PHOTO DE ROBERTO BERTERO
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Seule,
Comme un saule,
Face à la montagne majestueuse,
Enneigée, pure et douloureuse,
Je danse.
Je pense.
Inlassablement,
Irrésistiblement,
Je cherche à crever les voiles,
De l'imposture à l'orgueil, revêtue d'étoiles.

Acrylique oeuvre personnelle
Et les astres mille fois reconquis m'enseignent la nature,
Dure épreuve de la connaissance que je mature.
Infatigable je crève les masques des orgueilleux rois
De l'indifférence, du mal et des désarrois.
Où êtes-vous tous allés pour aujourd'hui
Me laisser marcher seule vers ce qui est la vie ?
Croyez-vous que je possède cette force divine
Au point de m'abandonner à ma seule poitrine ?
Où êtes-vous tous allés pour m'aimer hors de vos présences,
Loin de nos destinées menacées, avec semence ?
Chaque pas me ramène une aventure parfumée
Et encore me rapporte une ombre passée
Que je n'ai pu encore accoucher.
Seule, face à notre nature grandiose,
J'entends une mélancolique prose.
Chaque vers d'un opéra mille fois adoré,
Réclamé, vénéré,
Résonne en mon esprit.
Mais que veut l'Esprit ?

Pastel sec oeuvre personnelle
Nature immaculée sommeillant au dessus de la vie négativée,
De la conscience inversée au théâtre de l'humanité,
Freinez les assauts des forces du mal
Que mon âme endure pour tout le mal vu ! J'ai si mal !
Ô Anges, Archanges, Archaïs
Séraphins, Chérubins, Exusiaïs,
Dominations, Vertus, Trônes
Je suis là à vous implorer alors que le ciel tonne.

Acrylique oeuvre personnelle
Quand le soir m'enveloppe de ses lumières
Je nais à la clarté des sphères célestes, légères sont mes paupières.
Je deviens la scène primitive du geste cosmique.
Des destinées menaçantes, je vois l'animique.
Âmes du monde qui avez, lancinantes,
Mis votre confiance en l'humanité immanente,
Crié la sagesse des dieux immortels
Orphée, Hermès, Aristote, éternels,
A vos souvenirs d'initiation
Je pénètre en vos temples d'adoration.

Pastel sec aquaréllé Oeuvre personnelle
La grande Isis dans ce demi sommeil soulève son voile
Et je découvre un vermeil qui n'a d'égal que la grande toile.
Hermès invite ma présence en ces hauts lieux de mystère
Tout à la fois purifie mes carences aux Dieux austères.
Sous l'immense azur qui m'appelle
J'entends les anges déplier leurs ailes.
Je vois derrière l'alpage l'étendue d'autres cieux
Plus célestes et encore à moi opaques
Qui m'invitent à ma propre Pâques.
POÈME PARU DANS MON PREMIER LIVRE PUBLIE EN 1984 " ÂMES AMÈRES"

Pastel sec oeuvre personnelle
Tableau de Vincent van Gogh "ange"
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_van_Gogh
« Écoute bruire le souffle de mes vents !
Au gré de tes pas, raconte le temps
Qu'il a fallu au temps pour s'apprivoiser en homme.
Raconte le temps qu'il a fallu pour aimer ce que terre offre,
Dans sa chair de nature nous observe,
Dans le tintement de l'air, nous fait verve.
Écoute frémir l'herbe tendre quand ta peau caresse sa verdure !
Entends la terre se nommer dans son désir !
Ne se crée-t-il pas un amour tacite entre nous quand au jour,
Tu m'ignores, impudique en tes élans,
Et que je t'entends, malgré tout, m'implorer ?
Écoute les branches se froisser au vent !
Entends vibrer le bois au rythme des saisons !
Chaleur fait-il, qu'il se rétracte !
Froid fait-il, aimé de la pluie, il se dilate !
Homme ! c'est de cette vie que tu es tissé !
La pluie te frappe, tu gémis !
Homme ! tissé d'émotions, l'inertie t'a figé !
Semblable à la nature parce que né d'elle,
Tu vis d'égales ondées !
Pourquoi avoir cherché réponse, là, où tu pouvais regarder le monde ;
Là, où je me savais prompt à t'aider ?
Encore fallait-il que l'homme m'écoute et qu'il plie !
Jamais, je ne te châtierai, car de ce pouvoir, je n'ai aucune gloire !
ll te suffit de croire que j’œuvre en gardien
Pour t'assurer apaisement dans ce dédale des jours apeurés.
Écoute ! Plus encore ! Entends !
Entends la vie se nommer en ce qu'elle crée chaque décennie !
Ta terre, qui est aussi la mienne, te sera recueillement
Quant à l'heure des malfrats, guerres et massacres
Flamberont, sales !
Ta terre te recevra comme une opale.
Tu n'auras qu'à demander ma présence pour me voir.
Je serai ta certitude en ces jours de douleur qui adviennent.
Il ne faudra pas montrer sa peur,
Aller tête droite, le regard droit devant soi, le pas franc,
Il te faudra avoir des couvertures ;
Eteindre le feu qui embrasera les vêtements,
Se réchauffer, le corps et l'âme.
Entends !
Quand les chevaux blancs s’aileront
Et que les licornes vaillantes jailliront de ce ciel balafré par les blasphèmes,
Accroche-toi à mes ailes,
Car il vaudra mieux en ce troisième millénaire, être l'ami des anges
Que le gardien du mal que vous aurez honoré de bien d'étranges façons !

Crieras-tu aux tristes païens, devenus en nos temps, athées,
Le désespoir de nos faces, que d'autres s'arracheront nos ailes.
Dans la prière, qu'ils ont omise depuis tant d'années, ils s'affaisseront !
Nous serons là pour redorer les frêles incertitudes à qui voudra bien écouter,
Mais, redorer leur dorure ne durera qu'un temps,
Aux âmes fragiles, qui, point ne pensent à nous !

peinture Giotto di Bondonne
Entendez !
Ce sera chacun pour soi et en ces temps glauques.
Tu béniras ma divinité parce que tu m'es fidèle !
Ceux qui auront essayé de déjouer ton destin,
Connaîtront, à me louer, les même turpitudes en leur âme,
et le monde les aimera, ces infâmes, parce qu'ils seront pitoyables !
Pitié, je leur montrerai sans mesure !
Ils recevront ce qu'ils ont mérité, les douleurs achevées !
Là, où tu te seras reconnu enfant du monde, percera un faisceau blanc,
Grand glaive de justice qui protégera ton devenir en ma propre vie terrestre,
Car, qui, des hommes, sait que les anges habitent, invisibles, la terre ?
Tu seras le témoin des souffrances ensevelies
Parce que tu nous auras beaucoup aimés.
Bercé, adoré, je t’accueillerai, poète ! Mon ami !

Entendez !
Là, où tu verras des fleurs, mets-toi à genoux
Et cueille les belles dans ma foi !
Fanées, elles chanteront reconnaissantes !
Je t'aimerai sans complaisance,
Car il ne leur appartient pas de pousser, de fleurir joliment,
Pour ensuite se flétrir.

Entendez !
Là, où tu verras un arbre brisé,
Prends la peine de ramasser le bois et empile-le !
Il te chauffera quand l'énergie de l'homme reconnaîtra sa faiblesse.
Mais, il sera trop tard !
Ils auront froid.
Va chercher le bois en forêt !
Hâte-toi !
J'ai, pour toi, fait des réserves.
La vie réside dans ce que terre germe et croît.
Ce qu'un jour, vous avez maîtrisé,
Vous le perdrez par abus de traîtrise !
peinture Louis Janmot
Entendez !
Quand les sources s'épuiseront, maltraitées,
Prends le temps de recueillir les rares pluies d'été !
Abreuvées de soleil, elles te donneront vitalité.
Parfumées de ciel, elles apaiseront les douleurs de tes labeurs forcenés.
Ceux qui n'auront pas usé du labeur,
Ne connaîtront ni la soif éteinte, ni les plaies réparées
Quand bien même, ils les auront bues !
Entendez !
Là, où tu découvriras les océans,
Les hommes te diront de leurs traits ravagés,
Que ce sont leurs larmes qui ont creusé ce tombeau,
Tu n'en croiras rien, ma bien-aimée !
Les hommes n'ont pas créé leur terre !
Nous la leur avons offerte,
Et qu'ont-ils fait de notre présent ?
Un mensonge !
Tu nageras, sans rébellion, entre rochers et lames,
Conscient du danger que j'interposerai !
Entends !
Quand tu verras la lumière solaire
S'éteindre aux voiles posés par les dieux solitaires,
Des voiles et des averses qui dureront trois jours,
Découvre alors ta nudité, et va libre à toutes les nuitée qui adviendront,
Qui orneront ton front, grande main...
Entends !
Parfois, sentiras-tu l'impression de mon abandon
Qu'à ta tête lourde, tu croiras entendre le son des angoisses,
Mais point ne te frappera car tu auras su .
Entends ! Dis ce que je t'ai dit !
Qu'importe que les rires s'agitent !
Votre civilisation se meurt.
Nous l'éteindrons avec fracas,
Car de toutes les civilisations,
La votre fut la plus meurtrière en actes comme en pensées !
Va ! Je te protège .
Les hommes, déjà, se haïssent ;
Ils en sont contents.
Le feu et l'eau ont éteint vos passés,
La haine consumée fermera vos yeux.
Entendez !
Et... de mon épée, je fouillerai la terre,
De mes yeux perçants, je vois déjà vos avenirs.
Ne perdez pas de temps !
Aimez ! »
Extrait de la pièce " Le Génie", écrite en décembre 1984 , paru en 1991 aux éditions Gabriel Lardant à Hauteville Lompnes - Ain- Bugey
Ècrit l'hiver 1984/85, paru en 1990
sur l'Adagio du concerto n° 23 de Wolfgang Amadeus Mozart