Béatrice Lukomski-Joly


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DIALOGUE DE SOURD

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Image: Keystone

écrit en 2017, publié sur le blog en mars 2018

 

Sophie RENARD

Des cris percent le silence.

Ils entendent le rien. Incriminent le cri.

Juge, tu te trompes. Avocat de la défense, je suis. Et dans ce plaidoyer, j'ai dis :

«  Si vous condamnez cet homme, Monsieur, vous condamnez la misère. » Vous condamnez.

A côté. A côté le tir. Le néant. Ils se sont faits sourds aux supplications de nos âmes lourdes.

Les mots vides dégueulent de leurs mâchoires grandes ouvertes. Chiens affamés. Les crocs, les accrocs. Déchiquettent. Déchiquettent le cuir. Déchiquettent les entrailles. Repus, pourtant ne s'allongent pas les chiens. Mais nous marcherons d'un seul homme. Au casse-pipe, peut-être, mais toujours pour un mot : « Liberté ! » Scanderont les cœurs. Un murmure qui ricochera de vallées en vallées, de monts en monts. Toujours scandent dans l'ombre. Un jour nous gagnerons.

Ils sont sourds. Les oreilles baissées, ils grognent. La queue entre les jambes. Moi ? Jamais !

Je ne suis pas un homme ! Mes cordes. Vocales les cordes. Adieu le piano. Les cordes même si elles s'usent. Même si, accords impossibles. L'accord impossible. A capela, même si je suis aphone. Nous aurons encore plume pour arme et arme pour plume.

Et LIBERTE scanderont les cœurs. Liberté.

La musique s'arrête. La fête est finie. Les dents violonistes.

Grincement. Et fâche le feu. S'éteint en moi. Se ravive la flamme. Mais souffle le vent. S’essouffle l'élan. Souffre le temps. Et tant. Et tant.

Attends ! Dés. Jetés. La belle bataille. Mickaël et son épée. Valet de cœur, avez-vous dit. Jalousie. Dernier coup. Échec et mat, dites-vous. Pas perdu le combat, crié-je encore.

Liberté scandent tous en chœur !

Je ne vous hais point.

Les fruits pourrissent, c'est comme ça. La coupe est pleine. Pommes noircies. Flétries. Perce, les trous, le ver. Trouée. Trouée la volonté. Trouées vos âmes asséchées. Pansez nos plaies, repos des âmes, à demain pour un prochain combat.

Et pleure. Pleure l'enfant. Peter est parti. Pan le fusil. Flûte ! Quelques réglages, on se répare et ça repart.

Je ne ferai pas mine. Mine de rien. Même fatiguée, même halbrénée, comme l'oiseau de proie sur le dos, jamais. Sur le dos jamais. Même quand dos miné. Même quand oiseau n'a plus d'ailes sous leurs crocs acérés. Mais volera, l'oiseau, volera encore.

Même quand dos miné. L'oiseau n'a plus d'ailes sous leurs crocs acérés. Mais vole, vole l'oiseau, vole. Car de la plume jaillit le sang. Du sang pour servir d'encre. Puisque encre ne peut ancrer le bateau dans les courants des logorrhées. Trop fort le courant. De la vraie diarrhée.

Aiguë, j'ai dis. Dans vos sons ultrasoniques. Mais bouge le fou. Au rythme du chapeau grelot. Je me fais porte-drapeau, pour combattre les crapaux. Bavez, bavez tant que vous pouvez. Point jamais je ne glisserai. Même à terre, nos esprits, toujours, se relèvent, puisque braver braver, sera devise de notre armée d'encre. Parce qu'un jour, à force de combattre la misère puisque qu'on ne peut évoquer « paix », c'est à vous que viendra le tour d'être à terre. Les chiens, la gueule cassée continueront peut-être d'aboyer. Mais le loup, le loup pourra, à la lune, de nouveau hurler : « Liberté ! »

BEATRICE

Ils ne diront rien, attérés par la honte. Et je brandirai Victor Hugo tel un étendard. Je prendrai la relève des misérables qui veulent faire entendre leur voix. La voix. La voie. La voix des misérables. Tous les misérables de la rue. Des prisons pour ne pas avoir eu de père. Des sans pères. Des foyers pour délinquants sans père. Des pères absents qui ont vomi leurs fils. Leurs filles.

Les misérables sont restés les même. Misérables de la rue. Misérables de l'ombre. Javert n'est pas mort et hante encore nos rues. Thénardier, encore, affame les enfants. Fantine pleure toujours sa Cosette. Misère. Misérables ! Ils courent les rues. Ils dorment dans les rues. Les autres dans des draps de soie. Je crie. Mort est le silence. Morte est l'inertie. Nous sommes l'armée de l'encre. Pas celle du sang versé. Pas celle des perversions. Celle des réveils. Celle du réveil pour la liberté, la fraternité, l'égalité.

Non ! Pas des mots morts. Des mots qui veulent vivre. Être. Je suis. Ne vous en déplaise. Je suis. Libre. Fraternel. Libre. Ton égal. QUOI ! Ce n'est pas ce que tu veux ? Le peuple à la place de la bourgeoisie. La bourgeoisie à la place de l'aristocratie. Tout bouge. Âme de conscience en marche !  Quelques soient les baillons. Quelques soient les dictatures déguisées.

Avons-nous pleuré de tant de misère que draps de soie ignorent la misère. Encore un mot creux dans leurs bouches. Hugo ! Bouge-toi, du haut de ton ciel ! C'est de là que tu es le plus actif si nous t'appelons. Armée invisible de l'encre ; d'Hugo à Goethe, de Schiller à Zola. Armée de l'encre. Nous t'appelons.

Des cris percent le silence.

Ils entendent le rien. Incriminent le cri.

Avez-vous bafoué l'enfance d'un siècle qui se veut nouveau que j'aime crier à nouveau. Des cris percent le silence. Avec la lumière disent la liberté.

Les combats , toujours, reprennent, Sophie, contre les mécréants, les nouveaux faiseurs d'anges qui falsifient les lois. Encre hurle son désarroi et luttes s'engagent pour le droit de l'Homme, de l'Humain en l'Homme, qui veut être Humain jusqu'à son dernier et ultime souffle, même nos larmes  ravageant nos visages contre les hommes qui abusent.

Quand les océans auront épuisé leurs glandes lacrymales et que combat aura mené au cimetière, qui saura que cela aura été un meurtre déguisé ? moi, assassinée !  Victor Hugo l'avait dit dans son " Propos sur la dépense des lumières" *, nous le réécrivons avec lui, en sa mémoire qui nous est chère. La comédie nous rit au nez mais la comédie tutélaire à laquelle sont soumis les hommes n'est qu'une tragédie menant à l'échaffaud de la vie. Ma corde est prête, son noeud coulissant, que je suis prête à utiliser pour faire valoir le cri de la justice vraie des hommes qui veulent l'humain en l'homme. Si encre ne signifie plus rien, la corde a encore un pouvoir. Les gens applaudissent sauf les misérables qui, tout, endurent des injustices. Je suis une misérable. Je ne suis pas Javert au fronton de sa protection nommée. Je suis Fauchelevent assurant l'hébergement ; je suis l'évêque Myriel assurant le pain ; je suis Fantine vendant ses dents et ses cheveux pour nourrir ses petits ; je suis Cosette portant le seau lourd des peines dans la nuit noire.

"Quand on a que l'amour" jacques Brel

 

Je remplis mon seau d'encre. Ne vous étonnez point si la couleur de mon urine est  sombre plutôt que d'un beau jaune limpide, force revient à l'encre bue dans la peine des misérables de notre siècle. Sophie ! Sophie ! 

 

https://www.facebook.com/beatricelukomskijoly/

 

Sophie Lukomski-Renard et Béatrice Lukomski-Joly

Jacques Brel " J'arrive" 

 

* propos sur la dépense de lumière de Victor Hugo 

Extraits du discours d'ouverture du Congrès littéraire international de Victor Hugo

« Ce qui fait la grandeur de la mémorable année où nous sommes, c’est que, souverainement, par-dessus les rumeurs et les clameurs, imposant une interruption majestueuse aux hostilités étonnées, elle donne la parole à la civilisation. On peut dire d’elle : c’est une année obéie. Ce qu’elle a voulu faire, elle le fait. Elle remplace l’ancien ordre du jour, la guerre, par un ordre du jour nouveau, le progrès. Elle a raison des résistances. Les menaces grondent, mais l’union des peuples sourit. L’œuvre de l’année 1878 sera indestructible et complète. Rien de provisoire. On sent dans tout ce qui se fait je ne sais quoi de définitif. Cette glorieuse année proclame, par l’exposition de Paris, l’alliance des industries ; par le centenaire de Voltaire, l’alliance des philosophies ; par le congrès ici rassemblé, l’alliance des littératures ; vaste fédération du travail sous toutes les formes ; auguste édifice de la fraternité humaine, qui a pour base les paysans et les ouvriers et pour couronnement les esprits. »

« Ah ! la lumière ! la lumière toujours ! la lumière partout ! Le besoin de tout c’est la lumière. La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire. Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout ; enseignez, montrez, démontrez ; multipliez les écoles ; les écoles sont les points lumineux de la civilisation.

Vous avez soin de vos villes, vous voulez être en sûreté dans vos demeures, vous êtes préoccupés de ce péril, laisser la rue obscure ; songez à ce péril plus grand encore, laisser obscur l’esprit humain. Les intelligences sont des routes ouvertes ; elles ont des allants et venants, elles ont des visiteurs, bien ou mal intentionnés, elles peuvent avoir des passants funestes ; une mauvaise pensée est identique à un voleur de nuit, l’âme a des malfaiteurs ; faites le jour partout ; ne laissez pas dans l’intelligence humaine de ces coins ténébreux où peut se blottir la superstition, où peut se cacher l’erreur, où peut s’embusquer le mensonge. L’ignorance est un crépuscule ; le mal y rôde. Songez à l’éclairage des rues, soit ; mais songez aussi, songez surtout, à l’éclairage des esprits. Il faut pour cela, certes, une prodigieuse dépense de lumière. C’est à cette dépense de lumière que depuis trois siècles la France s’emploie. Messieurs, laissez-moi dire une parole filiale, qui du reste est dans vos cœurs comme dans le mien : rien ne prévaudra contre la France. La France est d’intérêt public. La France s’élève sur l’horizon de tous les peuples. Ah ! disent-ils, il fait jour, la France est là !

Qu’il puisse y avoir des objections à la France, cela étonne ; il y en a pourtant ; la France a des ennemis. Ce sont les ennemis mêmes de la civilisation, les ennemis du livre, les ennemis de la pensée libre, les ennemis de l’émancipation, de l’examen, de la délivrance ; ceux qui voient dans le dogme un éternel maître et dans le genre humain un éternel mineur. Mais ils perdent leur peine, le passé est passé, les nations ne reviennent pas à leur vomissement, les aveuglements ont une fin, les dimensions de l’ignorance et de l’erreur sont limitées. Prenez-en votre parti, hommes du passé, nous ne vous craignons pas ! allez, faites, nous vous regardons avec curiosité ! essayez vos forces, insultez 89, découronnez Paris, dites anathème à la liberté de conscience, à la liberté de la presse, à la liberté de la tribune, anathème à la loi civile, anathème à la révolution, anathème à la tolérance, anathème à la science, anathème au progrès !

ne vous lassez pas ! 

Je ne veux pas finir par une parole amère. Montons et restons dans la sérénité immuable de la pensée. Nous avons commencé l’affirmation de la concorde et de la paix ; continuons cette affirmation hautaine et tranquille. Je l’ai dit ailleurs, et je le répète, toute la sagesse humaine tient dans ces deux mots : Conciliation et Réconciliation."  de Victor Hugo

 http://vivelalecture.over-blog.com/2017/09/victor-hugo-un-homme-engage-contre-l-injustice.html

et https://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Hugo

 

"la quête" de Jacques Brel

 

 

Saez | Tous les gamins du monde

Vézelay, colline éternelle, patrimoine mondial de l'Humanité U.N.E.S.C.O

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Photo François Bonnet dans http://fbonnet.canalblog.com/archives/2009/02/04/12363130.html

 

Vézelay, colline éternelle, patrimoine mondial de l'Humanité U.N.E.S.C.O

 

Propos personnel avant d'aller, ensemble, la visiter

 

( Article copié-collé paru sur un ancien blog à mon nom )

 

Aujourd'hui, je vous emmène sur la colline de Vézelay, lieu où je me rends fréquemment. L'envie me prend de vous faire visiter ce lieu sacré, resté pur dans ses traditions.

Il est quatre heures trente lorsque je me réveille pour aller, retourner et encore vivre dans ce lieu qui n'a pas sa semblable en France. Je me frotte les yeux, si fatiguée ! Comment et pourquoi se lever si tôt un jour de repos alors que se lever à 4h30 est mon quotidien ? Cela restera une énigme voulue ou plutôt une spirale allant de l'avant, toujours en mouvement.

Il fait nuit noire, une de ces nuits si sombres avec un brouillard si épais que j'ai envie de me recoucher mais c'est sans compter sur le lever du soleil que je vais vivre, ni sur la Merveille ( La Merveille est son autre nom.) qui m'attend en haut de la colline pour refuser au dernier moment cet immense appel renouvelé !

Le froid est intense, l'humidité me glace le sang. Je roule dans la nuit noire, fracturant le brouillard de mes sept chevaux - motorisés - ( question d'époque ! ) ! Est-ce pour cela que je ne parviens pas à me réchauffer ? Fichtre brouillard ! J'ai envie d'abandonner ma course pendant que le frisson et le froid me figent. C'est cependant sans compter avec ma pensée qui vole et vole déjà vers la colline éternelle. J'ai envie d'entrer consciemment dans la spirale du temps, dans la spirale du Narthex qui me fera franchir ses portes, dans les robes blanches des moniales, dans la spirale de ma vie qui me crée moi ! Alors, je vais, coupant la nuit noire avec détermination et constance. Parfois la peur me saisit de tant me confronter au brouillard dans une nuit sans lune et sans étoiles parceque cachées par l'épais manteau de brume blanche opaque. Que ne suis-je pas restée sous mes draps blancs ! Personne sur la route ! C'est dimanche. Le deuxième de l'Avent, celui de la miséricorde ! Je roule vers Noël. Je commence la fête de tous les espoirs. Mais pourquoi pas une étoile ne s'offre à mon regard ? C'est alors que je pose cette question, que j'ose tourner la tête vers ma gauche, là où est l'est, appelée par un je ne sais quoi de la lumière ! Oui, elle est là, enfin ! Cette aurore nouvelle, cette aurore chaque matin renouvelée, cette aurore qui va se vouloir flamboyante comme je les aime tant. Un trait de vert émeraude, un autre de bleu indigo, un dégradé de roses naissants, une touche d'alizarine dans un blanc de titane pour tout éclairer et rendre la transparence aux reflets ombrés terrestres que les arbres, encore, voilent de bruns et de terre de Sienne dans cette immense nuit, une envolée de couleurs ! Enfin la lumière ! Enfin cette énergie qui nous fait mériter le jour après la noirceur de la nuit ! Je franchis  le mur opaque à grands "enjambées" de roues, tout en écoutant des chants de Noël, de ces chants qui élèvent l'âme dans l'allégresse et la joie d'être, simplement, le coeur vaste comme l'océan, la foi indémantelable, chevillée à ma pensée et mon coeur.

J'ignore comment je parviens à couper le brouillard, le regard levé vers cette aurore, comme lorsque je marche le nez en l'air, sans risquer l'accident, ni la fracture de mes os  ! 

L'aube s'installe pérenne comme la colline éternelle qui pointe ses croix souvenirs vers son Être. Je suis enfin dans le Morvan, dans les monts si usés du Morvan. Je longe alors la Cure ( rivière du Morvan) embrumée dans son lit de pierres bleutées mauves. La terre fume de cette chaleur bienveillante qu'elle accueille du lever du soleil.

Tout n'est que beauté, paix et mouvement du cœur.

 

photo François Bonnet - Vézelay dans sa nature givrée

https://www.naturimages.com/fr/photographes/francois-bonnet-frx1addedac7110000000000024.htm

 

Puis, la voilà, elle, Sainte Madeleine, basilique de Vézelay dans ses draps de brume dont on ne voit que ses tours carrées au dessus de ses volutes spiralées des froids qui s'évanouissent.

Je rêve ! non ! Je ne rêve pas ! C'est toujours ce même émerveillement. La nuit s'est couchée fatiguée, la lune et les étoiles ont fait leur révérence au jour avant de se retirer quelques petites heures.

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Mais, où se situe donc Vézelay et sa colline éternelle ? Vézelay est dans le département de l'Yonne, dans la région Bourgogne, à quelque distance sud d'Auxerre, à quelques lieues de Paris,  vers le sud-est,  en descendant vers Dijon, vers la Provence, vers la mer. Voyez-vous, là, sur la carte le massif du Morvan ? Elle est à la pointe nord, centre exact entre Clamecy et Avallon.

 

Un clic droit sur la photo, choisir l'item " ouvrir l'mage dans un nouvel onglet" pour  l'agrandir. il en est ainsi pour chaque photo ici et sur mon blog.

Vézelay 

 

http://www.tourisme-chablis.fr/en/tourisme/pays-chablisien/le-village-de-vezelay/83/

Vézelay, célébrée grâce à la basilique de sainte Marie Madeleine et de la colline classées au patrimoine mondial de l'Humanité, elle est l' alpha de l'une des principales voie de pèlerinage de saint Jacques de Compostelle , la via Compostella en parallèle à la via Turonensis au départ de Tours.

Ville historique de la chrétienté, elle fut le départ de la seconde croisade prêchée par Saint Bernard au XIIe siècle. 

 

Photo DANIEL DRAY

 

La ville est ordonnée sur une haute colline. Cette colline a valu à zelay d'être renommée en 793 Vézelay-la-Montagne. Pourquoi ? Le côté ouest est facilement accessible, alors que les versants sud, nord et est ne le sont pas. Vézelay ordonne la vallée de la Cure qui fut la voie de navigation principale de la région morvandais

 

 

La basilique et ses rayons

 

La basilique sainte Marie Madeleine est un monastère bénédictin où vivent encore les moniales des Fraternités de Jérusalem et où le saint sacrement est toujours celui donné par saint Jean de Chrisostome, père de l’Église grecque : χρυσόστομος/chrysóstomos, littéralement « Bouche d'or "

 

 

 

En l'an 782, à Saint Père, est entrepris dans la vallée un premier monastère. Détruit par les Normands quelques années plus tard, il sera reconstruit sur la colline pour y être inattaquable. Réédifié après l’incendie de 1120, le monastère compte alors près de 800 moines bénédictins. Mais, de nombreux conflits opposent les abbés et les habitants exaspérés par les impôts levés pour la construction de l’abbatiale.

Au XIIe siècle, la présence des reliques de Marie Madeleine fait de Vézelay un des hauts lieux de la chrétienté. Comment sont-elles arrivées là ? Nul ne l'a jamais su .

 

La crypte de la basilique comportant les reliques de Marie Madeleine.  Vous verrez là sur le sol, à ses pieds, des feuilles  par dizaine, intentions de prières pour les détenus de Joux la Ville.

 

La prospérité et le calme revenus, Vézelay adopte timidement le style gothique, alors que celui-ci en est encore à ses balbutiements. Rappelons que l'art gothique est né de l'abbé Suger (1081-1151) dont la première cathédrale gothique fut celle de Sens en Bourgogne dans l'Yonne et dont le « brouillon », à ce qui se dit, fut l'église de Pont sur Yonne, 10 kilomètres de Sens.

La gloire de l'abbaye grandit encore lors de la réunion tenue en son sein pour le lancement de la troisième croisade en 1146 par Bernard de Clairvaux.

Puis à la veille de la révolution française de 1789, elle est déjà en piteux état. Toutes les dépendances monastiques sont détruites. Les effigies des saints sont attaquées comme dans toutes les villes de France. La France et sa révolution décident de faire de notre beau pays un pays laïque faisant fie de sa mémoire architecturale en sacageant les visages des sculptures religieuses et donc de sa chrétienté ! Des églises sont abattues mais Vézelay tient debout malgré son saccage.

Tombée dans l'oubli et vouée à la ruine aux XVIIIe et XIXe siècles, la commune cherche à sauver l'édifice, mais éprouve de grandes difficultés à trouver des fonds. C'est Prosper Mérimée, écrivain (1803-1870)  Inspecteur général des Monuments historiques, qui obtiendra les subsides nécessaires. La restauration est confiée au jeune Viollet-Le-Duc ( 1817-1879) ainsi qu'une reprise des pèlerinages lui permettent de retrouver une partie de son éclat.

En 2010, c'est un appel de Nicolas Sarkosy qui souhaite refondre le site avec un projet voulant redonner du lustre à l'abbaye et la colline, voté pour sa consolidation bétonnée qui voit le jour et  est réfuté par l'ensemble des Vézeliens. Non, c'est non ; Vézelay ne le sera jamais.  https://blogs.mediapart.fr/anne-duvivier/blog/220513/vers-la-betonisation-de-la-colline-de-vezelay  Le projet d'une Vezelay bétonnée, fort heureusement, ne verra pas le jour. L'opposition fut forte. Les Vézeliens ont refusé de voir leur ville soumise à un grand marché du Temple pour lui conserver sa vie spirituelle.Certes il faut restaurer Vezelay et sa basilique dont le Narthex menaçait, menace de s'effondrer mais en lui conservant sa vocation première et unique : mission de pélerinages et de spiritualité vécue. La porte centrale du Christ en majesté sera soutenu par deux portes géantes faites de vérins hydrauliques

 

 lire ici un excellent article traitant des rayons solaires présents dans les  oeuvres d'art  http://dossiers.secrets.free.fr/enquetes/mysterieux.rayons.solaires.htm#03

 

Quels sont les illustres, outre saint Bernard, ayant séjourné à la Basilique de Vézelay  ?

 

 

Bernard De Clairvaux

 

 

Bernard de Clairvaux naît en 1090 à Fontaine les Dijon près de Dijon-Bourgogne-, mort en 1152

En 1115, l’abbé de Cîteaux confie à Bernard,un groupe de moines pour asseoir une abbaye qui prendra le nom de Abbaye de Clairvaux, parce qu'elle fut bâtie dans une clairière. C’est au Val d’Absinthe que le jeune père abbé, futur Bernard de Clairvaux, et quelques moines venus de Cîteaux,commencèrent à défricher une clairière de terre inculte au cœur de la forêt qui couvre les collines et les vallées aux confins de la Champagne.

Cette terre de silence et d'austérité va évoluer pour la postérité. La grande abbaye est arborée de vignes, colorée de granges, de forges, de moulins pour qu'y vivent les moines Le jeune Bernard y mûrit une doctrine personnelle, expression de sa spiritualité . Les sermons qu’il fait aux moines et ses chartes sont retranscrites puis diffusées. Les moines de l’ordre de saint Bruno sont bouleversés par ces écrits. Bernard fait légion de convertis par le rayonnement de ses écrits,sa charité , son humilité et son dénuement total.

Bernard est confirmé par ses contemporains et entretient de nombreuses relations épistolaires, particulièrement avec Hildegarde de Bingen. 

 

 

« Remarquez que la crainte engendre la componction, la componction, le renoncement à tout, celui-ci la vraie humilité et cette dernière la vraie confession, où se trouve la purification de tous les vices. La confession fait pulluler les vertus; une fois devenues grandes ces dernières font la pureté du cœur en quoi consistent la vraie sagesse et la charité parfaite. Après cela, il faut savoir que c'est l'esprit de crainte qui donne la crainte ; l'esprit de piété, la componction; l'esprit de science, le renoncement aux choses présentes; l'esprit de force, la traie humilité; car l'humilité vainc tout; l'esprit de conseil donne la confession; l'esprit d'intelligence, l'acquisition des vertus ; l'esprit de sagesse, la parfaite pureté du cœur et l'amour. » tiré de la bibliothèque des Dunes

et « Nul ne mérite plus notre colère, qu'un ennemi qui feint d'être notre ami » (De Conv. ad Hug).

 

Le Narthex et le Christ en Majesté de la basilique Sainte Marie Madeleine

 

 

« Le Narthex est doté de sculptures romanes qui sont parmi les plus belles qui soient : une collection de chapiteaux complémentaires à ceux de la nef et surtout les trois portails merveilleux qui s'ouvrent sur la nef. Le portail central est la gloire de Vézelay et l’un des plus beaux portails romans du monde. L’ensemble d'une énorme richesse a été sculpté vers 1125-1130 et représente le miracle de la Pentecôte, avec, sur le tympan, la Descente de l’Esprit Saint sur les Apôtres autour du grand Christ en Majesté. Son corps majestueux occupe la mandorle ; ses mains envoient des rayons aux têtes des douze Apôtres, qu’il envoie pour évangéliser les peuples. La scène est entourée par huit compartiments où sont sculptées plusieurs scènes aux saints et peuples variés du monde : des apôtres écrivant, Jéroboam, cappadociens, arabes et cynocéphales, Ethiopiens, phrygiens, byzantins et Arméniens. Le large linteau sous le tympan porte de nombreux personnages étranges. C’est le monde profane où on remarque des scythes, le monde romain, les macrobii, les Pygmées et les Panotii avec leurs oreilles démesurées. Saint Pierre et Saint Paul se trouvent au centre du linteau sous les pieds du Christ. Il est supporté par le trumeau où la figure de Saint Jean-Baptiste a été mutilée à la Révolution (l’Agneau Pascal qu’il portait a disparu). Deux rangées de voussures entourent cet ensemble : la première est composée de 29 médaillons contenant les Signes du Zodiaque et les Travaux des Mois, admirablement sculptés » Issu d'un article issu de : http://www.bourgogneromane.com/edifices/vezelay.htm

 

Les spirales sur le manteau du Christ en Gloire

 

 

Là, sur Son habit, tout est de spirales sculptées, point n'existe de vide, tout est plein en mouvements solaires

Nous savons que la spirale parcourt une ellipse autour du soleil mais le soleil se déplace aussi. La figure que notre planète trace dans l’espace est une spirale ou hélice simple. D’ailleurs, dans sa marche autour du noyau de la Voie Lactée, le soleil décrit lui aussi une spirale.

De tout temps, la spirale a été utilisée par l’homme pour symboliser de multiples choses : l’accomplissement, l’élan vital, l’ordre cosmique, le cycle des saisons et divers autres cycles, miroirs de sa racine sacrée.

Hélice de toutes choses et des toiles entr'autres de Van Gogh ou de Léonard de Vinci, elle est mouvement d’incarnation, elle est à l’origine de la vie, à l’origine du cosmos, elle raconte l'univers.

C’est le mouvement que fait l’âme quand elle s’incarne.

 

Vézelay, c'est aussi 

 

Les rencontres musicales

 

Elles ont été crées par Pierre Cao, chef de chœur et d'orchestre Luxembourgeois.

Vézelay est alors nommée la cité de la voix.

Ces rencontres musicales sont consacrées à l'art vocal de la musique sacrée de tous les temps et ont lieu tous les ans fin août sur quatre journées riches d'émotions. Elles sisent dans la basilique mais aussi dans le village à saint Père petit village juste sous Vezelay.

Je ne peux que vous convier à vous y rendre, vous, amateurs de musique sacrée.

Vous trouverez le programme sur le site d'Arsys Bourgogne.

http://www.arsysbourgogne.com/

 

 

 

Ses artistes

 

Christian Zervos, écrivain, sculpteur, éditeur, né en 1889 dans l'île grecque de Céphalonie, il étudia la philosophie à Paris. En 1923, il travailla pour l'éditeur Albert Morancé sur les revues « L'Art d'aujourd'hui » et « Les Arts de la maison ». En 1926, il créa sa propre revue, « Cahiers d'art », l'œuvre de sa vie dont il réalisera seul chacun des 97 numéros (de 1926 à 1960), consacrés aux arts plastiques, arts premiers et art contemporain. Ainsi trouvons-nous dans la collection les signatures de Desnos, Breton, Tzara, Éluard, Char, Beckett Artaud, Bataille, Blanchot, Leiris, Dali, Bellmer,, au côté de celles de critiques internationaux. Zervos publie des monographies d'artistes, des ouvrages d'archéologie, de poésie et sur la musique. En 1932, il commença le monumental catalogue des œuvres de Picasso en 33 volumes).

 

Christian Zervos et Pablo Picasso

Réel amoureux des arts et authentique mécène, personne n'a relevé la place laissée vacante, lui créateur de galerie d'arts et éditeur d'écrits pour lesquels ils se voulait découvreur de valeurs artistiques vraies, pionnier d'artistes inconnus où à valoriser, inconnus ou déjà connus.

Romain Rolland, écrivain, 1866- mort à Vézelay en 1944, prix Nobel de la littérature en 1915.

Romain Rolland avec Gandhi

D’une culture ciselée par l'amour de l’art et de la musique, ainsi que le culte des héros, il chercha toute sa vie la communion entre les hommes. Son besoin de justice le poussa à souhaiter la paix « au-dessus de la mêlée » pendant et après la première guerre mondiale. D'idéal humaniste et en quête d’un monde non violent, il voua son admiration à Léon Tolstoï, aux écrits des philosophes orientaux . Il conversa avec Rabindranath Tagore, poète indien dont l’œuvre entière et « Le Cygne » l'émurent, ainsi qu'avec Gandhi, grande figure de la non-violence.

Artistes en villégiature, tous ceux du 19 ième et du 20 ième siècle, seront tous des estivants prolongés de la colline de Vezelay, grâce à Christian Zervos qui y élut domicile dans la rue Haute : Picasso, Marc Challenge, Fernand Léger, Le Corbusier, Bernard buffet, Miros, Paul Claudel, Stéphane Mallarmé, etc seront les hôtes privilégiés de Vézelay, sa colline et de Christian Zervos.

Marcher dans Vézelay c'est entendre tous ces artistes rire, disserter sur le monde et sa politique, composer, les voir écrire sous les ramures étalées des glycines âgées de siècles odoriférants, dans l'ancienne infirmerie-hostellerie du 10 ième siècle, actuellement café musée du « Cabalus » où il fait si bon de s'y arrêter et de boire un bouillon chaud assorti de toasts et de tartines grillées, assis près de la cheminée médiévale flambant ses bûches crépitantes et chaleureuses. C'est aussi les voir dans les caves voûtées des maisons ceinturant la rue Haute ou rue saint Pierre et les profondeurs cachées du village. J'entends ces dandys et je les vois bouger au rythme de leur redingote et capes, saluer de leur chapeau les dames, muses de leurs désirs de leur création, muses secondaires cependant à la basilique qui se veut être leur première Muse d'invocation libre, Marie Madeleine.

 

Intérieur du café " le Cabalus" ancienne infirmerie du moyen âge où j'aime  me reposer près de la cheminée, face à  un bouillon chaud : des années de fréquentation du "Cabalus" , juste parce que j'aime m'y reposer. 

 

Photos isues du site du cabalus

https://www.tripadvisor.fr/Hotel_Review-g187114-d649074-Reviews-Cabalus-Vezelay_Yonne_Bourgogne_Franche_Comte.html

 

Marie Madeleine, sainte patronne des prisonniers

 

Elle est femme et femme bénie notre Marie Madeleine. Elle parfume de nard toutes ses venelles et ses cryptes, ses allées et ses nefs. C'est elle que l'on voit, entend dans ce lieu sacré que l'on prend avec soi, sur soi et emporte avec soi comme d'une imitation initiation à ne pas manquer. C'est elle qui nous accompagne vers le Narthex...

Elle est notre rendez-vous à tous à Vezelay....artistes, gens du culte, et aussi simples visiteurs mais à Vézelay, vous rencontrerez essentiellement des gens de foi.

Comment ne pas imaginer Paul Claudel enlacer la longue chevelure de Marie Madeleine avant de faire amende honorable ? Ou imaginer Chagall découvrant là l'essence de ses visions qui furent tableaux témoignages ?

 

 

Mais elle est surtout, ici, à Vézelay, témoin d'un centre de détention qui, à 28 kilomètres de sa basilique, voit vivre derrière ses murs-remparts des temps modernes, de tristes heures d'étranges méditations sur les actes terribles de ses protégés auxquels elle voue son pardon et sa volonté de regard bienveillant.

 

C'est qu' "on" s'affaire, ici, tous ensemble et tous cultes confondus !

 

Sa crypte dans la basilique où se voit sa relique ( Est-elle vraie, nul ne le sait mais pèlerin aime à y croire ! ) est ornée d'intention de prières des familles des détenus de Joux la Ville au lieu-dit La poste aux Alouettes que vous ne pourrez pas manquer car aller à Vézelay , c'est passer à coté de ce centre de détention sur votre droite en venant de Paris.

Pas un cri, rien que le silence ! C'est Vézelay et sa campagne !

 

du poème " Si" de Rudyard Kippling

 

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie

Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,

Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties

Sans un geste et sans un soupir ;

 

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,

Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,

Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,

Pourtant lutter et te défendre ;

 

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles

Travesties par des gueux pour exciter des sots,

Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles

Sans mentir toi-même d’un mot ;

 

Si tu peux rester digne en étant populaire, 

Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,

Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,

Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

 

Si tu sais méditer, observer et connaître,

Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,

Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,

Penser sans n’être qu’un penseur ;

 

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,

Si tu peux être brave et jamais imprudent,

Si tu sais être bon, si tu sais être sage,

Sans être moral ni pédant ;

 

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite

Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,

Si tu peux conserver ton courage et ta tête

Quand tous les autres les perdront,

 

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire

Seront à tous jamais tes esclaves soumis,

Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire

Tu seras un homme, mon fils.

 

Silence

 Le soleil murmure sa volonté d'éclairer l'autre face de sa terre pour d'autres hommes au yeux lourds  de  leur nuit et me demande de saluer la lune et les étoiles qui renaissent dans leur spirale toujours en mouvement.

Je repars dans un brouillard sombre et plein que la vallée n'a pas abandonné de la journée.

A Vézelay, le soleil a brillé si haut que j'ai … que j'ai.... oui, réchauffé mes os transis que l'Yonne a regardés de sa déesse Icauna car Yonne provient de la déesse Icauna, déesse des rivières, par la magie de la transformation de la vie du mot au travers des siècles. J'ai alors rêvé à la floraison de ses cerisiers que je revoyais en mon âme pour son printemps qui arrive, ainsi que de ses coquelicots qui abondent encore dans nos champs l'été.

 

Cerisiers et coquelicots de l'Yonne entre Auxerre et Joux la Ville : photo François Bonnet

https://www.naturimages.com/fr/photographes/francois-bonnet-frx1addedac7110000000000024.htm

 

http://fbonnet.canalblog.com/albums/yonne_en_fleurs/photos/20451507-imgp3517.html

 

La nuit tombe et le brouillard la revêt, laissant ses étoiles au coeur de ceux qui veulent bien les voir dans ce drap étendu noir.

Tombe aussi le silence.

 

 

https://www.facebook.com/Vincent-Munier-Photographer-149204661768766/

http://vincentmunier.com/indexflash.html

 

Silence.

Je vais à la nuit

« Aux hymnes de la nuit »

«  Aux disciples de Saïs »

( Novalis, poète et écrivain allemand )

 

Béatrice Lukomski Joly

 

Photo Vincent Munier

 

 

Je tiens à remercier Vincent Munier, photographe,  d'avoir accepté que je me serve de ses photos animalière et de nature pour mes publications.  Echange de quelques mails, il était à l'époque souffrant du froid qu'il fréquente comme une fiancée dans la solitude de l'hiver, avec quelques engelures. Une grande humilité qui fait dire que nous pouvons partager ses photos dans la mesure ou nous avons eu l'élégance de le lui demander. Oui , merci encore Monsieur.

BLJ

 

 

Avocate

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

PHOTO http://www.billfrymire.com/blog/

 

Elle était avocate, accrochée à la barre,

Soutenant la tête d'un misérable gars.

Halluciné il ne comprenait pas sa peine.

Elle a allumé des espoirs contre la haine.

Elle a affligé, au palais, bien des regards

Quand juges écoutaient plaider pour le vieillard,

Leur lourd fauteuil fatigué de juger le monde.

 

Elle avait la hauteur d'une étole d'hermine,

Rien qu'un combat interrompu à leurs babines.

Elle n'était que le verbe du pauvre hère,

Quand épuisé, il en appelait à la trêve.

Lui n'avait rien d'un astre étincelant levé,

Juste des larmes versées sur le beau parquet

Des couloirs mélancoliques du grand quart-monde.

 

Les étincelles ont des aspirations.

Les ailes souvent sont des révélations.

Un ciel aussi opalescent que deux miroirs.

Une paillasse de métal pour tout espoir.

Les magistrats ont des pèlerines usées.

Les marquises ont des vitrages épuisés.

 

Joconde, le sourire lié et éloquent,

La prestance déconstruite, un peu suffocant,

Elle avait terrassé l'ardeur du patriarche

Comme une sirène ombrageuse sur les marches

Quand à l'abysse du tribunal, l'enfant meurt.

Elle a vu la misère d'un grand nombre d'heures

Et l'enfant meurt à son enfance pour toujours.

 

Elle pleurait parfois, arpentant le perchoir,

Traçant un poème pour taire sa mémoire.

Un diable a dit au-revoir pour de lourds barreaux,

L'utile défi qui enlise le chaos

Quand infraction n'était qu'un arbre brûlé.

Elle a gagné, parfois perdu, ses plaidoyers

Mais a osé dire la foi des mecs, toujours.

 

Les étincelles ont des aspirations.

Les ailes souvent sont des révélations.

Un ciel aussi opalescent que deux miroirs.

Une paillasse de métal pour tout espoir.

Les magistrats ont des pèlerines usées.

Les marquises ont des vitrages épuisés.

 

À Suzanne Walther-Siksou

http://poesie.webnet.fr/vospoemes/poemes/suzanne_walther_siksou/suzanne_walther_siksou.html

Avocate et poète.

Elle écrit un poème par jour.

 

http://beatrice-lukomski-joly.copyright01.com/

 

 

Te souviens-tu ? ( À tout ce que j'ai vu et entendu ! )

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

"l'enfant mendiant aveugle" de http://fr.wahooart.com/@@/8BWTUT-Jules-Bastien-Lepage-The-Blind-Beggar

http://tableau  https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Wordsworth

 

Te souviens-tu du chant des rossignols, haut perchés sur la branche du peuplier, en hiver, au printemps, je ne sais ! en été.

Froid tel un soleil sous les nuages, tu vivais. Glacé parfois de confidences, parfois séquestré sous ton manteau de velours cousu de nœuds de ficelle, le froid semblait endosser la chaleur de ton âme, et la chaleur portait tes gerçures pour t'aimer. La dame au manteau cachemire te regardait sans bouger. Elle avait peur de toi.

Te souviens-tu des enjambées de l'enfance hochant la tête face à l'avenir, la porte close, en été, c'était le printemps, je crois, je ne sais. Fallait-il ne point être beaux pour cette démesure ! Orphelins, le nez coulant sur les vitres gelées, te souviens-tu des rires grimpant aux murs ? Orphelins de quoi ? De cet oiseau jaune blessé ? C'était bête de pleurer sur un poussin mort pendant que la basse-cour jasait dans le salon. Les manteaux de cachemire étaient accrochés à de belles patères dans les maisons aux beaux poêles de faïence reflétant le hurlement d'une bûche qui crépite de souffrances sous la flamme.

Dis-moi ! te souviens-tu des cris que la chouette dans son arbre poussait quand l'hiver était hiver ? Et de sa voix à nos oreilles sur un coquillage pour entendre la mer rouler ses vagues géantes que la glace tremblait de nous brûler un peu ! L'hiver n'avait pas dit un mot. L'été, non plus, je crois.

Qui va devant la misère quand la misère s'installe, pourtant de ces gens aimant décrier les tonalités des dérives qui les agacent ? J'en suis encore irritée.

Je ne sais encore ce qu'il faut de cailloux jetés contre les carreaux pour que vienne un peu d'amour en hiver recouvert de son manteau blanc, et toi, ta pelisse noire décousue, tes socquettes filées sur tes chevilles frêles ! Te souviens-tu, il se disait que tu étais gueux, pauvre homme, quand toi aussi de tes allumettes, tu faisais briller la nuit pour réchauffer tes engelures terribles.

Il se dit que la grisaille des jours est une laideur façonnant la lumière, et encore que le froid éteint l'été sans que l'été ait demandé à l'hiver quand tes yeux bleus devenaient noirs comme l'ébène.

C'était comme te voir dans le noir de la nuit silencieuse et les gens se moquent ! Il n'y a pas idée de se moquer de ce qu'on ignore ! Si une éphémère vient à se cogner à ta fenêtre, désespérant de te voir trouer ta vitre, c'est pour ton sacrifice qu'elle se fracasse à la nuit tombée.

Te souviens-tu de ton enfance que tu aimerais ne pas en avoir eue. Il y a trop de gens-n' est-ce pas ?-  qui se moquent de tes beaux yeux bleu-noirs dans l'orage de ton désespoir, et tu ne leur dis pas combien ils te blessent, leur fumée si épaisse qu'ils sont devenus aveugles à la misère, tout en criant haut et fort qu'il faut la soulager pour qu'ils aient un jour bonne conscience d'avoir aidé le misérable du coin de leur rue où dont ils ont entendu parler.

Est-ce que je sais, moi, ce qu'est un cas « soce » ? Je n'en connais pas ! je ne connais que des comme toi qui pleurent la vie pour avoir reçu un caillou dans l’œil quand, jeté sur ton visage, tu as été blessé et n'a pas même pleuré, habitué à l'indigence, le ventre vide. Et on dit de toi « cas soce », j'en pleure !

Oui, il en faut des gens heureux, aveugles nés, pour ne pas te regarder, parfois déposant une pièce dans ta casquette parce que tu as un chien assis à tes côtés. Sans chien, pas de pièce ! t'en souviens-tu ? Les gens ont pitié du chien, pas de l'homme couché sur l'asphalte. Moi ? J'ai essuyé tes larmes, lavé tes vomissures, essuyé ton nez morveux, rincé ton pantalon humide et malodorant, rien que pour, tu te sentes un peu aimé et l'autre te regardant, ricanait de ta misère. Eux ont eu peur ; ont dit  :" vite ! partons ! nous ne voulons pas voir ça ! "

Te souviens-tu des pigeons venus te voler les quelques miettes laissées sur ton trottoir, n'ayant pas même pitié de toi, car eux aussi avaient faim en été, quand les jours sont au plus haut, et que le bitume devient enfin chaud qu'il te brûlerait presque. Et, elle, lui, elle, rit ; ils rient tellement imbus d'eux-mêmes. Elle glane sur les réseaux sociaux les images sur la misère et les commente pour avoir une conscience belle et avoir des amis qui la diront belle âme, pendant que toi, tu meurs de ton enfance sans que quiconque sache que ta misère est venue de l'enfance. Ils pleurent sur un enfant battu, mais pleure-t-on sur un enfant devenu l'habitant d'un trottoir, quand adulte devenu ?

Vois-tu, j'ai de la colère quand je te vois dans le froid, privé du chant du rossignol que tu aimais écouter chanter quand tes heures vagabondaient du haut de tes deux ans qui n'ont pas entamé le chant des parjures qui t'ont meurtri, et privé du cri de la chouette que tu aimais écouter le soir dans ton lit quand tu avais un lit. J'ai de la colère devant tous ces bourgeois qui te maltraitent parce qu'ils passent à côté de toi sans te voir, sans penser à toi, te donnant un coup de pied parfois parce que tu gênes leur marche pressée.

Puis, pour rire, ils t'ont jeté sur le trottoir qui est le tien, fracturant ta cheville comme on tire dans un ballon, juste parce que c'était drôle de te jeter dans la nuit noire. M'as-tu appelée au secours qu'encore, j'ai endossé mes ailes pour mieux te couvrir d'un peu d'humanité parce que j'y crois. Mais que t'ai-je donné ? Un manteau ! Une assiette, sûrement ! pendant qu'ils mangeaient leur gigot d'agneau, croyant, tellement croyants, et nous étions les seuls croyants au monde.

Te souviens-tu ?

Pendant que ta blessure suppurait sous ta manche arrachée, pendant que ta plaie au ventre disait le coup de pied reçu, ils te regardaient sans rien dire, repartant comme ils étaient venus, le regard vide, le cœur sec, hâtés de rentrer chez eux, allumant leur bel écran, vantant les beaux mérites de la technologie qui n'a cure de ta misère, préférant les belles images immobiles d'un pauvre en y versant une petite larme, et je t'ai dit d'entrer chez moi pour laver tes blessures.

Te souviens-tu ?

Ô passant, toi qui t'arrêtes enfin ! Ne pense pas une seconde que j'ai écrit cela pour me faire plaisir et me gausser d'humanité ! Non ! Je l'ai écrit pour que plus jamais tu ne dises « cas soce » faisant honte à ton humanité.

De qui faut-il donc avoir pitié ? Toi ? où ces gens habillés de cachemire ?

 

Dédié à tous les jeunes dans la détresse que j'ai aidés, dont "Pich"  décédé en 2008 à l'âge de 37 ans.

À ceux visités en prison, dix ans durant, en partage avec ma feue amie Françoise Jessie, partie à 65 ans.

À ceux "ramassés " dehors…


"Pich"

 

Il courait dans les rues, effaré, la bise le giflant, véhémente.

Assoiffé d'humanité qu'il ne connut pas dans sa tourmente,

Il était l'ombre sans lumière qu'apporte le désespoir.


Sans famille, délaissé, jusqu'à être sans espoir,

Il marchait le dos courbé, la pensée et les rêves éteints

Qu'il ne sut jamais d'où il était, ni où il allait, piètre samaritain !


Quand des aurores, il ne vit que crépuscules nietzschéens,

Qu'attitudes belliqueuses le vouèrent aux enfers des menus fretins,

Il arqua le buste, et du monde cueillit l'herbe brûlée.


Des averses le giflant, il se cogna aux ruines des sans foyers.

Eut-il, un jour, le sourire accroché aux lèvres, qu'il pleura.

Eut-il entendu, un jour, le mot amour, qu'il s'écroula.


C'est un matin gelé d'hiver qu'il crut à tous les possibles.

Des raisons humaines qu'il craignait, il se crut la cible.

Il emporta avec lui l'espoir et l'amour inespéré dans sa tête,

Sans penser à demander aux tempêtes leur requête.


De l'amour, qu'il pensait impossible, il se mit à rire, triste,

D'un rire que seule l'amertume déclenche, en égoïste.

Il leva les mains, désespéré, la longue mémoire en prison,

Que les cellules de son corps, sans façon, 

Se souviennent, de triste réminiscence d'oubli !


Fut-il parfois heureux, ses visages de joies embellies,

Qu'il demanda, le regard sauvage, parfois tendre,

Le pourquoi d'une si belle lumière à ses nuits de cendres !


Quand il vit la main se tendre, enfin, il cueillit une rose,

Cette rose que l'esprit adore pour la salvation des libertés.

Fut-il, une nuit, la volonté accrochée, qu'il sombra !

Fut-il compris, une aurore d'hiver, que, terrifié, il s'écroula ! 


Il était Pich, le taulard des arrêts, à la rime hugolienne

Que surveillants n'aimaient pas, ni les barreaux de leurs persiennes !

Quand un matin, il s'esquiva, la tête affolée, l'estomac plein,

Le cri de la liberté remis entre nos mains, il cracha son venin.


Ô ciel étoilé des aurores qui l'accueillirent, sans offrande,

Le visage enfoui dans la souillure des truandes, nous demande !

A-t-il reçu le secours des pardons qui épousent la légèreté ?

Lui, le prisonnier des ténèbres, sans rémission, sans sûreté,

Parti sans adieu, un matin sans lumière, ni orage, ni arcs-en-ciel,

Moins encore de haine, terrifié par la solitude, accompagnée de fiel,

Qu'il s'esquiva en un instant, pleurant sa destinée pour mieux mourir,

Et se nourrir de l'amour, enfin vu, aux mains tendues du triste partir !


Viens ! dit ma fille aînée à sa porte !

Il a assez pleuré ; cueillons ce feu qui l'emporte !

C'est fini ! la police l'emporte pour la tombe.

C'est la dernière fois qu'elle le verra à l'ombre.

Chacun fait son devoir, c'est ainsi et c'est juste !

Souvenons-nous toujours d'aimer l'âme auguste !

"Fernand" de Jacques Brel

 

 

 

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