"L'HISTOIRE ? UNE FABLE CONVENUE "de RUDOLF STEINER : « J'ai souvent attiré l'attention sur le fait que si un jour, à l'avenir, on écrit l'histoire , on ne pourra pas employer la méthode qui a abouti à ce conte, à cette légende – comment l'appeler ? – que l'on désigne actuellement du nom d'histoire. Cette « Histoire », des érudits – ainsi les qualifie le monde – sont restés des mois, des années, des décennies dans les bibliothèques à étudier des documents diplomatiques pour l'écrire. Il faudra que le temps vienne où la plus grande partie de l'histoire confectionnée de cette façon sera bonne à mettre au rebut. » (R.Steiner, La Chute des esprits des ténèbres, 1ère conférence)
"Typhon"
http://www.greek-gods.info/monsters/typhon/
Quand le vent vous verrez, sa colère se lever,
Au grand regard qui ne se voit pas, est là,
Percera de son cristallin la flèche animée,
Qui ira d'un saut de biche, percer les cœurs las.
La terre tremblera d'une chaleur précoce au glas,
Bitume fondera, coulant sa glu sur les corps,
Les pieds brûlés iront, sanglants ; sol se lèvera,
Pieds ne pourront plus marcher, cieux désaccord.
Ciel brûlera la terre ; maisons seront enfer ;
Manquera l'eau en l'année terrible qui est ;
Blés grilleront avant d'être levés ; Lucifer
Du fer tombera sur le noir venin, depuis l'ouest.
Failles colossales surgiront de la terre grise,
Jetteront une lave qu'océans pleureront,
Plus d'abris en ce siècle aux tumeurs éprises,
Vent se taira ; pluie dira son silence au giron.
Mille ailes tomberont sur la nuit de l'homme ;
Suppliques demanderont grâce aux supplices,
Le pas brûlé, la plaie excavée, la pensée sans om,
Les hommes iront, lassés et pervertis de silice.
Quand cela sera en l'an qui est, n'est pas demain,
Qu'aujourd'hui creuse le lit des iniquités,
Orgueil plaidera, cheveux se dresseront au matin,
Avant que la nuit étale sa douleur exorbitée.
L'homme dans la mansarde, son épouse près du lit,
La charpente crissera, l'enfant s'éteindra,
Vide sera la litière ; rires croiront flétrir l'ordalie ;
Le feu entamera l'asphalte, fuiront les rats.
C'est ici, maintenant, l'an qui est sans nom,
Siècles consumés, millénaire à l'agonie,
Insolation, irraison, c'est le court du typhon
Qui n'a pas d'eau, les pieds brûlés pour Mani.
Redon
Illustration auteur inconnu : enseigne alsacienne "Liberté - égalité - fraternité"
" 1792. Freiheit Gleichheit Brüderlichk(eit) od(er) Tod "
Est-ce la nuit tombant sur le jour, l'alitant,
Jouant de l'oliphant à pleins cris époumonés,
Où le jour se levant sur la nuit, vaillant,
Donnant pouvoir aux hommes de fierté ?
Le devoir d'être ; libres, égaux, fraternels.
Libres ! au soleil se levant sur la nuit,
Nuit dont le mystère est moins grand que l'Eternel,
Malgré sa robe cousue d'étoiles qui fleurit.
Nuit solaire va son chemin de lumière,
Quand consciences se réclament de la clarté ;
Et si battues d'ombres filantes entières,
L'apparence ne peut rien contre la vérité.
Hommes ne rêvent plus, ne dorment plus,
Laissant le sommeil à la nuit et ses rêves ;
Et réclamant leur part d'heures absolues,
Ils extraient de vœux la sève qui se lève.
Regardant le deuil qu'engendre la volonté,
Au crépuscule se séparent les bons pour le levain,
Et à l'heure ou dansent les daemons des cruautés,
Prennent leur temps pour lever de la mie le pain.
Forces sombres s'agitent, s'enroulant d'un linceul,
Qui espérant les pensées les plus nobles, rient,
S'esbroufant à tromper le monde de notre aïeul,
Pour voir se taire les voix criant contre la barbarie.
En faut-il des heures massées d'usure, au lointain,
Pour qu'enfin hommes s'éveillent, loin de la toile,
Qu'araignées auraient bien voulu pour leur festin
Qui ne laissera rien d'englué sur le pavé royal.
Liberté, égalité, fraternité sont les clefs du cœur
Qui veut aimer sans plus être piétiné ;
Elles sont la vérité des hommes pour un seul chœur
Chantant sous la pluie, sur le goudron fossilisé.
Novembre, décembre 2018
à son saint Roy
Fuyez ombres d'étranglements sans traces
Qu'en vos mains rien ne dérange, à mon âme si lasse,
Qu'aux rênes des harnais tenus sans vergetures,
Mes mains souffrent de plus de talents que de pâture !
Mon cheval est allé par mille terres guerroyer,
Aux armures lourdes chevauchées l'épée a tournoyé.
Dans l'air des salves au feu grégeois, ma tente a flambé.
Nous n'avions rien vu de tel au feu des enjambées.
Des jours de lutte, aux blessures frappées dans le sable,
J'ai combattu l'hydre, l'âme plus armurée que mon râble ;
Pugnace et sans peur, j'ai lutté contre l'oiseau noir,
Quand notre ciel s'obscurcit en ce terrible soir.
Pour Lui, mon Roy, au manteau bleu azur du lys,
J'ai arpenté les déserts, pris la route depuis Senlis ;
Aux sables riches de vipères rampantes,
J'ai levé le mord de mes juments titubantes.
Le désert a assailli le camp, et le camp a sombré.
Blessé, j'ai pansé mon cheval avant mes côtes fêlées,
Bien que mon surcôt finement tissé d'or et de bleu roi,
Sous la cotte de mailles argentée ait été lourd en poids.
Lui et moi au cachot, sous un ciel de tempérance,
J'ai mandé le coffre du saint trésor pour sa délivrance.
Respectés des Sarrasins pour un tel amour sans faille,
Toujours, fûmes reçus en rois, jamais en parias de mailles.
Il était beau ; il était grand, la chaîne fine des flagellations
Accrochée à sa main ivoire, il pensait mériter cette punition.
Quand au cachot, sans titre et la robe de lin reconnue,
Il essuya mes plaies d'un pan de sa chainse tenue.
Quand au retour, la nef Montjoie nous portât religieux,
Portant le souvenir de la sainte ceinture de Dieu,
Chacun, silencieux, sur mer houleuse, priait cette offrande,
Avec Marguerite portant l'enfant que Blanche ne connut pas.
Dans la nef de la cathédrale de Sens, porteurs sacrés et adoubés,
De la vénérée église de Villeneuve l'Archevêque, parée d'abbés,
Je vécus avec lui la lumière des très saints vœux réalisés,
Remontant l'Yonne* vers la belle Lutèce adorée, sous les alizés.
Jehan n'en a jamais rien dit, l'obligé humilité à ses deux rois*.
Aux rênes des harnais, ayant arraché la peau sous nos soies,
Aux chevaux, noble amis, arrachés à nos amours par les lances,
J'attends encore mon cheval, car rien ne ramènera sa vaillance !
Reconstitution de l'armure et des armoiries de Sire Jean de Joinville à l'auditoire de Joinville Haute Marne
* Deux rois : Louis et le Christ
*Pourquoi l'Yonne et non la Seine ? parce que tous ces lieux longent la rivière d'Yonne et que nous savons maintenant grâce aux images satellite que c'est réellement l'Yonne qui coule à Paris. La Seine étant une appelation contrôlée, le doux nom de Seine est resté.
La ville de Joinville, Haute Marne, possède depuis le XIIIème siècle, en l'église de Notre-Dame, un véritable trésor, la Sainte Ceinture Saint Joseph, qui fut ramenée de la Croisade par Saint Louis et donnée au Sire de Joinville, Jean.
http://www.ecrivains-haute-marne.com/route_70.php
https://books.google.fr/books?id=e5h3kv_lAHYC&pg=PA78&hl=fr&source=gbs_toc_r&cad=4#v=onepage&q&f=false
Blanche est partie en septembre
laissant vide son trône de novembre
sans avoir su qu’elle était Blanche
car née d’une ancienne branche.
La noblesse sacrifiée avec ses privilèges,
pourtant profondément liée à son siège,
sa nouvelle chaire entourée de deux,
elle n’a pas vu l’ancien sceptre des adieux.
Sans plus de monarchie, mais de règne élu,
elle a pu unir les gueux aux Preux invaincus,
souvent leurs intimant de partir sans vaillance,
car née d’une récente nouvelle alliance.
Du visage, les traits identiques, elle était nue.
De sa personnalité de fer, elle était revenue.
Aujourd’hui épousant son ciel sans foi
alors que de foi elle avait vécu de son roi.
Blanche est morte pour la seconde fois.
Avant de Castille, bourguignonne en ses lois,
Gouverner est ardu quand née simple élue.
Sans père sur le trône ni fils Saint Élu.
Sur le parvis, les gueux refluent sans ombrage,
et de la cathédrale, revoient le beau mariage
qui n’a laissé aucun souvenir en sa mémoire,
car elle ne sut pas qu’elle était Blanche.
Son adoré fils en cette vie, elle n'a jamais revu,
car lui avait choisi les gueux pour revivre in-situ,
sans qu'elle ne sache qu'il était de proximité,
Non loin d'elle, la regardant de l'avenir au passé.
24 septembre 2022
Thyphon
Suspendus aux lèvres du temps hagard
que le très terrestre esprit regarde,
va le nombre mi-conscient, endormi,
s’enliser au fond du mensonge en son lit.
L’ennemi n’est point démasqué, va, court.
Son masque rit son grime ravi de son discours.
Celui criant, point n’est blessé mais se prosterne.
Allant clopant, nez coulant, et vous berne.
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
On dit que ; on se tait ; on va où souffle le vent,
belle convention des vanités lors leur temps !
La route est tracée ; le genre humain boite,
si pervers, mais se croyant bon, et l’autre convoite.
S’éloigne du genre divin et clopine extrême.
L’ennemi est un autre qui n’est pas son carême.
Ainsi se ronge le sang de mille âmes sans lys
qui n’ont jamais vu une seule rose fleurir.
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon
C’est l’histoire depuis des siècles l’affirmant.
On tisse ; on tricote ; on coud la misère au firmament
pour que les différences soient assassinées.
L’éloquence décède parce qu’elle est vérité.
Attend la loyauté depuis toujours après les drames.
Son vêtement laissé sur l’envers de sa trame
voit les charlatans qui donneraient à croire
qu’il est à l’endroit, et chacun le croit ! Voir !
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
J’ai vu gémir, crier, mentir l’assassin
qui veut de sa patrie, comme autrefois le Sarrazin,
tuez le frère, cet homme ! Puis, libre sans liberté,
déjà il tremble aux Nues tel l’errant dans sa nuit.
Le Malin n’est pas toujours où on l’attend de sa lame
mais là où on le voit œuvrant de ses armes.
Il forge le bras en l’habillant de ses tentacules
et la main armée prend pour nom « Haine ».
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
Sur ses cheveux jadis blonds que la mort a blanchi,
la lèvre à peine maudite éclate de rire en son logis,
feignant le sanglot pour qu’on la plaigne.
Va petite ! Ta terre est loin ! Elle saigne.
Et le blé continue de fleurir après avoir mûri
si Dieu lui donne le temps de naître appauvri,
car mûrir n’est que le second pas de mourir
dans la folle tragédie que crient leurs rires.
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
Hercule et l'Hydre, vers 1475, Antonio del Pollaiuolo, (Florence, musée des Offices)
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