Béatrice Lukomski-Joly


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" Ce qu'on entend sur la montagne"

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 "L'homme au casque d'or" Rembrandt (1606-1669)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_tableaux_de_Rembrandt

 

Chaque fois que je lis les poètes au clair de lune,

Je suis une rime lumineuse,

une lumière heureuse

la plume de leur plume.

 

Chaque fois que je suis de Victor Hugo le levain

Du pain sorti du fournil pour les pauvres au matin,

Je suis le feu ruisselant sur l'amour intemporel,

Que leurs nuits blanches à écrit, immortel,

 

Je suis de l'éveil des rivières la peinture Flamande,

Lorsque Rembrandt parle à mon esprit de la lande.

De ses clair-obscurs créateurs de lumière, il me berce.

Et Vermeer cerne d'un trait mon cœur qu'il transperce.

 

Ô ! offrande qu'encore je me demande leur pouvoir, si j'ose !

Toutes ces huiles sur mon front que Rubens dépose,

D'un geste lent, sans hâte, à la vérité de son âme.

Je suis à la peinture Flamande le feu de sa flamme.

 

Rembrandt

 

Je suis de toute éternité les Vierges en bois doré

Qu'à Mechelen, mon père avait adorées,

Quand il me disait que de Malines, la pureté avait jailli,

Et qu'en la beauté incarnée vit vérité annoblie

 

Des voiles roses au parfait rayonnement des formes

Que Thomas More adore, je suis à l'art, la réforme,

Et quand des carillons j'entends le chant des étoiles,

Les Vierges  offrent à l'univers leurs voiles.

 

Chaque fois que je suis à la sculpture l'abolition du temps,

Et à la peinture une myriade de parfumés printemps,

Je suis de l'aigle, le moineau, la liberté et la cage,

Qu'Hugo et Novalis m'ont donné de courage.

 

De l'amertume décadente, je ne suis pas l'offrande.

L'amour reliant tout à cette sagesse grande,

est avenir que peintres n'ont pas encore fait vélin

Car il n'y a d'avenir qu'en la couleur vitrail sur le lin.

 

Si des volées de couleurs, je marie la beauté du vers

Que poèmes réclament, je suis à leurs rimes la belle Anvers,

 la déclamation des empyrées que le feu ravive.

La Norma pleure et Dalila aime Samson, lascive.

 

Si des Pâques,  le feu vivant me dirige vers la Saint Jean,

Prise sous l'aile de mon aimé Bach, je deviens un ciel safran.

et de tous les émois je ne suis qu'une timide pierre,

De l'opale au péridot, j'épouse la transformation de la matière.

 

Ô, célestes voix de « Ce qu'on entend sur la montagne »

Suis-je à vos couleurs goethéenne l'apogée des campagnes

Quand César Franck fait résonner dans l'air les trompettes

Leur art  n'éteint pas ses lumières aux guinguettes.

 

Il ne touche pas à ma liberté et m'épouse de dimanches.

Jamais rien il ne m'impose, me laissant être sa colombe blanche,

Des obscurs desseins du monde, il transforme le venin

Car l'art n'est pas l'Humanité, il en est un chemin.

 

Rembrandt

 

 

C. Franck, Ce qu'on entend sur la montagne (da Hugo)

Le diadème des offrandes

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Ange de Giotto

 

La journée est grande et joie ; une étoile brille.

Dans l'épreuve, anges agenouillent leur bonheur,

Abaissant leurs faces, et leurs yeux s'écarquillent,

Leurs ailes disant l'immense Amour et leur heur.

 

Lorsque les priant, lorsque les aimant joyeux,

Ils reçoivent le diadème des offrandes,

C'est l'infini Être, revenu radieux,

Qui clame l'immense euphorie tisserande.

 

Puisque mon corps et ma pensée aussi s'inclinent,

Pour une âme marquée du doute, embrasant son ciel,

Enfin ! c'est la musique des sphères cristalline,

Jouant son chant pour le don de son miel.

 

Puisque la joie s'éveillera au crépuscule,

Trois anges recueillis, dans leur sublime clarté,

Regardent l'Amour vivre de noble majuscule,

Et la douceur anime ses mains de bonté.

 

A-t-on vu âme, de céleste béatitude,

Revenir au doux bercail qu'azur s'éblouit,

Et l'harmonie joue sur son clavier sa plénitude,

Pendant qu'anges laissent la liberté à la nuit,

 

Pour que le jour éclose enfin sa transcendance,

Sa nulle autre tel le candélabre allumé,

C'est de quiétude que va la flamme qui danse

Sur le piano éclairé des vœux ranimés.

 

de Carl Timoleon von Neff

L'humilité dans l'art

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Jamais ne jalousez un être ayant même art que vous car vous vous privez de plus grande réalisation en fermant la porte de votre propre art en votre travail et votre don. Car en le jalousant, vous élevez votre ennemi.et vous vous rabaissez. Peut-être faut-il qu'il en soit ainsi pour qu'un artiste s'élève, je l'ignore. La souffrance est en tout ; et dans la jalousie, les deux artistes souffrent car ce n'est pas l'amour de l'art qui se révèle mais uniquement l'orgueil de soi.

Il nous faut élever l'autre, cet artiste, quel qu'il soit quand bien même il débuterait en l'art.

L'humilité est la porte du Génie. Il n'y a pas d'autres portes.

BLJ

Anne David

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Journées du patrimoine à Vallery dans l'Yonne, Bourgogne.

18 septembre 2016

I

18 septembre 2016. Journée du patrimoine. Que faire ? Où aller ? Que voir dans mon département que je n'ai déjà vu ? Je réfléchis, je ne sais pas, je ne sais pas, car le temps est à la pluie et que la pluie me fouette de plein fouet comme si j'avais mérité un coup de semonce du temps qui, pourtant, il le sait, je l'aime quoi qu'il ait à nous offrir de ses ciels d'Yonne. Il pleut ! Je n'ai pas envie de rouler vers Paris, ni vers Dijon, ni vers Troyes ou Auxerre, moins encore Provins que j'arpente avec constance, souvent, inlassablement et que je connais mieux que je ne me connais moi-même ! Bourg en Bresse ? Non ! Qu'ai-je donc encore à voir à proximité de chez moi, sachant que chez moi va jusqu'à la Lorraine, la Champagne, les Ardennes, la Bresse et le Bugey, n'ayant jamais su compter distance et par là donc, kilomètres. Voilà quelques semaines que je cherche une destination, bienheureuse d'être de repos en ces jours bénis du patrimoine. Voir quoi ? Rencontrer qui ? Me questionnant, petite lumière vient m'éclairer et me souffle que journée du patrimoine est égale à l'ouverture des lieux qui n'ouvrent leurs portes qu'en ces journées si particulières, une fois dans l'année.

Google est devenu une de mes meilleures amies depuis que je sais copiner avec elle. C'est donc à Mlle Google que je vais demander. Elle me décrit beaucoup de possibles, tant de possibilités que j'hésite encore. Un petit passage sur "Arts et Lettres Belgique" me reposera, me détendra assurément, vu que je termine une semaine de sept jours pleins travaillés, en douze heures chaque journée.

Belgique ? Non ! Trop loin pour une escapade d'une journée qui ne me laisserait pas le temps de savourer à nouveau sa Grand-Place ! Et c'est pourtant sur "Arts et Lettres Belgique" que je vais dénicher la perle de ma recherche pour cette journée du patrimoine ; la seule que je puisse faire cette année sur ses deux jours d'offrandes culturelles.

Mesurons-nous combien monde est petit et immense à la fois ? J'ai dit Belgique ? Oui, Belgique ! Une nouvelle ouaille de l'art, du texte, de la poésie et de la musique vient de s'inscrire sur A et L-B. Je vais incognito à sa découverte, bien cachée derrière mon écran, qui m'apprend qu'elle s'appelle Anne David, qu'elle est chanteuse, qu'elle chante les poèmes d'un de mes poètes préférés, c'est à dire Marie Noël d'Auxerre, et qu'un concert est prévu en le village de Vallery à pas moins de quinze petits kilomètres de ma maison. Etonnant ! non ?

Vallery ? Ai-je déjà visité le château de Vallery ? Pas que ma mémoire légendaire ne me rappelle que je n'y ai jamais mis les pieds dans une porte ouverte élégante !

Anne David ? Je connais pour l'avoir déjà entendue chanter et c'est bonheur comme d'ailleurs lire Marie Noël.

Anne David ? Sentiment curieux que de décider d'aller ce 18 septembre 2016 à Vallery l'entendre chanter et visiter le château au départ de Bruxelles, alors que je suis chez moi, assise à mon bureau, à seulement quelques vols de cygnes Icaunais ( habitants de l'Yonne de la déesse Icauna qui protège son fleuve comme une lionne en ayant travesti son identité pour mieux rouler ses eaux jusqu'à l'océan.). La géographie nous fait prendre des détours si curieux que je ne me questionne plus sur la nécessité de rencontrer Anne David, comme je rencontrais Joëlle Diehl via Bruxelles sans l'avoir rencontrée en Belgique ! Comme je rencontrais Rébecca Terniak, de ces amitiés que le temps ne dément pas.

II

Il pleut. Je traverse champs et bois encore verts, petits vallons et chemins de traverse, ceux de la Bourgogne habitée depuis quelques années. J'ai presque honte de découvrir des chemins que je ne connaissais pas. C'est cela aussi les journées du patrimoine, découvrir le patrimoine nature.

Il pleut. Brushing nul et non avenu, tant pis pour mes boucles qui se défont !

Il pleut. Je visite furtivement le château avant d'aller à l'église.

Il pleut. Je suis à l'heure.

Un rayon de soleil s'invite.

Anne David arrive et traverse rapidement la nef. Marie Noël la suit à petits pas...à tires d'ailes portée par celles des anges. Marie Noël s'incline, lentement, s'agenouille, se signe et rejoint Anne dans la sacristie où elles se préparent toutes deux ( licence poétique).

Je ne sais laquelle des deux m'arrache quelques larmes discrètes ; les deux ensemble, je n'en doute pas. Être poète, c'est inévitablement vivre l'autre, tous les autres, même dans ce qu'ils ont de plus intime, de secret. Je vois. Je suis elles deux, ailes d'eux, ailes d'elles.

Sourire large, tellement suspendu au regard, tellement miroité par les chants d'automne et de la Merci, du cru d'Auxerre, elle, Anne, chante.

 

La maison s'est ouverte

texte et musique de Anne David

 

Au vent de ma chanson

Triste et surtout déserte,

Elle errait sans raison,

Ses roses sont fanées

 

Ses poutres s'alourdissent

Sous le poids des années,

Des feuilles qui jaunissent

Ses murs sont devenus

 

Un peu gris sous les larmes

Mes notes inconnues

Sont tombées sous le charme

Elle attendait dehors

 

La vieille forteresse

Comme une femme au port

S'étiole sans tendresse

Elle a ouvert les bras

 

Et le plus grand poème

Est sorti des gravats

Pour lui dire je t'aime

Son corps est oppressé

 

Par la guerre et l'absence

La chaleur d'un baiser

A brisé le silence

Elle a dit : Venez vite !

 

J'ai encore dans le four

Une tarte bien cuite

Et quelques mots d'amour

Alors tout doucement

 

J'ai traversé le seuil

Touché le firmament

Avec du bleu sur l’œil

Alors je suis entrée

 

Avec plein de douceur

J'ai enfin rencontré

Ma défunte âme sœur !

 

Puis

 

Le Roi Cophetua regarda la mendiante…


Je vais cherchant… le temps est bas…
Sur une route abandonnée
Mon pays qui n’arrive pas.
Tous les jours sont partis. L’année
Sans me voir tourne autour de moi…
Pourquoi ?...

Je ne sais où mon cœur absent
M’appelle au loin dans sa contrée…
Je ne sais où… Le Roi passant
Sur le chemin m’a rencontrée.
Pourquoi s’approche-t-il de moi ?
Pourquoi ?...

Pourquoi… le ciel ne voit pas clair,
La lumière est mal réveillée…
Me regarde-t-il de cet air
Plein de tendresse émerveillée,
Moi qui suis pâle et pauvre, moi ?...
Pourquoi ?...

Pourquoi coule-t-il de ses yeux
Sur moi que nul m’a regardée
Tant de bonheur silencieux
Que m’en voilà toute inondée
Et presque plus belle qui moi ?...
Pourquoi ?...

Pourquoi vous trompez-vous si tard
À m’aimer ? Je ne suis parée
Que de mon ombre… Quel brouillard,
Ô Roi, vous a l’âme égarée
Dans le désert qui mène à moi ?
Pourquoi ?...

Le Roi passant… Qu’il a raison,
Mon ami Roi qui m’a quittée !
……………………….………….
Je vais cherchant une maison
Que j’ai par mégarde habitée
Un soir qui n’était pas à moi…
Pourquoi ?...

(Marie Noël, « Chants légendaires » in Chants d’arrière-saison, 1961)

 

Est-ce le sourire large comme l'Empyrée qui nous fait voler d'un poème à un autre ? Je vous laisse deviner. Est-ce Marie Noël dansant à pas envolés autour d'Anne ?  Entendez les!

 

La rivière qui n’est jamais finie,
Qui coule et ne reviendra jamais,
L’eau sans retour ni pardon m’a punie
Mais je ne sais pas ce que j’ai fait.


J’avais dans les mains, j’avais un cœur d’homme
- Je ne savais pas que je l’avais –

Léger sur mes doigts comme une souffle, comme
Un brin tiède et fol duvet.

Comment si tard en mes mains sauvages,
Si prompt, si doux, avait-il volé ?
Et ces mains au vent, ces mains que ravage
L’automne, au vent l’ont laissé aller…

La rivière qui fuit dès qu’elle arrive,
Pleine sans fin d’amour offensé,
Sans fin repousse et chasse la rive
Où ma grand’faute aura commencé.

Tout le long de l’eau je cherche ma faute
Pour pleurer dessus et la laver,
Mais tout le long de l’eau l’herbe est si haute
Que je ne peux pas la retrouver.

Ce cœur en mes mains volant, ce cri tendre,
Où l’ai-je .égaré ? Je l’aimais tant
Que je n’osais pas tout à fait le prendre
Ni le toucher qu’à peine en chantant.

Que j’avais peur de me dire un mensonge,
De le croire à moi, de l’éveiller
En le serrant trop, comme un cœur de songe
Qui n’est pas sûr et va s’effeuiller.

Je ne le tenais par un fil qu’à peine…
Un fil… Le vent l’a peut-être usé ?
Peut-être en tremblant de joie incertaine
Est-ce en tremblant que je l’ai brisé ?

Que je l’ai perdu ce cœur mien, pareille
À celle, ô Dieu ! qui fait un faux pas
Et laisse tomber un soir sa merveille
Son fils unique en l’eau qui s’en va,

En l’eau qui fuit, fuit, sans vouloir entendre,
L’eau que nul cri ne peut rappeler,
Et l’eau qui court, court, pour ne jamais rendre
Le flot où s’est l’amour en allé…

Je cours le long de l’eau toute l’année
Pour la rattraper… Le temps se tait.
Le ciel ne dit rien… Je suis retournée
Jusque dans l’homme où ce cœur était.

Mais je n’ai rien vu qu’un homme rapide
Qui s’éloignait en pressant le pas,
Un homme, un absent, où mon nom est vide
Et dont la voix ne me connaît pas.

La rivière qui n’est jamais finie,
Qui passe et ne reviendra jamais,
L’eau qui fuit pour toujours, l’eau m’a punie…
Ah ! pour toujours, hier, qu’ai-je fait ?

(Marie Noël, Chants et Psaumes d’automne, 1947)

 

Je pourrais, ici, raconter son parcours d'auteur-compositeur, sa vie discrète, ses rencontres, mais mon but est celui qui, toujours, évoque la poésie, le poème plus que la poésie, car chaque fois que je fais une rencontre, ce n'est pas un parcours que je rencontre ,mais bel et bien une âme, et celle là, ne passez pas à coté, car il est de ces sourires qui racontent mieux que des mots ce qu'est l'intériorité de qui l'habite et là, j'ai rencontré une âme brillante de lumière, une aura si claire que Marie Noël a choisie âme-sœur et elle ne s'est pas trompée Marie Noël en choisissant Anne comme interprète de ses poèmes ! Tout vibre dans l'église. Lumière resplendit et Marie Noël s'incline à nouveau, à nouveau se signe, va d'ailes vers elle. C'est beau à voir.

Je vais vers elle, impressionnée comme une enfant timide.

Rendez-vous au château de Vallery. Il ne pleut plus.

Le voici en images, car raconter son histoire prendrait quelques bons feuillets qu'il me faudra faire un jour à mes Riches Heures qui ne seront certes pas celles des Condé, mais celles de ma passion pour l'histoire, car ce château fut demeure des Condé, splendide construction de briques et de chaînons de pierres martelées.

 

En attendant ces précieuses heures, disons avec force humilité qu'il est château Renaissance des premières heures, édifié par Jacques d'Albon de Saint André et dessiné par Pierre Lescot, chanoine de Notre Dame et constructeur du nouveau Louvre, dont sa partie la plus ancienne, médiévale, voit renaître le passé glorieux de Louis IX avec Jehan de Vallery ; il reste aujourd'hui sa poterne et un bout de son rempart ceinturé de jardins. Ce sont donc deux édifices d'époques différentes qui se côtoient en une parfaite harmonie au cœur d'un vaste jardin, de roseraies agrémentées de verrières. Aujourd'hui, demeure entièrement rénovée, elle abrite un grand nombre de festivités publiques et privés.

C'est au château de Vallery que nous avons achevé notre journée poétique avec l'esprit de Marie Noël. Des Condé - maison cadette des Capétiens Bourbons et cadette elle-même des Capétiens- et Anne David en la présence de Monsieur le Sénateur, M. Jean Baptiste Lemoyne, nous enchantent.

Béatrice Lukomski Joly

 

 

Encore ce pas de géant allant du pinceau.

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" La pie" de Claude Monet

http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/recherche/commentaire_id/la-pie-347.html?no_cache=1

 

Il est presque minuit pâle, et mon âme tangue,

Entre le temps et l'espace, je vogue, exsangue,

Sans bonheur, sans tristesse, moins d'aise et sans rêve,

Rien qu'une couleur azurée pour toute trêve !


Les oiseaux se taisent. L'automne s'alanguit.

Les arbres s'abandonnent lentement au gui.

Le soleil aime. La lune bleue crée sa plaine,

Et les étoiles tissent un manteau de laine.


Ni froid, ni chaleur, ni gel, rien ! un feu ! un vent !

Tout trépasse ; tout s'en va, vous et moi ! le temps !

Les fleurs n'ont pas fini de peindre leurs pétales,

Ni leur douceur veloutée au végétal pâle.


Rien ne dit plus le lys d'un enfant, le portrait !

Rien ne dit plus la saison qui s'endort ! un trait !

Une esquisse ! peut être un mot aventuré !

Encor' ce spleen que terre prend à la durée !


Encor' ce pas de géant allant du pinceau !

Ce cri d'enfant ébloui devant le ruisseau !

Une pie sur une clôture! le froid ! tout !

L'âme amère, l'esprit heureux, tout va debout.


Le champ part, ses blés fatigués ; le pré s'absente.

Le cygne coule son col, la plume dansante.

Tout s'endort. Les fleurs fanent. Les rires s'éclipsent.

Il est minuit et terre accomplit son ellipse.


Voyez le tableau que je viens de colorer,

De teintes or, de bleus étoilés mordorés,

Quand d'un verbe, je choisis le pigment fleuri.

Rien que nature éclose, en automne, meurtrie.  

 

 

Oeuvre personnelle au pastel sec : L'arbre

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