Béatrice Lukomski-Joly


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LA GLOIRE DU CYGNE

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Tableau "le cygne" de Berthe Morisot

https://fr.wikipedia.org/wiki/Berthe_Morisot

http://dimitrisalon.blogspot.com/2010/11/peintre-berthe-morisot.html

 

 

C'est dans le plein midi, quand soleil est au zénith

Que le cygne a prosterné le cou, rendant l'esprit à la terre.

De la foule des oiseaux volant dans l'azur ombrée d'éclipse,

Je l'ai vu dans la lumière des horizons sans limites.

 

Oh ! que vous dirais-je de son large plumage royal

Quand le sang de ses pieds a étanché le sol austère

Et encore dire des rivières qui se sont abreuvées du nectar marial

L'élan des oiseaux ayant vu de la blessure le geste prénuptial ?

 

Là, dans le demi-jour que terre a dessiné, hospitalière,

Il a pleuré d'un sacrifice ultime réalisé dans la mort.

Le peuple des oiseaux a accueilli son visage de lumière.

Je le revois, dans son manteau rouge, l'esprit en prière.

 

Puis, le soleil s'est éclairci, rendant à son dévouement

Tout le firmament à la voûte étoilée que l'esprit adore.

Le vent s'est tu dans le silence que le vent aime de l'an.

La rose s'est inclinée face au sacrifice du lys au printemps.

 

Puis... puis...

 

La musique des sphères a joué d'un luth de palissandre

La symphonie des oiseaux qui l'aiment, éblouissant.

Le soleil a appelé à aimer la nature et les graines de coriandre.

La nature a loué le chant du cygne que le chant aime répandre.

 

J'ai vu tant d'oiseaux s'élever le jour ; et aux nuits éclatantes

J'ai vu sa parure guérir au soleil pour l'adorer rayonnant,

Chaque jour, saisir ses mains aux arcanes florissantes.

Je l'ai vu s'élever si haut de grâce aux grâces éclatantes.

 

Oh ! bel oiseau au vol déployé des dimanches levés,

A-t-il levé son amour aux amours terrestres qu'il regarde,

Que voyant enfin son essor dans la liberté donnée,

J'ai dit au cygne ma flamme et ma grande fidélité.

 

Le ciel s'illuminait plus puissamment qu'un embrasement,

Plus fort qu'un psaume que les rituels empruntent à Sarde.

Levé dans l'éther, les ailes fleuries de blancheur au firmament,

Il aimait sans mesure l'homme qui l'a blessé dans le vent.

 

J'ai vu mon beau cygne se relever à chaque pas tombé.

Je l'ai vu saisir mes mains tendues sur son chemin,

Telle ma fleur céleste qui essuie la rosée perlée

Jusqu'à me prendre sur son cœur renouvelé.

 

Je ne peux plus adorer autre oiseau, mon cygne revenu de la mort.

Dans son corps de lumière, je suis sa plume qui l'aime, humain.

Il m'a dit que tous les hommes sont frères depuis la nuit du septuor

Et que seule l'ombre abîme ces cygneaux titubants aux pas du condor.


Puis, Puis !

 

Dessin Jacques Lévy

 

J'ai vu le vent et les fleurs relever leurs visages repentant

Les pierres créer des montagnes, les forêts ourler des chemins,

Les eaux marteler les cailloux après l'orage pénitent.

Le sang des blessures avait parfum de rose vibrant.

 

J'ai pris mon encensoir et ai, à ses ailes étendues, pris

Le plus fort des parfums, le nard, pour célébrer le carmin

Que sa tombe a oint dans le rayonnement de l'aube accomplie.

Mon cygne vole si haut qu'il est devenu la flamme de l'esprit.

 

Dessin de Jacques Lévy
 

Notre Dame

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Illustration de Notre Dame telle elle était au Moyen âge

 

Notre Dame, de mémoire vive de jadis revenue,

Qu'as-Tu fait de ton feu dévorant, au transept éclatant,

Au cœur de Ta douleur transpercée d'un vif serment,

Pour ainsi éclairer la nuit des jours anciens retenus ?

 

Te souviens-Tu des ondes roulant la nef Montjoie,

Les esprits aériens enchantés des reliques d'Orient,

Que nos mains levaient face au Levant vers l'Occident,

Que nous aimions de l'Ordre, à corps pliés de nobles lois ?

 

Revois-Tu nos cœurs palpitants tels de joyeuses âmes,

Quand adoubés du sacrement, adombrés par ton voile,

Nous enchantâmes Ton verbe pour Ton Fils en gloire ;

Non nobis, Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam.

  *

Notre Dame, nous revois-Tu portant les objets saints,

Marchant pieds nus, allant sans plainte aucunes,

Du parvis de Saint Etienne de Sens pour nos lacunes

Laissées à Villeneuve l'Archevêque, Ton douçain ?

 

Pommier portait son fruit ; fruit engendrait son toit ;

Et au faîte de nos vies enfin ragaillardies,

Tu dressas en terre céleste le don de vue, depuis Syrie,

Pour Tes roses à Damas, cueillies à dos de nos comtois.

 

Te souviens-Tu, Notre Dame, de nos pieds blessés,

Et encore de la lance traversant ma hanche,

Dont le premier miracle fut d'être en vie un dimanche,

Quand feux grégeois griffaient le ciel et nos tentes cendrées ?

 

Revois-Tu, Ma Dame, cet élan infini d'Amour séant,

Un bout de bois, une couronne, une étoffe de soie,

Que nous rapportâmes d'allégresse et d'une seule voix,

Pourtant en mémoire sur la face de l'océan ?

 

Jamais, je n'ai oublié, Ma Dame ! et en cette vie, re-né,

Dont tu paras ma mémoire de vifs souvenirs si présents,

Je pleure le transept léché de flammes, comme d'antan

Notre ciel, pourtant nanti de Ta Grâce pour ces années.

 

Oui, ce bois en croix, cette couronne, cette soie, cet Adam,

Méritaient bien un hommage à Ta face vénérée,

Que ni le temps ni l'espace n'ont de mémoire atténuée,

Toi, Reine de tous les parvis d'Orient et d'Occident

 

Gravure du XIX ième siècle " saint Louis rapportant les saintes reliques à la cathédrale Notre Dame de Paris 

* Auteur du tableau inconnu. M'informer si vous en avez connaissance.

 

 

Le cheveu blanc argent

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Tombe le jour

En plein jour, 

La nuit sous la lune,

Les étoiles sur la dune,

Le soleil sous la pluie,

Au jour est la nuit,

À la nuit est le jour,

Tombe le jour !

 

Le crépuscule est aurore,

L'aurore, le bouton d'or,

Ses levers, des typhons,

Mon émoi se fond.

 

Des offrandes, des amandes

Ces offrandes, des andantes

À mes loins, mes mains

Posées sur des satins. 

 

Poètes, qui m'aimez

Mes verts émeraudes adorez,

Qui de mes nuits

Quand je suis

Loin des tourments,

Proche des serments

De vous, affamée

De rimes acclamées,

Parturiente modèle

À mes citadelles 

Amante et amie fidèle

Oui, fidèle !

Oui, citadelle !

Génitrice de voyelles

Que l'esprit conçoit

À l'orée des bois,

De rayons flammés,

De mots enflammés

Je vais, âme en peine

Mais à peine !

 

Parfois heureuse

Jamais amoureuse

Mais d'amour aimant,

Au feu des catharsis, l'élan;

Encore de liesse

De détresse

Sous le saule

Sur l'épaule

Douloureuse,

Mais pas ombrageuse.

 

Je vais sans l'ombre

D'une ride sombre

Ni l'ombre d'un rire,

Armée d'un sourire.

 

Légère

Amère

Lourde

Gourde.

 

L'âme vilipendée

Le refuge loué,

Je cours

Sans détours

Dans la ligne arrondie

Que la courbe parodie.

 

De poèmes en miettes,

D'amour aux poètes,

Qu'au temps j'ai volés

Que le temps m'a volés

Au ciel des firmaments

J'ai levé de froment.

 

J'ai écrit Liberté

Sans fragilité

Aux fronts rondelés

De mes envolées. 

 

Faut-il être bien-né

L' âme confinée

Sous le héraut,

Sous les barreaux

Des exigences

      Sans confiance.      

 

Serai-je la goulue

Que la fronde a voulu

Aux émois de la nature

Aux poèmes de pâture

Quand fleurs m'embrassent,

Quand émotions me brassent,

Aux calices des lys

Complice de la physalis

Qu'aux pétales mariée,

J'ai aimé la fleur épousée

Qu'aux roses j'ai rêvé

La larme à l'oeil enclavée ?

 

Sans malice,

Farouche aux délices,

Des adoubements,

Des accouchements,

Des sacrifices,

Des Artifices !

 

Tombe le jour,

Naît le contre-jour,

Vient la tombe

L'outre-tombe

Sans palombes

Sans colombes.

 

Le cheveu blanc argent

Auréolé de vif-argent

Naît,

Paraît

À l''antre de la chimie

Pour le feu de l'alchimie.

 

Symphony No. 9 ~ Beethoven

Il peut y avoir...

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Photo du site pixabay ; libre de droits 

https://pixabay.com/en/tree-nature-sunset-landscape-grass-3236810/

 

Il peut y avoir des nuages dehors,

En moi, vit la lumière ;

Il peut y avoir de la pluie dehors,

En moi, luit la lumière.

 

Il peut neiger d'un ciel naufrage,

En moi, la chaleur règne ;

Il peut trembler dehors, d'un orage,

En moi, paix a son règne.

 

Il peut y avoir dehors pierre qui roule,

En moi, c'est terre fertile ;

Il peut y avoir un arbre blessé sous la houle,

En moi, c'est feuilles indélébiles.

 

Il peut tonner jusqu'au matin, demain,

En moi, c'est le calme volubile* ;

Il peut paraître un éclair sur le chemin,

En moi, c'est un trait immobile.

 

Il peut y avoir un loup hurlant dehors,

C'est toujours étonnée que je suis ;

Il peut y avoir une fleur fanée, dehors,

En moi, la rose vit et fleurit.

 

Vous pouvez me soustraire à la vie,

La vie m'élève, la joie revient.

Vous pouvez médire, une lèvre vide,

Le Verbe me rétablit ; peine va et vient.

 

Il peut y avoir des larmes dedans moi,

C'est l'Amour souffrant vos oublis ;

Il peut y avoir des tristesses en moi,

C'est l'Amour priant vos âmes affaiblies.

 

Vous pouvez cueillir un épi de blé,

C'est une rose dorée que vous m'offrez ;

Vous pouvez m'offrir un baiser,

Seul moi sais si vous me trahissez.

 

Sans doute, m'avez-vous pensée étrange,

Souvent ! trop souvent !

Parfois, m'avez-vous dite bel ange,

Rarement ! pourtant émouvant !

 

Il peut pleuvoir, neiger, tonner, trembler,

En moi, l'Ange me relève toujours ;

Je peux entendre crier, hurler, blâmer,

En moi, le Verbe réchauffe l'Amour.

 

*Volubile : entendre ici le sens dans la définition du mot : "qui s'enroule telle une liane grandissant sur un arbre, telle une volonté fixe, telle une tige s'accrochant de ses noeuds forts à son arbre de la terre en ses racines, vers la cime épousant la face du ciel."

 

Tableau d'Andrey Alekseyevich Shishkin peintre Russe

peintre contemporain né en 1960

 

 

 

Comme à nul autre pareil

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Souffrir le monde comme à nul autre pareil,

plaindre et pleurer sur sa terre,

sur la souffrance de Demeter,

la voyant gémir son Graal pourtant vermeil.

 

Se réveiller sans avoir de nuit dormi

pourtant sensible, pourtant endormie,

le cœur triste, ensangloté*, ma Mie,

te dirai-je mon âme lourde, bel Ami ?

 

Figée dans la laideur des âmes,

leur immobilité éprise de dureté,

que vous dire mes célestes, mes déités,

de ce chagrin épousant le sort des hommes ?

 

Blessée comme à nul autre pareil,

de voir tant d’êtres souffrir leurs vies,

la pensée ensevelie par l’inertie

que regarde chaque jour la Lumière.

 

Se lever la nuit, de jour, pour braver et résister,

prenant du sommeil la parole de l’Ange

enseignant nos tombes et leurs louanges,

quand souffrir le monde est une vertu donnée.

 

Oh solitude !

Ô solitude ! 

Comme à nul autre pareil ;

comme à nul autre pareil !

 

* Mot licence poétique, de sanglot

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