Comme à nul autre pareil ;
comme à nul autre pareil !
Oh solitude !
Ô solitude !
Quand souffrir le monde est une vertu donnée,
enseignant nos tombes et leurs louanges,
prenant du sommeil la parole de l’Ange,
se lever la nuit, de jour, pour braver et résister.
Regarde, chaque jour, la Lumière
la pensée ensevelie par l’inertie,
voir tant d’êtres souffrir leurs vies,
blessée comme à nul autre pareil.
Ce chagrin épousant le sort des hommes,
que vous dire mes célestes, mes déités,
de leur immobilité éprise de dureté
figée dans la laideur des âmes.
Te dirai-je mon âme lourde, bel Ami,
le cœur triste, ensangloté*, ma Mie,
pourtant sensible, pourtant endormie ?
Se réveiller sans avoir de nuit dormi.
La voyant gémir son Graal, pourtant vermeil,
sur la souffrance de Demeter,
plaindre et pleurer sur sa terre,
souffrir le monde comme à nul autre pareil.

Souffrir le monde comme à nul autre pareil,
plaindre et pleurer sur sa terre,
sur la souffrance de Demeter,
la voyant gémir son Graal pourtant vermeil.
Se réveiller sans avoir de nuit dormi
pourtant sensible, pourtant endormie,
le cœur triste, ensangloté*, ma Mie,
te dirai-je mon âme lourde, bel Ami ?
Figée dans la laideur des âmes,
leur immobilité éprise de dureté,
que vous dire mes célestes, mes déités,
de ce chagrin épousant le sort des hommes ?
Blessée comme à nul autre pareil,
de voir tant d’êtres souffrir leurs vies,
la pensée ensevelie par l’inertie
que regarde chaque jour la Lumière.
Se lever la nuit, de jour, pour braver et résister,
prenant du sommeil la parole de l’Ange
enseignant nos tombes et leurs louanges,
quand souffrir le monde est une vertu donnée.
Oh solitude !
Ô solitude !
Comme à nul autre pareil ;
comme à nul autre pareil !

* Mot licence poétique, de sanglot
Ainsi sont les hommes,
tous se voyant parfaits,
même assis sur les bancs d’églises,
trempant l’index dans le bénitier,
pliant genou sans vraiment croire,
puis mangent l’agneau un jour de Pâques.
Arguant le fléau des guerres
comme seul salut de leurs attaques
qu’ils engendrent et ont réponse,
ils prient le diable croyant prier Dieu,
et le front huilé de jasmin fané,
ils appellent aux armes, le ventre plein.
Le ventre plein avant qu’il ne soit vide,
dans l’oubli du bien perdu à jamais,
relégués au passé qu’ils appellent avenir,
se trompant de voie, la croix de fer
ornant leur poitrine noircie d’encre,
ils ne rêvent que de mort pour leur confort.
Se plaignant de tout, pensant le temps
tel un ennemi envahissant,
après avoir tant quémandé l’aide utile,
après avoir tant pleuré et angoissé,
ils se lèvent fiers de leur pouvoir
d’avoir humilié et blessé comme à la guerre.
Sont-ils prêts au combat, que le mieux est de partir,
point ne laissant leurs armes effilées
tremper dans la chair de l’Esprit
qu’ils n’ont jamais vu bénir ni aimer,
si sourds au genre humain que veut le Temple
dont ils ne savent ouvrir la porte.
Et d’envahissant, vient le menteur éhonté,
transférant le mensonge à la mort
des hommes qu’ils ont nommé bâtards
bien avant leur naissance, ayant voulu le trépas
que nouveau-né a pleuré au sein de la mère
avant de voir la lueur de la vie.
Se renient-ils les hommes d’ombre
voulant faire croire qu’ils habitent la lumière
qu’ils dorment en leur conscience
que nul n’a jamais vu vivre de vérité,
laissant leur honte aux bras du Sombre,
dieu parmi les dieux habillé de haine.

"Les poètes Virgile et Dante visitant le neuvième cercle de l'enfer " dans "la Divine Comédie" de Dante par Gustave Doré
Se mettent-ils à table le soir venu,
éclairé de bougies et de souffre brûlant
que pleure la parole n’ayant vu du jardin
la beauté d’une carotte poivrée
ou d’un champ de fleurs que la main adore
après la maison rangée, le dos plié de douleur.
Ils ne voient pas ces hommes de presque foi
la sueur dans le labeur d’autrui
que le labeur sanglote d’avoir aimé
sans compter les engendrés à la vie,
ces hommes n’ayant rien souffert
comparé à d’autres si balafrés de peines.
Jamais, ils ne pardonnent ces pauvres d’esprit
d’avoir vu les indigents de l’âme,
depuis l’enfance, depuis l’adolescence,
ces condamnés pour l’éternité
parce que ces gens de foi gisent sur les bancs gris
des églises attristées de ces mécréants mandant le diable.
Car le diable, ils ne connaissent pas,
ne le voient pas à l’œuvre en leur pensée,
pour un légume, un bâtard, un cœur envahissant,
et la nuit les emporte satisfaite
en leur sommeil qu’ils renouvellent sombre,
traversant l’astral noir avant d’être l’aurore flamboyante.
Heureux celui, celle, voyant enfin sa laideur,
lors de leurs plaies inoculées par des mages noirs
que Poimandrès a vu lors du premier jour,
la Nuit éternelle enfin morte à elle-même
quand l’immobilité habitait les Ténèbres,
quand l’inanimé voilait la puissance du Verbe.

Louis Janmot peintre Lyonnais du "poème de l'âme"
Tableau de Grev Kafi
https://escuelaclaridad.com.ar/portfolio/pinturas-de-grev-kafi/
Gaspard à Kaspar
Gaspard
Oh Kaspar ! Vois combien triste est mon âme !
Plié de douleurs vécues du monde aliéné,
qui, rien, n’entend de la nécessité d’aimer,
vois la misère pleurant en ma flamme.
Blême comme à nul autre autour pareil,
je vis la souffrance des dieux affligés,
portant avec eux le doux désir d’unir la déité
qu’hommes sans conscience flagelle.
Vois combien couché, je suis ; à terre embrassée,
qu’en ma coupe lumineuse, prie mon esprit ;
et que sans relâche, je fais du Christ meurtri
mon chemin pour celui des hommes angoissés.
Vois cette souffrance en moi partagée
que lance et épines saignent sur mes ailes !
Ruisselante de ses ombres et de ses lumières,
vois ma blessure qui n’a pas de mots édifiés.
Regarde mes jours portés de lourd chagrin
à cette humanité qui n’ose se porter et se cristallise
quand allongé devant l’autel de notre église,
je vais l’âme courbée de tant de calvaire en son écrin.
Pleuré-je d’amères larmes vécues en ma vie,
offerte en sacrifice pour la terre et son Graal,
chaque jour que divinité donne de l’avenir,
vois ces plaies moissonnées en moi liturgie.
Kaspar
Viens sur ma tombe et je te montrerai
la fortune de ton âme si chèrement reconnue.
Trouve âme pour ce chemin, soit-elle menue,
mais en l’esprit portée, et viens, je te baptiserai.
Viens, porté de foi qui point ne meurt
dès lors qu’animée en tes jours, tu la témoignes,
Viens avec Christ en toi vécu et sa manne,
et je t’offrirai la vue de sa demeure.
En les nuits amour depuis l’origine de la nuit ultime,
viens porté de sagesse en priant tous tes pas,
et tu vivras mon cœur en le tien en ce combat,
car blessé, tu vivras ma présence qui t’anime.
Gaspard
Je suis venue ; tu es là, ton cœur uni au mien ;
tu marques l’empreinte du saut au sceau.
Sur mon front, tu écris les vœux nuptiaux
qui nous font un, rosicrucien.
……
…….

Tableau de Grev Kafi
https://escuelaclaridad.com.ar/portfolio/pinturas-de-grev-kafi/
Va l’âme, comme foudroyée par le Jour,
ne pouvant contenir l’immensité de l’Amour
qu’elle devine derrière sa Nuit, Le dire,
qu’elle a vu sans pouvoir Le contenir.
Telle plongée dans l’abîme, elle pleure,
se lamentant sur l’avenir qu’elle effleure,
lui disant : « Avance! », puis recule, non née,
car en l’Esprit elle ne peut se retourner.
Le Serpent frappe alors de sa langue.
Son venin coule d’abondance et la harangue :
"Tu as vu la vérité qui t’accable ;
Fuis ce chemin ! " Parlant implacable.
La tombe parle et communie
dans l’espace du silence qui fut du Génie
la sortie du tombeau en sa nuit
achevée lors de l’Épiphanie.
L’âme transie grelotte et sanglote :
« Je ne suis pas encore née de cette Coupe.
Que me montres-tu du Graal, l’Essence
et sa conscience, le Principe et le Sens? »
Le cœur dans l'Æther palpite en la Terre,
clamant : « Je t’attends depuis la fin des Ténèbres,
et la nuit en ton âme reste nuit
tant que la nuit est la sente de la tyrannie. »
Va l’âme, comme foudroyée par le Jour,
ne pouvant contenir l’immensité de l’Amour
qu’elle devine derrière sa Nuit, Le dire,
qu’elle a vu sans pouvoir Le contenir.
Dédié à l'âme foudroyée d'avoir "vu"

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