J'ai vu un homme, beau, altruiste et gracieux,
Venu une nuit enneigée de printemps capricieux.
Quand des montagnes et du silence, il naquit royal,
Une nuit revêtue d'une pèlerine tissée d'étoiles.
Il ne dit mot, acceptant le silence du jour diluvien,
Sa pensée confortant le bruit inaudible qui advient.
Il était de ces âmes profondes, nues et vraies
Qui, aux affres des temps dirigés, souriait,
Aimait, ratissant l'amour pour une seule fleur.
L'esprit grave, telle une destinée lourde d'heures,
Se discernant à la forme des mains vieilles d'âges,
Et encore à l'austérité dense de son visage,
Je le vis arriver comme un léger papillon dans l'air,
Paisiblement né de sa chrysalide nourricière.
Le rictus tranquille, la lèvre muette, le front haut,
La pensée sereine et riche de vies que veut l'En-Haut,
Que mémoires subissent, la volonté assidue,
Il mesurait la vie comme on gravit une falaise ardue.
Il neigeait. Il ventait.
La nuit dormait.
Le silence se reposait,
Et sa vie frémissait.
Il ouvrit ses mains comme enviant les aumônes
Que seul l'amour offre au soleil et son trône,
Que seule la vie déploie à la hauteur de l'amour,
Que seul l'esprit réclame, armé devant les vautours,
Portant un rayon vaste de lumière gravé au cœur,
Des joies et des tristesses qu'l il sait par cœur.
Comment arriva-t-il à la croisée de mon chemin,
Griffant la route d'épines d'un beau rouge carmin,
Montrant une rose vermeille, toute de parfum,
Qu'à deux, nous devions répandre de thym ?
Encore j'ignore ces rives qui me l'ont consacré,
Ce bel homme avec l'éclat d'embellies et de puretés
Qui choisit la pauvreté, l'indigence et l'exigence
Tout en concédant large, le cœur des innocences.
Il posa sa main sur mes lèvres crevassées,
Invitant au silence pour tous actes terrassés.
Puis il griffa la terre d'une croix d'un doigt,
Disant : point, nous ne voyons l'épine au bois,
Nous devons guérir nos plaies d'amour et de joie,
Si tu me veux pour toute voie, soyons de même loi.
Le jour se levait,
La nuit s'achevait,
Le murmure se reposait,
Et sa vie aimait.
Il est venu le bel homme que l'on dit être le fils,
Celui que l'on nomme victoire parce qu'il fut sacrifice,
Qui, tant, a pleuré sa destinée d'amères ombres,
M'offrant tout le toit des supplices défunts sombres !
La rose a fleuri, a ourlé ses pétales de parfum
Que le thym a sauvé des pucerons au matin.
Il a posé sa pèlerine de chanvre sur mes épaules blêmes
Créant du silence, le chant des oiseaux que ciel aime.
*Volubile : entendre ici le sens dans la définition du mot : "qui s'enroule telle une liane grandissant sur un arbre, telle une volonté fixe, telle une tige s'accrochant de ses noeuds forts à son arbre de la terre en ses racines, vers la cime épousant la face du ciel."