Camille Claudel http://www.museecamilleclaudel.fr/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Camille_Claudel
Dites-moi, Camille, si des tendres fleurs
Encore, vous humez les douces senteurs,
Quand dans le jardin, je vous vois, rebelle,
Les doigts lacérés par la Rose**sous la tonnelle.
Dites-moi, si des graciles corps se lamentant,
Fondus dans le bronze, ciselés dans le marbre blanc,
Vous sont encore les encres noires de vos airains
Quand l'art et l'amour jouent avec vos forts burins.
Dites-moi, Paul, si de votre interminable soulier***
Encore, vous croyez que le rose satin délié
Est à la certitude, l'envie de l'ombre endurée,
Quand Camille, encor, se lamente, emmurée.
Dites-moi, Camille, si de l'amour partagé,
Encore, vous pleurez l'imparfait découragé,
Où le sublime détour dans la chair des légendes
Que Charles-Auguste, tant, aimait des lavandes.
Dites-moi, Charles***, si des reines de Byzance
Coiffées de lauriers d'or, vous pleurez l'aisance,
Ou l'amère déconvenue de l'art corrompu
Quand elle salit vos draps blancs défendus.
Dites-moi, Camille, si l'abri des bourgeois *.*
Est un abri clair où une cellule en sous-bois
Quand de votre lourd manteau niché de trous,
Vous dites que mites vous aiment sous l'écrou.
Dites-moi, Camille, pourquoi, pourquoi,
Tout génie, qu'artistes jalousent, décline sa voie,
Déplaît aussi quand la lumière aime, terrible,
L'ombre trop soudaine à votre cri inaudible.
Dites-moi la saveur des matins de l'enfance
Quand création rime avec joie et offenses,
Et qu'artistes défont avec béatitude acharnée
La besogne de tant de rêves abattus et consternés.
Dites-moi si l'art vaut tout ce noir chemin
Quand votre frère* en faux croyant aime le venin ;
Sans un regard d'empathie ne daigne votre regard
Que la pierre n'a ni estropié, ni piqué d'un dard.
* Frère : Paul Claudel, écrivain
** la Rose : Rose Beuret , épouse de Rodin
*** Soulier : roman de Paul Claudel
**** Charles Auguste : Rodin
*.* Les bourgeois, sculptures de Rodin
J'ai longtemps cru que la musique était au faîte de l'art, supérieure à tous les arts.
À l'origine, le monde était silence, et est venu le Verbe créateur, engendrant toutes choses.
Le Verbe est l'action créatrice primordiale. Il est la parole devenue visible, audible.
Dans l'art, le poème, en conséquence, précède la musique.
Il est à l'origine la création de toutes choses, car le poème est le témoignage du Verbe en action.
Si le poème ne témoigne plus aujourd'hui de la Lumière et de Son Verbe, c'est que la poésie s'est fourvoyée par l'action d'esprits ténébreux.
BLJ
Un poème ne se lit pas à voix silencieuse, il se déclame si nous voulons en percevoir la Source, la pensée, le chant, le rythme, le sens du mot, d'une virgule, d'un point.
Ne pas le déclamer, soit le lire à haute voix, est une profonde erreur, une illusion.
Certains parlent d'une mise en bouche. Si cela est vrai, l'expression est fausse, car la mise en bouche annule l'organe de la voix, les vibrations de l'air, pour n'en voir qu'une appétence matérialiste.
Un poète lit toujours à haute voix ce qu'il écrit. Il le joue. Il fait entendre au monde céleste, dans sa sphère poétique, ce qu'elle lui a offert. C'est une lemniscate. Je l'ai déjà dit.
Je le redis, car il semble que les lecteurs non avertis n’imaginent aucunement cette théâtralisation (mise en scène vivante) d'un poème entre le monde spirituel et son poète.
Chaque fois qu'un poème est lu à haute voix, dans la vibration du son dans l'air-tunique, c'est le lecteur laissant entendre au monde spirituel ce qu'il a offert au poète. C'est une joie pour Lui.
Le poète porte en lui le monde spirituel qu'il accorde avant de le composer en esprits-mots.
Chaque mot élu est vêtu d'une couleur, d'un son. Car l'archétype d'un poème est d'abord couleur avant de devenir son. Alors que dans la musique, c'est l’inverse, c'est le son qui produit — crée — la couleur.
BLJ
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J'admire l'artiste qui est connu en son temps et fait manne d'amis en son art.
J'admire l'artiste ignoré, car c'est de lui que se dessine l'avenir, gardé comme un secret.
Chacun possède sa mission.
Le premier est chargé du présent qui doit être communiqué.
Le second est mis en sommeil pour se révéler à un présent qui n'est pas de notre temps.
L'art est une mission.
BLJ
Tant de gens revendiquent ma poésie, création, vie et temps.
Qui sont-ils d'orgueil pour ainsi me déshabiller de mon âme et la vampiriser ? Qui sont-ils pour avoir cette volonté d'annihiler mon libre-arbitre en transformant mes textes à leur guise ?
Faut-il finalement que j'ai plus de talent que je ne le crois pour qu'ils se parent de tous les mérites dans mon art.
Faut-il vraiment que ces personnes soient en manque d'inspiration pour vouloir voler ce qui est le Moi profond !
Non ! Absolument ! Je ne les reconnais pas comme ayant-droit psychologique, ou ayant-droit artistique, ou ayant-droit sur mon âme. Je ne me reconnais pas non plus dans un faire-valoir quelconque
Je leur laisse leurs jugements et verdicts reçus par écrits-mails ou commentaires reçus en abondance ; ils ne m’appartiennent pas.
Que ces personnes écrivent elles-mêmes sans picorer dans les textes d'autres ou travaillent leur art.
Quant à ceux ou celui qui s'essaient – se sont essayé - à écrire ma biographie, ne m'ayant fréquentée qu'une année ou dix ans, non ! Ils ne savent que si peu de moi ou de mon Esprit.
Dire "Non", c'est ne pas craindre l'autre ; c'est une force intérieure préparant l'avenir.
Je sais dire "Non ! " Je ne crains pas la foudre.
BLJ