Les fruits du rosier
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaireNous sommes les fruits du rosier lorsque aimer n'est plus un mot sans substance.
BLJ
Nous sommes les fruits du rosier lorsque aimer n'est plus un mot sans substance.
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Il faisait nuit et la nuit dormait. La nuit éveillée est une nuit consciente d’elle-même qui disparaît dans la lumière. Elle n’est plus que la nécessité du corps physique sans plus être la nécessité de l’aveugle. La nuit voit la lumière et lui dit sa joie d’être en elle, un flambeau de vie. Aussi, l’homme invisible, tout à la fois visible, revint visiter l'Esprit qu’il aimait. Il l’appela dans la nuit pour pouvoir, la rencontrer de jour, près de l’écluse. Elle vint.
Elle s’assit sur l’herbe et caressa chaque brin d’herbe, les voyant sublimes de beauté offerte, dans l’Amour qui les revêtait depuis leur création.
Une rose d’un rouge carmin sublime, au parfum troublant et paisible, l’avait attendue sur la berge que le printemps avait refleurie depuis l’été dernier. La rose était imposante et majestueuse. L’herbe sur laquelle elle reposait était un autel divin sur lequel nous pouvions partager l’offrande de la Cène, indéfiniment. Éternellement. Sur ses pétales étaient écrits ces mots en lettres d’or : Je suis là, ici et ailleurs, ouvre à nouveau les yeux. C’est de la rose qu’elle le vit venir, prenant place à ses côtés. Il l'enveloppa de ses bras comme il l’avait fait jadis lors de la neige tombée du toit pour lui sauver la vie. Il la voyait pleurer sans pouvoir retenir les nuages qui l’accablaient.
Il dit : « Tu m’entends de mieux en mieux. C’est bien. Je connais cette peine qui tisse tes jours. Un jour, peine et joie ne feront qu’une comme elles le furent pour moi au pied de la croix. La souffrance est joie quand elle communie avec Lui. Quand la souffrance reste souffrance, elle est de l’homme, non pas du divin accompli en l’homme. La souffrance doit devenir joie. Car elle est un don sacré. Je suis heureux de te voir souffrir. Cela doit être. Dis-moi la raison de celle-ci. Mets-la en mots.
- Ma vie durant, je fus accablée et affligée. Tant d’amis devenus des ennemis sans que j'en comprenne le fondement et l’épreuve, pourtant parlant du Verbe que j’ai vu, ayant pardonné chacun et demandant pardon si j’en étais la cause. Quel que soit le sens du pardon, chacun l’évite, ne sait pas le recevoir, ni le demander, moins encore l’accepter. Il est pour eux comme une blessure provoquant une fracture. Il est une grande idée entre les lèvres, mais n’a pas encore abouti son principe dans le baume qu’il dépose sur les fronts n’ayant pas grandi en humilité.
- Et…
- Je souhaite en connaître le procès.
- Pourquoi dis-tu le mot procès ? Demanda l’homme habillé de la rose sur l’herbe.
- Il vient à moi comme un souvenir. Tu étais là. Tu regardais, comme nous, laissant ce qui devait être, se réaliser. Tu savais déjà, alors que nous ignorions la portée du grand mystère dont tu avais la garde et le secret, sans dire mot. Tu laissais nos libertés agir, nous observant, déjà nous scrutant de tes yeux ouverts. Seuls, deux prêtres Le défendaient.
- Et…
- La voix du Seigneur a fendu par deux fois ma nuit, me disant les mêmes mots. La première fois, en ce Temps-là ; la seconde en cette vie, quand ce ne fut pas, aussi, de jour, lors de notre mission en terre bénie, que j’en écrivis mon Credo.
- Quels furent ces mots que je connais et demande à réentendre de ta bouche ?
- Il me dit : Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. Il ajouta : pour que le monde soit sauvé et vive par Lui. C’est ce qu’Il me dit dans ma nuit ensoleillée. Ces mots ont accompagné mes jours.
- Est-ce là ta souffrance ?
- Non ! Ma souffrance vient de tous ceux qui m’ont affligée, jusque dans le détail d’une destinée, dans tous les actes que j’ai faits, à cause de ce Verbe tout-puissant qu'ils n'ont pas entendu. À les croire, je ne serais qu’une mauvaise femme mordant leurs chevilles. Je ne comprends pas."
L’homme de lumière, assis dans la rose rouge-sang fleuri sur l’herbe aimée, dit : « Je ne t’ai pas sauvée la vie pour que tu sois en paix ni pour te confiner dans un quelconque bonheur, mais bien pour que tu nous sois semblable, t’ayant connue lors de ce procès et avant. Trois vies depuis ce midi, cette éclipse, cette résurrection.
Tous te trahiront. Ne t’ai-je pas dit que tu seras riche d’ennemis ! Il en sera ainsi, car tous ont été le complice de Judas. Judas devait agir ainsi, tu le sais, cependant chaque membre du Sanhédrin avait son libre-arbitre afin de ne pas s’allier à Judas. Certains ont eu peur et d’autres avaient la rage au cœur. Nous espérions davantage d’amis en son sein. Cela ne le fut pas. Ils ont agi telle une meute de loups que le Seigneur appelait la race de vipères, de ceux qui n’avaient pas évolués, de ceux dont l’hypocrisie était un fardeau pour lequel Il était aussi venu. Rien ne peut rester en arrière. Il leur fallait te retrouver. Pour te retrouver et être avec toi, il leur fallait d’abord être ton ami, ami sincère ou ami hypocrite encore et encore, jusqu’à ce que le karma les désigne sur ton chemin, aidée d'un ami.
C’est parce que sur la fin de ta vie, tu les reconnais, qu’ils se manifestent tous dans leur zèle à t’offenser. Aucun ne sait qu’il fut membre du Sanhédrin. Le sauraient-ils qu’ils regimberaient et commettraient pires actions contre toi. En cette vie, pour se rédempter, ils sont venus pour reconnaître le mal lorsqu’il sera incarné de chair et d’os, se frottant à toi comme autant d’épines racontant la rose sans l’avoir encore vue ni comprise. Beaucoup d’entre eux chuteront lors de cette incarnation. Car ils croiront reconnaître leur maître, en le reconnaissant effectivement à l’heure venue, balayant tout ce qui fut leur idéal. N’ont-ils pas commencé, se vautrant dans l’injure qui n’émane pas de l’Amour, pourtant le prêchant telle une idée, non pas telle une pensée faite de substance solaire ? Comment pourraient-ils accepter ce que fut cette autre vie ne l’ayant pas vue ?
Tu le savais.
C’est pourquoi, je t’ai sauvée trois fois. Tu souffriras encore et encore."
Ainsi, l’eau baignant la nature et l’écluse près de la rose fleurie venaient de révéler la vie à la fontaine des destinées, les âmes qui ont leurs pieds baignés. Avant de quitter la rivière et ses chaloupes, ses arbres et ses fleurs, il s’inclina devant elle, puis ensemble, ils s’inclinèrent devant l’oiseau venu sur un épi de blé, s’inclinèrent ensuite devant la Nature endimanchée, resplendissante de vie, et s’inclinèrent devant la terre et ses minéraux qui brillaient pareillement au cristal enfin advenu en leurs chemins liés pour leur éternité. Il lui offrit sa rose rouge qu’elle effeuilla pour que sept pétales ornent ses cheveux, tel, il l’avait souhaité trente-trois ans en arrière.
Auteur inconnu, photo Pinterest
L’Amour est une fleur qui, jamais, ne se fane,
adorant toutes les couleurs de Son sentiment,
insondable quand Il aime fleurir une urne,
quand Il pleure le geste perdu né d’un élan.
Allant Son chemin, le dos voûté, le pas meurtri,
ou les yeux levés vers Son empyrée, Il espère ;
espère être le soleil de toute âme bleuie
pour ne plus s’inonder de larmes amères.
Il a des ailes insaisissables en plein vol,
car de Son cœur angélique, souvent muet,
Il baigne les prunelles solitaires, les console,
sacrant les blancs pétales purs du muguet.
Engendre-t-Il la vie, sagesse née du destin,
qu’Il ne garde en Lui que Sa quintessence
lorsqu’Il fleurit soulevé par les Chérubins ;
et entre nos mains, entend l’existence.
En Lui, rien ne gémit des offrandes offertes
quand la fraternité est pure et mélodieuse,
déposant avec l’Archange, le fruit du prêtre
qui a aimé au-delà de l’attente religieuse.
Toute grâce est un bienfait guérissant,
sublime bénédiction ne réclamant rien,
sinon l’Amour couronné vers Son levant
pour avoir consacré Son nom en nos gardiens.
Il clame Son Verbe immaculé dans l’acte pur
n’ayant pas été entaché par le soi intime,
et l’âme soulevée de Son Amour dans l’azur
révèle Son ministère sans regrets ni abîme.
de Viktor KISS
artiste polonais né en 1902 et mort en 1940.
Gravure anonyme XIXe siècle. © Leemage via AFP
Issue du site :
Transpercée de flèches, va l’âme meurtrie,
aimant l’ordre que le calice de la rose célèbre,
et berçant de très-Haut le chant de la parole de vie,
Il prie en chacun de nos pas qu’il forge de Son Verbe.
Écorché va le corps de sentiments
ayant vu l’ombre travailler pour la lumière,
en la combattant d’opprobres, d’avilissement,
de mensonges et d’hypocrisie en Sa prière.
Abreuvé est Son monde portant la rose
quand un seul pétale révèle la coupe fleurie,
déposant l’élixir de l’Amour de la fleur éclose
sur l’âme dorée dans Sa métamorphose.
Joyeux est l’astre éclairant toutes choses,
car Il chante l’amère leçon des hommes,
prise en soi pour tous, étoilé en Son Sein et se pose,
dessinant Sa promesse en Sa foi qu’Il rayonne.
Et, regardant le nombre de Ses disciples,
aussi de Ses témoins et des foules de jadis,
Il voit œuvrer Son nombre revenu d’un long périple,
et avec eux, traverse l’enfer pour Sa justice.
Ici, André, là, Jean, ici, Jude, là, Pierre,
ici, Nicodème, là, Mathias, ici, Simon,
tous revenus ici-bas, pour nous, d’hier,
et là, Marie de Magdala, de tous, le carillon.
Rayonnants, sont-ils, prenant du monde, la faute,
et le sceptre-juge dans le cœur, ils bercent Sa voix.
L’âme douée de fleurs ourlées d’or, ils adorent,
et, leur Pentecôte, et la résurrection du Roi.
Eux, dont nul doute n’habita le sacrement,
vont parmi nous, caressant nos robes,
de peur de nous froisser de les savoir présents.
Les blessez-vous qu’ils sourient, nous aimant.
Égratignés et lacérés de Nos lourds méfaits,
ils pardonnent, offrant, au Père très haut,
leurs larmes, pour Nous versées, pour tout bienfait.
Dans le monde, vont-ils, qu’ils en sont nos hérauts.
Transpercée de flèches, vont leurs âmes meurtries,
aimant l’ordre du calice que la rose célèbre,
et berçant de très-Haut le chant de la parole de vie,
ils prient en tous nos pas qu’en Lui, ils créent Verbe.
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Transpercée de flèches, vont leurs âmes meurtries,
aimant l’ordre du calice que la rose célèbre,
et berçant de très-Haut le chant de la parole de vie,
ils prient en tous nos pas qu’en Lui, ils créent Verbe.
Égratignés et lacérés de Nos lourds méfaits,
ils pardonnent, offrant, au Père très haut,
leurs larmes, pour Nous versées, pour tout bienfait.
Dans le monde, vont-ils, qu’ils en sont nos hérauts.
Eux, dont nul doute n’habita le sacrement,
vont parmi nous, caressant nos robes,
de peur de nous froisser de les savoir présents.
Les blessez-vous qu’ils sourient, nous aimant.
Rayonnants, sont-ils, prenant du monde, la faute,
et le sceptre-juge dans le cœur, ils bercent Sa voix.
L’âme douée de fleurs ourlées d’or, ils adorent,
et, leur Pentecôte, et la résurrection du Roi.
Ici, André, là, Jean, ici, Jude, là, Pierre,
ici, Nicodème, là, Mathias, ici, Simon,
tous revenus ici-bas, pour nous, d’hier,
et là, Marie de Magdala, de tous, le carillon.
Et, regardant le nombre de Ses disciples,
aussi de Ses témoins et des foules de jadis,
Il voit œuvrer Son nombre venu d’un long périple,
et avec eux, traverse l’enfer pour Sa justice.
Joyeux est l’astre éclairant toutes choses,
car Il chante l’amère leçon des hommes,
prise en soi pour tous, étoilé en Son Sein et se pose,
dessinant Sa promesse en Sa foi qu’Il rayonne.
Abreuvé est Son monde portant la rose
quand un seul pétale révèle la coupe fleurie,
déposant l’élixir de l’Amour de la fleur éclose
sur l’âme dorée dans Sa métamorphose.
Écorché va le corps de sentiments
ayant vu l’ombre travailler pour la lumière,
en la combattant d’opprobres, d’avilissement,
de mensonges et d’hypocrisie en Sa prière.
Transpercée de flèches, va l’âme meurtrie,
aimant l’ordre que le calice de la rose célèbre,
et berçant de très-Haut le chant de la parole de vie,
Il prie en chacun de nos pas qu’il forge de Son Verbe.
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"La Cène" de Léonard de Vinci - Milan -
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_C%C3%A8ne_%28L%C3%A9onard_de_Vinci%29
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Louis_Welden_Hawkins_(6).jpg
"Le voile" de Louis Welden Hawkins, 1890
Le silence va tranquille,
fertile de prudence,
sans œuvrer de bruit
car point, il n’aime l’éclat.
Mesuré, il va à pas lents,
et encore d’une certitude,
estimant le chemin
en sa longueur.
Il va confiant, sûr de lui,
riche de son ascétisme
qu’il offre au temps,
ami de sa mesure.
Jaillit la pudeur de son être ;
et en sa tempérance
qu’il estime,
est une valeur.
Point, il ne connaît le cri,
guère plus la colère,
laissant penser la vie,
connaissant leur ruine.
Il mène sa barque
sur des flots constants,
sans vagues,
sans peur intérieure.
Est-il une force
qu’il ne se hâte jamais,
afin de ne pas blesser de mots
sans gouvernail.
Il est l’ami de la Parole,
et sans rien dire,
fait du Verbe son confident,
car le Verbe n’est pas vêtu de boue.
Mouvement sans abordage,
il n’avance d’aucun élan
que les excitations ternissent,
en prenant le temps d’être.
Pendant qu’il pense,
réfléchit et médite,
il avance sans sarcasmes,
sans marasme.
Noble sans fierté,
noble sans être d’injures,
il est l’allié de la patience,
quand il devine l’urgence.
Le bruit l’affirme outrage,
querelle et discorde,
ne voyant pas son jardin
que les fleurs témoignent.
Irrite-t-il le scandale,
car il ne veut rien dire,
qu’il laisse au vent le tumulte
impétueux et infernal.
Jamais une rose ne le dédaigne
ni un diamant ne le méprise,
aimant du silence sa Nature
que le Verbe au Cénacle a béni.
Le silence est un temple,
un monastère de prières,
que nul ne peut rompre
d’un ton violent.