Odilon Redon "Les Yeux clos"
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Que veut mon Novembre à ma pensée somnolente,
Loin des fleurs qui ont orné mes vases, opulentes ?
Les gnomes, aux jardins de juin, se sont endormis.
Les fées aux roses ne taquinent plus les fourmis.
Les Salamandres ont rejoint Jupiter en sommeil.
Dans les maisons, tout s'assoupit, rien ne veille.
Tout dort à l'entour. Tout somnole dans l'Avé.
Seules, les rimes semblent encore rêver.
Pourquoi de novembre, suis-je le cristal d'une larme ?
Du cristal, deviens-je l'obsidienne de mon âme ?
Des prières aux pensées, tout se veut souffre.
Le printemps et l'été s'alitent ; l'automne souffre.
Au déploiement de mon frère Novembre,
À la naissance de sa soeur Décembre,
Ô, mon somptueux recueillement !
Tout m'est fécond d'endormissement,
Car il n'est de profond et de lent sommeil
Sans les rêves qui ne fécondent les hommes qui veillent.
Quand fleurs meurent au prompt chant des Ondines,
Les arbres se dévoilent, offrant au vent leur col Claudine.
Aux saisons se mourant sous des baumes d'ambre,
C'est de trépas qu'est mon époux, mon fier Novembre.
Brandissant ses flèches, mon orgueilleux Jupiter
Meurt à ses feux de joie sur ma terre.
De sa noble stature, je ne perçois de son feu
Que l'adouci aux feux sages, de l'été son adieu.
Pourquoi de Novembre, la langueur humble, me confine,
Pleurant les Sylphes ; l'élégance perdue me ravine,
À leurs seins, qui de tout temps, me nourrissent ?
De leurs entrailles qui me bénissent, me pétrissent,
Me modèlent, jusqu'au venant noeud lunaire,
Creusée, brûlée, percée jusqu'au coeur solaire,
Je vis des émois l'étreinte dessérrée qu'abandonnent
Les rayons aux berges des brouillards qui me chiffonnent.
La langueur des chants d'automne m'assoupit.
Aux aurores chantées, je n'entends plus le saut des pies,
Ni leurs chants muets, au nid se morfondre, alanguies.
Des mésanges, je n'entends plus la douce mélodie.
Des grives sautillant dans mon jardin, le bec mutin,
Je n'ai plus la beauté des danses qu'aiment les lutins.
De Novembre, faut-il ouir le silence que tout contient,
L'âme assaillie des musiques à mes yeux éteints ;
Repentie, aux chants de Lohengrin, casser mes bogues
Qui ne sont plus qu'un silence dans lequel je vogue.
Les forêts, profondes abbatiales, naissent temple ;
Aux lueurs des merveilles brûlent de flammes amples.
Coeur de Novembre, oh ! S'étreint de voltiges en volutes,
Parmi les flèches d'argent, aux dômes, jouent du luth,
Avec la brindille alourdie, sa ramure perdue.
Volent les parures de feu, au vent éperdues.
Est-ce pour cela qu'automne m'alite sur son lit de gel ?
Est-ce pour le silence qu'il m'aime au feu des nigelles ?
Est-ce pour les roses frippées que je me couche, blanche,
Dans le manque des rondes qu'arc-boutent leurs branches ?
Ne vois-je des sépales que l'arrivée de l'étoile
Que mon coeur surprend au ciel du voile ?

Novembre n'a rien dit à ma vie d'ailes idéelles !
Novembre n'a pas esquissé sa rime irréelle !
Novembre n'a pas répondu à l'assoupissement,
Moins encore n'a dit d'arcs de feu son flamboiement.
Alors, pendant que les cimes, du beau mois endormi,
Créent la somnolence transie de froid à l'endormie,
J'entends la douleur hurler sa mort, car il n'est rien
De Novembre qui, de tout, se meurt fécondé de biens.
Les saisons - L'Automne - Alexandre Glazounov
Nature du Matin lorsque tout s’éveille,
aube après la nuit, tu m’émerveilles,
enchantant la vie quand ton soleil se lève,
nous embrassant de ses lèvres.
Lorsque la rosée baigne nos pieds meurtris,
ta beauté de lumière nous éblouit,
et tu lèves l’arc-en-ciel afin d’éclairer
nos pauvres egos manquant de clarté.
Chaque éveil ayant en soi pris la nuit
racontent les temps anciens évanouis
qu’à nos entendements sans conscience
nous oublions, pourtant de confiance.
Et, voir tant d’âmes endormies le jour
relève de la blessure qui me laboure.
À la joie d’être en toi, élevée me berce la vie,
le chant et l’harmonie, le souffle et l’infini.
Heureux, suis-je de souffrir avec dévotion
quant à ta mémoire, je suis une respiration
que tu joues à mes oreilles entendues,
quand je te lève d’adoration t’ayant vu.
Es-tu arbre que je grandis tes branches.
Es-tu pétale que je deviens pervenche.
Voyant en chaque nervure éteint l’obscur
qu’en ta Nature se rêve la verdure.
Es-tu fleur montrant le lever de son calice,
qu’avec toi, fidèle, je crée, fermant les abysses,
et tu relèves de tes rayons l’innocence
la pureté venant vers nous en ta puissance.
Es-tu beauté d’un chat divin ou papillon,
gloire d’un cygne immaculé, d’un oisillon,
dans l’air, sur l’eau, appelant ton nom,
que je te touche, toi, l’incréé du tout créé, le don.
Que je te pense sublime de toutes les beautés,
et tu viens briller en mes jours par toi nés.
Que je te rêve, tu me montres les destins,
berçant ma pauvre âme aimant tes desseins.
Te voir, seul ou non-seul, Amour ou secours,
tisse l’habit que tu files de belles-de-jour,
de roses bleue, rouge, or, au firmament solaire
que tu écris le Graal d’un Verbe stellaire.
Tel tout Roi aimant et partageant le geai,
la quintessence de l’homme que tu revêts,
et luit en nos âmes magistrales ta tunique
que chacun voit messianique.
Sublime mystère qu’est ta poésie
quand chaque année elle renaît d’elle-même,
verdoyante et d’excellence au jour
que tu surélèves dans le fruit du labour.
Je vais adombré par tes rayons qui sont un baiser,
montrant le calice éternel à mes yeux avisés,
vierge de toute souillure en sa sève,
qu’abeilles portent ta parole sur ton glaive.

Photos personnelles non libres de droit
Un enfant rit,
c’est bonheur un enfant qui rit.
Le temps se fige d’émotions,
jouant sa partition,
car un rire d’enfant pianote,
c’est une suite de notes.
Papa plonge dans l’eau,
l’enfant sautille avec l’oiseau,
imitant le beau saut
qui fait flic et flac, flic et flac,
car l’eau aime chanter dans les roseaux,
sous le soleil, la pluie aussi. Flic, flac!
Un enfant sourit à la vie,
car papa aime son petit,
son tout petit à lui,
se mirant en son regard qui luit,
brillant de lumière, son éclat.
Il dit : c’est mon papa.
Papa clapote,
l’enfant aussi clapote,
faisant des vagues
quand soleil brûle les algues,
sur l’eau devenue de l’or
quand soleil brille fort.
Un papa et son enfant,
c’est de la lumière au levant,
lors des couchants rougeoyants,
lors des fêtes rêvant
le triomphant rêve lumineux
que l’enfant aime heureux.

Nobles vieillards nous veillant dans les nuages,
lors de l’élégance du vol des oiseaux-rois,
en vous nous gardons confiance quand de nos âges
sans humilité, nous sommes maladroits.
Le dessous des ailes luisait au soleil,
d’or palpitant, d’argent miroitant, ce matin,
que tout en était dentelle, de rayons au réveil,
dans le sein de la mer de larmes agité d’incertain.
L’éternité montrait sa puissante aurore,
étant depuis la première nuit, et bien avant,
le premier et le dernier accord, dedans, dehors,
pour l’amour qui point ne connaît de mécréants.
Tout était, là, paisible et si majestueux,
que nul ne pouvait croire que guerres sévissaient,
ici, ailleurs, tant d’amour dans ce repos heureux,
que le ciel nous parle de sa vie dans les haies.
Tant d’oiseaux chantaient au sol, en vol,
grappillant quelques belles graines
venues de lointaine Russie et d’Ukraine
déposées en toutes terres que nul ne vole.
Quand flamme brûla, nantie de prières,
contre ceux priant le Diable virulent,
je vis de leurs lèvres rosées aimant l’or solaire
se fendre l’aurore dans la joie de trois pénitents.

Nuages sombres montraient, si haut et si grands,
qu’ils n’étaient pas le nombre dans le monde,
et que, qui adore le démon est chassé par le vent,
car de disgrâce, il ne supprime pas son onde.
Merles, colombes, moineaux, noirs ou blancs,
voyageaient d’outre-tombe à ciel ardent,
chargés de la sagesse des vieillards étincelants,
portant leur Humanité d’un vœu fervent.
Vint à dos d’une voile immaculée un char lassé,
portant le divin et l’amer enseignement
qui, souffert par les hommes n’allant pas tête baissée,
scrutent toujours le feu du ciel flamboyant.
Colombe prit le verbe en sa bouche et dit :
Les hommes ne regardent l’azur qu’en horizon
brûlant de bombes bruyantes. Encore dit :
Jamais ne me voient lors la paix après guérison.
Les nobles vieillards repartirent tout en étant là,
toujours de sagesse malgré le bruit, malgré les cris,
malgré les larmes et les pas qui ne sont pas,
l’homme n’ayant pas appris à vivre en leur abri.

Illustrations de "la Très Sainte Trinosophie"
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Quel est ce son mystérieux venant d’au-delà des frontières ? Quel est ce vol au lointain venu d’un ciel lumineux ? Et ce pas lourd des ours scrutant l’œil du faucon ? Et encore la lumière rayonnante caressant le blé ? La douceur de l’air au sein des saisons quand l’hiver fredonne son printemps au sacre de son rituel ?
De la cloche, des oiseaux, de l’énergie embrasant la volonté, de la joie solaire batifolant dans les champs, répond le silence qui parle.
D’où vient le son du cri hurlant sa colère et aussi sa haine ? Quel est le dieu aimant la nature au sein de la sienne foisonnant sa paix en son amour ? Quel est cet autre dieu diffamant la création d’où jaillit l’hostilité ? De quelle alchimie surgit l’immaculé amour sur les ailes des anges ? De quelle magie, aussi sombre que le nuage cachant le bleu du ciel et ses étoiles, s’esbroufe la colère noire ?

De la bouche de l’homme, du bien et du mal, de la sagesse ou de la discordance, assure la voix éclatante du cercle angélique, entouré du cercle archangélique et de toutes leurs gracieuses élévations pour l’unité et l’alliance des hommes. Le grain de sable collé à la semelle des chaussures est semblable à celui que picore l’oiseau pour créer la coquille de son petit à naître et de l’ennemi rentrant chez lui après avoir foulé le sol des frontières.
Qui tue un oiseau venu de loin manger le blé d’une terre étrangère ? Personne ! Car l’oiseau n’a pas de frontières, dit le cercle des anges. Il n’est ni le représentant d’un homme ou d’un autre, affirme-t-il encore. L’homme admire l’oiseau pour son vol et son chant, sa liberté d’aller sans prendre des querelles le son des voix tuant l’homme. Et l’oiseau va des uns aux autres, parce que là où pousse le grain est le sens de la vie. Si la semence est tombée sur le trait imaginaire d’une frontière, quel oiseau ira lutter contre son semblable pour l’empêcher de se nourrir ? Aucun. Sage est l’oiseau. Et l’oiseau dit qu’une seule goutte d’eau de l’océan, des rivières, des étangs et de la pluie, appartient au monde, car elle secourt l’homme, la terre, l’animal et le grain.

Et au chant mélodieux des oiseaux répond l’hymne de paix des cloches qui n’a pas davantage de terre ou de frontières. Elles jouent le matin, le midi, le soir, les heures et les événements de la vie lors des baptêmes, des mariages, des deuils. Elles clament le son de l’entente fraternelle réunissant les hommes en un chœur joyeux malgré, parfois, leur tristesse, parce qu’elles ne sont pas nées des hommes, mais du cercle des archanges pour leur faire entendre la raison de la différence utile entre tous.
Aussi, viennent l’ours et le faucon, unis dans l’âme de la nature que l’esprit épouse, parce qu’ils ne sont que l’image de nos qualités et aussi de nos défauts, que leur forme magistrale enseigne au regard clairvoyant dans sa bonté venue des années de conscience. Point de frontière à leurs pas ou leurs vols entre les terres, car la terre est une et le ciel est un. Sève arrosant la nature tel le sang honorant toute la création, montrant la pureté en elle pour que l’homme comprenne qu’il est un, ami de l’ours et du faucon.
Parlent le blé et l’orge, l’avoine et le seigle, le maïs et le riz, d’une seule voix pour apaiser la faim de l’homme abreuvé du même nectar céleste. Témoignent le rouge-gorge se nourrissant près du chardonneret et du merle, de la mésange et de la colombe, d’un battement d’ailes qui ignore ce qu’est la couleur de leur plumage.

Même le serpent terrestre franchit la frontière sans la connaître, parce qu’il est animal voué à l’entretien du sol et de la terre, et qu’il ignore que l’homme est plus vil que lui ; qu’il méconnaît l’image terrible d’un autre à l’œuvre ayant certes son apparence sans être lui. Il y a des rosiers qui donnent sept fois une rose, car nous les avons aimés. Il y en d'autres ne fleurissant qu'aux jours beaux, car l'homme ignore ce qu'il est.
Qui entend le son de sa pensée malveillante sait qu’il œuvre pour le peuple des âmes noires et engendre la guerre. Qui entend sa bienveillance dans la pupille témoin de la lumière connaît la grâce de la paix, disent les chœurs célestes servant la clarté et sa transparence.
Brille, entre et pour tous, le soleil dont la lumière éclaire la vie, offrant son amour au grand verbe croître quand la nature se marie enfin à l’homme, homme de toutes les couleurs, de toutes les religions, de tous les pays, quand ils ont su reconnaître que les hommes sont tous d’une même création fraternelle dans laquelle l’agressivité n’a pas d’accord. Ni en musique ni en pensée.
Et, la cloche se met à chanter à l’heure de midi, et aussi de minuit, rappelant qu’à ces heures, l’homme doit manger le grain comme l’oiseau ; doit dormir pour se ressourcer d’esprit et aimer le jour et la nuit parce qu’ils sont communs à tous dans le don fait à l’homme devant leur ressembler : aimer l’un et l’autre, aimer ce qu’ils sont de Nature semblable, parce qu’une cloche aime qu’un oiseau se pose sur le faite de son clocher.
Grande volée des 8 cloches de l'église Notre-Dame de BAR-LE-DUC
Lorraine France
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