Béatrice Lukomski-Joly


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Celui qui connait la poésie, depuis qu'elle nourrit le monde, sait qu'elle est la plus subtile des pensées. C'est en elle qu'habite la vérité. C'est pour cela qu'elle paraît souvent hermétique aux commun des mortels.

Le roman est fait pour le loisir quand bien-même il est philosophique, alors que la poésie habite deux mondes et elle construit un pont entre les deux pour les relier.

Elle passe donc du profane vers le sacré et du sacré vers le profane sans cesse pour que le pont soit.

Le poète qui ne ferait pas ce chemin du profane vers le sacré et du sacré vers le profane ne peut pas être authentiquement poète. A ceux qui aimeraient le faire, qu'ils osent tout simplement,  se moquant de ce que l'on pensera d'eux, car je sais combien nous nous créons d'ennemis à parler du sacré en notre époque si glauque ! mais la poésie n'a jamais été autrement, même chez les poètes les plus sombres.

Je n'ai pas lu un seul livre de poésie des siècles passés sans y lire au coeur de ses vers la profondeur du sacré quelque soit son appartenance.

il faut réintroduire le chemin du profane vers le sacré et laisser le sacré descendre vers le profane si nous voulons rester pleinement humains.

Béatrice Lukomski-Joly - © 2021

Vendredi

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Tableau acrylique Béatrice Lukomski-Joly

 

C'était hier ; et demain est venu au présent,

Racontant son histoire pour un passé vivant ;

Rien n'a vieilli ; tout est là ; tout se mêle ; les ans,

Les siècles, nos vies, tous ces pas nous reliant !

 

Partie, la vie revient, son sac lourd d'offrandes ;

Une voix ; la joie ; se retrouver ; rien n'a vieilli.

Un enfant, un navire, un poème, une pluie,

Tout avance ! Ma mémoire révèle l'amande..

 

Les douleurs s'amenuisent ; les plaies se défont,

Mon cœur est allé fendre la nuit ; c'est vendredi.

Vénus chuchote : en ce jour où si peu pense, je te le dis,

Vois la volonté des enfers qui meurent. Prions !

 

Mon cœur a fendu la nuit ; la nuit parle et luit.

La lune a brillé ; le soleil attend son heure.

Mon dos plie sous la charge ; je pleure.

Il me dit : viens ! Suis-moi ! dès aujourd’hui !

 

Je prends demain dans mille étoiles se levant ;

C'est vendredi ; vendredi est long ; je meurs.

Avec vous, pour vous, je vais, plié de sueur ;

Je marche ; le bois crisse d'un pas du vent.

 

Je chute ; j'ai peur ; pas cette heure ! Vois !

Fleurs baignent dans l'éclipse ; le monde est muet.

Ma mère gîte avec moi ; vivre d'un grain de millet !

La vie coule d' abondance neuve. Vois !

 

Bras en croix, épaules fatiguées, mains percées,

Pieds épousés, je regarde le monde ; entends !

Chacun s'affaire pour mon calice ; Ô, Jean !

Terre devient ; je la foule, les genoux pliés.

 

Tout se tait ; oiseaux ne chantent plus ; je meurs.

Sept cors vibrent ; sept étoiles disent ma parole ;

Neuf mondes s'ouvrent ; d'ailes nouvelles volent

Cent pauvres hères ; douze devient onze ; demeure !

 

Lymphe et nectar ! Roses à leurs pétales s'ouvrent ;

Colombe chante dans le tourment ; J'ai soif.

Meurt le vin ! L'eau afflue ; terre me coiffe.

Et dans la main gémit une épine qui me couvre.

 

Tableau de Daniel Plasschaert

 

C'est vendredi. Lilas baissent leurs branches.

Source vive descend du tertre douloureux.

Corde se balance au pied des buis malheureux ;

C'est vendredi ; et Terre m'épouse d'une pervenche.

 

Wagner/Liszt - Feierlicher Marsch zum heiligen Graal aus "Parsifal", S.450 1/2

La Loire

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Louis Japy "paysage du bord de Loire"  

https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Aim%C3%A9_Japy

 

Ce soir, je pars faire mes premiers pas d'enfant,

sur le banc de la Loire que j'aime de sa grâce.

Ce soir, je rajeunis, car j'aime être sans âge,

moi, l'enfant chargé d'années que siècles envolent !

 

Ce soir, je n'ai plus d'âge ! Ai-je eu quelques années

que mes fleuves ardents, encore, me consolent ;

Blottie dans leurs belles courbes, je me souviens.

Ô ma Loire ! je suis Ligérienne, ce soir.

 

Te souviens-tu, canal, ami de mon fleuve,

combien mes années t'ont épousé, enlisée

dans ton sable blond que tu as glissé

à mes doigts, jouant dans tes eaux bleuies du deuil ?

 

Qui a vu mon "Martin-Pêcheur " * dans sa majesté

voler sous ma tonnelle, où grimpaient, sans décence,

mes rosiers, sait que j'ai déposé dans son lit

une pâquerette sur son cœur d'anniversaire.

 

Tu es absent ; sais-je pourquoi le Rhin te prit,

insolent de solitude, mes soirs de lune,

quand le soleil miroitait d'éclairs sur ta mousse ?

Combien de pâquerettes effeuillées sans toi ?

 

Je marchai, emmitouflée d'un capuchon rouge,

pour être moins gelée dans le blanc ciel d'hiver.

Elie-Anne chérissait tes flancs ronds qui, toujours,

portent ton nom, aux romans des jours oubliés.

 

Quand convolant sur le Loiret, près du moulin,

je vis l'onde être larmes ; je criai ton nom !

Ô ma Loire amoureuse de mes jeux, qu'encore,

Orléans s'en souvient et rit de mes années !

 

Diras-tu, Loire, si je t'ai manqué un jour,

quand, obligée, je te laissai à tes couchers ?

Que soleils m'attendent ! J'arrive ! Attendez-moi !

Je veux griffer tes berges de jeux innocents.

 

Ce soir, je ne suis pas là ! Je vogue sur l'eau

que la main de ma mère rapportait du puits rond,

comme le mirage tournant en rond toujours !

Pourquoi es-tu parti, ô mon tendre opéra ?

 

Je pars me promener sur le chemin de sable

menant au lavoir des jours espérés heureux.

Non ! Ne dis pas que le Rhin est plus souverain !

Nos fleuves meurent et l'Yonne fière rugit !

 

Te parlerai-je de l'Ain, qui nous a fait couple,

et que tu n'as pas vu dans sa gorge bruyante ?

Que les soupirs disent mon souvenir vieux d'âge,

que je meurs à mon âge, si vieille d'années !

 

La Voulzie n'avait pas ton joyau des dimanches,

que mon capuchon rouge meurt de t'avoir laissée !

Je me suis fanée longtemps, exsangue d'absence.

Est-ce pour cela que je suis vieille, ma Loire ?

 

Ne crois pas que j'ai cessé de penser à toi,

ô ma sibylline amie ! Voudras-tu, ce soir,

m'offrir ta dernière pâquerette ? Ce soir !

Je suis sans âge au bord de mon long canal bleu.

 

Liras-tu Novalis, couchée sur mon perron ?

M'émouvras-tu encor du rire de Cosette,

Que j'ai pris sous mon bras fort, sensible à mes nuits,

Triste de ne plus lire mon Roman élu ?

 

Ce soir, je suis si vieille, ma Loire ! Ma source !

Si, fidèle je te suis, c'est pour ta tonnelle

qui rêve ma poésie, que pour toi, j'écris.

Ô mon enfance ! je suis si vieille ! Ce soir !

 

https://mapio.net/pic/p-78271435/

Garage à bateaux à Olivet - Loiret -

* Martin-pêcheur", nom d'une maison habitée en 1964 le long du canal longeant la Loire

"Promenade du front de Loire"

L'attente

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Illustration " Maternité IV " de Chantal Parise, peintre lyonnais,

http://www.chantalparise.com/

 

Il était une fois...

Une onde silencieuse qui changea le cours du temps ;

Une onde légère, abreuvant d'amour, longtemps,

La pensée transie d'une errance folle de roi.

 

Il était une fois...

Une nuit imaginative, idéelle, magique,

Une nuit pleine d'espoir où la tragique ride

S'enveloppe de transparence moite, parfois.

 

L'âme, mille fois endeuillée, déchire ses nuages,

Parure d'un ciel crevassé qui, péniblement, déverse son miel,

Dans l'espoir d'une reconnaissance imagée.

 

Il était une fois...

Le toit bleuté aux mille astres de nos cœurs,

Et de nos ententes enfin réanimées à cette heure,

Étendait son immensité aux confins de nos orées d'un hautbois.

 

Il était une fois...

Nos vies matérielles, vies spirituelles, pour notre voile

Se levant au printemps de mars enneigé d'étoiles,

Que, renaissant dans la forêt, vibre le bois !

 

L'âme, mille fois endeuillée, scinde enfin son nuage,

Parure d'un ciel gercé qui, péniblement, déverse son miel,

Dans l'espoir d'une reconnaissance imagée.

 

Il était une fois...

L'invisible espace, théâtre éthéré de l'inanimé se levant,

Du palpable, des visions fugitives du mouvement,

Des vies d'en-bas, d'en-haut, pour nos ornements courtois.

 

Il était une fois...

Nos gestes incontrôlés, capables d'incroyables maîtrises,

Servant nos doutes que nos ego à peine enfantés, incisent ;

Que nos désirs, si vite enflammés, entraînent de nos voix.

 

L'âme, mille fois endeuillée, embellit ses nuages,

Parure d'un ciel levé qui, sagement, déverse son miel,

Dans l'espoir d'une reconnaissance brodée.

 

Il était une fois...

Le vent était ma caresse au pays de l'extase pure,

Et le rêve en l'esprit, si souvent défait, pour nos retrouvailles futures ,

Déployait ses ailes au pays de l'appartenance qui flamboie.

 

Il était une fois...

Nos destinées, ces vies qui lentement, sourdement,

S'appellent et se respectent, majestueusement ;

Nos vies se sachant liées s'impatientaient de joie.

 

L'onde silencieuse laissa bruire la brise,

Et chaque brin d'herbe frémissait d'attente claire.

L'aurore semait l'attente de mes nuits solaires,

Au pire des plaintes défaites, à jamais conquises.

 

La neige tombe !

Et part, enfin, ma tombe !

Elle arrive !

Enfin sur ma rive !

 

Faire-part de naissance :

«  Ah ! Je me réveille à peine ! »

Un ange m'a dit avant la descente

Combien la vie ressemble aux mouvements de la Nature.

Hommes ! ouvrez vos bras !

Ange ! ne ferme pas ta porte !

Je veux vivre, voir, aimer et servir. »

27 Mars 1984

Ange de Giotto di Bondone

https://fr.wikipedia.org/wiki/Giotto_di_Bondone

L'enfant doublé d'un ange

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Oeuvre personnelle, pastel sec BLJ, ( toutes photos non libres de droit )

 

L'enfant,  doublé d'un ange, d'un archange,

Toujours précédait mes pas ; aidait le destin.

Quand neige tombait drue, quand froidure dérange,

L'avez-vous vu m'assurer le chemin d'instinct ?

 

Quand elle marchait, hardie, l'âme résolue,

Le froid glacé reculait peureux devant ses pas !

Quand vint l'hiver et le gel de la vie absolu,

Elle fut le soleil réchauffant la nuit du trépas.

 

Nul n'aurait terni cette volonté dans l’abîme

Qui ramassait de ces ténèbres l'hideuse peur

Qu'ont les mères délaissées ; l'autre de la Dîme *

Parti ! Elle, était là, elle, venue d'ailleurs.

 

Ange habité, ange du secours, ange sévère,

Nul ne croisait son chemin sans être ébloui

Car des destinées menaçantes, elle, solaire,

Chassait l'hiver gelé blanc d'un geste fleuri.

 

L'avez-vous croisée, cette petite lumière,

Qui n'eut de ses années que le mot qui secourt,

Que la main en offrande, encor' jeune ouvrière,

Fait le thé à la bergamote avec amour ?

 

La neige revêtant la nature feutrée

Avait un goût de malheur dans l'isolement,

Et, elle, elle ! faisait scintiller mes soirées

Quand chaque flocon déposait son manteau blanc.

 

Y eut-il plus bel ange pur en cette vie,

Quand les jours sombres, les froides obscurités,

Étalaient leur drap transi, sa cape de survie,

Pour que mes os figés osent guérir fruités !

 

Soleil et lune s'inclinaient sur son passage,

Elle, revêtue de l'habit d'un ange, brillait.

À tant voir cette valeur, et ce fort courage,

Même l'étoile de Noël vers elle se courbait.

 

L'avez-vous vue se charger de l'amour utile,

Et de l'amour torrentiel sur les douleurs,

Que vous n'avez rien reçu du labour fertile

Si vous ne l'avez vue rayonner de chaleur.

 

Quand elle prenait un flocon bleu dans sa paume,

Quand elle dessinait une fleur au coucher,

C'était ses yeux neige consacrés comme un baume,

Une rose sauvée de l'auvent fracassé.

 

- Maman, tu me portes, je te porte, deux, ensemble ;

Chut ! ne dis rien, ne réponds pas ! ne parle pas !

Va balayer la neige et aimer, point ne tremble !

Je veille ; les petits vont bien ; c'est bientôt Pâques.

 

Quand neige et glace eurent bien meurtri mon église,

Et que vent plia le roseau, que chêne aux regrets

De sa verdure fut malade, fille insoumise,

Lava mes pieds couchés  - Ne dis pas ce secret !

 

Elle, dont la main fleurissait ma coupe d'ambre,

Sertie de tant de joyaux, saphirs et rubis,

Taillait d'une épée de cristal bleu mon décembre,

Qu'avril et printemps purent allaiter la brebis.

 

Quand bambin arrive, que sagesse est sa marque,

Elle, rien ne lâcha ; pépite d'or brillait.

Sophie engendrée babillait tel un monarque,

Dans ses bras ornés de lys, marmot brun jouait.

 

La nouvelle noce trahie d'un artifice,

C'est elle, dans le sein des pères sans levant,

Remplaçant l'absence, et embellissant l'office,

Qui serra leurs mains vides, forgeant l'acier brûlant.

 

Avez-vous vu passer l'enfant doublé d'un complice ?

Fille a grandi ; L'ange la ramène mes soirs ;

Neige a fondu ; l'hiver fleurit l'été ses narcisses,

L'ange est parti, l'archange aussi. - Va au pressoir !

 

Les beaux fruits ont offert leur jus ; la neige est pâle.

L'étincelle guidant mes pas dans le torrent

Est partie briller pour autres anges opales.

L'avez-vous vu briller, Julie, dans mon firmament ?

 

*la Dîme, nom d'une maison dans le Bugey

 

 

Beethoven - Moonlight Sonata

Jorge Donn, Bolero-1982, musique Ravel

𝙉𝙊𝙏𝙍𝙀 𝘿𝘼𝙈𝙀 𝘿𝙀 𝙋𝘼𝙍𝙄𝙎 𝙈𝙐𝙎𝙄𝘾𝘼𝙇 

d'après l'oeuvre de Victor Hugo

 

Le lys blanc et le nard

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Oeuvres de Anelia Pavlova

http://photocosmos.centerblog.net/18970-anelia-pavlova-peintre-australienne

 

Pleurez de joie quand je ne serai plus,

car du monde, j’aurais aimé Sa Nature,

et de Sa Nature, adoré Sa pensée pure,

Emportant en mon âme l’Amour absolu.

 

Souriez, quand mes bras vous cerneront,

car du souffle divin, j’aurais témoigné la vie.

Sa noce dans la blessure répandue vit.

Riez, quand mes lèvres vous effleureront.

 

Taisez le glas du chagrin, car je serai gaieté,

Attendue, car j’ai beaucoup aimé vos âmes,

Reçue de fleurs tressées, car j’étais femme,

Désirée des vitraux, car je les ai adorés.

 

Chantez quand je danserai parmi les astres,

Lorsque je serai la main tendue des Anges,

Travaillant dans la sagesse des Archanges

Qui attendent le fruit mûr en leur cloîstre.

 

Déposez dans ma corbeille parfumée d’encens,

Tissée de fils d’or et de soleil, vos mémoires,

Car de l’Amour, j’ai été Sa clarté et Son ciboire,

Et de mes silences, voyez la rose en mon sang.

 

Et que ceux qui ont déposé leur aversion,

Chantent épanouis, car pardonnés sont-ils,

Fleuris de lumières mauves fleurant l’huile

Des lys blancs et du nard en fécondation.

 

Déjà, j’entends la symphonie des oiseaux,

Et vois leurs nids vêtus de plumes légères.

Déjà, j’entends le souffle des ailes ouvrières

Et accueille leurs maisons faites de roseaux.

 

Le buis natte sa couronne pour cette floraison

Que je reçois de Leurs mains en Leurs Trônes,

Prenant mes pas comme jardin qui rayonne,

Et je vois mon retour, prosternée en Leurs oraisons.

 

de Anelia Pavlova

 https://www.facebook.com/anelia.pavlova.73

et https://www.annael.com/?fbclid=IwAR0y1r4sBbLyKOyBE74QZdVC3sQzjPtj6joTpMzWOCpDJ_1ftmvAQOExg1I_aem_AR5PuaHNr6ZL519uBzyArt6gUaQSKbMq_m1y3HR_HPn4vJclo1SqHMWtgg90voOvURaKW9JtDhXhjtxej5g91pD0

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