Béatrice Lukomski-Joly


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1 / Du souci de comprendre le jour et la nuit et 2 / des traductions automatiques sur certains concepts

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Aube ou point du jour

Le jour est né de la nuit.

En hommage au poète Novalis que j'ai profondément médité depuis des années, en évitant de lire ce qui pouvait s'écrire de parts et d'autres sur le pourquoi pour comprendre par moi-même, tout en lisant foule d'articles autres sur le poète.

Pourquoi ai-je tant écrit à propos de la nuit et moins sur le jour ? Il suffit de lire le poète Novalis pour comprendre et pourtant, quelle est la réponse du pourquoi la nuit plutôt que le jour puisque Novalis, poète mystique autant que spirituel sans mysticisme, nous parle bien de l'allégorie de la nuit, et non du jour qui est l'éclatante lumière témoignant de ses écrits en Christ. L'énigme est à défricher et s'il y a énigme, c'est que réponse est sous nos yeux, facile à comprendre et en cela mérite que l'on s'y arrête.

Poète, je me suis dit que le poète intérieur pouvait comprendre la pensée d'un poète, comprendre ce qui n'est pas dit, car c'est tellement évident que le dire serait reformuler une évidence. Il ne tait donc pas un fait, n'en fait guère davantage une énigme. 

La nuit précède le jour : lumière, connaissance, amour, élévation, spiritualité haute  et non le jour précède la nuit, nous ne pouvons alors qu'adorer la nuit et lui vouer un culte de reconnaissance pour son don en le jour et sa lumière.

C'est ce que j'écris dans mes poèmes lorsque je parle d'elle.

À noter qu'une connaissance s'est perdue ; c'est celle qu'aube et aurore sont deux temps différents, bien marqués, qui apportent le jour, partition en trois temps, témoin de la lumière qui se nomme, et non jumelles. Le matin ne peut donc qu'être trinitaire en ses aube, aurore et jour. Si nous voulions marier l'aube et l'aurore, nous aurions à dire " crépuscule du matin" en opposition au "crépuscule du soir", plus connu.

 

Aurore

 

Le crépuscule du soir n'est que le rappel du crépuscule du matin avant la nuit ; ils ne sont donc pas opposés ni en opposition. Ils sont UN dans cet aspect trinitaire de la nuit et du jour. Si l'un est joie et l'autre semblerait être une angoisse, c'est en leur pouvoir de vérité qu'il faut s'atteler à déceler ce qu'ils nous disent intérieurement.

Pourquoi l'un serait la peur alors que l'autre serait un chant dans cette absence d'opposition ? Pouvons-nous penser que le chant devenu hymne ne s'adresse qu'au matin ? Non ! car le chant de la nuit n'est que la conscience de ce que la nuit apporte le jour dans le Soi-esprit. Ce n'est pas le jour qui offre la nuit, mais bien la nuit qui offre le jour. Le jour ne peut pas offrir la nuit, ce serait contraire à la volonté de la lumière que de nous porter si haut dans le chemin de connaissance ; l'inverse correspondrait à une chute tel un ange déchu. La nuit porte donc bien le disciple vers son jour. Image d'une connaissance, image d'une réalité, la nuit est ce silence dans un espace vide que nous devons remplir de lumière en soi.

Si nous considérons que la création a procédé de la nuit, de l'immobilité par un don pur d'amour pour offrir le jour, il va alors de soi que nous devons louer la nuit d'avoir créé le jour, car sans elle nous n'aimerions pas, nous n'irions pas vers le Soi-esprit, et c'est dans ce mariage aube/aurore que la nuit nous apporte chaque matin ce que la nuit est, en demeurant unique, pendant que jours se succèdent pour acquérir la lumière unique, UNE.

 

Explications pour les personnes de langue anglaise sur les mots "aube" et "aurore" lors de la traduction automatique.

 

Pour revenir sur l'explication donnée sur la différence entre l'aube et l'aurore qui sont deux moments distincts du lever du jour ; l'aube apparait avant l'aurore pour donner le jour, l'aube est le POINT du jour et "l'aurore est la lueur qui suit l'aube précédant le lever du soleil" (définition du dictionnaire français).  Je me suis questionnée pour savoir si cette différence dans ces deux états physique existait en d'autres langues que le français. 
Puisque mes poèmes, sur le blog, sont lus par beaucoup de pays dans différentes langues, j'ai voulu vérifier. Et je découvre qu'en langue anglaise "aube et aurore" ne sont qu'un seul mot " dawn" , il n'y a pas de différence ! Dès lors,
 pour une personne de langue anglaise, mes écrits parlant de l'aube et de l'aurore, deviennent incompréhensibles, toutes subtilités absentes. En langue anglaise, le vide s'installe, ici.

En allemand, la différence existe ; nous avons "Klinge" pour l'aube et "Morgendämmerung" pour l'aurore. Les textes sont alors traduisibles dans leur subtilité. Idem en espagnol et en italien et autres langues.

Il est intéressant de voir qu'en langue anglaise, les subtilités dans la réalité du monde disparaissent, n'existent pas. À ce que j'ai pu constater également dans les traductions, il n'y a jamais d'autres choix possibles dans la langue anglaise et que le sens des mots est souvent falsifié comme en français pour ce que j'en connais.

L'inverse est vrai aussi, là où relier en anglais se traduit par "to connect" et que connecter est " to log on", le français traduit toujours "to connect" par connecter  "to log on" (!) alors qu'il serait juste de traduire par " relier"  qui est le sens réel, juste. Pourquoi ?  "to log on" est un mot informatique et "to connect" est un mot humain en langue anglaise, alors qu'en langue française  "connecter" n'est plus le verbe relier, il devient une forme négative en opposition à l'humain. Il faut avoir conscience de cela dans le choix des mots lorsque nous traduisons.

Je pourrais ainsi donner d'autres mots qui, dans la traduction où leur prise de position contraire à l'humain, vivent dans nos expressions, comme le mot anti-Christ (qui est un nom attribué à un être) est depuis des siècles en langue française traduit par anté-Christ. Mais, "anté"  signifie "avant" ; l'anti-Christ ne peut donc pas être avant puisque nous le savons CONTRE le Christ et là est le vrai sens ! imaginez ce que cela donne au sens de l'Humanité lorsqu'en langue française, nous écrivons et disons "anté" à la place" d' "anti" ! La signification n'est plus la même et détruit jusqu'à l'essence même de la Vie ! Ensuite, nous nous étonnons du destin français et des pays de langues francophones !  Rien d'étonnant dans le maintien d'un mot faux. Oui, le mot est un être vivant qui doit élever et non le contraire. Je comprends alors ce qu'affirmait Rudolf Steiner lorsqu'il parlait du destin de la langue française avec cet "anté" au lieu d'"anti" ; là est la clef de son affirmation ! puis de la langue anglaise appauvrie, mais ayant gardé le sens d'"anti".

Cela relève bien sûr de ce que j'ai personnellement pensé en qualité de poète lorsque méditant R. Steiner sur le sens de la langue, du mot vivant, de l'écrit.

La langue française fait la même chose avec le mot homme que je suis obligée d'écrire avec un H majuscule si je veux faire la différence, ce que la langue allemande fait : "Mann" ou "Mensch". La subtilité en français n'existe pas.

À partir de ce constat, nous pouvons nous demander où nous conduisent les langues dans la volonté d'offrir une pensée juste, ce qui est un souci pour moi, car à l'heure de l'instantané par la communication informatique, je m'aperçois qu'un texte peut prendre une tout autre signification que celle écrite en ma langue maternelle. 

Le mot est un être vivant, je le reformule, nous n'avons pas le droit de le tuer en le transformant à notre guise. Lui donner un sens contraire relève de la chute de l'être spirituel qui l'a mis au monde, car Rudolf Steiner nous dit bien qu'un mot à des ailes en tant qu'être vivant. Le savoir ne peut laisser un poète ou un philosophe dans l'inconscience de l'outil et l'offrir à son contraire. C'est en cela que R Steiner disait également que l'écrit était la proie de Méphistophélès - Ahriman, et que le roman, si nous n'y prenions garde dans une vigilance extrême, en était le moyen le plus adéquat.

Pour revenir aux mots aube et aurore, il en est ainsi ; nous ne pouvons pas les confondre. L'aube première précédant l'aurore est le premier moment ou le jour est né  lors de la création. Il fallut une aube, il fallut une aurore pour donner le jour : forme visible de la Trinité.

Peut-être sera-ce le derrnier état de Conscience après que l'homme ait pris conscience de la vie intime du règne animal par ses émotions vécues, et en ce moment de la vie du végetal par ses sensations découvertes !

En qualité de poète, cela me tient à coeur, et depuis plusieurs mois, je m'entretiens avec vous du pouvoir du mot, car je me sens avoir une responsabilité à son égard. Les mots ont une vie que la conscience humaine à cette heure ne perçoit pas. 

Amitié
Béatrice

"À bord, Instants poétiques" de Suzanne Walther-Siksou

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

 

J'achète beaucoup de livres, et j'ai acheté il y a peu  " À bord" de Suzanne Walther-Siksou.

Je ne lis bien sur pas tout ce qui sort, ni ce qui se vend, mais comme tout à chacun je fais un choix en fonction de maints critères qui sont miens. J'ai donc acquis " À bord" et je voudrais vous en parler  simplement , sans vouloir non plus être critique d'art ou critique littéraire car être écrivain poète soi-même ne pourrait nous soumettre à la critique par simple humilité de la connaissance de nos pensées qui ne seront jamais celles des autres dans l'expression de notre art. Comment juger soi-même de la part qui est en soi ? La poésie !

Premièrement, j'ai voulu acheter ce livre pour une raison qui m'a paru d'importance : Lorsque nous écrivons un poème tous les jours que fait une vie, c'est être authentiquement poète, et vaut le mérite que nous nous y arrêtons. Je me suis arrêtée. 

J'ai donc lu ce livre, édité chez Edilivre, à compte d'éditeur participatif dans l'élaboration de l'édition gratuite recevant la pleine manne du bénéfice des vendus .... et  à compte d'auteur dans la mesure ou l'auteur doit acheter ses livres pour les vendre soi-même si l'envie lui vient de faire des journées signature. Si je n'aime pas participer à enrichir ce genre d'édition, j'ai cependant acheter "À bord" pour le labeur d'une vie de poète qu'est celle de Suzanne Walther-Siksou.

Là, s'est étalé effectivement une vie, un choix pensé d'oeuvres voulues dans ce recueil.

Lire des poèmes imprimés squr du papier donne une toute autre dimension que celle vécue sur une impression-écran, tel je l'ai lue.  Enfin, c'est mon vécu ! Je n'ai pas la même perception d'un écrit lorsqu'il est imprimé sur papier que sur écran. Il y a comme une autre vie qui se dégage pleinement que nous ne percevons pas sur écran. Pardon pour ceux qui n'aiment  lire que sur liseuse-tablette ; moi, je n'y arrive toujours pas !

J'ai donc vraiment  rencontré Suzanne dans " À bord " et je voudrais apporter mon soutien à ce joyau en vous invitant à l'acquérir parce qu'elle est authentiquement poète comme je l'ai pensé au préalable, et aussi parce que chaque instant choisi nous mène dans un parcours crescendo comme dans une partition musicale voulant aboutir son adagio avant de retomber pour nous faire savourer la puissance du calme ambiant.

c'est ici : http://www.edilivre.com/a-bord-suzanne-walther-siksou.html#.Vn57z_n...

Allez y comme d'une promenade en forêt, en décidant de prendre un chemin plutôt qu'un autre, et y découvrant soudainement le plus beau des arbres.

Une authentique poétesse.

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Anne David

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Journées du patrimoine à Vallery dans l'Yonne, Bourgogne.

18 septembre 2016

I

18 septembre 2016. Journée du patrimoine. Que faire ? Où aller ? Que voir dans mon département que je n'ai déjà vu ? Je réfléchis, je ne sais pas, je ne sais pas, car le temps est à la pluie et que la pluie me fouette de plein fouet comme si j'avais mérité un coup de semonce du temps qui, pourtant, il le sait, je l'aime quoi qu'il ait à nous offrir de ses ciels d'Yonne. Il pleut ! Je n'ai pas envie de rouler vers Paris, ni vers Dijon, ni vers Troyes ou Auxerre, moins encore Provins que j'arpente avec constance, souvent, inlassablement et que je connais mieux que je ne me connais moi-même ! Bourg en Bresse ? Non ! Qu'ai-je donc encore à voir à proximité de chez moi, sachant que chez moi va jusqu'à la Lorraine, la Champagne, les Ardennes, la Bresse et le Bugey, n'ayant jamais su compter distance et par là donc, kilomètres. Voilà quelques semaines que je cherche une destination, bienheureuse d'être de repos en ces jours bénis du patrimoine. Voir quoi ? Rencontrer qui ? Me questionnant, petite lumière vient m'éclairer et me souffle que journée du patrimoine est égale à l'ouverture des lieux qui n'ouvrent leurs portes qu'en ces journées si particulières, une fois dans l'année.

Google est devenu une de mes meilleures amies depuis que je sais copiner avec elle. C'est donc à Mlle Google que je vais demander. Elle me décrit beaucoup de possibles, tant de possibilités que j'hésite encore. Un petit passage sur "Arts et Lettres Belgique" me reposera, me détendra assurément, vu que je termine une semaine de sept jours pleins travaillés, en douze heures chaque journée.

Belgique ? Non ! Trop loin pour une escapade d'une journée qui ne me laisserait pas le temps de savourer à nouveau sa Grand-Place ! Et c'est pourtant sur "Arts et Lettres Belgique" que je vais dénicher la perle de ma recherche pour cette journée du patrimoine ; la seule que je puisse faire cette année sur ses deux jours d'offrandes culturelles.

Mesurons-nous combien monde est petit et immense à la fois ? J'ai dit Belgique ? Oui, Belgique ! Une nouvelle ouaille de l'art, du texte, de la poésie et de la musique vient de s'inscrire sur A et L-B. Je vais incognito à sa découverte, bien cachée derrière mon écran, qui m'apprend qu'elle s'appelle Anne David, qu'elle est chanteuse, qu'elle chante les poèmes d'un de mes poètes préférés, c'est à dire Marie Noël d'Auxerre, et qu'un concert est prévu en le village de Vallery à pas moins de quinze petits kilomètres de ma maison. Etonnant ! non ?

Vallery ? Ai-je déjà visité le château de Vallery ? Pas que ma mémoire légendaire ne me rappelle que je n'y ai jamais mis les pieds dans une porte ouverte élégante !

Anne David ? Je connais pour l'avoir déjà entendue chanter et c'est bonheur comme d'ailleurs lire Marie Noël.

Anne David ? Sentiment curieux que de décider d'aller ce 18 septembre 2016 à Vallery l'entendre chanter et visiter le château au départ de Bruxelles, alors que je suis chez moi, assise à mon bureau, à seulement quelques vols de cygnes Icaunais ( habitants de l'Yonne de la déesse Icauna qui protège son fleuve comme une lionne en ayant travesti son identité pour mieux rouler ses eaux jusqu'à l'océan.). La géographie nous fait prendre des détours si curieux que je ne me questionne plus sur la nécessité de rencontrer Anne David, comme je rencontrais Joëlle Diehl via Bruxelles sans l'avoir rencontrée en Belgique ! Comme je rencontrais Rébecca Terniak, de ces amitiés que le temps ne dément pas.

II

Il pleut. Je traverse champs et bois encore verts, petits vallons et chemins de traverse, ceux de la Bourgogne habitée depuis quelques années. J'ai presque honte de découvrir des chemins que je ne connaissais pas. C'est cela aussi les journées du patrimoine, découvrir le patrimoine nature.

Il pleut. Brushing nul et non avenu, tant pis pour mes boucles qui se défont !

Il pleut. Je visite furtivement le château avant d'aller à l'église.

Il pleut. Je suis à l'heure.

Un rayon de soleil s'invite.

Anne David arrive et traverse rapidement la nef. Marie Noël la suit à petits pas...à tires d'ailes portée par celles des anges. Marie Noël s'incline, lentement, s'agenouille, se signe et rejoint Anne dans la sacristie où elles se préparent toutes deux ( licence poétique).

Je ne sais laquelle des deux m'arrache quelques larmes discrètes ; les deux ensemble, je n'en doute pas. Être poète, c'est inévitablement vivre l'autre, tous les autres, même dans ce qu'ils ont de plus intime, de secret. Je vois. Je suis elles deux, ailes d'eux, ailes d'elles.

Sourire large, tellement suspendu au regard, tellement miroité par les chants d'automne et de la Merci, du cru d'Auxerre, elle, Anne, chante.

 

La maison s'est ouverte

texte et musique de Anne David

 

Au vent de ma chanson

Triste et surtout déserte,

Elle errait sans raison,

Ses roses sont fanées

 

Ses poutres s'alourdissent

Sous le poids des années,

Des feuilles qui jaunissent

Ses murs sont devenus

 

Un peu gris sous les larmes

Mes notes inconnues

Sont tombées sous le charme

Elle attendait dehors

 

La vieille forteresse

Comme une femme au port

S'étiole sans tendresse

Elle a ouvert les bras

 

Et le plus grand poème

Est sorti des gravats

Pour lui dire je t'aime

Son corps est oppressé

 

Par la guerre et l'absence

La chaleur d'un baiser

A brisé le silence

Elle a dit : Venez vite !

 

J'ai encore dans le four

Une tarte bien cuite

Et quelques mots d'amour

Alors tout doucement

 

J'ai traversé le seuil

Touché le firmament

Avec du bleu sur l’œil

Alors je suis entrée

 

Avec plein de douceur

J'ai enfin rencontré

Ma défunte âme sœur !

 

Puis

 

Le Roi Cophetua regarda la mendiante…


Je vais cherchant… le temps est bas…
Sur une route abandonnée
Mon pays qui n’arrive pas.
Tous les jours sont partis. L’année
Sans me voir tourne autour de moi…
Pourquoi ?...

Je ne sais où mon cœur absent
M’appelle au loin dans sa contrée…
Je ne sais où… Le Roi passant
Sur le chemin m’a rencontrée.
Pourquoi s’approche-t-il de moi ?
Pourquoi ?...

Pourquoi… le ciel ne voit pas clair,
La lumière est mal réveillée…
Me regarde-t-il de cet air
Plein de tendresse émerveillée,
Moi qui suis pâle et pauvre, moi ?...
Pourquoi ?...

Pourquoi coule-t-il de ses yeux
Sur moi que nul m’a regardée
Tant de bonheur silencieux
Que m’en voilà toute inondée
Et presque plus belle qui moi ?...
Pourquoi ?...

Pourquoi vous trompez-vous si tard
À m’aimer ? Je ne suis parée
Que de mon ombre… Quel brouillard,
Ô Roi, vous a l’âme égarée
Dans le désert qui mène à moi ?
Pourquoi ?...

Le Roi passant… Qu’il a raison,
Mon ami Roi qui m’a quittée !
……………………….………….
Je vais cherchant une maison
Que j’ai par mégarde habitée
Un soir qui n’était pas à moi…
Pourquoi ?...

(Marie Noël, « Chants légendaires » in Chants d’arrière-saison, 1961)

 

Est-ce le sourire large comme l'Empyrée qui nous fait voler d'un poème à un autre ? Je vous laisse deviner. Est-ce Marie Noël dansant à pas envolés autour d'Anne ?  Entendez les!

 

La rivière qui n’est jamais finie,
Qui coule et ne reviendra jamais,
L’eau sans retour ni pardon m’a punie
Mais je ne sais pas ce que j’ai fait.


J’avais dans les mains, j’avais un cœur d’homme
- Je ne savais pas que je l’avais –

Léger sur mes doigts comme une souffle, comme
Un brin tiède et fol duvet.

Comment si tard en mes mains sauvages,
Si prompt, si doux, avait-il volé ?
Et ces mains au vent, ces mains que ravage
L’automne, au vent l’ont laissé aller…

La rivière qui fuit dès qu’elle arrive,
Pleine sans fin d’amour offensé,
Sans fin repousse et chasse la rive
Où ma grand’faute aura commencé.

Tout le long de l’eau je cherche ma faute
Pour pleurer dessus et la laver,
Mais tout le long de l’eau l’herbe est si haute
Que je ne peux pas la retrouver.

Ce cœur en mes mains volant, ce cri tendre,
Où l’ai-je .égaré ? Je l’aimais tant
Que je n’osais pas tout à fait le prendre
Ni le toucher qu’à peine en chantant.

Que j’avais peur de me dire un mensonge,
De le croire à moi, de l’éveiller
En le serrant trop, comme un cœur de songe
Qui n’est pas sûr et va s’effeuiller.

Je ne le tenais par un fil qu’à peine…
Un fil… Le vent l’a peut-être usé ?
Peut-être en tremblant de joie incertaine
Est-ce en tremblant que je l’ai brisé ?

Que je l’ai perdu ce cœur mien, pareille
À celle, ô Dieu ! qui fait un faux pas
Et laisse tomber un soir sa merveille
Son fils unique en l’eau qui s’en va,

En l’eau qui fuit, fuit, sans vouloir entendre,
L’eau que nul cri ne peut rappeler,
Et l’eau qui court, court, pour ne jamais rendre
Le flot où s’est l’amour en allé…

Je cours le long de l’eau toute l’année
Pour la rattraper… Le temps se tait.
Le ciel ne dit rien… Je suis retournée
Jusque dans l’homme où ce cœur était.

Mais je n’ai rien vu qu’un homme rapide
Qui s’éloignait en pressant le pas,
Un homme, un absent, où mon nom est vide
Et dont la voix ne me connaît pas.

La rivière qui n’est jamais finie,
Qui passe et ne reviendra jamais,
L’eau qui fuit pour toujours, l’eau m’a punie…
Ah ! pour toujours, hier, qu’ai-je fait ?

(Marie Noël, Chants et Psaumes d’automne, 1947)

 

Je pourrais, ici, raconter son parcours d'auteur-compositeur, sa vie discrète, ses rencontres, mais mon but est celui qui, toujours, évoque la poésie, le poème plus que la poésie, car chaque fois que je fais une rencontre, ce n'est pas un parcours que je rencontre ,mais bel et bien une âme, et celle là, ne passez pas à coté, car il est de ces sourires qui racontent mieux que des mots ce qu'est l'intériorité de qui l'habite et là, j'ai rencontré une âme brillante de lumière, une aura si claire que Marie Noël a choisie âme-sœur et elle ne s'est pas trompée Marie Noël en choisissant Anne comme interprète de ses poèmes ! Tout vibre dans l'église. Lumière resplendit et Marie Noël s'incline à nouveau, à nouveau se signe, va d'ailes vers elle. C'est beau à voir.

Je vais vers elle, impressionnée comme une enfant timide.

Rendez-vous au château de Vallery. Il ne pleut plus.

Le voici en images, car raconter son histoire prendrait quelques bons feuillets qu'il me faudra faire un jour à mes Riches Heures qui ne seront certes pas celles des Condé, mais celles de ma passion pour l'histoire, car ce château fut demeure des Condé, splendide construction de briques et de chaînons de pierres martelées.

 

En attendant ces précieuses heures, disons avec force humilité qu'il est château Renaissance des premières heures, édifié par Jacques d'Albon de Saint André et dessiné par Pierre Lescot, chanoine de Notre Dame et constructeur du nouveau Louvre, dont sa partie la plus ancienne, médiévale, voit renaître le passé glorieux de Louis IX avec Jehan de Vallery ; il reste aujourd'hui sa poterne et un bout de son rempart ceinturé de jardins. Ce sont donc deux édifices d'époques différentes qui se côtoient en une parfaite harmonie au cœur d'un vaste jardin, de roseraies agrémentées de verrières. Aujourd'hui, demeure entièrement rénovée, elle abrite un grand nombre de festivités publiques et privés.

C'est au château de Vallery que nous avons achevé notre journée poétique avec l'esprit de Marie Noël. Des Condé - maison cadette des Capétiens Bourbons et cadette elle-même des Capétiens- et Anne David en la présence de Monsieur le Sénateur, M. Jean Baptiste Lemoyne, nous enchantent.

Béatrice Lukomski Joly

 

 

Aube et aurore, reformulation, encore et encore

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Explications pour les personnes de langue anglaise sur les mots "aube" et "aurore".

 

Pour revenir sur l'explication donnée sur la différence entre l'aube et l'aurore qui sont deux moments distincts du lever du jour ; l'aube apparait avant l'aurore pour donner le jour, je me suis questionnée pour savoir si cette différence dans ces deux états physique existait en d'autres langues que le français. 
Puisque mes poèmes, sur le blog, sont lus par beaucoup de pays dans différentes langues, j'ai voulu vérifier. Et je découvre qu'en langue anglaise "aube et aurore" ne sont qu'un seul mot " dawn", il n'y a pas de différence ! Dès lors,
 pour une personne de langue anglaise, mes écrits parlant de l'aube et de l'aurore, deviennent incompréhensibles, toutes subtilités absentes. En langue anglaise, le vide s'installe, ici.

En allemand, la différence existe ; nous avons "Klinge" pour l'aube et "Morgendämmerung" pour l'aurore. Les textes sont alors traduisibles dans leur subtilité. Idem en espagnol et en italien et autres langues.

Il est intéressant de voir qu'en langue anglaise, les subtilités dans la réalité du monde disparaissent, n'existent pas. À ce que j'ai pu constater également dans les traductions, il n'y a jamais d'autres choix possibles dans la langue anglaise et que le sens des mots est souvent falsifié comme en français pour ce que j'en connais.

L'inverse est vrai aussi, là où relier en anglais se traduit par "to connect" et que connecter est " to log on", le français traduit toujours "to connect" par connecter  "to log on" (!) alors qu'il serait juste de traduire par " relier"  qui est le sens réel, juste. Pourquoi ?  "to log on" est un mot informatique et "to connect" est un mot humain en langue anglaise, alors qu'en langue française connecter n'est plus le verbe relier, il devient une forme négative en opposition à l'humain. Il faut avoir conscience de cela dans le choix des mots lorsque nous traduisons.

Je pourrais ainsi donner d'autres mots qui dans la traduction où leur prise de position contraire à l'humain vivent dans nos expressions, comme le mot anti-Christ (qui est un nom attribué à un être ) est depuis des siècles en langue française traduit par ante-Christ. Mais "ante"  signifie "avant" ; il ne peut donc pas être avant ! imaginez ce que cela donne au sens de l'Humanité lorsqu'en langue française, nous écrivons et disons "ante" à la place" d' "anti" ! La signification n'est plus la même et détruit jusqu'à l'essence même de la Vie ! Ensuite, nous nous étonnons du destin français et des pays de langues francophones !  Rien d'étonnant dans le maintien d'un mot faux. Oui, le mot est un être vivant qui doit élever et non le contraire. Je comprends alors ce qu'affirmait Rudolf Steiner lorsqu'il parlait du destin de la langue française avec cet "ante" au lieu d'"anti" ; là est la clef de son affirmation ! puis de la langue anglaise appauvrie, mais ayant gardé le sens d'"anti".

Cela relève bien sûr de ce que j'ai personnellement pensé en qualité de poète lorsque méditant R. Steiner sur le sens de la langue, du mot vivant, de l'écrit.

La langue française fait la même chose avec le mot homme que je suis obligée d'écrire avec un H majuscule si je veux faire la différence, ce que la langue allemande fait : Mann ou Mensch. La subtilité en français n'existe pas.

À partir de ce constat, nous pouvons nous demander où nous conduisent les langues dans la volonté d'offrir une pensée juste, ce qui est un souci pour moi, car à l'heure de l'instantané par la communication informatique, je m'aperçois qu'un texte peut prendre une tout autre signification que celle écrite en ma langue maternelle. 

Le mot est un être vivant, je le reformule, nous n'avons pas le droit de le tuer en le transformant à notre guise. Lui donner un sens contraire relève de la chute de l'être spirituel qui l'a mis au monde, car Rudolf Steiner nous dit bien qu'un mot à des ailes en tant qu'être vivant. Le savoir ne peut laisser un poète ou un philosophe dans l'inconscience de l'outil et l'offrir à son contraire. C'est en cela que R Steiner disait également que l'écrit était la proie de Méphistophélès - Ahriman.

Pour revenir aux mots aube et aurore, il en est ainsi, nous ne pouvons pas les confondre. L'aube première précédant l'aurore est le premier moment où le jour est né lors de la création.

Il fallut une aube, il fallut une aurore, pour donner le jour : forme visible de la Trinité.

Peut-être sera-ce le dernier état de Conscience après que l'homme ait pris conscience de la vie intime du règne animal par ses émotions vécues, et en ce moment de la vie du végétal par ses sensations découvertes !

En qualité de poète, cela me tient à cœur, et depuis plusieurs mois, je m'entretiens avec vous du pouvoir du mot, car je me sens avoir une responsabilité à son égard.

 

Photo aurore

http://quinaimelnature.centerblog.net/6450104-aurore

Photo de l'aube avec un trait de l'aurore s'élevant

https://jeretiens.net/difference-entre-aube-aurore-et-crepuscule/


 

Des édifices religieux

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Portail de l'église de Pont sur Yonne

 

Nous sommes arrivés à une époque qui déconstruit, vend, annihile nos églises pour les anéantir en les cassant à coup de bulldozer, ou les transformer en leur contraire, c’est à dire d’un lieu de prières, quand elles sont transformées en hôtels, restaurants, discothèques, elles deviennent lieux de l’expression matérialiste dans l’athéisme qui a saisi notre époque et lieu de perversions dans l’expression des plaisirs, du badinage, des paillardises, des débauches. Comment pouvons-nous accepter que ces édifices deviennent discothèques, restaurants, hôtels ? L'autel devient hôtel, juste un changement de sens par l'homonyme ou homophone ! ou d'autel à une simple table. Personnellement, cela me fait pas mal et à défaut de comprendre, simplement comprendre que je puisse avoir mal à l'âme. L'on désacralise, ce qui en terme ancien était éxécration, mais qui désacralise ? le Vatican. Est-ce que le Vatican a autorité en la matière dans la mesure où il n'a de cesse d'amputer le sacré de sa fonction ayant apporté son lot d'athéisme. Il faut le dire. Je ne reconnais donc que le sacré de l'archétypal sans verser dans tous les conciles et décrets de l'église terrestre - les sept collines - pour ne rester que dans le choeur et le coeur de ses monuments en leur pleine signification. Si, pour convenances personnelles, nous acceptons que soient désacralisés les édifices religieux, c'est que nous acceptons l'église terrestre comme valeur s'en nous soucier de l'église spirituelle authentique quand bien même nous serions athés : la pensée matérialiste de Vatican prévaut alors sur le sens spirituel premier de sa mission. En tanbt que spiritualiste dans sa dimension sacrée, je ne peux pas accepter cette voie de faits matérialistes. Si c'est l'Etat qui désacralise parce qu'il en est devenu le propritaire depuis la terreur, je ne le reconnais pas dans la désacralisation des édifices religieux. Je ne lui reconnais pas ce droit. Guère davantage ne l'accorderait Louis IX sur lequel notre société d'équité, de justice, sociale, administrative, prend pourtant appui et est toujours inconstestée. Considérons un autre aspect qui pourrait être phénomène de modernite si l'on continue en ce sens  : imaginons un instant que nous disions pour désacraliser la musique sacrée que "Le Messie" de Haendel ou le " Requiem" de Mozart , c'est du rap, nous ferions exactement la même chose. Encore plus loin, faire croire qu'une plante est un homme ; ou une rivière, une fleur, vous sentiriez que quelque chose n'est pas à sa place et vous auriez raison.

 

 

Allons écouter Haendel  qui a davantage sa place en ces édifices que la musique jouée en une discothèque édifiée en nos monuments  : 

 

 

Déconstruction, désacralisation, vente, transformation, affiliation à un autre but. Pourquoi ? Désertification des campagnes, appartenance à l’État lequel n’est pas le clergé qui n’a quasi plus de droit d’entretien, pas de subventions, athéisme croissant, absence de fréquentation, disparition de la foi : Dieu et le Christ sont remplacés par les dieux confort, argent, loisirs, plaisirs, fêtes laïques au sens commercial. La modernité, la science, le vide, sont devenus les nouvelles références. Le vide. Le vide, ce chemin de douleurs qui n’a pas encore dit son dernier mot et qui l’exprime, l’exprimera, en d’autres valeurs. Il faut bien que l’homme se réveille à un moment ! La nature s’en charge. Ses tempêtes, ses grondements, ses éruptions, ses fleuves et rivières sortis de leur lit, ses tremblements de terre devenus si nombreux, ses virus et leurs mutations, sont là pour rappeler la fragilité de l’homme en ses nouveaux motifs établis, et  rappeler toutes les illusions et erreurs de la pensée. L'homme orgueilleux croit la maîtriser, elle fait ce qu'elle veut sans prévenir. Exit la science matérialiste dite exacte. Les éléments sont les seuls à voir l’homme à genou, en prière, lorsqu’ils perdent tout de leur confort, oubliant, là encore, que, là, n’est pas le but de la prière et qu’il ne doit pas être la cause de la génuflexion, qu’ils réclament l’éveil en leur source. Ne pas percevoir l'invisible n'est pas la preuve qu'il n'existe pas. La physique quantique, aujourd'hui admise,  ne dit-elle pas : le visible est une manifestation de l’Invisible, l’Esprit crée la matière et non l’inverse. Demanderiez-vous au monde aquatique si le terrestre existe qu'il vous répondrait que non si ce monde était doué de la parole. Il ne le voit pas.

Le phénomène n’est pas nouveau ; il existe depuis la transformation de la sainte Chapelle construite par Louis IX qui abritait les saintes reliques, ayant perdu ainsi sa vocation première. Elle n’est donc plus un haut lieu de culte, mais un lieu touristique avec parfois une vocation artistique à type de concerts. La musique sacrée s'y exprime toujours et c'est une grâce que les ogives en prière muette reçoivent. Elle était jusqu’à ce moment, le lieu de l’affirmation de la foi que le continent européen entier admirait, portait en dévotion comme témoignage du christianisme dans son expression de louanges et d’un tout début de l’âme de conscience. Pourquoi âme de conscience ? Car celui qui écrivit les mémoires de Louis IX, Jehan Sire de Joinville, fut le premier historien dans l’histoire à relater les faits en utilisant le «Je». Ce «Je» reconnu par tous les historiens de Louis IX affirme que le «Je» épistolaire n’avait pas existé avant Joinville. Il est le premier à le faire. «J’ai vu, j’ai entendu, j’ai senti, j’ai vécu, moi, Joinville, avec mon roi.» (Jacques Le Goff.) Jusqu’à Joinville aucun témoin contemporain n’avait relaté des évènements en son nom propre. Joinville est également le premier à rédiger une explication selon son ressenti au nom de son «Je» le Credo. La sainte chapelle avait alors une double signification par l’amitié étroite entre le roi et son conseiller, son plus fidèle ami : donner au monde ces reliques en témoignage et apporter le « Je » par la narration de sa nature. Il ne viendrait plus à la pensée d’aucuns de s’exprimer autrement qu’en disant « Je ». C’est en conséquence que la connaissance de l’édification des édifices religieux voit se transformer l’art roman en art gothique, c’est à dire la forme des mains jointes pour la prière par l’arc-boutant élevant et soutenant l’ogive que l'art gothique confesse, témoigne, atteste. Si la forme ne fut pas spécialement consciente, elle relate néanmoins de l’évolution de l’âme en son esprit-guide, soit son archétype spirituel ayant œuvré pour ces nouvelles formes. L’homme ne fait que se saisir de ce qui existe dans l’esprit de son temps.

- le Credo de Joinville https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63708063.texteImage -

Qui fait encore le signe de la croix en entrant dans la sainte Chapelle parce qu’elle a été désacralisée ? Qui l’a désacralisée ? Le clergé ou la révolution d’idées ? Le sens n’en est pas le même. Modestement, je dirais moi, parce qu’elles est avant tout un édifice spirituel. Ses ogives parfaites et ses vitraux les ayant épousés sont toujours l’hommage à l’évolution de l’esprit. Cela ne peut être oublié, effacé d’un coup de gomme ni raturé d’un trait violent parce que l’homme a épousé le matérialisme, l’athéisme, par choix personnel ou à son insu, dans la modernité rapide qui ne met plus l’homme au centre de sa vie mais en périphérie de son avenir, de son être essentiel.

La sainte chapelle Paris

Quelle est alors la signification de notre temps qui veut déconstruire le passé et en faire table rase pour ne plus nous relier à la conscience de soi ? Il n’est pas question, ici, de se mettre en opposition avec d’autres confessions et autres hommes, mais d’établir l’essentiel de la relation. C'est pourquoi je titre " des édifices religieux" sans faire de différence bien que je parle des édifices chrétiens qui sont les premiers à disparaître d'entre toutes les confessions. Détruirions-nous un temple ou une mosquée ? Non ! Alors pourquoi la chrétienté seule en est la victime en ses églises, chapelles, cathédrales (Notre Dame restera une énigme), abbayes, monastères catholiques ? Posons-nous la question. Le XIX ième siècle avait reconstruit les églises, abbayes, cathédrales, le XXI ième les vend, les détruit, ou les réoriente vers d'autres buts que le leur. Le soleil brille pour chacun et ne fait pas de différence entre les hommes dans leurs appartenances. Il les conduit et voudrait que la pensée se saisissent de lui comme témoin de la vie dans nos fois, idées, pensées, êtres. L’ogive gothique est une de ses preuves.

 

Si je regarde l’histoire, je suis force de constater que par la désacralisation première des édifices religieux, récupérés par l’État lors de la révolution française, ne fut qu’un cheminement lent vers leur destruction d’abord physique partielle, têtes scupltées des saints coupées, blanchiment des peintures murales intérieures, puis dans leur sens profond de relation d’âme à âme - religere en latin pour le mot religion, soit relier les hommes entre eux. Force de constater également que l’histoire me rapporte « Sodome et Gomorrhe », lieu de toutes les perversions, et que nous serions dans le renouvellement d’une épreuve identique. Nous ne pouvons pas vouloir des autres le bien en actant son contraire ; nous ne pouvons pas crier à la morale si nous ne l’appliquons pas soi-même. Or, c’est ce que nous voyons aujourd’hui : l’autre dans ses uniques défauts et pas soi dans les nôtres au lieu de voir l'autre beau et bon parce que je me suis pensé tel que je suis grâce à la force de l'esprit conquis en soi à force de travail et de foi. A mon sens propre, nous ne pouvons pas nous plaindre de l'absence croissante de l'immoralité si nous acceptons que soit détruit ce qui l'a précédée, en a été le fondement. Tout va ensemble. De fil en aiguille, disons-nous. Toujours à mon sens propre, si je peux restituer l'âme dans les yeux que je dessine, c'est que l'âme en son esprit existe, sinon, je ne le pourrais pas. Je donne en clair à regarder ce qui existe en l'autre. L'âme c'est l'église intérieure de l'être que les temps ont donné à voir en nos édifices. Elle est "la chambre intérieure" que chacun possède en propre et qui ne peut appartenir à nul autre. Je suis donc bien témoin de l'esprit en soi que je traduis.

 

Le courage d’être soi

Si j’ai le courage d’être soi, et chacun ne peut être un soi que pour lui-même et personne d’autre pour lui, nous sommes alors convaincus que l’action d’aller contre ces destructions est réellement un courage pris en soi pour l’esprit. Pourquoi ? Car si je pense les évènements, je comprends que par mon âme de sensation, celle qui a des émotions, celle qui reçoit les impressions du monde, et en ai conscience, je suis obligée de penser ces émotions dans leurs causes et de les transformer dans ce qui est mon âme d’entendement – je comprends, ou commence à comprendre – pour parachever dans l’âme de conscience, celle qui a élaboré la compréhension de la cause et qui dans la vérité ne peut plus être contournée. Si nous restons dans l’âme de sensation, que comprenons-nous des causes qui nous ont mis en joie ou en colère ?

Ayant donc pensé l’édifice religieux en sa conception archétypale, créatif, pour devenir réalité physique, incarnée en le monde, car avant que quelque chose existe physiquement, il nous faut le concevoir, le penser, le dessiner, le structurer, j’admets avec facilité que ce que nous a offert l’histoire en ces civilisations antérieures et dans ces faits, a bien pensé en moi en un acte de volonté. Je ressens en moi et en conséquence la nécessité de perdurer de ces édifices. Nous ne pouvons pas balayer ce qui fut la conscience de nos ancêtres si nous regardons la conscience. La conscience est vérité et exclue son contraire, l'inconscient, et exclue le doute. Nous pouvons nous demander si la conscience comporte une conscience dans la mesure ou elle diffère de l'un à l'autre, et nous pouvons répondre que oui, car la conscience entière se fait de petits pas en sauts avant d'être pleine, explicitant que chacun ne soit pas au même degré de conscience en admettant le doute ou exigeant l'adhésion à l'idée d'un autre sans vouloir observer ce qu'est celle de l'autre. dans ce cas, la conscience n'est qu'un mensonge, une illusion, car elle ne peut être et ne pas être. La conscience aboutie est forcément identique à celle de mon voisin ayant fait le même chemin d'intériorisation en sortant de la seule idée pour penser.

N’est-ce pas là la mission première des architectes, par exemple, pour bâtir nos maisons ? Ils les ont pensées, dessinées, avant qu’elles ne soient nos résidences. C’est donc là bien la preuve que tout est archétypal. Ils sont la conscience de nos besoins dans nos demeures. Demain, nous ne pourrons pas nier cette réalité de nos besoins parce qu’ils ont été au passé l’évidence de ceux-ci. Mais, là, nous ne tenons compte que de nos besoins primaires dits de base, et non de nos besoins spirituels, pourtant l’homme est fait de tous ces besoins et si il en a oublié le besoin spirituel, il n’en garde pas moins le besoin de reconnaissance si chère à notre temps, lequel besoin est la base du «Je». Reculerions-nous en reléguant au passé le besoin spirituel pourtant encore manifesté par un grand nombre ?

 

"Michaël" de Liane Collot d'Herbois

 

C’est donc pour ce besoin que nous ne pouvons pas nier, renier, chez l’autre, que le courage d’être soi dans la défense des acquis est primordial pour combattre ce qui voudrait être anéanti, et veulent progresser en beau et en bien dans la valeur de l’amour de tout ce que nous percevons et qui existe à l’infini. C’est sur cette note de l’essentiel en soi que je conclurai l’indispensable respect envers les convictions de chacun quand bien même d’autres les refusent pour ne plus se penser qu’en individu de plaisir (âme de sensation n’ayant pas encore élaboré l’âme d’entendement et de conscience), et de conception uniquement physique.

Les édifices religieux chrétiens dans leur transformation matérialistes ne sont donc plus au service de l’esprit et de la pensée qui se pense dans la foi et la réalisation de l’homme, mais bien d’une évolution qui veut anéantir ce christianisme encore vivant en bon nombre d’âmes. Certes, nous pouvons prier en soi, soit dans « notre chambre », c’est à dire notre âme, sans témoins, mais nous ne pouvons pas refuser ni nier le besoin de se relier ( religere) à d’autres hommes en les supprimant dans ce qui fut leur archétype de pensée.

 

"Je" " ich" de Rudolf Steiner

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