Lilie invita Jean à aller chez un de ses amis, Amaury, vivant à Paimpont à proximité de la forêt de Brocéliande. C’est lors de ce court séjour que Jean vécut une rencontre merveilleuse, une rencontre spirituelle, de celles auxquelles on ne s’attend pas, de celles qui sont des cadeaux de la vie, de la Nature, de celles encore qui réconfortent l’âme lors de lourdes peines. Les chagrins, Jean les empilait comme un mille-feuilles, image qu’il donnait à son karma et aussi de ses sacrifices volontaires. Las, si las parfois.
Lilie, aussi.
D'un mille-feuille pensé, Jean allait rencontrer mille feuilles, mais pas de ces mille-feuilles auxquels il avait pensés ! soit la pâtisserie qui lui servait d’image pour dire ses maux. Il utilisait quelquefois le mot de gratte-ciel qui lui semblait plus juste pour dire : « Ça suffit ! Je n’en peux plus. Vous me surestimez…! Tant de douleurs ! »
C’est ainsi que, de temps à autre, d’une pensée, la nature veut nous surprendre et en cela Jean l’apprit grâce à Brocéliande : Brocéliande, cette femme-forêt que l’on dit féerique qui nous appelle, nous emprisonne ou nous libère, nous invite et nous garde, nous aime ou ne nous aime pas, nous offre des présents ou nous fait des croche-pieds. Il le vécut. C’était bien réel. Les légendes de Brocéliande n’étaient donc pas des légendes. Jean allait le vivre de façon incroyable.
C’était par une nuit froide de la fin de l’automne en 2005, une nuit pleine, que la nature se montra au regard de Jean. Tous les trois ne voyaient pas même la lune qui n’en était qu’à un timide quartier. Ils étaient partis lors de l’après-midi pour une belle promenade en cette forêt, laquelle promenade s’éternisa des heures. Amaury connaissait Brocéliande comme s’il en était un hôte permanent doué de complicités. Il en connaissait chaque chemin au point qu’il pouvait choisir lequel prendre sans jamais se tromper, même dans la nuit noire. Lilie savait qu'elle pouvait faire confiance à Amaury ; elle l’avait affirmé à Jean ; Jean avait donc confiance ; il ne doutait pas de la parole de sa belle Lilie. Jean se laissa donc guider, sans crainte.
Lorsqu’ils entrèrent dans la forêt, une branche de houx tomba aux pieds de Jean. Interloqué, il demanda à Amaury d’où elle avait pu venir, car il n’y avait pas de houx à l’entour. Il avait beau observer ; rien ! Pas de houx ! Pas même un oiseau ou un animal qui aurait pu la laisser chuter de son bec ou de sa bouche ! Puis, la branche était conséquente, d’environ vingt centimètres, chargée de belles boules rouges et de feuilles vertes, brillantes et dentelées.
Amaury sourit et dit :
« Merlin vous souhaite la bienvenue. Brocéliande fait toujours des cadeaux à ceux qu’elle trouve dignes, seulement aux âmes qu’elle trouve dignes. Vous êtes donc les bienvenus ici, il ne vous arrivera aucun mal. D’ailleurs, je n’en doutais pas. »
Lilie et Jean n’en avaient pas non plus douté. Que peut une forêt cependant ? Lilie avait bien raconté à Jean avant de partir qui était Brocéliande. Jean en avait été émerveillé. Il avait toujours eu confiance en la parole de Lilie, cette jeune femme si jeune qui avait, une nuit de l’enfance, rencontré une fée dans son sommeil. Jean l’avait réveillée au petit matin sans savoir que Lilie parlait avec une fée. Lilie en avait beaucoup voulu à Jean, chagriné, consterné par la colère de l’enfant, qu’il n’avait alors rien pu faire ni dire pour la réconforter ; le charme de la visite avait été rompu dans cette rencontre de nuit, à l’aube dans l’Aube, couchée sur le sol, face à une cheminée crépitante.
Pourquoi ne pas être les bienvenus ! Cela amusa Jean d’une innocence enfantine sans qu’il ne dise mot. Allons pour Merlin !
Peu de temps après, un rouge-gorge vola au-dessus d’eux, claironnant un solo de sa belle voix limpide. Lilie, Amaury et Jean étaient toujours à l’orée de la forêt. Brocéliande avait regardé, comme à son accoutumée, la venue de ces deux étrangers accompagnés par cet Amaury qu’elle connaissait bien.
« Oh ! Un rouge-gorge ! » dis-Jean.
Amaury répondit avec peu de paroles :
« Brocéliande confirme… Vous êtes chez vous. Le rouge-gorge, c'est Merlin ! »
Allons pour le chez nous et pour Merlin transformé en rouge-gorge ! pensa Jean, toujours amusé et attendri ; Jean ne croyait pas qu'un homme puisse renaître en animal. Un homme en un autre homme, oui, mais pas en oiseau. Tout au plus en était-il un symbole. Après tout, n’avait-il pas besoin de réconfort ? N'avait-il pas besoin d’amour malgré celui de Lilie qui voulait lui offrir un onguent délicat pour son âme meurtrie et la sienne ? Cela lui convenait. Jean ne se posa pas de questions. Etait-ce bien ? La jolie Lilie n’était en rien étonnée.
La Nature, Jean l’adorait depuis toujours ; aussi, était-il bien chez lui. Il n’y avait pas de doute. Il parlait peu, laissant Amaury et Lilie partager ensemble le plus souvent. Il les suivait, simplement. Il avait besoin de silence intérieur. Son âme était pleine de larmes. Il était semblable à la fontaine de Barenton à l’intérieur de lui qui bullait peu, sans promesse, et avec un chagrin éternisé dans le temps dont elle avait refusé de dire la durée malgré un chapelet blanc jeté en ses entrailles pour la questionner.
Combien de temps encore ? Combien de temps faudra-t-il encore souffrir avant de connaître un peu de paix ?
La nuit était tombée. Ils n’avaient pas vu les heures passer. Brocéliande les avait gardés en son sein. Cela était vérifié. Brocéliande décidait pour chacun. Exit la liberté vraie ! La Nature est maîtresse de tout et de chacun. N’en doutez pas. Arrivés vers seize heures trente environ, ils la quittèrent à minuit ! Rien que ça ! Tant d’heures à marcher sans que le temps n’ait semblé aussi long ! Un peu plus de sept heures à cheminer. Il y eut bien un moment où Jean demanda à Amaury s'il fallait s’inquiéter de sillonner les chemins de la forêt dans la nuit noire. Il le rassura, percevant son inquiétude :
« La forêt est mon amie. J’en connais chaque branche. Allons ! »
Lilie était toujours confiante, sans inquiétude, marchant à côté d’Amaury qui était sur sa gauche sur le chemin dans la nuit sombre. Jean fut apaisé et continua à marcher derrière Lilie et derrière Amaury, scrutant le ciel noir pour tenter d’y voir une lueur qui guiderait ses pas dans la nuit noire, car noire, elle l’était. Ébène ! Toutes les teintes de vert, de l’émeraude à l’amande, du col-vert à la fougère et de la teinte de l’absinthe au vert de Peter Pan qu’adorait Lilie, avaient disparues sous la lune intimidée. Si sombre que Jean ignorait où il posait les pieds. Il savait seulement qu’il les suivait et qu’il marchait sur le chemin, confiant. Il n’avait encore jamais marché la nuit dans une forêt et qui plus est, par une nuit aussi sombre sans être ténébreuse. Simplement colorée de nuit. La tristesse revint. Il repensa, silencieux, à son mille-feuilles.
De mille-feuilles, Jean vit alors toutes les feuilles mortes tombées des arbres au sol devenir lumière. Il écarquilla les yeux, se demandant s'il ne rêvait pas, mais non ! Toutes les feuilles sur la terre, devant lui s’éclairèrent au fur et à mesure de ses pas, éclairant son chemin, l’accompagnant. Il s’arrêta pour regarder, tellement stupéfait. Etait-ce possible ? Tant de lumière ! Tant de lumière que le chemin n’était plus sombre, mais s’était transformé en une allée faites d’étincelles commençant à surgir des feuilles. Il voyait l’éther des feuilles ; il voyait leur corps éthérique l’éclairer et sortir d’elles pour monter dans l’air. Cela, il l’avait appris dans les Mystères de la Nature.
Il avait conscience de ce qu’il voyait de leur nature vraie, de ce qu’il voyait de Nature. Son âme s’allégea à un point tel que la joie l’habita. Le spleen le quitta. Son regard était celui d’un enfant émerveillé. Il rebroussa chemin, à peine de quelques pas pour suivre la lumière.
Alors qu’il se laissa vivre dans cette vision si majestueuse des feuilles qui disent adieu, ou à Dieu, à la Terre, il n’était pas encore parvenu au Zénith de cette apparition.
Dans cette apparition, il prit conscience que les feuilles aussi mourraient, qu’elles connaissaient également la mort, laissant leur corps physique de feuilles à Déméter qui les rappelait.
Il vit alors naître de chaque feuille posée au sol leur forme spirituelle montant au ciel, rejoignant leur Éther. Leurs formes avaient l’allure de fées, toute de lumière habillées, ailées. Il était certain qu’il n’avait pas à faire avec des lucioles. Il les nomma « fées » car il ’ignorait quel nom donner à ces silhouettes. Elles grandissaient devant lui tout en s’éloignant vers les hauteurs qui les appelaient. C’était beau, si beau et époustouflant à voir. L’une d’elles s’arrêta devant lui avant de reprendre son ascension. Il la nomma Pénélope, car il avait envie de la nommer sans savoir si c’était son nom. Jean réalisa simultanément que tout dans la nature et la Vie était ascension. Que tout montait vers l'azur éclatant sans ombre ni ténèbres. Que seule la Terre revêtait la nuit.
Jean appela Lilie et Amaury pour qu’ils voient. Amaury vit ce qui était pour lui derrière lui, et pour Jean devant lui et tout autour. Lilie ne les vit pas. Elle fut déçue, même triste. Jean aurait tant aimé que Lilie voie. Elle aussi. Elle cria : " Je ne vois rien ! je ne vois rien ! " Mais n’avait-il pas, Jean, quelques décennies de plus qu’elle et que l’âge donnait les apparitions de jour qui nous attendent ? Amaury ne fut pas plus stupéfait que cela, ce qui étonna Jean. Etait-il habitué à voir ce que Jean voyait ? Nul ne le saura. Tous l’ignorent. Amaury dit simplement : « C’est Brocéliande. C’est toi.»
La vision cessa sur le chemin alors qu’ils n’étaient pas arrivés à l’orée de la forêt. Jean regretta qu’elle ait dû s’achever. Plus rien. Il pensa à la fée de Lilie sans rien lui dire. Il ne lui dit jamais. Car il ne voulut pas lui faire de peine.
Une seule fois, sans les voir, et en plein jour, dans un espace clos abrité du vent au bord du fleuve sans nom, alors que Jean lisait un livre sur Merlin, et simultanément un Livre de Thomas Meyer à propos de Scythianos, un puisant Vortex l’enroba, soulevant branches et feuilles au point qu’il crut qu’une tempête se levait. Le Vortex cessa comme il était venu se manifester. Il n’en sut pas davantage ce jour-là.
Il repensa à la fée de Lilie et aux siennes qui l’avaient enrobé de tant de lumières que la forêt en avait été flamboyante.
Un instant de paix vaut la durée de mille souffrances.
Si, un jour, Lilie venait à lire cette histoire, qu’elle sache que sa fée ne la quitte pas, qu’elle virevolte toujours autour d’elle, la nuit, attendant qu’elle se réveille sans plus dormir le jour à l’aube, sur le sol devant un âtre crépitant. Dites-lui d’aller à Brocéliande durant une nuit habillée d'un quart de lune, accompagnée de sa fée pour la rencontrer le jour !
« Être libre signifie : pouvoir déterminer par soi-même, grâce à la fantaisie morale, les représentations, bases de l'action. La liberté est impossible si quelque chose qui m'est totalement extérieur — soit un processus mécanique, soit un dieu extraterrestre exclusif — détermine mes représentations morales. Je ne deviens libre que si je produis moi-même ces représentations, et non si j'accomplis les mouvements, si je saisis les représentations qu'un autre a introduites en mon être. Un être libre doit pouvoir vouloir ce que lui-même tient pour juste. » Rudolf Steiner dans « la Philosophie de la Liberté »
Ce soir, je voudrais vous parler de la liberté, de celle embrassée chaque jour, qui fait la différence d'un être à un autre parce que j'ai été et suis un être libre, assujettie à rien si ce n'est à la morale la plus pure, choisie et épousée par choix et volonté.
Mais, qu'est-ce être libre lorsque chacun s'approprie ce mot-idée sans en comprendre la profonde signification dans son mouvement qui choisit le vivre-appesanti plutôt que le vivre-libre ?
Sommes-nous libres lorsque nous sommes confrontés à la pensée et les mouvements des autres et du monde ?
Sommes-nous libres lorsque nous attendons, du monde et de ses représentations, une direction-guide qui semblerait être de sagesse, ou sommes-nous libres lorsque ces représentations prises en soi jusqu'à l'usure des pensées, pensées par l'autre, nous étreint au point de pouvoir nous apparenter à l'un ou à un autre parce que la pensée se rejoint semblable, mais est-ce soi que de penser comme l'autre et de ne pas penser comme une autre ?
Où se situe notre liberté lorsque nous attendons de l'autre le consentement ou la désapprobation d'une idée, d'un acte, d'une émotion, d'un sentiment, et encore le compliment, voire la critique ?
Quelle est notre liberté de penser et d'action dans le tout commun qui voudrait nous assujettir aux autres en nous laissant oubliés de nous-même, sans décence, juste parce qu'il paraîtrait bien et bon de faire comme l'un, comme l'autre ? Est-ce penser la liberté individuelle que d'attendre toujours de l'autre, la juste conduite qui est celle de l'autre et n'est pas la nôtre ? Quelle est notre liberté, lorsque conseils bienveillants — selon l'un — n'est pas le conseil que l'on se donne à soi ?
Je lâche le « nous » pour arriver au « je » qui exprime notre — mon – moi intérieur, ce moi le plus intime qui ne peut dire « je » qu'à soi-même et pas à un autre, alors que tous les autres sont des « tu » pour soi ; ce « je » si particulier qui nous (me) rend libres dès lors que j'ai conscience que « je » acte libre lorsqu'il s'affranchit du « nous » pour arriver au « nous » qui est autre que le « nous » commun, mais le « nous » fait d'une multitude de « je » rencontrés, totalement absous de ce que « je » peux être et vouloir pour l'autre.
Si « je » suis libre, c'est que quelque chose en moi pense et se pense en moi, libre de tout, affranchit des conventions acquises dans le respect total des conventions quand bien-même, elles ne sont pas nôtre, pas les miennes et pourtant acceptées parce qu'elles existent et sont autant de pas pour aller vers l'autre qui fait de mon « je »une volonté secourable pour soi, et tout à la fois une volonté secourable pour l'autre, tous les autres.
Lorsque nous regardons briller le soleil, que voyons-nous ? Est-ce la liberté du soleil à briller pour lui ou briller pour un autre, briller pour les hommes et la nature que nous voyons ? Ou est-ce la liberté du soleil à vouloir briller seul sans direction pensée ? Est-ce que notre liberté sait différencier le soleil extérieur du soleil intérieur ? Si nous n'en voyons que sa surface à défaut de ne jamais pouvoir atteindre son cœur, saurons-nous pour autant ce qui le compose et le rend si brillant à nos regards ? Sommes-nous libres face à sa volonté de briller ou ne prenons-nous de lui que ce que nous en comprenons, sans rien comprendre de lui finalement. Si « je » suis libre, n'est-ce pas parce que « j »'ai pensé le soleil astre, comme « j »'ai pensé le soleil entité qui à nos regards se révèle dans la pensée libre, comme une étoile avec un cœur d'espace vide, un corps de lumière réchauffant la terre et une surface si brillante qu'elle en cache les deux autres soleils en son être.
Pourquoi parler de liberté individuelle à partir de l'exemple du soleil ? J'aurais pu penser la liberté individuelle à partir d'un autre objet, n'importe lequel, mais « je » choisis le soleil, comme « je » choisirais un tout autre objet, parce que nous n'en voyons que la surface, et que sa surface nous cache l'essentiel ; et que dans l'absence de l'essentiel, nous ne sommes pas libres puisque nous ignorons tout de la pensée qui, seule, nous fait libres et nous affranchit de soi-même comme des autres , en devenant les autres et soi-même.
Bien ! « Je » suis libre. « Je » pense. « Je » suis, donc « je » pense, et non son contraire, n'en déplaise à Descartes qui n'a pas observé le minéral qui ne pense pas et qui pourtant est pour ne citer que l'élément minéral de la vie qui forge la terre-être. R.Steiner nous le décrit avec une telle profondeur de conscience indéniable que j'en ai fait ma pensée, librement pensée et expérimentée.
Je pense. Je suis et je suis libre.
Pour revenir à une pensée moins élaborée et plus facile à saisir, comment alors « ma » liberté peut-elle alors se traduire si « je » suis vraiment libre d'agir et de penser.
Si « je » suis réellement libre, l'autre est tout pour moi et jamais ne me contrarie parce que cet tout autre est mon reflet en permanence, il est le miroir de ma liberté pensée en lui. Il pense le monde et je suis en lui – le monde et l'autre -. Là où je deviens libre, l'autre se détache. Son impact n'a plus d'importance. « Je » n'agis plus au travers de sa propre pensée qui n'est plus le miroir de la mienne car « je » me suis forgée ma propre pensée qui, elle, m'affranchit. La critique ne nous touche plus et nous n'attendons plus rien de l'autre, ni en compliments, ni en critiques. Nous ne rampons plus. Nous quittons le cerveau reptilien et le cerveau émotionnel pour aller vers le cerveau cortical comme organe de pensée libre , voulu et travaillé, façonné, taillé tel un diamant, comme instrument de perception façonné par les forces du cœur. Il n'y a pas de pensée libre sans l'activité morale pure qui s'est appropriée les forces de la connaissance par les forces du cœur en mouvement constant. Les forces libres du cœur libèrent l'activité ancestrale d'un organe pensant vers sa soif de la liberté qui ne dépend plus que d'elle-même. Plus rien alors n'a d'importance dans la liberté que la morale ou éthique choisit par soi-même et qui a la valeur du monde reconnu comme valeur essentielle des bases de la vie et de la connaissance dépassant la surface des choses : le soleil n'est pas que la brillance aveuglante perceptible par notre regard, mais possède ses soleils cachés que seule la connaissance peut nous faire toucher du doigt. À cet instant, nous devenons productifs ; nous créons la pensée, et par là, créons la liberté. Nous sommes co-créateurs de ce que nous voulons de juste et de sagesse, de bon et de beau, et voyons en toute chose et en tout être, le beau et le bon, là où l'absence de liberté individuelle vraie montre d'abord le laid, l'iniquité, le défaut, la parade, l'orgueil, car l'absence du penser vrai est l'antithèse de la liberté, de la bonté, de la beauté et de l'amour.
Si « je » suis libre, cela signifie alors que dans « ma » liberté » chacun à une égale valeur à la mienne et que « je » vois en chacun, même le plus laid, le plus perverti, la beauté de l'âme qui nous — me — fait acteur de sa liberté avec la mienne, toutes deux adombrées. « Je » n'attends alors plus rien du monde que sa beauté et sa bonté parce que « je » les a pensées pour être libre.
Et si la douleur du monde devient mienne, c'est que « je » a pensé la douleur du monde comme élément de liberté, en devenant acteur de sa rédemption, car n'est pas libre celui qui pense le monde sans acter le monde. Acter le monde, c'est agir pour lui sans contrainte par la seule force de la volonté mise en mouvement.
Ce qui nous amène à penser la liberté comme un ferment libre de volonté, sans contrainte aucune, d'où que ces contraintes viennent. Ce qui nous amène à penser aussi que sans liberté individuelle pure, sans morale pure, sans volonté pure, le monde ne peut pas penser en nous, car il s'agit bien de volonté du monde de se penser lui-même en nous, êtres libres.
Je ne suis alors pleinement individu libre que dans la mesure où « j »'ai réuni toutes les conditions pour le devenir : la morale, celle qu'il ne faut pas confondre avec la morale castratrice, conductrice, assujettissant l'autre aux désirs égoïstes, mais bien de cette morale libre, librement consentie, qui laisse tous les autres libres de leurs choix et actes en pensées et en actions dans la connaissance que l'autre a du monde et des autres.
Si vous avez croisé le présent, comprenez que vous vous trompez, car le présent n'est rien qu'un pas venu de l'avenir fait au moment que nous croyons être présent et qui ne dure qu'un millième de seconde pour ensuite se figer dans le passé.
Tout est avenir.
Le présent est l'outil temporel du passé venu du futur dans la mesure où sa durée n'existe pas. Il est l'éphémère comme l'est le papillon portant ce nom.
Verriez-vous des Initiés et des clairvoyants prédisant le futur et le futur lointain de l'Humanité s'il était présent et passé. Non ! Il n'est donc bien qu'un plan fini, une volonté écrite, venant à soi. Il est en conséquence la preuve que Dieu créateur et le Logos ont pensé le Monde et existent.
Exemple infime de beaucoup de quotidiens individuels : iriez-vous voir un voyant ( non un clairvoyant ) ou un médium, si vous étiez convaincus que l'avenir n'écrit pas votre présent ? Non !
C'est, alors, la certitude que vous portez en vous la conscience sourde de l'avenir venant à vous.
Alors, qu'est donc le passé. Il est simplement ce que nous avons écrit de l'avenir dans la réalisation de nos libertés individuelles. C'est la liberté individuelle qui a offert l'écriture au passé de l'homme ayant acté son avenir.
Magnifique ! Non ?
C'est la raison pour laquelle la réincarnation est donnée aux hommes pour que l'avenir les sculpte jusqu'à la réalisation du plan achevé des dieux pour chacun de nous et l'Humanité.
La conscience est davantage qu'une étincelle, elle est flambeau sur le chemin de la lumière et de la vie. Bénissons l'avenir qui est la seule porte de conscience.