Béatrice Lukomski-Joly


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Partir, renaître

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Photo personnelle " Lacoux - ain- Bugey -

 

Je veux revoir les montagnes bleues en été ; être !

Et me baigner de verdure sous le ciel blanc ;

Secouer mes ailes sur la branche d'un sapin ; être !

Et voler avec les oiseaux d'un seul regard lent.

 

Je veux partir, renaître, revenir, mourir ; être !

Encore revenir et danser dans les cimes ;

Écrire leur éclat quand soleil s'élève sur le hêtre,

Et glisser sur les pentes jusqu'à la Dîme*.

 

Je veux courir dans les vignes de Cerdon**,

Prenant d'un cep une grappe de raisin mauve,

Puis m'arroser de son jus jusqu'à l'abandon ;

Boire la rosée des matins dans mon alcôve.

 

 

Je veux être ; seule avec elle, ma toute bleue ;

Demain, retrouver le parfum des narcisses,

Que j'aspirais d'élans après les jours frileux,

Et tourner, tomber, virevolter, mourir sur un lys.

 

Je veux oublier les années sans fragrances,

Encore peiner à flanc de la barre des Fècles***,

Puis glisser vers l'horizon des soirs d'errances,

Ne plus penser aux jours diluviens sur mon siècle.

 

 

Je veux loger sur mon bras la chouette d'adieu,

Encore rire près de la bouche d'une brebis ;

Sourire du vol de la buse caressant mes bleus ;

Et partir, partir, vers les ciels d'or rubis.

 

Je veux, avant d'être, être la coupure d'un silex,

Panser ma plaie avant de naître dans l'azur,

Encore troubler l'air d'un pouls de main à l'apex,

Pour être ensevelie de son manteau de gerçures.

 

https://www.nantua.fr/2014/11/les-falaises-de-nantua-un-panorama-a-couper-le-souffle/

 

Je veux ; je veux revoir ma montagne bleue,

Et pardonner les injures près de sa source ;

Encore blanchir la page des tristes vœux

Qui ont englouti la mémoire dans ma course.

 

Oublier ! Oublier ce qui fut, ne fut pas,

Tracer un trait vif sur mes pages noircies,

Blanchir l'encre, moi l'invisible à vos pas,

Et offrir mes lourds souvenirs au vert pays.

 

 

Je veux grimper avec le chamois sur le roc,

Et casser les failles grises qui brisent la vue,

Encore pointer dans l'eau de source mon estoc,

Pour voir jaillir la salamandre, à Mazières****, nue.

 

Je veux revoir le lac Génin***** et là, m'assoir,

Écrire dans l'herbe mouillée l'avenir de la rosée,

Et sur la rondeur de son ventre, encor'croire

Qu'Hommes peuvent être beaux comme les noyers.

 

 

Je veux partir, mon âme sur le dos affaibli,

Et effleurer la neige, non des vagues troublées ;

Encore écarter les bras, ma croix accomplie,

Et offrir mes roses bleues à mes cimes aimées.

 

Partir sans se retourner, revenir à la plaie,

Épouser l'amertume, lui dire au-revoir ;

Et sans larmes, regarder le fruit de l'ivraie,

Parmi beautés et bogues cassées dans le noir.

 

 

Vous n'êtes plus, je ne suis plus ; c'est ainsi !

Quand tout s'achève, ruisselle la pluie sèche,

Vous étiez ; j'ai oublié ; ainsi meurt la vie !

L'ange a signé d'un rayon blond, sa dépêche.

 

Vous étiez ; je m'en vais revoir la nuit bleue ;

Qu'importe que vous m'ayez croisée ; je suis.

Voudrais-je vous revoir que je confie à vos yeux

La parole muette. Vous n'êtes plus. Je suis.

 

Il n'y eut pas de combat, tout fut illusion.

Et si encore nous croyons vivre sans aimer,

C'est que sol se dérobe sous vos alluvions.

J'aime, c'est tout. Vous n'êtes pas. Vous rêvez.

 

Et mes cimes bleues adoucissent mes yeux,

Jours, nuits, heures après heures, dans le plein,

Relevant votre vide. Vous croyez. Tout est je.

Oubliez moi ! je ne suis qu'un bleu serein.

 

 

* La Dîme : Nom d'une maison à Longecombe Ain Bugey

** Cerdon - Ain-  : village du Bugey

*** La Barre des Fècles est le nom donné à la falaise surplombant le lac de Nantua -Ain- 

****  Mazières : chapelle isolée dans la forêt  de Mazières - Hauteville Lompnes- Ain- Bugey-  http://www.lguyhauteville01.com/archives/2014/09/06/30538569.html

***** Lac Génin https://www.hautbugey-tourisme.com/decouvrir/la-nature/lac-de-genin/

 

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Qu'importe si ... ! Qu'importe... que ! Qu'importe ... !

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

"Paysage de montagne" de Clément Castelli 1870 -1959

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_Castelli

Photo issue de : http://www.normandie-antiquites.com/magasin-0/huile-sur-toile-clement-castelli-_124.html

 

Qu'importe la force du soupir dans les branches

Si je n'ai pas l'âme qui loge son frisson,

Et sur mes yeux sa caresse ;  qu'importe sa chanson

Si j'ignore qui, du vent, souffle et sculpte ma hanche.

 

Qu'importe la vue des montagnes en mon cœur

Si je ne mesure pas la grandeur de ses cimes

Qu'en mes vies, j'ai vues de hauteurs sublimes

Quand elles me parlent de ses visages en fleurs.

 

Qu'importe la flaque sur le chemin de sable

Si sous mes pieds j'ignore sa patiente maîtrise

À baigner ma peau de sa volonté éprise

Quand, de la fièvre, elle m'apaise charitable.

 

Qu'importe que vous ne voyez pas l'admirable,

En toutes choses, laissant la vie s'immoler,

Si je n'étais la lettre de l'inanimé

Pour la joie exhaussée à ma vue infatigable.



Qu'importe que les oiseaux bâtissent leur nid

Aux angles de mes fenêtres animées des ailes ;

La vue des aveugles qui aimeraient le ciel

Si je ne les bénissais au zénith nous aimant.

 

Qu'importe la robe de l'abeille et de son mantelet

Si nous ne prenons le miel sans sagesse en son été

Qu'elle a butiné pour nos palais de vanité,

Si de son labeur nous ne rendons grâce à sa fidélité.

 

Qu'importe les églises étoilées au petit-jour

Si des clochers effilés nous ne percevons le sens

Quand cloches chantent les heures de décence,

Enchantées d'être les édifices de l'amour.

 

Qu'importe que jamais vous ne m'aimiez ; qu'importe !

Puisque zéphyr, montagnes, chemin, oiseaux, nids,

Reines, clochers aiment que je les vois d'esprit

Quand marchant vive avec eux, je les réconforte.

 

Ècrit sur la musique du film " La leçon de piano "de Michaël Nyman 

 

 

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