Béatrice Lukomski-Joly


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Habitudes de poète

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Toutes photos personnelles.

 

Souvent, nous nous demandons quelles étaient les habitudes d'un poète, ou écrivain dont nous aimons les livres. Nous aimerions être petite souris pour comprendre. Je me suis moi-même souvent questionnée sur les habitudes de mes auteurs préférés. La question fleurit parfois sur internet « Comment écrivez-vous ? Pourquoi écrivez-vous ? » Aussi, pour rendre un peu plus vivant cette page-auteur et ce blog vous donnant ma poésie essentiellement et maintenant mes dessins, voici ce que sont les miennes.

Tout d'abord, il y a une envie soudaine d'écrire avec une idée, une pensée qui surgit et qui ne me lâche pas tant qu'elle n'est pas couchée sur le papier ou sur l'écran de mon ordinateur. Tout dépend de ce que je suis en train de faire au moment où la pensée m'étreint.

Au "Comment écrivez-vous ?", je vous le dirai très simplement, car ce ne peut être que humble et vous comprendrez pourquoi à la fin de ce texte. Au "Pourquoi écrivez-vous ?", je réponds toujours "Me demande-t-on pourquoi je respire ? Personne ne pense-t-il que j'ai deux poumons pour ce faire ?" C'est pareil pour mon écriture, c'est une respiration permanente.

J'ai toujours, à côté de moi, un stylo, un carnet ou des feuilles de papier pour écrire une pensée émergente ; la nuit aussi. Parfois, j'écris ma pensée dans le livre que je suis en train de lire. Mes livres lus sont pleins d'annotations pensées ; ils ne seraient pas même revendables en livres d'occasion ! Ils peuvent être abîmés pour aussi avoir l'habitude de plier les couvertures afin d'avoir un appui pour écrire quand la pensée me vient et que je suis allongée, prête à m'endormir. Je suis donc environnée de livres vivants, jusque sur mon lit avec ses piles de livres amis qui ne me quittent jamais. Je ne serais jamais une adepte du PDF ! Mon lit est donc la nuit mon second bureau. 

Cependant, le plus souvent, cela s'inscrit dans mes carnets. Lorsque le poème est rédigé, j'arrache la page qui m'a servi à fixer l'idée pensée et elle part dans ma corbeille à papiers que vous retrouvez en papier recyclé... pour  votre utilisation chez vous... j'adore cette idée ! Peut-être écrivez-vous sur du papier à lettre recyclé sur lequel j'avais annoté mes pensées ! Dans les livres, cela reste ! Mes livres sont riches de notes, de traits, de surlignements, .Je ne saurais détruire un livre. Il m'arrive très souvent d'écrire dans ma main où sur mon bras si je crains de ne pas avoir le temps de trouver une feuille de papier car la pensée fuse aussi vite qu'une ondée soudaine, et je me répète les mots naissants tels une récitation pour ne pas les oublier. Je ne me dis donc – jamais - j'écris dans cinq minutes, où ce soir j'écris un poème ou un texte, car tout pulse comme le sang mettant en mouvement le cœur.

Ensuite, cela posé sur le papier, il me faut m'entourer de mes habitudes…Choisir la musique que je vais entendre, écouter, ressentir et qui sera adaptée à ce que je ressens. Je peux écouter une musique où une chanson en boucle à ce moment, car je n'entends que la pensée mue dans la mélodie. Cela est très déroutant pour ceux qui seraient  chez moi et ne comprennent pas cette affinité avec la mélodie porteuse. Mais qu'importe puisque je n'écris sans jamais recevoir une personne de l'extérieur ; sauf deux personnes à ma mémoire dans le temps. Si quelqu'un vient à entrer dans mon espace d'écriture, je me fige sans plus de capacité à bouger. Je me souviens d'un couple s'étant imposé sans qu'il n'ait été invité : "Nous venons, nous serons là le.., Pourrons-nous dormir chez toi ? Nous resterons quatre jours. " et là naît mon drame intérieur. Comment ont-ils osé s'inviter sans me l'avoir demandé et de surcroit, prendre des photos de mon intimité sans mon accord ? Cela n'est arrivé qu'une fois - réxcemment - et jamais cela ne se repoduira. 

 Si il s'agit d'une chanson, je peux soustraire sans problème les mots du texte et n'entendre que la mélodie qui me porte. Les mots ne se télescopent pas ainsi avec les miens. J'ignore cependant d'où me vient cette capacité à ne plus entendre les mots d'une chanson pour n'en conserver que la mélodie lorsque j'écris. Pour l'opéra, c'est le contraire ; les mots me portent dans le son chanté dans l'éther sans interférer cependant avec ma pensée.  Le final de Parsifal de Richard Wagner a accompagné bien des écrits spécifiques sur le thème de la spiritualité vivante. Là aussi ,cela reste une énigme pour moi. Je peux écrire dans le silence mais cela n'est pas aussi porteur, car l'univers est fait de sons : la musique des sphères. Cela est, malgré tout. Vivant dans le silence en permanence car ne le craignant pas, ni la solitude extrême, ce n'est pas le silence qui en est la raison. Cependant il me faut la solitude intérieure pour écrire ; physique c'est encore mieux. Il m'arrive de me relever la nuit, d'étendre mon bras pour attraper mon stylo et écrire une pensée qui m'a réveillée. Bien réveillée, je fais alors autre chose avant de retomber dans le sommeil qui n'entache pas l'heure de mon lever.

L'utilité de l'émotion ? L'émotion ne réside que dans la musique que j'écoute et qu'elle suscite. Les autres émotions du quotidien n’entachent jamais mon écriture, sauf dans un cas, celui où je veux exploiter l'émotion, le flux de l'âme, sur un fait vu ou un événement vécu. C'est donc décidé et non subi. Je peux vivre un événement de vie douloureux et écrire l'opposé de la douleur vécue sans aucun problème ; l'essentiel étant de rester dans la pensée qui a jailli pour me servir et par là, pour moi, de La servir. Pourquoi ? D'abord, car c'est une aptitude, et ensuite parce que l'émotion ne sert que soi-même et ne fait que de l'auto-biographie même s'il peut en résulter des textes splendides. "Demain dès l'aube" de Victor Hugo est un de ces poèmes rares splendides qui a été écrit sur une émotion : La mort de Léopoldine, sa fille. 

Il me faut donc de la sérénité et du calme, le plus possible. Et que les douleurs et les drames rangent leurs manteaux dans l'armoire des faits pour rester pure dans l'acte d'écrire. 

Le décor ? Toujours chez moi ! Je suis incapable d'écrire ailleurs, sauf pour écrire des pensées dans un carnet que j'exploite à mon retour. Je m'isole toujours pour écrire une pensée à l'extérieur, car rien ne doit me déranger pour ne pas briser l'élan par une parole qui m'est adressée. C'est comme en musique, le compositeur entend en lui et s'il ne fixe pas ce qu'il a entendu, il est incapable de rejouer le morceau ou de le répéter à l'identique. C'est pareil pour le poète puisqu'il s'agit d'une composition. Je vois le poème déroulé devant moi en esprit comme un rouleau que l'on déroule. Je n'ai qu'à retranscrire ce parchemin intérieur.

Le temps ? Rien n'est utile dans le temps. Je n'ai pas d'heure pour écrire puisque tout pulse. Si je suis en extérieur, au travail, en courses, en voiture, je perds le plus souvent mon « parchemin » d'où l'importance d'un bout de papier sur soi.

En voiture ? Très souvent, la vue d'une image de nature écrit en moi des vers interminables … mais tout sera perdu car je ne peux lâcher le volant ou arrêter la voiture là où je veux ! Et pour cause ! Sécurité d'abord ! Il y a comme cela un flot de poèmes perdus, que j'aurais été seule à « lire » intérieurement. Ou il me faut réciter en litanies les mots qui ont surgi, mais le plus souvent cela reste perdu. Mes notes ( à double sens -mots et musique- ) se sont envolées comme un oiseau parti à la hâte de son nid. Quel envol ! quel vol ! quelle liberté !

Nid ? C'est mon intérieur. Ma petite maison. Oui ! C'est bien un nid ! Vu mon amour de la solitude maîtrisée, il m'est difficile de faire rentrer chez moi. J el'ai déjà exprimé. Il me faut une absolue confiance pour accepter de laisser entrer en mon nid. Il y a des exceptions, bien sûr. Certains reviennent, d'autres ne remettrons jamais les pieds : ils sont les inquisiteurs avérés : les faux amis.  J'ai besoin de relations vraies, authentiques, d'où cette fermeture partielle chez moi, uniquement -chez moi- et cela est un droit que je protège.

Chez moi !  Mon bureau est à l'étage, donc peu le connaissent et tant mieux ; un espace à peine plus grand qu'une étole slave ! je veux dire à peine cinq mètres carrés ! il faut que je puisse rester concentrée..! Un espace comme une matrice mettant au monde mes textes tels des enfants que j'aime ; mon bureau ! mon utérine ! L'espace de mes bureaux dans mes maisons habitées a toujours habité un coin masqué inattendu pour un bureau et sans porte.  J'ai cependant fait des efforts gigantesques pour mes enfants et leurs amis. N'est-ce pas Sophie ? pour ne parler que de ma petite dernière, qui a une foule d'amis, et qui a su faire dormir dans ma petite maison jusqu'à 17 personnes la même nuit. il faut être Sophie pour savoir  recevoir confortablement 17 personnes dans un espace, petit ! Généralement je laisse la place... ou … m'« accroche » à mon bureau sans en bouger presque cramponnée au meuble qui me suit et qui me sert depuis que j'ai eu douze ans, en 1969 ! Un meuble  d'institutrice des années cinquante récupéré et qui a eu deux vies : enseigner à des élèves, pour finir sa vie en poète. Il a tout vu, tout lu, tout écrit !

Pareil pour dessiner et peindre : être chez moi et nulle part ailleurs. Cela provient aussi de mon enfance et mon adolescence où je n'avais pas le droit de vivre ailleurs que dans ma chambre dans la maison. J'ai donc appris à faire résilience pour un espace donné aussi petit soit-il, sans personne. Ma maison ou mon nid restera toujours  cet endroit de solitude non voulue et transformée en expression artistique voulue pour être. De l'inattendu, il est devenu le consenti pour être libre. Le faire avec pour ne pas vivre dans le ressentiment. J'ai donc transfomé ce drame de vie en joie à écrire et être pour être. C'est donc une condition essentielle pour écrire. De là, est né le poète, je pense !

Autres habitudes ? Des détails insignifiants ! du thé ou de la chicorée à profusion ! Un de mes chats sur les genoux, souvent. Des biscuits ! des fruits secs ! du chocolat noir !

Et … des bougies allumées pour un éclairage doux, non agressif, même le jour ! Voir une flamme danser m'est essentiel. mais, j'en ai perdu partiellement la vue.

BLJ

 

ILS ONT DIT ...

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Photo personnelle 

 

Ils ont dit :

Un poète marche

La tête dans les étoiles,

Les mains dans le dos,

Les pieds nus sur l'herbe,

Moi, j'ai fait tout cela,

Personne n'a vu mon poème,

Je n'étais pas poète.

J'écrivais des poèmes.

 

Ils ont douté de l'écriture,

J'ai souri large debout

Dans mon nuage déployé

Je suis partie épouser une rime

C'est curieux une rime assise

Dans l'herbe humide.

Le poète aussi s'assoie

Dans l'herbe transie,

Heureuse un peu d'être lui,

Ce poète qu'aime le nuage.

 

Ils ont dit :

Un poète c'est terrible,

Il dit autant de beautés

Que d'horreurs crucifiantes,

Quand il parle du genre humain.

Un poète ne dit pas que des niaiseries.

Qu'on se le dise. Vraiment !

Je ne suis pas poète,

Je suis un homme qui marche,

Parfois une femme qui rêve,

Un enfant, car je le suis,

Sur le chemin dans la forêt.

 

Ils ont dit :

Elle est stupide

Autant que dans la lune !

Alors que, seul le soleil, j'aime !

Ils m'ont crucifiée sans croix,

Rien qu'avec des mots blessants,

Rien qu'avec des pensées de haine,

Que sang a coulé de mes yeux,

Et que larmes ont rincés de sel.

Ils n'ont pas vu le poète

Avec sa conscience large

Et ses mains  en offrandes.

 

Ils ont dit :

Ils ont dit tant de vilaines choses,

Ne voyant pas la blessure

Que poète donne au monde ;

Ils n'ont pas vu leurs imperfections

Ni ce qui pense en moi : le soleil !

Et qu'importe ce qu'ils ont dit

Et encore travesti pour leur orgueil

Délabré aux quatre coins du monde?

Puisque les larmes ont lavé l'ignominie.

 

Je suis un poète qui va sûrement.

Je suis ce qui est et pense en moi...

 

Jean-Louis Janmot

 

Poète, peut-être, poète assurément.

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tableau Louis Janmot , Lyon , 

https://en.wikipedia.org/wiki/Louis_Janmot

https://www.leprogres.fr/sortir/2016/05/08/le-musee-des-beaux-arts-de-lyon-d-un-continent-a-l-autre

 

Des poètes, je suis la semence du siècle pour l'avenir,
Quand trépassé, je serais reconnu du Verbe le verbe 
Car du verbe j'aurais intimé l'essence de l'appartenir,
Qui aura compris le sens et le fond dans sa superbe ?

Quand du fond des émois que l'astralité aura parfait
Au cœur des affres et des leçons apprises chaque jour,
Je serai la moralité confortée à toute épreuve qui se sait,
Réconforté dans le sein des Dieux pour l'amour.

Direz-vous que vous m'avez ignoré sans baisser le regard
Avouant que vous n'avez pas saisi le verbe proclamé,
Moi, l'aimé des sphères célestes qui sans orgueil et sans dard,
Le proclame aux lectures que j'ai voulu dans l'aimer ?

Oserez-vous dire que je vous ai lassés de la Rose et de l'amer
Quand enfin le sens jaillira, feue ma vie, dans l'étreinte terrestre,
Et que je vous aurais fatigués dans la musique des dulcimers
A vous vouloir dans la pensée qui se pense dans l'alpestre ?

Qui a osé dire, me voyant de nature humble et naïve,
Que point de capacité je n'ai à écrire la versification,
Qu'à la bêtise j'ai sifflé l’olifant dans le sein des offensives
Et qu'à: "Il y quelque chose, peut être !" J'ai ouï l'accusation.

Si l'acception herméneutique de ma poésie dépasse l'entendement
Pour un siècle devenu fade, avec moult rétentions du penser,
Que puis-je face à l'ignorance, moi le vaurien du sentiment,
Si vous aimez de la poésie la facilité se vautrant dans l'affaissé ?

Je suis de ce siècle le poète du Verbe, le poète des ponts,
Des édifices, le bâtisseur et je suis ignoré bellement !
Sacrifié aux pensées matérialistes quand bien même elles sont,
Habillées de tentatives spiritualistes, elles me vilipendent aisément.

 

Paru dans "poèmes solaires, poèmes lunaires " 

Tableau de Louis Janmot du "poème de l'âme" - poète et artiste peintre Lyonnais

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