Nul ne peut être assujetti à un autre pour un besoin personnel. Le désarroi entraîne la peur de perdre une partie de soi et engage l'homme vers une pente descendante sur laquelle la peur domine la conscience et enchaîne la réflexion. Elle contraint à des contre-vérités qui espèrent volontairement ou mécaniquement l'enchaînement de sa pensée. Elle expose au mensonge par l'attraction, sous la contrainte subjective. La peur de perdre un bout de soi par une malveillance entraîne par le fait du battement d'ailes du papillon des actes que le monde accumule pour sa perte. Il nous faut alors montrer une grande vigilance pour ne pas sombrer dans le dédale des vérités falsifiées qui voudraient arriver à ses fins sans faire cas de ce que mensonge remet au monde et à l'humanité.
Nous ne pouvons donc pas, en l'occurrence, céder à une impulsion de mensonge en falsifiant l'âme des êtres rencontrés pour des besoins qui nous conviendraient, ce qui revient, en vérité, à falsifier l'âme du monde.
L'âme aux abois commet des mystifications que seul, son esprit, écrit en marge de sa vie pour aliéner le futur en douleurs karmiques que le monde ne prend pas sur lui en rendant au mensonge sa lettre initiale qui a engendré le mouvement d'ailes répercutant son acte.
La lucidité de la conscience est la seule aide que l'homme doit rechercher pour éviter le piège de la douleur d'une perte de soi possible. Si un homme venait à conduire un autre pour sa seule sauvegarde sans que l'autre veuille participer à la domination exercée pour une morale pleine, il est fautif de sa seule perte tout en engageant l'autre dans le drame d'une vie et doit alors réparation à l'Humanité.
Lorsque l'acte de peur par le mensonge s'assoit sur la vérité et falsifie l'écrit pour être en adéquation avec un ergotage déclenché, il est le commencement de sa propre perte.
La vérité dans la liberté de soi est d'oser dire non à ce qui nuirait à soi-esprit, au monde et son humanité. La conscience est la seule garante de la vérité. Le grand problème de la réalisation vers la liberté est l'absence de la conscience qui est la seule vertu qui ne s'enseigne pas.tableau : acrylique " l'homme imparfait" de Béatrice Lukomski-Joly
« Être libre signifie : pouvoir déterminer par soi-même, grâce à la fantaisie morale, les représentations, bases de l'action. La liberté est impossible si quelque chose qui m'est totalement extérieur — soit un processus mécanique, soit un dieu extraterrestre exclusif — détermine mes représentations morales. Je ne deviens libre que si je produis moi-même ces représentations, et non si j'accomplis les mouvements, si je saisis les représentations qu'un autre a introduites en mon être. Un être libre doit pouvoir vouloir ce que lui-même tient pour juste. » Rudolf Steiner dans « la Philosophie de la Liberté »
Ce soir, je voudrais vous parler de la liberté, de celle embrassée chaque jour, qui fait la différence d'un être à un autre parce que j'ai été et suis un être libre, assujettie à rien si ce n'est à la morale la plus pure, choisie et épousée par choix et volonté.
Mais, qu'est-ce être libre lorsque chacun s'approprie ce mot-idée sans en comprendre la profonde signification dans son mouvement qui choisit le vivre-appesanti plutôt que le vivre-libre ?
Sommes-nous libres lorsque nous sommes confrontés à la pensée et les mouvements des autres et du monde ?
Sommes-nous libres lorsque nous attendons, du monde et de ses représentations, une direction-guide qui semblerait être de sagesse, ou sommes-nous libres lorsque ces représentations prises en soi jusqu'à l'usure des pensées, pensées par l'autre, nous étreint au point de pouvoir nous apparenter à l'un ou à un autre parce que la pensée se rejoint semblable, mais est-ce soi que de penser comme l'autre et de ne pas penser comme une autre ?
Où se situe notre liberté lorsque nous attendons de l'autre le consentement ou la désapprobation d'une idée, d'un acte, d'une émotion, d'un sentiment, et encore le compliment, voire la critique ?
Quelle est notre liberté de penser et d'action dans le tout commun qui voudrait nous assujettir aux autres en nous laissant oubliés de nous-même, sans décence, juste parce qu'il paraîtrait bien et bon de faire comme l'un, comme l'autre ? Est-ce penser la liberté individuelle que d'attendre toujours de l'autre, la juste conduite qui est celle de l'autre et n'est pas la nôtre ? Quelle est notre liberté, lorsque conseils bienveillants — selon l'un — n'est pas le conseil que l'on se donne à soi ?
Je lâche le « nous » pour arriver au « je » qui exprime notre — mon – moi intérieur, ce moi le plus intime qui ne peut dire « je » qu'à soi-même et pas à un autre, alors que tous les autres sont des « tu » pour soi ; ce « je » si particulier qui nous (me) rend libres dès lors que j'ai conscience que « je » acte libre lorsqu'il s'affranchit du « nous » pour arriver au « nous » qui est autre que le « nous » commun, mais le « nous » fait d'une multitude de « je » rencontrés, totalement absous de ce que « je » peux être et vouloir pour l'autre.
Si « je » suis libre, c'est que quelque chose en moi pense et se pense en moi, libre de tout, affranchit des conventions acquises dans le respect total des conventions quand bien-même, elles ne sont pas nôtre, pas les miennes et pourtant acceptées parce qu'elles existent et sont autant de pas pour aller vers l'autre qui fait de mon « je »une volonté secourable pour soi, et tout à la fois une volonté secourable pour l'autre, tous les autres.
Lorsque nous regardons briller le soleil, que voyons-nous ? Est-ce la liberté du soleil à briller pour lui ou briller pour un autre, briller pour les hommes et la nature que nous voyons ? Ou est-ce la liberté du soleil à vouloir briller seul sans direction pensée ? Est-ce que notre liberté sait différencier le soleil extérieur du soleil intérieur ? Si nous n'en voyons que sa surface à défaut de ne jamais pouvoir atteindre son cœur, saurons-nous pour autant ce qui le compose et le rend si brillant à nos regards ? Sommes-nous libres face à sa volonté de briller ou ne prenons-nous de lui que ce que nous en comprenons, sans rien comprendre de lui finalement. Si « je » suis libre, n'est-ce pas parce que « j »'ai pensé le soleil astre, comme « j »'ai pensé le soleil entité qui à nos regards se révèle dans la pensée libre, comme une étoile avec un cœur d'espace vide, un corps de lumière réchauffant la terre et une surface si brillante qu'elle en cache les deux autres soleils en son être.
Pourquoi parler de liberté individuelle à partir de l'exemple du soleil ? J'aurais pu penser la liberté individuelle à partir d'un autre objet, n'importe lequel, mais « je » choisis le soleil, comme « je » choisirais un tout autre objet, parce que nous n'en voyons que la surface, et que sa surface nous cache l'essentiel ; et que dans l'absence de l'essentiel, nous ne sommes pas libres puisque nous ignorons tout de la pensée qui, seule, nous fait libres et nous affranchit de soi-même comme des autres , en devenant les autres et soi-même.
Bien ! « Je » suis libre. « Je » pense. « Je » suis, donc « je » pense, et non son contraire, n'en déplaise à Descartes qui n'a pas observé le minéral qui ne pense pas et qui pourtant est pour ne citer que l'élément minéral de la vie qui forge la terre-être. R.Steiner nous le décrit avec une telle profondeur de conscience indéniable que j'en ai fait ma pensée, librement pensée et expérimentée.
Je pense. Je suis et je suis libre.
Pour revenir à une pensée moins élaborée et plus facile à saisir, comment alors « ma » liberté peut-elle alors se traduire si « je » suis vraiment libre d'agir et de penser.
Si « je » suis réellement libre, l'autre est tout pour moi et jamais ne me contrarie parce que cet tout autre est mon reflet en permanence, il est le miroir de ma liberté pensée en lui. Il pense le monde et je suis en lui – le monde et l'autre -. Là où je deviens libre, l'autre se détache. Son impact n'a plus d'importance. « Je » n'agis plus au travers de sa propre pensée qui n'est plus le miroir de la mienne car « je » me suis forgée ma propre pensée qui, elle, m'affranchit. La critique ne nous touche plus et nous n'attendons plus rien de l'autre, ni en compliments, ni en critiques. Nous ne rampons plus. Nous quittons le cerveau reptilien et le cerveau émotionnel pour aller vers le cerveau cortical comme organe de pensée libre , voulu et travaillé, façonné, taillé tel un diamant, comme instrument de perception façonné par les forces du cœur. Il n'y a pas de pensée libre sans l'activité morale pure qui s'est appropriée les forces de la connaissance par les forces du cœur en mouvement constant. Les forces libres du cœur libèrent l'activité ancestrale d'un organe pensant vers sa soif de la liberté qui ne dépend plus que d'elle-même. Plus rien alors n'a d'importance dans la liberté que la morale ou éthique choisit par soi-même et qui a la valeur du monde reconnu comme valeur essentielle des bases de la vie et de la connaissance dépassant la surface des choses : le soleil n'est pas que la brillance aveuglante perceptible par notre regard, mais possède ses soleils cachés que seule la connaissance peut nous faire toucher du doigt. À cet instant, nous devenons productifs ; nous créons la pensée, et par là, créons la liberté. Nous sommes co-créateurs de ce que nous voulons de juste et de sagesse, de bon et de beau, et voyons en toute chose et en tout être, le beau et le bon, là où l'absence de liberté individuelle vraie montre d'abord le laid, l'iniquité, le défaut, la parade, l'orgueil, car l'absence du penser vrai est l'antithèse de la liberté, de la bonté, de la beauté et de l'amour.
Si « je » suis libre, cela signifie alors que dans « ma » liberté » chacun à une égale valeur à la mienne et que « je » vois en chacun, même le plus laid, le plus perverti, la beauté de l'âme qui nous — me — fait acteur de sa liberté avec la mienne, toutes deux adombrées. « Je » n'attends alors plus rien du monde que sa beauté et sa bonté parce que « je » les a pensées pour être libre.
Et si la douleur du monde devient mienne, c'est que « je » a pensé la douleur du monde comme élément de liberté, en devenant acteur de sa rédemption, car n'est pas libre celui qui pense le monde sans acter le monde. Acter le monde, c'est agir pour lui sans contrainte par la seule force de la volonté mise en mouvement.
Ce qui nous amène à penser la liberté comme un ferment libre de volonté, sans contrainte aucune, d'où que ces contraintes viennent. Ce qui nous amène à penser aussi que sans liberté individuelle pure, sans morale pure, sans volonté pure, le monde ne peut pas penser en nous, car il s'agit bien de volonté du monde de se penser lui-même en nous, êtres libres.
Je ne suis alors pleinement individu libre que dans la mesure où « j »'ai réuni toutes les conditions pour le devenir : la morale, celle qu'il ne faut pas confondre avec la morale castratrice, conductrice, assujettissant l'autre aux désirs égoïstes, mais bien de cette morale libre, librement consentie, qui laisse tous les autres libres de leurs choix et actes en pensées et en actions dans la connaissance que l'autre a du monde et des autres.
Le sentier est l'histoire d'une initiation par l'épreuve subie. Ces épreuves sont croissantes.
Le début est lent, presque monotone, car le sentier se mérite. Ne peut continuer sur le sentier que celui qui ne se laisse pas envahir par la monotonie du quotidien, ne partant de rien pour aller vers rien. Le sentier est le chemin ardu de ceux qui veulent savoir ce qu'est la vie, et ce qu'elle enseigne dans ses épreuves, d'où l'extrême lenteur du début du récit, avec quelques rares rencontres utiles qui, d'emblée, lui feront se poser quelques questions qui semblent sans importance, mais qui s’avéreront indispensables par le fait de l'observation.
Le narrateur demande régulièrement au lecteur s'il veut suivre le chemin ou s'arrêter là ! Que le lecteur s'arrête en chemin, qu'importe ! car le néophyte va aller croissant sur son sentier et y rencontrer foule d'amis qui sont des pierres, des fleurs, des falaises, des hommes dont la laideur et la méchanceté est sans bornes, des êtres angéliques, et l'Homme qui apparaît à la fin du récit dans la plus belle des élévations. Cependant le narrateur a, à coeur, de vous emmener avec lui affronter la laideur du monde pour y découvrir ce qu'elle revèle de beauté car tout mal cache un bien..
Tout le long du sentier apparaît, en même temps qu'un être angélique, un serpent qui veut le détourner du chemin, l'attaque, ou lui fait moult éloges, espèrant le déstabiliser, lui faisant miroiter la beauté de la lune noire pour délaisser la puissance du soleil, source de toute vie et de toute initiation.
Le promeneur en quête de vérité est Jean Christophoros de Lebenkreutz...
Nul ne s'attend à la fin du récit. Elle n'est pas ce que le lecteur attend, car le serpent se dresse encore et encore. Et cependant le sentier s'achève dans toute sa splendeur...mais chut !