J'ai longtemps cru que la musique était au faîte de l'art, supérieure à tous les arts.
À l'origine, le monde était silence, et est venu le Verbe créateur, engendrant toutes choses.
Le Verbe est l'action créatrice primordiale. Il est la parole devenue visible, audible.
Dans l'art, le poème, en conséquence, précède la musique.
Il est à l'origine la création de toutes choses, car le poème est le témoignage du Verbe en action.
Si le poème ne témoigne plus aujourd'hui de la Lumière et de Son Verbe, c'est que la poésie s'est fourvoyée par l'action d'esprits ténébreux.
BLJ
J'ai vu en écriture poétique, en mon époque, tellement d'inepties et ces gens sont persuadés d'être poète.
J'ai vu par exemple l'esprit-mot "Saint Jean" transformé en St-Jean.
C'est d'un raccourci odieux que l'écriture poétique ne peut souffrir. L'esprit-mot en poésie ne s'abrège jamais.
C'est méphistophéliser ce qu'il y a de plus noble dans l'esprit du mot qui est aussi un Esprit-Nom et qui ne peut pas se pervertir en le réduisant à une somme de lettres par fainéantise d'écriture ou laxisme ou nonchalance et inconscience de l'Esprit-mot.
Une abréviation signifie la mort du mot, l'invalidation d'un état.
St comporte beaucoup d'autres significations n'entrant pas dans l'expression poétique : https://fr.wikipedia.org/wiki/ST
Tout est esprit. Tout.
Quant au reste, lisez tout ce que j'ai écrit sur cette Muse dans l'item poète ou poésie.
BLJ
Un poème ne se lit pas à voix silencieuse, il se déclame si nous voulons en percevoir la Source, la pensée, le chant, le rythme, le sens du mot, d'une virgule, d'un point.
Ne pas le déclamer, soit le lire à haute voix, est une profonde erreur, une illusion.
Certains parlent d'une mise en bouche. Si cela est vrai, l'expression est fausse, car la mise en bouche annule l'organe de la voix, les vibrations de l'air, pour n'en voir qu'une appétence matérialiste.
Un poète lit toujours à haute voix ce qu'il écrit. Il le joue. Il fait entendre au monde céleste, dans sa sphère poétique, ce qu'elle lui a offert. C'est une lemniscate. Je l'ai déjà dit.
Je le redis, car il semble que les lecteurs non avertis n’imaginent aucunement cette théâtralisation (mise en scène vivante) d'un poème entre le monde spirituel et son poète.
Chaque fois qu'un poème est lu à haute voix, dans la vibration du son dans l'air-tunique, c'est le lecteur laissant entendre au monde spirituel ce qu'il a offert au poète. C'est une joie pour Lui.
Le poète porte en lui le monde spirituel qu'il accorde avant de le composer en esprits-mots.
Chaque mot élu est vêtu d'une couleur, d'un son. Car l'archétype d'un poème est d'abord couleur avant de devenir son. Alors que dans la musique, c'est l’inverse, c'est le son qui produit — crée — la couleur.
BLJ
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La Nuit, se lèvent, s’élèvent, les roses,
fleurissant une par une nos étoiles
qu’au firmament, nous pouvons voir de gnose.
Jaunes, rouges, bleues, du ciel, nos cathédrales,
De leurs rayons lointains, elles nous bénissent,
ourlant nos Cieux de dentelle cristalline,
en rêvant des dieux endormis et de leur fleur de lys,
scrutant nos vies qu’elles jardinent.
Que les roses soient de Damas ou d’Ispahan,
si belles en leur habit soyeux de mystère,
elles dansent à l’unisson, éprises d’un chant,
liant leur parfum à la beauté de l’invisible éther.
C’est de leur nuit première qu’elles rêvent
lorsque revoyant la lumière jaillissant des ténèbres,
elles se voient si douces, flottant dans les boucles d’Eve,
que le Père en orfèvre cisela en leurs lèvres.
Puis, elles s’animèrent d’un nom, devinant le jour,
gardé pour l’éternité quand l’heure serait venue.
Ô, opéra de la vie qui les nomma Amour.
Et le Père grava leur nom en Poésie d’un murmure ému.
Quand la nuit engendra les ombres terribles,
l’essence céleste donna aux solitaires la connaissance
pour que jamais l’homme n’oublie la beauté des roses
portées sur leur chemin enluminé de garance.
Le mouvement venait de fleurir le temps à leur image
qui ne se finit jamais pour ses gerbes d’aurores.
Nous vîmes les roses de leur règne tisser les âges,
et du temps parfait, créer mille passés que tous ignorent.
Nourries de silence dans l’âme qui crée sans cesse,
elles s’ornèrent d’or que seul le soleil connaît de prières.
Jaunes, rouges, bleues, elles dirent la messe,
voyant la nuit achevée dans l’enveloppe de l’air.
Car de leur terre fertile à l’aube de la vie,
elles fredonnaient le sentier périlleux
pour le mérite de leurs parures lapis-lazuli,
que nul ne devine dans leurs astres laborieux.
Roses de nuit, rose du jour, vues à l’aube,
elles appellent l’émerveillement des regards levés
Ô hommes comblés d’une pareille beauté,
sans la saisir ni la voir d’un dieu Amour morcelé !
Car le Temps revient à son premier jour,
de sa première nuit, Ô, de l’incréé pour le tout crée,
son morcellement par le Fils redevenu Un dans l’Amour
dont Il orne toutes chevelures qui ne sont plus d’Eve.
Lapis-Lazuli