Le silence
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
"Le pélican nourrissant ses petits"
mosaïque de la cathédrale d'Aachen - Allemagne- Der Dom- ( Aix la Chapelle)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_d%27Aix-la-Chapelle
Me promenant loin du bruit pour adorer le silence,
Fuyant le tumulte des gens forts d'excellence,
Regardant les arrogances comme des épines,
Je scrute les âmes au bord des gouffres de rapines
Et vais pensive, le front lacéré des pensées amères
Pour leurs fallacieuses chimères.
Sans que les rides du vieillir ne témoignent des cris,
Ces cris me burinant le cœur, mordue par le mépris,
Je marche dans l'intimité de mon silence manifeste,
Nos cœurs n'épousant pas le délié de nos gestes.
Irez-vous demain sereins, laissant la puissance mourir
Pour être le chemin que rien ne tarit, sans haïr ?
Un jour viendra l'heure où les visages seront apostasie,
Ne masquant plus l'intériorité de l'âme cramoisie.
Comme des arbres déracinés, elles pleureront leurs vilenies,
Brûlées au vif de leur écorce en larmes que ciels nient,
Regrettant, peut-être, l'orgueil arrimé à nos regards.
Déjà la laideur s'inscrit dans les corps, sans crier gare !
Irai-je sans vous, pourtant riche de vous, la mémoire ouvrière
Qu'ombres ne terniront pas de n'avoir pas su être votre lumière ?
Et moi, j'irai sans regrets, arpentant sans bruit le silence,
La bouche taquinant le verbe flamboyant, sans arrogance,
Les yeux lucides de voir tant d'éclairs d'auras si ternes,
Les bras riches de mes pas sur un sol ferme, sans cernes,
Je regarderai les enlisements sans que je ne sombre
Et des vœux, j'aiderai les destinées d'ombres en nombre.
Faudra-t-il des fleurs et des heures pour que le labeur règne,
Effaçant les douleurs et les blessures que le bien enseigne,
Masquant les odeurs infâmes des esprits tristement mal nés,
Qui, affamés de vils destins, et de misérables destinées,
Ignorent tout de la gloire du sacre de l'Humanité.
Saisons aux quatre coins du monde les voient à perpétuité.
Natures des matins que j'aime quand se lève le soleil,
Auréolant nos chevelures de millénaires vermeils,
Penserez-vous avoir été de sagesse que la terre s'ouvrira,
Engouffrant jusqu'à nos vaines pensées, qu'astres n'aiment pas.
Serai-je de lumière, cernée de mauve au faîte des soleils,
De rose au vert émeraude pour me marier au blanc de l'éveil ?
Irai-je sans vous, pourtant riche de vous, la mémoire ouvrière
Qu'ombres ne terniront pas de n'avoir pas su être votre lumière ?
Prendrai-je sur moi la beauté des mille nuits du monde
Pour n'être qu'aux aurores le tisserand des ondes,
Qu'aux éclats de verre, je colorerai et cernerai d'étain ?
Chaque fois que j'entendrai parler d'amour au lointain,
Sans rien voir de sa vertu, l'intériorité abîmée, je créerai ;
Les mains, qui tout donnent, défricheront l'ivraie.
Je vois toute la volonté éteinte sous le fléau des illusions
Que la beauté du firmament n'a pas voulu de ces effusions,
Sans que l'illusion ne soit reine pour grandir le roi,
Que personne ne rêve d'heures bien nées, ni ne voit.
Et je vais dans le silence de mes pas qui dansent,
Là, tout contre le ruissellement de mes alliances.
Faudra-t-il des sentiments d'abandon tout contre ma terre,
Pour que le blé se sème sous les ailes d'oiseaux dans l'air,
Et de vertus pour dire les lauriers des Vertus aux Séraphins
Qu'hommes auront voulu épouser de célestes voies, sans fin ?
Et du silence volontaire, je garderai le sceau des créations
Volant d'ailes déployées, alliancée* au sol des fécondations.
Exercice sur l'oeil
* licence poétique