La cloche, l'oiseau et la frontière
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentairePhotos libres de droits
https://www.pikist.com/free-photo-ssdmy/fr
Quel est ce son mystérieux venant d’au-delà des frontières ? Quel est ce vol au lointain venu d’un ciel lumineux ? Et ce pas lourd des ours scrutant l’œil du faucon ? Et encore la lumière rayonnante caressant le blé ? La douceur de l’air au sein des saisons quand l’hiver fredonne son printemps au sacre de son rituel ?
De la cloche, des oiseaux, de l’énergie embrasant la volonté, de la joie solaire batifolant dans les champs, répond le silence qui parle.
D’où vient le son du cri hurlant sa colère et aussi sa haine ? Quel est le dieu aimant la nature au sein de la sienne foisonnant sa paix en son amour ? Quel est cet autre dieu diffamant la création d’où jaillit l’hostilité ? De quelle alchimie surgit l’immaculé amour sur les ailes des anges ? De quelle magie, aussi sombre que le nuage cachant le bleu du ciel et ses étoiles, s’esbroufe la colère noire ?
De la bouche de l’homme, du bien et du mal, de la sagesse ou de la discordance, assure la voix éclatante du cercle angélique, entouré du cercle archangélique et de toutes leurs gracieuses élévations pour l’unité et l’alliance des hommes. Le grain de sable collé à la semelle des chaussures est semblable à celui que picore l’oiseau pour créer la coquille de son petit à naître et de l’ennemi rentrant chez lui après avoir foulé le sol des frontières.
Qui tue un oiseau venu de loin manger le blé d’une terre étrangère ? Personne ! Car l’oiseau n’a pas de frontières, dit le cercle des anges. Il n’est ni le représentant d’un homme ou d’un autre, affirme-t-il encore. L’homme admire l’oiseau pour son vol et son chant, sa liberté d’aller sans prendre des querelles le son des voix tuant l’homme. Et l’oiseau va des uns aux autres, parce que là où pousse le grain est le sens de la vie. Si la semence est tombée sur le trait imaginaire d’une frontière, quel oiseau ira lutter contre son semblable pour l’empêcher de se nourrir ? Aucun. Sage est l’oiseau. Et l’oiseau dit qu’une seule goutte d’eau de l’océan, des rivières, des étangs et de la pluie, appartient au monde, car elle secourt l’homme, la terre, l’animal et le grain.
Et au chant mélodieux des oiseaux répond l’hymne de paix des cloches qui n’a pas davantage de terre ou de frontières. Elles jouent le matin, le midi, le soir, les heures et les événements de la vie lors des baptêmes, des mariages, des deuils. Elles clament le son de l’entente fraternelle réunissant les hommes en un chœur joyeux malgré, parfois, leur tristesse, parce qu’elles ne sont pas nées des hommes, mais du cercle des archanges pour leur faire entendre la raison de la différence utile entre tous.
Aussi, viennent l’ours et le faucon, unis dans l’âme de la nature que l’esprit épouse, parce qu’ils ne sont que l’image de nos qualités et aussi de nos défauts, que leur forme magistrale enseigne au regard clairvoyant dans sa bonté venue des années de conscience. Point de frontière à leurs pas ou leurs vols entre les terres, car la terre est une et le ciel est un. Sève arrosant la nature tel le sang honorant toute la création, montrant la pureté en elle pour que l’homme comprenne qu’il est un, ami de l’ours et du faucon.
Parlent le blé et l’orge, l’avoine et le seigle, le maïs et le riz, d’une seule voix pour apaiser la faim de l’homme abreuvé du même nectar céleste. Témoignent le rouge-gorge se nourrissant près du chardonneret et du merle, de la mésange et de la colombe, d’un battement d’ailes qui ignore ce qu’est la couleur de leur plumage.
Même le serpent terrestre franchit la frontière sans la connaître, parce qu’il est animal voué à l’entretien du sol et de la terre, et qu’il ignore que l’homme est plus vil que lui ; qu’il méconnaît l’image terrible d’un autre à l’œuvre ayant certes son apparence sans être lui. Il y a des rosiers qui donnent sept fois une rose, car nous les avons aimés. Il y en d'autres ne fleurissant qu'aux jours beaux, car l'homme ignore ce qu'il est.
Qui entend le son de sa pensée malveillante sait qu’il œuvre pour le peuple des âmes noires et engendre la guerre. Qui entend sa bienveillance dans la pupille témoin de la lumière connaît la grâce de la paix, disent les chœurs célestes servant la clarté et sa transparence.
Brille, entre et pour tous, le soleil dont la lumière éclaire la vie, offrant son amour au grand verbe croître quand la nature se marie enfin à l’homme, homme de toutes les couleurs, de toutes les religions, de tous les pays, quand ils ont su reconnaître que les hommes sont tous d’une même création fraternelle dans laquelle l’agressivité n’a pas d’accord. Ni en musique ni en pensée.
Et, la cloche se met à chanter à l’heure de midi, et aussi de minuit, rappelant qu’à ces heures, l’homme doit manger le grain comme l’oiseau ; doit dormir pour se ressourcer d’esprit et aimer le jour et la nuit parce qu’ils sont communs à tous dans le don fait à l’homme devant leur ressembler : aimer l’un et l’autre, aimer ce qu’ils sont de Nature semblable, parce qu’une cloche aime qu’un oiseau se pose sur le faite de son clocher.
Grande volée des 8 cloches de l'église Notre-Dame de BAR-LE-DUC
Lorraine France