Roses de mon jardin ; photo personnelle
C'est un Petit Prince...
Qui est reparti
Comme il était venu
Laissant l'endroit
Triste et désert
Sans une rose
Grimpant sur un mur !
J'ai cherché le Petit Prince
Au clair de l'aurore;
La porte était ouverte,
Nul n'était besoin de frapper.
L'endroit était beau
L'endroit était bien fleuri
Mais aucune rose sur un mur !
Le monde est venu,
Des rubans verts glissaient
Je me suis pensée rose,
Alors j'ai été piquée
Du plus beau venin
Quand le monde a fui
Voyant le bout de mon nez.
J'ai cherché le Petit Prince,
Qui ignore que je l'aime bien,
J'ai cherché le Petit Prince,
Qui s'était envolé,
Retourné vers son astéroïde
Un autre jour de venin,
M-a-t-on dit.
J'ai vu un renard désespéré.
En ma pensée, il gémissait,
D'avoir perdu de vue l'amitié
À peine apprivoisée
À l'orée des champs de blés
Que l'aurore appelait
Que la couleur des blés pleurait.
J'ai cuit le pain
Le pain de la vie
Sous l’œil averti de l'ouvrier
Qui m'a dit :
« Ici , je fais ce que je veux !
On s'arrange entre nous ! »
Le pain a failli brûler
Et la vie a pleuré.
« Cette terre est à nous
Pour la comprendre
Il faut l'épouser ! »
« Mais moi, je suis d'ici ! »
Répondis-je.
« Non, tu n'es pas d'ici,
Tu es d'un pont que nous ignorons ! »
Je me suis sentie étrangère en ma terre
Que la lumière arrosait de clarté
Et j'ai cessé de chercher le Petit prince
Qui avait tout emporté
Parce que l'amour avait déserté.
L'endroit était beau
Et bien fleuri
Mais aucune rose sur un mur
Sous cette clarté divine !
Je suis repartie
Piquée par les serpents
Rejoindre mon astéroïde,
Un simple petit pont
Sur une rivière qui déroule son ruban.
A "Montaphilant"
A Geneviève, et Victor.
Photo personnelle
Rayon de soleil sur L'Yonne - Icauna - scintillant entre mille fleurs.
Icauna* est venue, fière et intransigeante,
précieuse et mystérieuse, belle et élégante,
dire sa colère d’être l’oubliée des nuits bleues,
d’avoir vu son nom rayé du royaume des dieux.
Elle, la grande déesse des sources
que la vie, douce et florifère, ressource ;
elle, dont toutes eaux jaillissent de sa bouche,
là, blottie dans la forêt, assise sur nos souches.
Elle, fleurit nos mousses bleues quand tout pousse,
quand l’alentour, d’un rire, elle éclabousse.
Elle, aère son sentiment de pleurs, bleui,
quand un poète vient effleurer ses lèvres de nuit.
Elle, ayant perdu son rire et sa pudeur,
raconte dans d’éternels tourments sa fureur.
Oh ! voir Séquana*, insouciante, pourtant dolente,
voler son lit, se nommer Seine, d’une soufflante.
Icauna exècre le mensonge, et l’orgueil de ses villes,
offrant sa divine beauté à Séquana stérile ;
et lorsqu’elle éclate sa foudre sans découdre un ru,
elle rougit en ses eaux blêmes, sans être secourue,
Offrant aux Sylphes son fort agacement
que la tunique bleue aime pour ces châtiments,
elle rampe de méandres en méandres tel un serpent
désirant enfin retrouver son nom et sa beauté d’antan
* Icauna : déesse de l’Yonne
* Séquana : ondine sans couronne de la Seine
L'Yonne - Icauna- à Pont-sur-Yonne
Photo personnelle
Odilon REDON "La mort d'Ophélie"
https://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-redon.php
http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/autour-de-redon.html
Il y a de la désespérance en moi,
Chaque fois que j'entends hurler,
Autour de moi, toujours entendre,
L'insatisfaction et hurler la haine.
Il y a de la désespérance en moi,
Chaque heure où l'orgueil se plaît
À calfeutrer ses propres défauts,
À enterrer l'autre par l'acte de terreur.
Il y a de la désespérance en moi,
Chaque fois que l'autre est parfait,
Ignorant tout des âmes passantes,
Riant des viles imperfections.
Il y a de la désespérance en moi,
Chaque seconde que fait la vie,
Aux cris des corbeaux noirs,
Tirant sur la colombe des devoirs.
Il y a de la désespérance en moi,
Quand ternir la beauté est volonté,
Lorsque les femmes, aux rictus creux,
S'évertuent à creuser les rides d'autres.
Pire est ma désespérance,
Quand la haine habite le jour,
Et que la nuit traîne son cri,
En de longues mémoires sans vie.
Que dire des hommes qui rient,
Parfois pire que les langues des femmes
Aux quarts de leurs muscles laids,
Au faîte de leur tessiture asexuée ?
Il y a de la désespérance en moi,
Chaque fois que je vois la suffisance,
Chaque fois que noms veulent s'asseoir,
Aux rêves des célébrités, qui rien ne laissera.
S'il faut de la désespérance pour dire,
Espérer améliorer la condition humaine,
Je clame haut et fort ma désespérance,
Devant ce monde terne, à la dérive.
Ne criez plus dans mes oreilles,
Que cris balafrent de sons stridents,
Ne hurlez plus le manque d'élégance,
Si l'élégance attendue est espérée !
Je veux pouvoir entendre des sourires
Et encore entendre pousser les fleurs,
Quant à la nuit, enfin, cessent les cris,
Et que le silence devient sage et profond.
Il y a de la désespérance en moi,
Quand face aux deux extrêmes,
S'agenouillent les hommes,
Et du milieu, n'en voient pas la beauté.
Faudra-t-il qu'elle s'éteigne,
Comme s'éteint l'électrique lumière,
Pour ne plus voir que la lumière,
Qui, au cœur des cœurs, s'allume.
La désespérance gagnera son soir,
Lorsqu'elle se sera regardée,
Parfaite en son miroir,
Couchée, à force d'avoir désespéré.
S'il faut que vie témoigne
Des justes retours d'actes,
Parce qu'il est juste de récupérer
Ce que l'on sème, j'entendrai le pardon.
Alors cesse ma désespérance,
Jusqu'au jour suivant engendré,
Qu'humains salissent de terreurs,
Quand j'engendre l'embellie des levants.
https://www.flickr.com/photos/61084932@N07/5565031933/
C’est une douleur,
un déchirement,
un vaste tourment,
un malaise, un supplice,
une torture,
l’âme souffre.
C’est un vide abyssal,
un martyr,
une plaie,
une morsure,
une mort,
l’âme part.
C’est une crucifixion,
un chemin de souffrance,
une ecchymose,
noire comme l’orage,
sombre telle la nuit,
nuit sans lumière.
C’est une gifle,
une immense blessure,
un choc violent,
une attaque,
un outrage,
j’ai si mal.
Photo libre de droits
photos issues du site
https://pixabay.com/fr/photos/cr%C3%A8me-glac%C3%A9e-hiver-gel-hivernal-2435657/
Il était une fois…
il était une fois une enfant,
triste comme l’automne finissant,
une petite fille sombre,
affligée comme peut l’être la pénombre
en décembre.
Il était une fois…
une petite fille au sang pourpre
que la Toussaint fête de sa foudre
en Lorraine, en novembre,
car de sa douleur sans jamais d’ambre,
ne sait se défendre.
Brune et triste et sombre,
le regard qui sombre,
ses draps teintés d’amertume
sous la couverture usée en plumes,
elle était en silence le cri du cœur :
« Non, je ne fais pas exprès ! ma soeur ! »
La nuit rendant à la peur l’épine,
épine que la douleur butine,
elle allait la tête baissée, amère,
quand entendant l’offense de la mère :
« Quelle affreuse, tu es ! »
buvant son lait le matin, dans le bol son nez.
Le gel dessinait sur les carreaux
mille fleurs de givre qu’emporte le caveau,
transie dans ce froid redoutable
que chaque enfant craint effroyable,
elle dormait, le lit au centre de la chambrée
sans chaufage, sans cheminée,
cernée de noirs barreaux malheureux
sentant l’air glacial caresser ses cheveux.
Alors, elle se recroquevillait sur elle.
Pourquoi descendre, un peu rebelle,
quand la chaleur fœtale protège,
douée même en été de réconfort sans neige ?
Elle, la petite brunette, aux courts cheveux,
que l’alambic appelait, heureux.
"Béatrice ! J'ai si froid, j'ai peur,
la nuit me glace de cauchemars. L'horreur !"
Si ma voix d’enfant put lui dire :
« Pourquoi te laisses-tu insulter ?
Cette harpie qui ne voit pas l’amour,
laissant la peau épaisse sur le lait fumant
que le poêle en hiver de joie réanime,
ne peut pas t’injurier, maligne! »
J’entends encore les cris de la dame,
le père soumis ne répondant pas à l’infâme,
doux tel un agneau lassé et doux,
parfois haussant le ton en bon époux,
et ma disgrâce dans l’intense misère
était plus belle que celle de cette pauvre hère.
Le matin aux journaux livrés
pour quelques sous gagnés,
avant la classe avec ses sœurs,
encaissait son pain mérité de l’absent cœur.
Point de vacances, se lever chaque jour,
pour nul ne saura quoi, sans vrai amour.
La petite fille au regard sombre et dur,
baissant souvent la tête car endure,
rendit l’âme, la floraison des vœux passée,
retrouvant l’Amour de son étoile fatiguée
qui l’accueillit, la destinée achevée,
ses draps propres et enfin de soie tissés.
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