Béatrice Lukomski-Joly


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La nuit du levant

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

tableau " falaise d'Etretat" de Jean Daniel Perrin

https://jeandanielperrin.wordpress.com/

 

Dans la froidure de l'hiver,

Au bord du grand océan,

Je me suis posée, l'esprit ouvert.

J'ai vu, là, mourir sur le sable blanc,

Tant d'ombres sans contenu,

Tant de pensées sans richesse.


 

Dans les étoiles,

Assise sur le sable,

Je vis un rayon filant

S'envoler au loin

Comme confortant la vie

Aux nuits d'hiver.


 

De plénitude à la nuit noire.

C'est de nature épousée

Que je suis devenue rêve.

Il n'y avait qu'ombres fugitives

Dans l'air d'heures brèves

Que marchant, silencieuse,

Semblant trépassée,

Epuisable,

Jamais vulnérable,

Jamais naïve,

Bien qu'il se le dit,

Aux vagues fracassées

Contre le lointain des grèves de sable,

J'ai vu tant d'astres

Que mon regard ne put les marier.

Tous, offrant leur émoi

Aux belles heures enfilées.


Y eut-il un instant dans l'éternité

Du ciel vivant que j'aime,

Plus belle valse que celle des étoiles

Qui dansent et se sèment,

L'incroyable firmament

Qu'aime le vent dans la nuit,

Qu'à la nuit, tant de chants,

À la lumière qui luit, a béni

Mes heures enlacées

Aux fugitifs vœux envolés,

L'or des étoiles,

Sur le rivage des bancs de sable.


 

Sur le rivage des bancs de sable

Se reflétait du ciel, le voile,

Si bleu, si étoilé, si ample,

Que ma nudité fut revêtue, nue,

Car n'est nue que l'âme

Qui contemple les astres venus.


 

Là, assise sur les algues

Des bancs de grève si vieux,

J'ai murmuré à la nuit

La sagesse du ciel des Dieux.


 

Quand au temps

Epousant la délicate fleur

Que l'air envole,

J'ai vu de la nuit

La beauté du soleil

Qui attend le minuit d'Eole,

Quand sur ses ailes

J'ai atteint l'incroyable cœur palpitant,

Voyant la mesure et l'équilibre,

Le destin et la vérité au levant.


 

Ai-je vécu de la nuit

Plus bel hymne que son accord,

Plus grande joie que sa lumière

En ses verges d'or !


 

Quand à la nuit naît la lueur

Au choeur chantant des mondes

Que mon regard

Dans la nuit glacée

Aime,

Que l'océan émonde,

J'ai vu une météorite

Apporter le vœu des astres

Aux sages,

Offrir l'offrande des mages,

Zoroastre

Pour un enfant,

Adam,

Pour le plus noble.


 

Le ciel était d'émeraude

La nuit voguait au large

Telle une armée de célestes

Créatures,

Les Dieux mourants

Pour la venue d'Un seul.


 

S'il fut un instant,

Souvent répété,

Où le monde accabla

Ma droiture

Pour le mensonge de mille,

Pour d'irresponsables cœurs,

Que d'étoiles vis-je naître,

D'autres s'éteindre

A ces éloquences trompeuses !

Il est si facile de tronquer la vérité

Pour des orgueils en mal d'être.

 

Et Ô Joie, le mensonge se meurt,

Sur la plage défait sa ride

Car il n'y a de vérité

Que dans l'extrème droiture

Que ma vie témoigne

Aux étoiles me scrutant

Sur la nuit des bancs de sable.

 

http://beatrice-lukomski-joly.copyright01.com/

La dame au confessionnal et le mendiant ; ( ajouté un poème de Jean-Daniel Perrin pour conclure le récit )

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Tableau " le mendiant" de Bastien Lepage

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Bastien-Lepage

https://www.musee-orsay.fr/fr/evenements/expositions/archives/presentation-detaillee/article/jules-bastien-lepage-4256.html?tx_ttnews[swords]=bastien%20lepage&tx_ttnews[backPid]=252&cHash=56eeaa9440

 

Par un beau vendredi ensoleillé, à l'heure des vêpres en hiver afin de ne pas se coucher trop tard, une femme alla à la confesse, après avoir bu une tasse de thé à la bergamote. Un petit rien de chaud pour ne pas avoir trop froid dans l'église du quartier qui n'était chauffée que les grands jours de pleine foule, c'est à dire rarement.

Elle mit son beau manteau en cachemire noir ; se coiffa devant la glace ; déposa un soupçon de rouge à lèvres sur la bouche ;  mis une seule goutte de parfum pour ne pas trop encanailler le prêtre qui n'est qu'un homme, et un petit chapeau de feutre rond, de ces petit chapeaux qu'on aime bien dans les beaux quartiers quand on est plusieurs  à se frôler, parce qu'un beau quartier n'a jamais sa foule ictérique martelant son pavé. La dame faisait bien attention à ce qu'elle pensait, à ce qu'elle disait, à ce qu'elle faisait, pour ne pas commettre un de ces pêchés qui ferait de sa liste à dire une longueur inacceptable quand on va à la messe tous les dimanches et à confesse tous les vendredis soirs. Il se pouvait qu'il en soit rayé un de la liste bien préparée pour paraître plus moral aux yeux du prêtre qu'on ne peut l'être, car il faut conserver la haute opinion qu'il a de soi, et le garder au chaud pour la prochaine liste d'un prochain vendredi si la liste s'avérait, peut-être, moins longue.

Qui sait ? Nul ne le sait, car c'est si caché dans le plus intime de la mémoire que nul ne pourrait aller fouiller là, même si le désir en avait fortement envie. Paradoxe du désir dans l'envie. C'est ainsi. Mais, hélas, il peut être rayé sur la liste et se terrer dans la mémoire, que le problème qui n'en est pas un est que chacun voit le pêché de l'autre, tellement éloquent, que le rayer de la mémoire ne servirait vraiment à rien. C'est ainsi.

Bien apprêtée, les souliers bien cirés, le sac à main de la même couleur que les souliers de cuir noir, la paire de gants en peau de chèvre mis sur les doigts fragiles qui n'osent pas trop se salir des tâches malodorantes, sinon gratter la terre du jardin parce que ça fait bien de passer un peu de temps à labourer le peu de terre qui repose aux pieds de quelques fleurs sentant bon, elle ferma la porte délicatement comme si celle-ci était faite d'un bois précieux, en tous les cas bien armurée pour ne pas être fracturée.

Tout en marchant dans le froid suspicieux de l'hiver en décembre, elle réfléchissait à sa confession afin d'avoir beaucoup à dire sans en dire trop. C'est amusant les confessionnaux ! Doux peuple croit être lavé de ses impuretés ; vient chargé d’opprobres et de saletés, comme si un lieu saint devait être un réceptacle de choses innommables ; repartirait pur et blanc comme un lys. Se faire du bien est la maîtresse pensée, tout en ne croyant pas, une seconde, être victime d'une illusion.

Pourquoi ces lieux étroits de bois sculptés n'ont-ils pas été conçus en dehors des allées des églises, dehors, comme les gargouilles ont été sculptées à l'extérieur afin d' empêcher les vilénies d'entrer dans le choeur ? 

La dame marchait vers son confessionnal, un peu honteuse, juste ce qu'il faut pour ne pas s'avouer que nous sommes si laids, qu'un confessionnal n'enlèverait pas ses souillures qui rongent la langue, endommagent l'âme, enténèbrent la pensée. Elle marchait avec son missel chaudement tenu dans les gants de cuir à la place de « La divine comédie » de Dante qui avait mieux connu les prétoires et les confessionnaux que le pape à Rome, et qui aurait mieux sis à la volonté en un pareil instant. Si il avait fallu demander à quelqu'un ce qu'était vraiment le purgatoire et l'enfer, c'est Dante qu'il aurait fallu interroger plutôt qu'un homme du clergé qui n'est toujours qu'un homme, sans être un ange, pas même un vrai représentant de la divine Face, alors que Dante l'était, parce que Dante décrit un parcours sans failles dans le chemin des douleurs et des laideurs avant de gagner son paradis que  la soutane noire ne fait pas en berçant le genre humain d'illusions.

Le porche franchi par la petite porte, parce qu'il faut demeurer humble, un peu, peut-être ! elle se signa et se dirigea vers le confessionnal où elle était attendue comme tous les vendredis soirs, pour son bain de purgatoire que le doux prêtre accorderait d'une modeste somme remise le dimanche dans une petite corbeille de rotin, mieux  ! dans une enveloppe blanche de papier vélin parce que c'est plus discret même si l'enveloppe blanche tranche avec le noir des gants. Un prêtre, c'est sacré ! Moins le clochard du coin de la rue qui peut se contenter d'une pièce brillant au soleil dans son chapeau mité ! Comme il est loin le temps où les cathédrales et les églises recevaient en leur intérieur, en leurs nefs, la foule de paysans et de mendiants ayant besoin de chaleur ! le moyen-âge, je crois ! 

La liste dut être longue, car la dame sortit trente minutes après être entrée dans le saint de bois ou tout se dit, avec un peu de gêne, moins de repentance vraie, parfois -malgré tout- quelque sincérité authentique de courte durée.

Le confessionnal, c'est comme aller chez le médecin, une durée limitée par personne ! Il faut satisfaire la clientèle qui -hélas- est moins nombreuse que dans les temps passés.

Légère comme un papillon, absoute de tout, le prêtre la regardait comme n'importe laquelle brebis venue se repentir, encore que de brebis elle était bien une femme, et assez jolie.

Est-ce qu'une brebis pêche ? Pure comme la neige venant du ciel, sans la pensée d'une moindre escarmouche, elle ne ressemble en aucun cas à la femme ni à l'homme, vous en conviendrez !

Il se disait intérieurement : quand entendrais-je quelqu'un en ce lieu de miséricorde dire qu'il n'est qu’orgueil plutôt que de dire "j'ai pêché par orgueil" ? Ah ! tous ces mots qui sonnent creux, dénués de vie, et de valeur morale !  

 Puis il se regarda dans un petit miroir qui était le reflet d'un vitrail coloré, un rayon vert éclairant le pied de Judas, et se reconnut semblable. « Qu'est difficile le statut d'homme ! » La dame glissa, non furtivement, l'enveloppe immaculée comme elle l'était redevenue, le croyait-elle, dans la main du prêtre qui la bénit d’un autre signe. Ha ! ces chétriens qui n'ont rien compris du christianisme ! 

Persuadée qu'elle était à nouveau pure de tous pêchés, elle marchait lentement, silencieusement, récitant encore ses actes de contrition, se promettant de ne plus commettre une seule faute qui la souillerait. C'était ainsi chaque vendredis depuis qu'elle était enfant. Souillée avant, pure après. Pas simple !

Franchissant le porche par la même petite porte, un clochard assis sur le parvis de l'église quémanda une pièce, tendant son chapeau troué. Heureuse et légère, elle déposa une pièce d'un euro, lui souhaitant tout le meilleur , sans pour autant poser sa main sur l'épaule du pauvre bougre. Elle ne voyait, là, pas faute. Elle donna avec le sourire, toujours l'ame légère, car vivant de sa pureté renouvelée par le saint Signe. L'homme osa demander une seconde pièce. La dame lui accorda. Il ajouta recevant l'aumône : «  Je t'ai vue avec ta belle enveloppe. A-t-il faim  l'homme en soutane que tu chéris ? Moi, oui ! Donne-moi encore un sou ! Si ton homme noir accepte ton aumône n'est-ce pas salir ton Dieu qui fut dans le désert, éloignant la tentation pour que tu ne sois pas soumise au don de l'argent qui, tout, pervertit ? »

Agacée, elle partit, laissant le chapeau mité souffrir de ces deux petites pièces. Elle savait qu'elle ne pourrait jamais donner plus de deux pièces à un clochard, car il ne lui ferait jamais une place sur un beau banc chauffé avec des remerciements qui chatouillent l'orgueil. Le remerciement d'un mendiant vaut-il moins que celui de n'importe qui d'autres élevés sur l'autel de la  richesse ? Elle se sentit moins légère, moins aérienne, moins angélique. Elle était à seulement dix minutes de sa sortie du saint de bois sculpté pour que sa blancheur immaculée commence à se strier d'ondes serpentaires grisées de vert foncé." Mais bon ! se dit-elle, je ne peux quand même pas soulager toute la misère du monde ; il n'a qu'a faire un effort pour travailler, puis pourquoi lui donner davantage, cela finira en un litron de mauvais vin ! » Elle le lui dit, persuadée qu'elle le remettrait dans le droit chemin, faisant acte de bonté quand il lui répondit " Mon vin, c'est celui que tu bois le dimanche en souvenir du fruit de la vigne ! Trempe ton pain dans mon vin et tu sauras qui tu es. "  Elle ne comprit pas. L'homme l'interpella à nouveau, lui demandant si elle acceptait de lui offrir un repas, ce soir, bien au chaud chez elle, ce serait mieux que ces deux pièces ! » Elle le regarda, puis se sauva, ne mesurant pas qu'elle pourrait écrire sur sa liste son refus, car ce serait dire tous les vendredis le même manque, la même cruauté, la même paresse. Il courut après elle : «  M'dame ! Si on échangeait seulement deux jours de votre vie contre la mienne ; Dieu vous le rendra ! Non ! trois ! » Elle le tança, lui criant un "fichez-moi la paix" sonnant, un "sûrement pas !" glacé, que le petit homme s'en retourna s'agenouiller sur son parvis, un plaid humide sous les genoux, pour tendre son chapeau défraîchi.

Elle venait de perdre le peu de pureté qu'elle avait retrouvée d'illusions, en franchissant le porche par la petite porte. Elle marcha recroquevillée, un peu, les yeux durcis par la colère d'avoir été ainsi importunée dans sa blancheur d'âme retrouvée. Crispée, tout s'effondrait, mais cela, elle ne  pouvait pas le faire. Elle mit sa main dans sa poche droite, sortit sa petite liste, la froissa et la jeta sans regrets dans la corbeille à papiers qui ornait le trottoir de la grande ville bien propre. Son regard était aussi noir que son manteau de laine. Peut-être aurait-il mieux valu qu'elle portât un manteau blanc pour ne pas refléter l'impureté qui ne l'avait pas quittée.

Le confessionnal se tut, ferma sa lourde porte qui doit conserver le secret, l'église aussi ; il était tard. La nuit était tombée sur elle comme un linceul sur un marbre taillé. Elle se retourna, croyant entendre le son d'une cloche qui ne sonnait pas. Aucuns bruits ! Une petite voix intérieure, étouffée à souhait, lui murmura : « À dans une prochaine vie, chère brebis ! Lorsque tu passeras le seuil de la mort, tu verras tes fautes amoncelées, et aucune blancheur - jamais - retrouvée chaque vendredis ! Attends-moi ! Je suis ta conscience. Vois ce clochard ! Il est toi dans ta prochaine incarnation, jusqu'à ce que tu comprennes et redeviennes aussi pure qu'au jour de tes naissances ! Vas ! Je t'attends ! Il n'y aura pas plus dur juge que toi envers toi-même. »

Elle n'entendit pas la petite voix et revenant chez elle, se défaisant de ses affaires, elle dit à son époux « demain j'emmène mon manteau au pressing, des mains sales l'ont touché. »

Curieux paradoxe que d'illusionner l'humain en lui laissant croire qu'il est pur après une confession tout en enseignant le concept du purgatoire ! il y a bien là deux idées contraires, et personne ne les auraient-elles  jamais relevées !

 

à ce texte j'ajoute un poème en vers libres écrit pas Jean Daniel Perrin sur le même thème

 

Un signe de tête, un sourire esquissé, elles sont bien polies!
Elles les regardent d’un air hautain et dédaigneux
Peut-être est-ce parce qu’elles sont habitées par Dieux.
Ou bien qui sait, est-ce le doute ou la mélancolie.

Elles vont, elles viennent, silencieuses, la tête penchée.
De crainte d’affronter un regard elles ont les yeux baisés.
Elles devront acheter des indulgences papales à bon prix
Si elles veulent aller directement au paradis.

Tout laisse à penser qu’elles ont besoin de considération,
A quel titre, à quel mérite, professionnel ou bien bonté ?
Professionnel sûrement mais pour la bonté, point d’interrogation?
Ah ! Si seulement elles connaissent la courtoisie et la charité.

Elles vont, elles viennent, toujours avec la même façade.
L’œil habituellement triste brille dans la méchanceté et la sottise
et puis l’éclat se ternit et le regard redevient maussade,
Pour ces Filles là nous ne sommes capables que de dire des bêtises.

Abandonnons les sans remord à leur réserve et à leur médiocrité,
C’est un réconfort de penser qu’elles ne seront pas à nos côtés au paradis.
Si elles continuent, le paradis n’est pas gagné, ne dite pas de méchanceté.
Le jour venu les gens de cœurs et de qualités prieront. De pronfondis…

Elles pourraient être Coptes, elles sont Catholiques,
Elles ont été baptisées sans le vouloir, selon un rite antique 
Pourquoi, parce que c’était ainsi dans leurs villages.
Et puis il y a eu la première communion avec ceux du patronage.

Elle est toujours là pour assister les personnes endeuillées
La voilà avec ses livrets contenant les textes circonstanciés,
Doucement elle guide, elle oriente, en tenant compte des personnalités
Et le fils, seul, égaré, la nimbe et ne sait comment la remercier.

Et puis il y a les autres, les faux culs condescendants
Ceux que l’on ne voit qu’aux enterrements, les compatissants.
Et sa spécule et sa commente: A, tout de même hein…
Laisse les, vient vite derrière le cimetière, dans les sapins.

Et puis il y a l’époux qui déclame, hypocrite, se croyant un modèle
Qu’ils ont été mariés quarante deux ans et qu’il a toujours été fidèle
Le pleutre, le sot, oublie de dire combien de fois il l’a fait pleurer.
Mais c’est un bon catholique, tous les dimanches il va communier.

Pourquoi as-tu aidé à préparer la messe pour ce jean-foutre sans consistance
C’est un criminel passif il l’à détruite par sa suffisance, par son indifférence.
Je t’en prie, je t’en supplie dit moi que tu l’as fait pour elle, pas pour lui
Tu as raison, elle est heureuse maintenant, elle refait sa vie au paradis.

 

 L'illustration "le Presbytère" est également de Jean-Daniel Perrin : aquarelle

 

Loreleï et la Meuse

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Sanguine et aquarelle de Jean-Daniel Perrin

https://jeandanielperrin.wordpress.com/

Que Jean- daniel me pardonne d'avoir un peu... foncé son tableau pour les besoins de mon poème !

J'avais besoin d'un crépuscule !

 

Sur la Meuse dormante repose un chaland pourpre,

Qu'ancre au soir jetée, donne à voir sa beauté ;

Et au fond de son lit pâle éteint le jour passé,

Que volutes chahutées aiment peigner de boucles.


C'est le soir ; le crépuscule lustré s'éveille.

Meuse resplendit quand de Lorraine dit l'amant.

Du nombre d'ancres larguant sa vie au présent,

Le crépuscule s'éveille et la nuit se réveille.


Les saules ornent l'intime silence sur l'onde

Pendant que la vague déclame ses soupirs,

Et c'est le repos qui laisse entendre l'inspir

Quand au matin achevé il s'esquive du monde.


Timon s'endort, chemin de halage se relâche,

Archimède se détend dans son éternité,

Et marinier rêve, las, de son immensité

Sa péniche indolente que sa Meuse gouache.


Car, dame, noble Meuse, née de dame France,

Rien n'envie aux tristes dédales arc-boutés,

Que plaident les Flandres et que, de loin, Lorelei

Regarde, le cœur inassouvi d'ardeur garance.

 

"Lorelei et la Meuse" relève d'un rêve personnel.

Que nul n'aille, ici, tenter d'y trouver la légende de Lorelei, là n'était pas mon but.

La Lorelei aurait pu s'appeler Jeanne, et la Meuse être la Moselle l

Mais ce chaland peint sur la Meuse à Lutig, de Jean Daniel,  m'a  emmenée ailleurs,  et c'est assurément  en Allemagne que je me suis arrêtée !

Comprenne qui peut ! c'est là tout le secret de certains poèmes .

 

Voici le tableau sans correction

 

 

Requiem pour un regard

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Aquarelles de Jean Daniel PERRIN

https://jeandanielperrin.wordpress.com/


Et si j'étais le temps,

Moi, le fou des harmattans,

M'auriez-vous aimé,

Moi, le doux affamé ?

Si j'étais le vent déclaré

M'auriez-vous entouré ?

M'auriez-vous étreint

De légers embruns ?

Si j'avais été le Rhin

Et été votre pèlerin !

 

Je n'ai rien dit.

Elle s'est tue aussi.

 

Pourtant ! Pourtant !

Debout, contre le temps,

De ses yeux, m'a raconté,

Le torrent de perles nacrées

Et encore la rivière fine

Des sources alpines

Qu'au loin elle regardait.

Elle n'a pas bougé, se taisait.

Elle a simplement vieilli,

Et moi, sans elle, suis parti.

 

Elle n'a rien dit.

Je me suis tu aussi.

 

Pourtant ! Aquarellés,

Nos regards se sont ailés

Et encore croisés, adorés,

Aimés, entrelacés.

Mais elle n'a rien dit,

N'a rien promis ! Rien dit !

N'a rien chuchoté,

Guère moi non plus.

Là, serré contre moi !

Je me suis tu, perdu,

Le cœur mis à nu.

 

Je n'ai rien dit.

Elle n'a rien dit.

 

 

Le Rhin coulait.

Basel s'endormait.

Le Rhin n'a pas frémi

Ni Basel n'a compris.

Le Rhin a coulé

Lascif et troublé.

Le pont a faibli,

A blêmi, tressailli.

Basel n'a rien dit.

Et le Rhin a gémi.

 

Je n'ai rien dit,

Elle s'est tue aussi.

 

J'ai rêvé, rêvé d'elle,

Qu'elle a souri, si belle !

Lorelei dans sa chapelle

Du haut de sa citadelle,

Enviait le Rhin et Basel

Que ne connaît pas l'hiver.

Elle est partie, vers Anvers,

Sans se retourner, fière,

Sans me voir, ni me pleurer.

Être lui, les jours implorés !

 

Je n'ai rien dit,

Elle s'est tue aussi.

 

Et.. le vent est parti avec elle,

Et... le Rhin avec moi, irréel,

Laissant Basel jouer sa romance,

Son requiem en dormance.

Lacrymosa sans notes classique !

Partition sans musique !

Juste le vent sur l'eau

Sur le pont des sanglots.

Parce que je n'ai rien dit,

Parce que je me suis tu aussi.

 

http://beatrice-lukomski-joly.copyright01.com/

 

les complies d'un amour

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

tableau de Jean-Daniel Perrin

https://jeandanielperrin.wordpress.com/

 

Morne est le temps ; poudré, délavé est le ciel.

Nuages se traînent, mus par le vent d'hiver,

Et l'escarcelle des feuilles mortes se perd

Dans la mousse bleuie des jours torrentiels.

 

Je me promène, loin du bruit, loin des colères,

Abandonnée du bras qui me porte. Ô ! inerte !

Je chemine d'un lourd plaid de brume offerte ,

La plainte des soupirs, enfin, m'indiffère.

 

Qu'ont-dit ses lèvres quand, rondes et pleines,

Elles me parlaient d'avenir à mon ventre rond,

Quand mon enfant ondulait en mon girond ?

Je ne sais plus. Le temps rend son haleine.

 

A-t-il ému mes jours que vole mon souvenir.

Des élans et des longs frissons, j'oublie les complies.

Je ne rêve plus ; je ne dors plus, affaiblie.

L'âge prend ma beauté. Ma ride dit de bénir.

 

Que peut la communion quand s'éteint sa voix

Et que je marche, seule, à ses côtés sans pleurer ?

Ainsi s'use l'habitude en son silence alluré

Que la fugacité du temps éteint à demi-voix.

 

L'habitude allaite la nuit quand l'ennui la nourrit

Et rien d'une fleur n'attire plus son regard.

Il va, certain, de ma vieillesse sans plus d'égard

Et sa pensée, parfois, ranime son amour évanoui.

 

Sanglotez quand le monde change sa couleur !

Implorez quand la passion déserte l'allégresse !

Riez quand je sanglote éteinte à sa paresse !

Taisez-vous quand le temps rit de ma douleur !

 

In the Mood for Love - Shigeru Umebayashi

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