J'ai longtemps cru que la musique était au faîte de l'art, supérieure à tous les arts.
À l'origine, le monde était silence, et est venu le Verbe créateur, engendrant toutes choses.
Le Verbe est l'action créatrice primordiale. Il est la parole devenue visible, audible.
Dans l'art, le poème, en conséquence, précède la musique.
Il est à l'origine la création de toutes choses, car le poème est le témoignage du Verbe en action.
Si le poème ne témoigne plus aujourd'hui de la Lumière et de Son Verbe, c'est que la poésie s'est fourvoyée par l'action d'esprits ténébreux.
BLJ
Un poème ne se lit pas à voix silencieuse, il se déclame si nous voulons en percevoir la Source, la pensée, le chant, le rythme, le sens du mot, d'une virgule, d'un point.
Ne pas le déclamer, soit le lire à haute voix, est une profonde erreur, une illusion.
Certains parlent d'une mise en bouche. Si cela est vrai, l'expression est fausse, car la mise en bouche annule l'organe de la voix, les vibrations de l'air, pour n'en voir qu'une appétence matérialiste.
Un poète lit toujours à haute voix ce qu'il écrit. Il le joue. Il fait entendre au monde céleste, dans sa sphère poétique, ce qu'elle lui a offert. C'est une lemniscate. Je l'ai déjà dit.
Je le redis, car il semble que les lecteurs non avertis n’imaginent aucunement cette théâtralisation (mise en scène vivante) d'un poème entre le monde spirituel et son poète.
Chaque fois qu'un poème est lu à haute voix, dans la vibration du son dans l'air-tunique, c'est le lecteur laissant entendre au monde spirituel ce qu'il a offert au poète. C'est une joie pour Lui.
Le poète porte en lui le monde spirituel qu'il accorde avant de le composer en esprits-mots.
Chaque mot élu est vêtu d'une couleur, d'un son. Car l'archétype d'un poème est d'abord couleur avant de devenir son. Alors que dans la musique, c'est l’inverse, c'est le son qui produit — crée — la couleur.
BLJ
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Tombe le jour
En plein jour,
La nuit sous la lune,
Les étoiles sur la dune,
Le soleil sous la pluie,
Au jour est la nuit,
À la nuit est le jour,
Tombe le jour !
Le crépuscule est aurore,
L'aurore, le bouton d'or,
Ses levers, des typhons,
Mon émoi se fond.
Des offrandes, des amandes
Ces offrandes, des andantes
À mes lointains, mes mains
Posées sur des satins.
Poètes, qui m'aimez
Mes verts émeraudes adorez,
Qui de mes nuits
Quand je suis
Loin des tourments,
Proche des serments
De vous, affamée
De rimes acclamées,
Parturiente modèle
À mes citadelles
Amante et amie fidèle
Oui, fidèle !
Oui, citadelle !
Génitrice de voyelles
Que l'esprit conçoit
À l'orée des bois,
De rayons flammés,
De mots enflammés
Je vais, âme en peine
Mais à peine !
Parfois heureuse
Jamais amoureuse
Mais d'amour aimant,
Au feu des catharsis, l’élan;
Encore de liesse
De détresse
Sous le saule
Sur l'épaule
Douloureuse,
Mais pas ombrageuse.
Je vais sans l'ombre
D'une ride sombre
Ni l'ombre d'un rire,
Armée d'un sourire.
Légère
Amère
Lourde
Gourde.
L'âme vilipendée
Le refuge loué,
Je cours
Sans détours
Dans la ligne arrondie
Que la courbe parodie.
De poèmes en miettes,
D'amour aux poètes,
Qu'au temps j'ai volés
Que le temps m'a volés
Au ciel des firmaments
J'ai levé de froment.
J'ai écrit Liberté
Sans fragilité
Aux fronts rondelets
De mes envolées.
Faut-il être bien-né
L'âme confinée
Sous le héraut,
Sous les barreaux
Des exigences
Sans confiance.
Serai-je la goulue
Que la fronde a voulu
Aux émois de la nature
Aux poèmes de pâture
Quand fleurs m'embrassent,
Quand émotions me brassent,
Aux calices des lys
Complice du physalis
Qu'aux pétales mariés,
J'ai aimé la fleur épousée
Qu'aux roses, j'ai rêvé
La larme à l'œil, enclavée ?
Sans malice,
Farouche aux délices,
Des adoubements,
Des accouchements,
Des sacrifices,
Des Artifices !
Tombe le jour,
Naît le contre-jour,
Vient la tombe
L'outre-tombe
Sans palombes
Sans colombes.
Le cheveu blanc argent
Auréolé de vif-argent
Naît,
Paraît
À l'antre de la chimie
Pour le feu de l'alchimie.
Symphony No. 9 ~ Beethoven
J'admire l'artiste qui est connu en son temps et fait manne d'amis en son art.
J'admire l'artiste ignoré, car c'est de lui que se dessine l'avenir, gardé comme un secret.
Chacun possède sa mission.
Le premier est chargé du présent qui doit être communiqué.
Le second est mis en sommeil pour se révéler à un présent qui n'est pas de notre temps.
L'art est une mission.
BLJ
J'aime me réveiller chaque matin, l'âme chargée telle une corbeille ruisselante d'or, de poésie et de pensées/idées. C'est un honneur, une confidence, de l'Amour.
Gratitude.
BLJ