Thyphon
Suspendus aux lèvres du temps hagard
que le très terrestre esprit regarde,
va le nombre mi-conscient, endormi,
s’enliser au fond du mensonge en son lit.
L’ennemi n’est point démasqué, va, court.
Son masque rit son grime ravi de son discours.
Celui criant, point n’est blessé mais se prosterne.
Allant clopant, nez coulant, et vous berne.
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
On dit que ; on se tait ; on va où souffle le vent,
belle convention des vanités lors leur temps !
La route est tracée ; le genre humain boite,
si pervers, mais se croyant bon, et l’autre convoite.
S’éloigne du genre divin et clopine extrême.
L’ennemi est un autre qui n’est pas son carême.
Ainsi se ronge le sang de mille âmes sans lys
qui n’ont jamais vu une seule rose fleurir.
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon
C’est l’histoire depuis des siècles l’affirmant.
On tisse ; on tricote ; on coud la misère au firmament
pour que les différences soient assassinées.
L’éloquence décède parce qu’elle est vérité.
Attend la loyauté depuis toujours après les drames.
Son vêtement laissé sur l’envers de sa trame
voit les charlatans qui donneraient à croire
qu’il est à l’endroit, et chacun le croit ! Voir !
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
J’ai vu gémir, crier, mentir l’assassin
qui veut de sa patrie, comme autrefois le Sarrazin,
tuez le frère, cet homme ! Puis, libre sans liberté,
déjà, il tremble aux Nues tel l’errant dans sa nuit.
Le Malin n’est pas toujours où on l’attend de sa lame.
mais là où on le voit œuvrant de ses armes.
Il forge le bras en l’habillant de ses tentacules
et la main armée prend pour nom « Haine ».
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
Sur ses cheveux jadis blonds que la mort a blanchis,
la lèvre à peine maudite éclate de rire en son logis,
feignant le sanglot pour qu’on la plaigne.
Va petite ! Ta terre est loin ! Elle saigne.
Et le blé continue de fleurir après avoir mûri
si Dieu lui donne le temps de naître appauvri,
car mûrir n’est que le second pas de mourir
dans la folle tragédie que crient leurs rires.
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
Hercule et l'Hydre, vers 1475, Antonio del Pollaiuolo, (Florence, musée des Offices)
Les gens croient aimer et en réalité n'aiment pas.
Je n'en vois aucun.
Je ne vois que des egos imbus de soi.
Triste.
BLJ
Acrylique : tableau, œuvre personnelle inachevée "auto-portrait"
Nul ne peut être assujetti à un autre pour un besoin personnel. Le désarroi entraîne la peur de perdre une partie de soi et engage l'homme vers une pente descendante sur laquelle la peur domine la conscience et enchaîne la réflexion. Elle contraint à des contre-vérités qui espèrent volontairement ou mécaniquement l'enchaînement de sa pensée. Elle expose au mensonge par l'attraction, sous la contrainte subjective. La peur de perdre un bout de soi par une malveillance entraîne par le fait du battement d'ailes du papillon des actes que le monde accumule pour sa perte. Il nous faut alors montrer une grande vigilance pour ne pas sombrer dans le dédale des vérités falsifiées qui voudraient arriver à ses fins sans faire cas de ce que mensonge remet au monde et à l'humanité.
Nous ne pouvons donc pas, en l'occurrence, céder à une impulsion de mensonge en falsifiant l'âme des êtres rencontrés pour des besoins qui nous conviendraient, ce qui revient, en vérité, à falsifier l'âme du monde.
L'âme aux abois commet des mystifications que seul, son esprit, écrit en marge de sa vie pour aliéner le futur en douleurs karmiques que le monde ne prend pas sur lui en rendant au mensonge sa lettre initiale qui a engendré le mouvement d'ailes répercutant son acte.
La lucidité de la conscience est la seule aide que l'homme doit rechercher pour éviter le piège de la douleur d'une perte de soi possible. Si un homme venait à conduire un autre pour sa seule sauvegarde sans que l'autre veuille participer à la domination exercée pour une morale pleine, il est fautif de sa seule perte tout en engageant l'autre dans le drame d'une vie et doit alors réparation à l'Humanité.
Lorsque l'acte de peur par le mensonge s'assoit sur la vérité et falsifie l'écrit pour être en adéquation avec un ergotage déclenché, il est le commencement de sa propre perte.
La vérité dans la liberté de soi est d'oser dire non à ce qui nuirait à soi-esprit, au monde et son humanité. La conscience est la seule garante de la vérité. Le grand problème de la réalisation vers la liberté est l'absence de la conscience qui est la seule vertu qui ne s'enseigne pas.tableau : acrylique " l'homme imparfait" de Béatrice Lukomski-Joly
Dessin d'EDDY LEGRAND "LE SEMEUR"
Je voudrais voir des étoiles dans mon silence,
Et le soleil rayonner quand la nuit s'allume.
Je voudrais voir la vie s'éclairer d'espérance,
La parole forger sa pensée sur l'enclume.
Je voudrais ne plus jamais ouïr le mensonge,
Ni voir la trahison d'amis quand vient le jour.
Ne voudrais-je plus percevoir leur triste songe,
Que j'entends encore le lourd vol des vautours.
Ai-je tremblé, coiffée de nuit, dans mon verger
Quand je vis ombre m'effleurer sous le pommier,
Qu'encore je tressaille de tant d'âpreté
Du serpent rampant dans l'herbe des forts noyers.
Si j'ai rêvé voir l'étoile luire d'amour
Dans les regards de mille, sans que la laideur
N'entache les pupilles de cent sans amour,
J'ai vécu, triste, la calomnie des menteurs.
Puis, l'âme sœur est venue dans mon beau jardin
Cueillir le fruit de ma douleur sur le pommier
Et du fruit a pris ma plaie d'un vœu anodin,
Et la donna aux vermisseaux et aux ramiers.
À jamais jetée dans le val avec l'ivraie,
Du val fleurit l'olivier que la palombe aime,
Pour que jamais loup ne vole ma cerisaie
Dans la hauteur du figuier qui, d'espoir, me sème.
Puis, l'âme sœur a nimbé mon cœur de ses bras,
Forgeant l'écu contre la mort de poésie
Pour que le cygne vole encor dans mon ciel bas
Relevant de son feu la lettre épanouie.
J'ai alors vu des étoiles luire en nos yeux,
Dans nos silences, nos bras étreints, nos beaux songes
Et le soleil rayonner dans le vent des dieux,
Son serment forgeant ma paix depuis ces mensonges.
Coiffée de nuit dans mon verger, sis près de moi,
Dans l'abondance de l'Amour, clef de nos voûtes,
Il montre du doigt les cents perdus sous son toit,
Et m'auréole encor' de temps pour mon doute.
"Le fantôme" de Louis Janmot
http://www.mba-lyon.fr/static/mba/contenu/pdf/Ressources/Fiches-oeuvres-salles/fiche_focus_janmot-BD.pdf
Si un jour je venais à me taire,
Viendra assurément ce temps,
Si ce temps arpenté, solitaire,
Au bord des verdoyants étangs,
Venait à dire son plain-adieu
Et il viendra fort assurément,
Ma rivière emportera à mille lieues
Tout ce qu'elle a vu de mes sentiments.
Ne chuchotez rien !
Ne parlez pas !
Ne dites rien !
Ne riez pas !
Quand je ne serai plus qu'une cendre
Que l'Yonne regardera flotter,
Je dirai encore la beauté des méandres
Qu'aux écluses arrêtées, elle a aimé
Et aux cygnes blancs prenant mon lavis
D'une destinée qui se sera tue,
Je tairai encore les enfants blonds sous la pluie
Que l'Yonne a ravi de puissance et vus.
Ne chuchotez rien !
Ne parlez pas !
Ne dites rien !
Ne riez pas !
Comme la Marmagne coulant ailleurs,
Proche du satyre Du Pont, parfait Cerbère,
Et de ses sbires à cent têtes sans fleurs,
Combien de temps avant que vie d'hier
N'avale ses pleurs qu'Yonne répudie ?
Et dans le tournoi que feuilles écrivent
Des juges noyés dans la comédie,
J'ai gardé le chant des mercis* à ma rive ?
Ne chuchotez rien !
Ne parlez pas !
Ne dites rien !
Ne riez pas !
Et devenue lionne, elle a mugi
Ses enfants dévorés, à jamais partis,
Que son cœur pleure de désespérance infinie.
Elle a ouvert large sa bouche de colère ternie
Car rien n'apaise sa maternité ensevelie,
Son âme meurtrie.
* en référence aux écrits "les chants de la merci" de la poétesse auxerroise Marie Noël