Gustave Moreau "Poète mort porté par un centaure"
Viendras-tu au crépuscule danser
et de ta claire flamme bercer ma peine ?
Revêtu de ta capeline ébène,
viendras-tu rimer en ma pensée ?
Abandon est un lourd fardeau
quand déserte le seuil en silence
puisque vie est mort et mort est existence,
tes jours éteints déposés au tombeau !
Seras-tu là aux heures solitaires
quand la nuit installera son voile d’apparat
pour réjouir ma vue de ton aura
brodant en mes mains l’issue de Jupiter ?
Prendras-tu ma main au grand matin
signant ta lumière de tes pupilles de flore,
quand du vert émeraude à l’éclat d or,
tu écris encore sur mes genoux samaritains ?
Ah ! Vieillir ! disais-tu, le regard mouillé.
Je t’emmène. Vivre est bien assez ! Viens !
Trop de deuils révèle le signe du lien
en notre sceau achevé et dépouillé.
Viendras-tu ce soir à minuit
cueillir le fruit de nos plaies
nous remémorant avoir fleuri les cyprès
aux instants silencieux et d’amour infini ?
Mort est le chat poète et son poète
écrivant chaque soir la beauté des étoiles,
et des célestes confins dessinait des toiles
qu’années sans fin racontaient au poète.
Ce texte car il vous faut imaginer que durant 12 ans, j'ai écrit tous les soirs - sans exception - avec mon Cyrano (mon chat) couché sur mes genoux.
Cela n'aurait pas déplu à l'écrivain Colette.
A ma façon
Remariés, ils sont... mariés ils sont.
Que l'on ait 6 ou 66 ans, ils sont,
ils sont l'éternelle présence, ensemble,
que rien ni personne ne détruit quand je tremble
dans la mémoire de l'enfance meutrie,
dans la mémoire adulte si vive,
l'éternelle présence, ensemble.
Ensemble.
Ne plus mourir de l'éternelle absence,
après l'éternelle présence,
ne plus courir après le temps,
ne plus penser l'après de ses parents,
qui s'est fait encre de l'éternel amour.
Ensemble, eux et moi pour cet amour.
Eux et moi ensemble.
Ensemble.
Rayer tout l'après et l'immonde,
tirer un trait sur le futur-passé qui fut leur monde,
et voir le baiser de l'absence
comme une éternelle présence
que l'enfance adulte a tant manqué.
Manqué et pleuré.
Blessé (e) mortellement mais du temps ivre !
à ne pas savoir comment vivre,
à ne pas savoir être la cassure du nom,
sans nom ni prénom,
mais la vie ancrée au coeur
de l'invisible présence en une fleur.
Ne plus mourir de l'éternelle absence,
ne plus courir après le temps défunt et sa sentence,
après l'éternelle absence
dans leur éternelle présence
qui s'est fait encre de l'éternel amour.
Ô éternelle présence, éternel amour.
BL 1957- 1964
Toutes photos personnelles
Tous tableaux art abstrait faits par Lukas Dubois-Joly ( 5 ans ) sous ma guidance
Enseignement de la couleur, des ombres et des lumières par imitation
Lorsque les fleurs au printemps naissent au monde,
revenant d’un long séjour endormi,
c’est la nature, toute, recréant sa féerie
avec les abeilles et les papillons qui vagabondent.
Lors les accueillant d’amour, de lumière et de joie,
louant nos regards de tant de secrets d’esprit,
elles épousent nos âmes endolories
qu’elles pèsent sans mots dire, jouant du hautbois.
Dansant dans l’air lors d’un souffle pour leur adagio
que la vie sait divin, elles se donnent en récital,
et de leurs petits êtres blottis en leurs pétales,
elles nous saluent de leur univers si haut.
Là, où tant de soleil se dévoile, là, coiffées de vie,
si vives portées de tant de charme séraphique,
elles racontent leurs rêves angéliques
quand langées d’amour, elles fleurissent ravies.
Parfois implorant le geste qui les aime de sa gloire,
et encore le verbe qui les bénie au matin,
elles nous offrent leur fécond parfum
quand nous les avons vêtues de nos espoirs.
Sans croire que, seul, les plie lors les frôlant, l’air
sans penser, jamais, qu’elles seraient vides d’aether,
elles attendent, nos pensées fécondes avec le pivert,
pour leur seul élan de vie dans l’univers.
Aimées d’elles, elles nous montrent leur saut absolu
qu’il leur faut marier à nos humanités et son fils,
quand dès le matin au point du jour, elles bruissent,
frémissant de nos regards flânant avec elles, émus.
Là, non immobiles, mais silencieuses et tendres,
pourtant jouant leur musique colorée de leurs voiles
et n’ayant pour père que le monde des étoiles,
elles vont d’un calice à un autre avec les Salamandres.
Batifolent sous nos yeux Sylphes et Ondines
que nos âmes ne voient pas élevées de sénevé
chantant tout le jour dès la nuit achevée,
et les Gnomes s’amusent de nos ignorances.
Se lèvent alors tous les nobles sentiments
quand nous les reconnaissons animées,
et de leurs compassions enflammées,
elles invitent, ensoleillées, tous nos serments.