L'onde et le vent
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
tableau BLJ oeuvre personnelle non libre de droits
Me promenant au creux d'une vallée encaissée,
Dans la profondeur de la nuit, juste avant le lever,
Précisément à l'heure où chantent les oiseaux
Quand seuls les chants s'élèvent des roseaux
Et que tout dort sous le voile des ailes dans la brume
Qu'ai-je vu le vent ourdir le battement des plumes !
Qu'as-tu à me dire ? me disent l'onde et le vent.
Qu'as-tu à raconter ? me murmure le temps.
Rien que le silence ! répondis-je, assurée,
Car du silence j'entends tout ce qui est muet.
Et encore perçois-je le vent des émois mutiques,
Murés à jamais par les volontés de ténèbres laïques
Que je perçois la vallée happée par l'égoïsme !
Un gouffre de feu sans altruisme !
Aurais-je remué un peu les âmes ?
Demandais-je à leurs charmes.
Dites-moi si le silence remue les âmes
Et si l'amour peut se marier à l'infâme
En l'Esprit qui nous réclame avec cri,
De sagesse et d'entendement ?
Dites-moi le cri de l'enfantement du monde
Si les hommes sont sourds à sa pitié féconde ?
Qu'ai-je à vous dire ? me demandez-vous.
Qu'ai-je à vous donner me demanderez-vous.
Si mes dires sont des questions à vos frondes
Me verrez-vous semblable à l'onde
Qui me ceint de mille parures
Quand l'amour qui point n'est vu
Ressemble à une rose et à un jardin !
Aux grands matins renouvelés
Que chantent les vies sans mensonge,
S'il en est, s'il en est !
Diriez-vous que la nuit est,
Si les étoiles n'avaient aimé ma lumière !
Qu'importe que la ténèbre batifole constante
Si des étoiles je prends la clarté éclatante
Car la ténèbre ne peut épouser le jour
Ni le jour n'épouse la noirceur sans contour
Car il n'est d'orée palpitante qu'aux beaux labours.
Chaque fois que la vallée travaille ses roches
Et les montagnes libèrent leurs strates en ébauches,
Que n'y vois-je le labeur forcené des âmes belles
Aux tempêtes voulues par les Dieux ? Vous reverrez Babel !
Si de la conscience vous ne prenez point son être
Ni ne voyez son envergure au travail, paître,
Que me direz-vous des fautes endurées
Quand trépassée je serai, loin de vous, ailleurs née,
Me promenant au creux de la vallée désencaissée ,
Baignée par le chant des oiseaux aux heures délaissées
Qui n'ont de nom que l'amour des roses aux envols,
Adorée par le soleil, sa chaleur en mon plein vol ?
Au pied de mon arbre, regardant les flots des vies,
Bercée par l'onde et le vent, je ne connaîtrai plus l'envie,
Ni la faim, ni la soif car du terrestre affranchie, je suis,
Je suis l'onde et le vent des vérités, qui jamais, ne se nient.