Poème alchimique à la nature et la nature de la femme.
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaireTableau "the wind flowers" de John Waterhouse
https://fr.wikipedia.org/wiki/John_William_Waterhouse
Mozart "symphonie numéro 40"
Le vent s'est levé,
Dans l'arbre de la retenue m'a dit :
" Que cherches-tu qui n'est pas là ?
Ne vois-tu pas le vent s'infiltrer aux désirs,
Et aux désirs de la beauté naître le beau,
Quand tu aimes la beauté du désir ?
Ne crains point d'aller vers la vie
Ni d'expérimenter le geste !
L'Amour est ce qu'il est ;
Il va où il veut, souffle où il veut,
Emplit le temps et l'espace,
Fait du monde un vase,
Des corps des ciboires,
Loin des mondes obscurs.
tableau de William Bouguereau
Va libre à toutes tes aspirations,
Car je n'ai enfanté le cœur
Que pour nos besoins,
Que pour mon rayonnement,
Que pour la vertu,
La bonté, le don,
le don de soi,
L'offrande,
Le partage,
La communion.
Ne ressens-tu pas l'Amour
Naître de ta poitrine,
Et au ventre se regarder,
Et au sein palpiter,
Longtemps après
Que le cœur n'aie pensé ?
Il existe des Hommes
Qui palpitent du ventre,
Et longtemps après
Du cœur.
Heureux, êtes-vous
Quand le cœur
Brille de mille feux
Avant que le ventre
Ne s'enflamme !
tableau d'Edouard Burnes Jones
Vois la chance d'aimer
Au cœur rayonnant
Et à la rive des femmes
Se reposer l'homme.
Ressens le mouvement
Des forces de nos vœux
Et à nos vœux
Devenir notre cœur .
Qu'as-tu à craindre ?
Jamais du bois noir
Ne surgira le monstre ;
Tout est achevé ;
Laisses-toi frémir. "
L'aurore au vent s'est levée ce matin
Derrière une nuit gorgée de rêves .
Qu'avons-nous retenu
Du silence nocturne ?
Aux soifs nycthémérales,
J'ai caressé les lèvres
Du rien invisible
Et du tout palpable.
De tout l'invisible
Pour le tout palpable.
Le souvenir est venu
Du désir de toucher
La peau qui s'approche
Camouflée de soies.
Seule la main a frôlé
L'irrésistible appartenance.
C'était hier,
Et encore au printemps.
L' été des forces en expansion s'est éveillé
Et à L'automne crie :
« Tu en es encore là ! "
La conscience répond :
" Que nul ne plaigne la langueur,
Ni la longueur du temps,
Car à la longueur naît la langueur
Du désir de se vouloir.
Il n'est pas bon
De suivre l'air du temps
Dans tous ses mouvements,
Car au temps vite consommé
Meurent les désirs trop vite
Consommés
Que le souffle des patiences
S'investisse dans le non-souffle,
De l 'attente aux attentes renouvelées,
Que ne se dessinerait un tableau
Si des Dieux naissait le regard
Qui, de la fleur, naît
De l''envie
D'être dessinée,
Et au fruit
D'être croqué !"
J'ai senti
Le cœur
Battre,
Se combattre,
En ma poitrine,
Se poser,
Se reposer,
Demander,
Quémander,
Supplier,
Prier.
Quant à l'aurore,
Il me surprit de vouloir
à nouveau aimer
La Terre
Pour ce qu'elle est :
" Je suis née pour être l'Amour
Et à ton corps
Aux Dieux offrir ma sage Chapelle ."
Le corps est un temple.
Ose-t-elle frapper de ses cordes d'orgue
Que l'on appelle des vaisseaux,
Fantômes peut être,
La carotide rime sous le cou
le soin de la cariatide qui porte l'émoi .
La pluie a épousé l'envie,
Et à la chemise collée,
Fondue à la poitrine trempée,
A dit :
" J'ai vu l'horizon des lointains,
Aux voyages abandonnés,
La nuit a épousé le jour,
Et au son des chants d'étoiles ,
J'ai vu les rayons fendre l'espace.
Une main a coulé le long ,
Tout le long de sa nuque,
L'a retenue,
L'a embrassée,
L'a emportée . "
La pluie l'a dit aux astres.
Ils ont blêmi,
Peut-être pâli,
Je ne sais plus !
Je ne sais plus
Ce que peut la pluie !
La pluie est timide
Et aussi téméraire ;
Elle ose l'impossible.
Elle rêve les non-dits,
Les actes silencieux .
Je crois qu'elle a des saveurs,
Des parfums et des odeurs,
Des bruits, des silences, des cris .
C'est le soleil qui me l'a dit, m'ont raconté
Les forces de l'eau qui ruissellent
Et qui encore roulent .
Mes cheveux mouillés en prise avec le vent
Ont tout vu des caresses
À la nuque embellie,
Honorée d'un si beau geste.
La nuque a dit à la main :
" J'aime ton geste.
Pourquoi es-tu main ?
Pourquoi Dieu créa la main ?
Et ta nuque ?
Pourquoi s'y est-il arrêté ?"
- Pour que le geste des mains qui caressent
Soit une offrande au corps de désir ! »
Dit la main en offrande.
Une main, c'est fait pour aimer,
Pour ruisseler d'amour,
Pour offrir un cadeau,
Le geste qui aime
Qui geste la reconnaissance.
J'ai envie d'aimer :
Le cœur,
Le mot,
Le verbe,
Le geste
La gravité
La légèreté
Le frémissement,
Le ruissellement,
Le soleil.
La pensée des désirs
Au vif de la mobilité du regard
Éclaire les yeux de cette transparence
Étrange que, seule, l'envie dessine .
Qui n'a vu le Ciel dans le désir
Ignore tout de sa clarté,
Des Cieux dans son désir
Et du désir dans son Amour !
Que l’œil d'amour est élégant
Quant il se vide du terrestre
Pour épouser son origine
Et des origines retrouver la virginité
L'Adam originel .
J'aime la quintessence des éclats
Quant à la douceur d'une main
Pavoise le regard de l'étreinte
Et que l'étreinte se sert des corps
Pour se donner impudique
À la mémoire des talents
Que l'art conçoit
Telle une œuvre magistrale
Qui s'achève en un cri de pinceau !
Dieu a créé.
La couleur aime la toile,
Le rose aux joues,
Le lin de la chemise suinte
Le divan a pâli.
Les Dieux ont vu et ont regardé
Sans déconvenue, riant de joie,
Souriant aux vœux
Qui font des jeux des petites morts.
Le jour s'est levé ces matins,
Sur le désir s'est assis ,
Comme la mousse épouse la pierre
Pareil au levant des étoiles
Qui s'en vont .
J'ai vu les astres sourire
Aux émotions se plaire
Au miroir se dévouer
Aux ombres se cacher .
Aux petites morts souvent reçues
Souvent offertes
Malgré l'odieux viol
En Éden
Qui n' a rien éteint de la virginité
J'ai vu le jour paraître brûlant,
Aux Cieux proclamer :
" Rien ne sera impuni
De ce que tu as vécu .
Je garde ta virginité intacte
Au fol amoureux qui viendra
Car il en viendra un ,
Murmure l'étoile du nom de Mira;
Laver la souillure
Réparer l'hymen
Des plaisirs insalubres.
Veille !
A l'heure des rides viendra
Le fol errant
L'amoureux de la nature.
L’Éden restauré .
Les arbres témoins des grottes solaires .
Les êtres aux verdures sur leur séant
Veilleront au Temple
À la porte seront les veilleurs,
Des veilleurs seront les passeurs,
Vers la Petite Mort te redonneront
Les virginités de l'âme .
William Bouguereau
Le jour s'est levé aux matins clairs
Des aurores boréales .
J'ai vu tant de lumières colorées
Voguant vers l'arche au port de mon corps
Que les veilleurs et les passeur de voiles
Ont déchiré l'envie
À la main qui caresse la nuque.
Invisible
Imaginaire
Fragile
Incertaine
A crié
Le souvenir
Des envies,
Des espoirs .
Alors, alors, je suis allée dehors
À l'ombre d'un bois
Aimer mon arbre ,
Mon fidèle ami,
Celui qui tout entend et tout reçoit .
"Pour lui, je me suis dénudée,
Doucement je me suis approchée
Pour l'enlacer.
Ses branches chargés de fruits
De ceux de l'automne baisaient le sol.
Un rameau s'est posé sur mon épaule,
J'ai cru à ta caresse .
Mon pied a broyé deux pommes,
Le jus ruisselait entre les doigts,
Je sentais le bon fruit
J'ai grimpé tout en haut de mon arbre,
Je suis devenue rameau
Et j'ai plié, j'ai plié
J'ai plié, j'ai crié !
Ployée sous l'emprise du vent
J'ai pensé à l'odeur des fruits
Des automnes oubliés,
Sur mon sein me suis appuyée,
Je me suis sentie petite fille
Je suis devenue feuille
Je suis devenue le rameau
J'ai senti la pluie couler sur le feuillage
Des natures et de la mousse, j'ai aimé le chant ."
Les cheveux volants au vent,
Dansant telle une Ondine
Au gré des vœux et des songes,
Je suis repartie plus loin
Danser dans la prairie .
Mon arbre, de loin, me regardait .
Il me salua, posant branches à terre.
La jupe des éternelles danses
Virevoltait
Un brin d'herbe l'a soulevé
Terriblement s'accoquina aux ourlets;
Il n'y avait plus d’Éden .
Les pieds amoureux écrasaient les grains
Les grains gémissaient sous la peau
La vision était belle .
"Je me suis allongée dans l'herbe
Pour me cacher des oiseaux .
Mes cuisses écrasaient l'herbe
Elles sont devenues toutes vertes !
Sans cesse ma tête roulait ,
Aux parfums terrestres s'enivrait.
Je me suis retournée
J'ai appuyé mon ventre au sol
J'ai senti la caresse de la verdure ;
Je pleurais."
Ont elle rafraîchi mes lèvres , les larmes,
Les larmes du passé
Au bois transformé
Au viol envolé
Aux blessures décédées ?
J'ai déposé un baiser sur un épi de blé
Croyant que c'était, là, ta bouche.
Adam me voyait
Me rêvait,
M'espérait.
Mon cœur s'emplit à la vasque du temple .
Aux beaux rêves vécus
À la nature en moi fécondée,
Frigide aux hommes indélicats,
Fontaine aux hommes délicats,
Ai-je vu l'arbre me trahir,
De ses branches me flageller
Et de ses rameaux me vider ?
Ai-je connu un vœu qui épouserait
La semblable timidité
À l'envol de la timidité fracassée
Quant aux roches éclatées - elle - se donne ?
Qui a vu le beau ballet à la féerie des roses
S’ailer des éclats sortis de l'âme ?
Le cœur ayant empli son vase
Jusqu'aux rondeurs des secrets ?
Car il n'y a de vase qu'en deux vases
Que j'ai scellé.
Les poèmes centrés sont parus dans le livre " âmes amères" publié en 1984 aux éditions Gabriel Lardant, et ont été insérés dans cet écrit de 2012. Soit l'art de remanier un poème qui fut pour être.
Ce poème glorifie le corps-Temple et la nature, les deux étant en transmutation continuelle.
L'amour et le désir spiritualisés de deux êtres sont offrande, et retrouvent la virginité d'origine de la terre. La dernière illustration en est le symbole.