photo personnelle : renoncules de mon jardin
Le jardin de mon père a un parfum de nymphéa.
Oh ! ce n'est pas une odeur de bois brûlé !
Il est l'arôme de deux palais tapissés de rosiers
Qui élève mon coeur, qui tant aime mes pas.
Le jardin de mon père enfante ses mains
Quand il observe de ses doigts l'épine
Que la ronce tracasse de blanche aubépine,
Soirs, matins, matins et clairs de lune sous le jasmin.

Le jardin de mon enfance a des envols
Qu'avec ses pétales, je marie à ses émois,
Quand de joie, il courtise l'azalée en sous-bois,
Et, d'amour, grimpe à ses branches, en cabrioles.
Il n'a, mon père, que le silence pour adorer ses fleurs
Et le regard pour élever jusqu'au firmament
Ses kyrielles de fleurs pourpres valsant dans le vent.
Il n'a, mon père, que corolles vaillantes en son cœur.

Quand de son chapeau de paille coiffant sa pensée,
Je découvre son jardin sous le dôme,
Oh ! ce n'est pas rêverie au temps lassé des arômes !
Il peint le fruit qui n'a pas assez de temps, pas assez !
Le jardin de mon père a poussé de faveurs,
Sans jamais hésiter aux venues célestes.
Oh ! ce n'est pas déloyauté à ses gestes
Tant il ouvre, au royaume des elfes, sa candeur.

Les arbrisseaux n'ont pas assez de mains à ses pétales
Pour lui dire que le ciel épouse son testament,
Quand d'écritures en rondeurs déliées pour sacrement,
Il dirige en chef d'orchestre la partition dominicale.
Le jardin de mon père est rose, pourpre, blanc,
Foisonnant de mille temps épousés,
Flamboyant de tendres fleurs mariées
Que le temps estompe de cent limbes troublants.

Oh ! ce n'est pas un jardin ! C'est un tableau !
Oh ! il n'est pas jardinier ! Il est son amant !
Oh ! ce n'est pas un paradis ! C'est un ciel blanc!
Le jardin de mon père ! Le jardin des roses et des mélilots !
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Mozart - The Piano Sonata No 16 in C major
A ma façon
Remariés, ils sont... mariés ils sont.
Que l'on ait 6 ou 66 ans, ils sont,
ils sont l'éternelle présence, ensemble,
que rien ni personne ne détruit quand je tremble
dans la mémoire de l'enfance meutrie,
dans la mémoire adulte si vive,
l'éternelle présence, ensemble.
Ensemble.
Ne plus mourir de l'éternelle absence,
après l'éternelle présence,
ne plus courir après le temps,
ne plus penser l'après de ses parents,
qui s'est fait encre de l'éternel amour.
Ensemble, eux et moi pour cet amour.
Eux et moi ensemble.
Ensemble.
Rayer tout l'après et l'immonde,
tirer un trait sur le futur-passé qui fut leur monde,
et voir le baiser de l'absence
comme une éternelle présence
que l'enfance adulte a tant manqué.
Manqué et pleuré.
Blessé (e) mortellement mais du temps ivre !
à ne pas savoir comment vivre,
à ne pas savoir être la cassure du nom,
sans nom ni prénom,
mais la vie ancrée au coeur
de l'invisible présence en une fleur.
Ne plus mourir de l'éternelle absence,
ne plus courir après le temps défunt et sa sentence,
après l'éternelle absence
dans leur éternelle présence
qui s'est fait encre de l'éternel amour.
Ô éternelle présence, éternel amour.
BL 1957- 1964
Photos personnelles non libres de droit
Un enfant rit,
c’est bonheur un enfant qui rit.
Le temps se fige d’émotions,
jouant sa partition,
car un rire d’enfant pianote,
c’est une suite de notes.
Papa plonge dans l’eau,
l’enfant sautille avec l’oiseau,
imitant le beau saut
qui fait flic et flac, flic et flac,
car l’eau aime chanter dans les roseaux,
sous le soleil, la pluie aussi. Flic, flac!
Un enfant sourit à la vie,
car papa aime son petit,
son tout petit à lui,
se mirant en son regard qui luit,
brillant de lumière, son éclat.
Il dit : c’est mon papa.
Papa clapote,
l’enfant aussi clapote,
faisant des vagues
quand soleil brûle les algues,
sur l’eau devenue de l’or
quand soleil brille fort.
Un papa et son enfant,
c’est de la lumière au levant,
lors des couchants rougeoyants,
lors des fêtes rêvant
le triomphant rêve lumineux
que l’enfant aime heureux.

Tableau de Gabrielle MOREAU -1920-
https://www.ebay.fr/itm/OLIVET-NAIF-Gabrielle-MOREAU-LEFEBVRE-PAYSAGE-LOIRET-1920-Tableau-Peinture-Huile-/301640663353
Ce soir, je pars refaire mes premiers pas d'enfant,
du temps des berges de l'Allier qui coule en ami.
Ce soir, je rajeunis, car il me plaît d'être sans âge,
moi, l'enfant comblé d'années vieilles, que siècles volent !
Ce soir, je n'ai plus d'âge ! Ai-je eu quelques années
que mes fleuves et mes rivières encor me bercent ;
Blottie dans le ventre de leurs courbes, je me souviens.
Ô Allier de ma Loire, je redeviens Ligérienne, ce soir.
Te souviens-tu, mon beau canal, époux de ma Loire,
combien mes jeunes années t'ont épousé, enlisée
sur tes bancs de sable, que seule tu as glissées
à mes doigts, jouant dans tes eaux bleuies du deuil ?
Qui a vu le Martin pêcheur, fier de sa gloire lumineuse,
voler sous sa tonnelle, où grimpaient sans décence
mes rosiers que ma Loire enviait, sait que j'ai déposé
une pâquerette sur son cœur, un jour d'anniversaire.
Tu n'étais pas là ; je ne sais pourquoi le Rhin te prit,
insolent à mes jours d'abandon, les soirs de lune,
quand le soleil jouait sur mon beau canal Ligérien.
Combien de pâquerettes effeuillées sans toi ?
Je marchai, emmitouflée d'un capuchon rouge,
pour avoir moins froid dans le blanc ciel d'hiver.
Elie-Anne, aussi, aimait tes flancs ronds qui , toujours,
portent ton nom, toi, le Roman des jours oubliés.
Quand convolant avec le Loiret, près du moulin,
je vis les ondes devenir larmes, j'appelais ton nom.
Ô ma Loire amoureuse de mes jeux, qu'encore,
Orléans s'en souvient et peut-être rit de mon âge !
Me diras-tu, Loire, si je t'ai manquée un jour,
quand obligée, je te laissais à tes couchers ?
Que soleils m'attendent ! J'arrive ! Attends-moi !
Je veux griffer tes berges de mes jeux innocents.
Ce soir, je ne suis pas là ! Je vogue sur l'eau
que la main de ma mère puisait au puits rond,
Comme le rêve tournant en rond toujours !
Pourquoi t'ai-je quitté, ô mon tendre opéra ?
Je pars me promener sur le chemin de sable
menant au lavoir des jours espérés heureux.
Non ! Ne dis pas que le Rhin est plus fort !
Il n'y a plus de fleuves, sinon l'Yonne qui rugit !
Te parlerai-je de l'Ain, qui nous fait un ?
Tu ne l'as pas vu dans sa gorge bruyante
que cris disent mon souvenir vieux d'âge,
que je meurs à mon temps, vieille d'âge !
La Voulzie n'avait pas ta parure des dimanches,
que mon capuchon rouge meurt de t'avoir laissée !
Je me suis fanée lentement, mourant de ton absence.
Est-ce pour cela que je suis sans âge, ma Loire ?
Ne crois jamais que j'ai cessé de penser à toi,
ô ma mystérieuse compagne ! Voudras-tu, ce soir,
m'offrir ma dernière marguerite ? Car ce soir,
je n'ai pas d'âge au bord de mon canal bleu.
Me liras-tu Victor Hugo, assise sur le perron ?
M'émouvras-tu encore avec ma triste Cosette
que j'ai pris sous mon bras, aimant mes soirs,
chagrine de ne plus lire mon Roman préféré ?
Ce soir, je suis si vieille, ma Loire ! ma source !
Si, fidèle, je te suis restée, c'est pour ta tonnelle
qui a rêvé ma vie en poésie, que pour toi j'écris.
Ô enfance sans âge ! Je suis si vieille ! Ce soir !

http://cecile-haristoy.eklablog.com/un-apres-midi-sur-le-gr3-du-cote-de-saint-jean-de-braye-et-combleux-a149385646
Aquarelle Charles Andrade - lazuriste et art Waldorf -
https://lazure.com/site/about-charles-andrade/
C’est une petite fille,
une enfante* jolie,
haute comme sept roses.
Son nom est Jean.
C’est une petite fille
aimant les fleurs.
Maman dit :
« Que veux-tu être plus tard ? »
L’enfante répond :
« Cueillir des fleurs.
- Est-ce un métier ? »
oppose la mère.
C’est une enfante,
délicate et rebelle.
« Je veux créer des roses !
Un arbre de roses ! " Naît le poète.
"Grand comme le ciel,
doux comme le miel,
beau comme le père,
bleu comme la mère."
Chaque rose blanche
est une étoile que Marie
de mai suspend à son arbre.
C’est une petite fille.
L’arbre de roses enfanté,
Jean éclairé d’astres parle,
et l’arbre fut, pieds en l’air, tête en terre,
que roses en touchent le ciel.
Bonjour ! dit le rosier.
« Tu as créé et je suis. »
Mes mains sont abîmées,
dit l’enfante.
Le rosier répond :
« Demain, tu parleras, et naîtra la rose.
Tu n’auras qu’à chanter « Rosier »
et le rosier sera.
C’est une petite fille,
une enfante jolie,
haute tel un arbre de roses.
Jean est né sur deux branches.
La lumière était belle,
ainsi, Jean est entré,
là, au cœur du rosier habité de mille Êtres,
qui dansaient dans ses roses.
La petite fille est morte.
Ne pleurez point
car elle est Jean devenu,
lumière de la Lumière sur la terre.
à mes amis R Steiner et CRC

Tableau de Peter-Severin Kroyer " le jardin de roses"
https://fr.wikipedia.org/wiki/Peder_Severin_Kr%C3%B8yer
* Enfante : mot enfant fémininisé pour
1/ féminiser le mot (!)
2/ elle enfante un arbre
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