Celui qui connait la poésie, depuis qu'elle nourrit le monde, sait qu'elle est la plus subtile des pensées. C'est en elle qu'habite la vérité. C'est pour cela qu'elle paraît souvent hermétique aux commun des mortels.
Le roman est fait pour le loisir quand bien-même il est philosophique, alors que la poésie habite deux mondes et elle construit un pont entre les deux pour les relier.
Elle passe donc du profane vers le sacré et du sacré vers le profane sans cesse pour que le pont soit.
Le poète qui ne ferait pas ce chemin du profane vers le sacré et du sacré vers le profane ne peut pas être authentiquement poète. A ceux qui aimeraient le faire, qu'ils osent tout simplement, se moquant de ce que l'on pensera d'eux, car je sais combien nous nous créons d'ennemis à parler du sacré en notre époque si glauque ! mais la poésie n'a jamais été autrement, même chez les poètes les plus sombres.
Je n'ai pas lu un seul livre de poésie des siècles passés sans y lire au coeur de ses vers la profondeur du sacré quelque soit son appartenance.
il faut réintroduire le chemin du profane vers le sacré et laisser le sacré descendre vers le profane si nous voulons rester pleinement humains.
Béatrice Lukomski-Joly - © 2021
Tableau Freydoon Rassouli
http://www.rassouli.com/
Je ne suis rien, car je ne veux rien, rien être,
Ni être une chose, ni être un nom, rien qu'être !
N'être aucune prétention sinon prétendre être
Qu'aux pas des arbres rencontrés, j'ai été pour être.
N'être rien que ce que je peux être, chaque instant,
Quand l'instant épouse l'éternité pour le firmament.
N'être que ça, le firmament dans mon éternité !
Rien que cette étole d'étoiles à mon regard édifié !
Pourquoi être un autre quand s'efface le jour,
Et que la nuit m'embrasse de ses astres d'amour,
Quand à la rondeur des déliés des vies passées,
Je marche d'inclinaisons face au vent, rassasiée ?
Je ne veux rien être, rien que le temps qui passe,
Riche de gloire aimante au cœur des espaces,
Quand un battement d'ailes frémit, large suspendu,
Arrimé à mes pas, que l'être flotte avec moi, inattendu.
Le temps épure les lacunes à la liesse des nuitées,
Qu'être s'enrichit de n'avoir rien été sinon avoir été,
Chante alors le cœur des revers et l'être dit « j'ai été »
Parce qu'être de tous les soleils, le rayon ciselé, est gaîté.
N'être rien que ce que je veux être : une flamme !
Catharsis des desseins éteints à l'ère de Pergame ;
Nos cascades parlent des sept astres étincelants.
Rien qu'être elles pour les sept esprits à Manès éclatant.
Je ne suis rien qu'être au clair des nuits se levant,
Des forges et des feux battant le métal pour l'or aimant,
Préparant le lever de l'aurore sur mille nuits tissées
Qui donnent de l'être l'éclat des vitraux à Laodicée.
Seul cet aspect de l'être ne me veut ni chose,
Ni nom connu, mais reconnu, sans plainte à la rose,
Que ma plaine, ayant gravi les montagnes, veut d'ardeur,
Lorsque éveillée sous les étoiles, je suis le parfum de la fleur.
de Gabriela de Carvalho
https://winterreise.online/gabriela-de-carvalho/
Écrit sur :
Christ portant la croix · Quentin Massys or Metsys
(Christ Carrying the Cross, c.1510-15)
Lorsque le chagrin laissera sa place à la joie
n’étant que la béatitude d’êtres bienheureux,
nous irons la félicité puisée dans nos yeux
ayant beaucoup aimé la divine croix.
Manifestées dans nos sourires avec foi,
nos douleurs deviendront le nid de la clarté,
ayant vu Sa Lumière lors de nos nuits apaisées
que nos vies témoignent déjà sans effroi.
L’amertume de nos vies sera contemplation,
et nos oublis seront le souvenir
d’avoir vu la Lumière nous unir,
vécue dans le chemin de croix de Sa Passion.
Les larmes que nous aurons versées en grâce,
riches de Son éclat pour notre résurrection,
seront la guérison de toute affliction
que nous offrirons à Sa très Sainte Face.
De la peine à la volupté engendrée,
dans l’Amour sur Son Sein, nous demeurerons.
Réjouis de tant de douleurs, nous L’adorerons.
Comblés d’abondance, nous serons consacrés.
Allez tous vos jours, bénissant le calvaire,
le corps s’effondrant, le cœur fort d’humanité,
car de nos épousailles avec le Bien-Aimé,
nous devenons Son corps en Son Rosaire.
Chaque fois qu’affligés, nous sommes,
nous levant de métamorphoses, parfumés de myrrhe,
sans jamais se plaindre dans la joie de mourir,
nous sommes de Sa vie, Sa colonne.
Nous allons de perfection en extases joyeuses,
bercés de tant d’Amour d’avoir pris sur Soi
l’accomplissement de Sa douleur en Sa voie,
et notre sève est, en Son cœur, bienheureuse.
Sans demander Son Secours pour Être Lui,
pourtant, Lui nous secourant à chaque empreinte,
Lui se chargeant de notre douleur en Son étreinte,
nous allons d’Amour vu, accueillis par Son Esprit.
Un poème ne se lit pas à voix silencieuse, il se déclame si nous voulons en percevoir la Source, la pensée, le chant, le rythme, le sens du mot, d'une virgule, d'un point.
Ne pas le déclamer, soit le lire à haute voix, est une profonde erreur, une illusion.
Certains parlent d'une mise en bouche. Si cela est vrai, l'expression est fausse, car la mise en bouche annule l'organe de la voix, les vibrations de l'air, pour n'en voir qu'une appétence matérialiste.
Un poète lit toujours à haute voix ce qu'il écrit. Il le joue. Il fait entendre au monde céleste, dans sa sphère poétique, ce qu'elle lui a offert. C'est une lemniscate. Je l'ai déjà dit.
Je le redis, car il semble que les lecteurs non avertis n’imaginent aucunement cette théâtralisation (mise en scène vivante) d'un poème entre le monde spirituel et son poète.
Chaque fois qu'un poème est lu à haute voix, dans la vibration du son dans l'air-tunique, c'est le lecteur laissant entendre au monde spirituel ce qu'il a offert au poète. C'est une joie pour Lui.
Le poète porte en lui le monde spirituel qu'il accorde avant de le composer en esprits-mots.
Chaque mot élu est vêtu d'une couleur, d'un son. Car l'archétype d'un poème est d'abord couleur avant de devenir son. Alors que dans la musique, c'est l’inverse, c'est le son qui produit — crée — la couleur.
BLJ
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La Nuit, se lèvent, s’élèvent, les roses,
fleurissant une par une nos étoiles
qu’au firmament, nous pouvons voir de gnose.
Jaunes, rouges, bleues, du ciel, nos cathédrales,
De leurs rayons lointains, elles nous bénissent,
ourlant nos Cieux de dentelle cristalline,
en rêvant des dieux endormis et de leur fleur de lys,
scrutant nos vies qu’elles jardinent.
Que les roses soient de Damas ou d’Ispahan,
si belles en leur habit soyeux de mystère,
elles dansent à l’unisson, éprises d’un chant,
liant leur parfum à la beauté de l’invisible éther.
C’est de leur nuit première qu’elles rêvent
lorsque revoyant la lumière jaillissant des ténèbres,
elles se voient si douces, flottant dans les boucles d’Eve,
que le Père en orfèvre cisela en leurs lèvres.
Puis, elles s’animèrent d’un nom, devinant le jour,
gardé pour l’éternité quand l’heure serait venue.
Ô, opéra de la vie qui les nomma Amour.
Et le Père grava leur nom en Poésie d’un murmure ému.
Quand la nuit engendra les ombres terribles,
l’essence céleste donna aux solitaires la connaissance
pour que jamais l’homme n’oublie la beauté des roses
portées sur leur chemin enluminé de garance.
Le mouvement venait de fleurir le temps à leur image
qui ne se finit jamais pour ses gerbes d’aurores.
Nous vîmes les roses de leur règne tisser les âges,
et du temps parfait, créer mille passés que tous ignorent.
Nourries de silence dans l’âme qui crée sans cesse,
elles s’ornèrent d’or que seul le soleil connaît de prières.
Jaunes, rouges, bleues, elles dirent la messe,
voyant la nuit achevée dans l’enveloppe de l’air.
Car de leur terre fertile à l’aube de la vie,
elles fredonnaient le sentier périlleux
pour le mérite de leurs parures lapis-lazuli,
que nul ne devine dans leurs astres laborieux.
Roses de nuit, rose du jour, vues à l’aube,
elles appellent l’émerveillement des regards levés
Ô hommes comblés d’une pareille beauté,
sans la saisir ni la voir d’un dieu Amour morcelé !
Car le Temps revient à son premier jour,
de sa première nuit, Ô, de l’incréé pour le tout crée,
son morcellement par le Fils redevenu Un dans l’Amour
dont Il orne toutes chevelures qui ne sont plus d’Eve.
Lapis-Lazuli
Roses de mon jardin ; photo personnelle
C'est un Petit Prince...
Qui est reparti
Comme il était venu
Laissant l'endroit
Triste et désert
Sans une rose
Grimpant sur un mur !
J'ai cherché le Petit Prince
Au clair de l'aurore;
La porte était ouverte,
Nul n'était besoin de frapper.
L'endroit était beau
L'endroit était bien fleuri
Mais aucune rose sur un mur !
Le monde est venu,
Des rubans verts glissaient
Je me suis pensée rose,
Alors j'ai été piquée
Du plus beau venin
Quand le monde a fui
Voyant le bout de mon nez.
J'ai cherché le Petit Prince,
Qui ignore que je l'aime bien,
J'ai cherché le Petit Prince,
Qui s'était envolé,
Retourné vers son astéroïde
Un autre jour de venin,
M-a-t-on dit.
J'ai vu un renard désespéré.
En ma pensée, il gémissait,
D'avoir perdu de vue l'amitié
À peine apprivoisée
À l'orée des champs de blés
Que l'aurore appelait
Que la couleur des blés pleurait.
J'ai cuit le pain
Le pain de la vie
Sous l’œil averti de l'ouvrier
Qui m'a dit :
« Ici , je fais ce que je veux !
On s'arrange entre nous ! »
Le pain a failli brûler
Et la vie a pleuré.
« Cette terre est à nous
Pour la comprendre
Il faut l'épouser ! »
« Mais moi, je suis d'ici ! »
Répondis-je.
« Non, tu n'es pas d'ici,
Tu es d'un pont que nous ignorons ! »
Je me suis sentie étrangère en ma terre
Que la lumière arrosait de clarté
Et j'ai cessé de chercher le Petit prince
Qui avait tout emporté
Parce que l'amour avait déserté.
L'endroit était beau
Et bien fleuri
Mais aucune rose sur un mur
Sous cette clarté divine !
Je suis repartie
Piquée par les serpents
Rejoindre mon astéroïde,
Un simple petit pont
Sur une rivière qui déroule son ruban.
A "Montaphilant"
A Geneviève, et Victor.
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