son esprit, consacrés d’encens
pour Son sacrifice devenu vie en la foi,
enfin épousée pour le don de sa croix.
Y eut-il plus noble nuit depuis la Nuit céleste
ayant engendré l’homme à l’ouest et à l’est,
quand tout luit de Sa lumière au premier jour,
quand la terre frémit de tant d’Amour.
de Ladislav Záborský peintre slovaque - 1921-2016
https://en.wikipedia.org/wiki/Ladislav_Z%C3%A1borsk%C3%BD
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