Un chat, cela marche à pas de velours que nous n'entendons pas ; cela se déplace sans bruit, frôlant à peine l'air et pourtant son silence est audible quand il a déserté la vie. Sa présence est toujours palpable dans chaque pièce, sur chaque coussin, partout, partout dans la maison, c'est cette présence dans la mort qui est sons dans le silence.
Cette entière présence dans ce silence, envahissante sans jamais nous envahir, gardien de nos instants comme le fait l'ange, ces pas sans bruits que nous devinons sans les entendre, ces gestes tendres sans être amoureux, cette infinie attention démontrée sans être accaparant, cette solitude habillée de sommeil, dormant le jour, nous veillant la nuit, sa façon de nous regarder, libre et assuré, nous raconte ce que nous ignorons vraiment de la vie : l'Amour.
Dirons-nous alors qu'il n'est qu'un chat ?
BLJ
Pleurons nos âmes
quand imparfaites, elles pleurent,
car de leurs larmes,
que l’on dit inaudibles, meurent.
Meurent à elles-mêmes
quand, entendant leurs cris et leur tourment,
nos fronts, elles baignent,
et nos yeux se lavent sans larmoiement.
Envahissent-elles l’espace
qu’aucun ne voit ni n’entend d’abondance,
elles racontent leur peine et leur grâce,
leur désarroi en notre chance.
Pleurent-Elles, invisibles,
baignant nos visages silencieux,
que nos âmes pleines de martyr sensible
disent leur calvaire religieux.
Qui sanglote Son âme en pleurs
quand imperceptible, Elle appelle,
triste et pourtant mélodieuse, notre malheur
prenant racine en nos chapelles ?
"La Piéta au pied de la Croix" Eugène Delacroix
https://www.musee-delacroix.fr/fr/actualites/evenements/du-sang-et-des-larmes-la-restauration-de-la-pieta-d-eugene-delacroix-a-l-eglise-saint-denys-du-saint-sacrement
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Louis_Welden_Hawkins_(6).jpg
"Le voile" de Louis Welden Hawkins, 1890
Le silence va tranquille,
fertile de prudence,
sans œuvrer de bruit
car point, il n’aime l’éclat.
Mesuré, il va à pas lents,
et encore d’une certitude,
estimant le chemin
en sa longueur.
Il va confiant, sûr de lui,
riche de son ascétisme
qu’il offre au temps,
ami de sa mesure.
Jaillit la pudeur de son être ;
et en sa tempérance
qu’il estime,
est une valeur.
Point, il ne connaît le cri,
guère plus la colère,
laissant penser la vie,
connaissant leur ruine.
Il mène sa barque
sur des flots constants,
sans vagues,
sans peur intérieure.
Est-il une force
qu’il ne se hâte jamais,
afin de ne pas blesser de mots
sans gouvernail.
Il est l’ami de la Parole,
et sans rien dire,
fait du Verbe son confident,
car le Verbe n’est pas vêtu de boue.
Mouvement sans abordage,
il n’avance d’aucun élan
que les excitations ternissent,
en prenant le temps d’être.
Pendant qu’il pense,
réfléchit et médite,
il avance sans sarcasmes,
sans marasme.
Noble sans fierté,
noble sans être d’injures,
il est l’allié de la patience,
quand il devine l’urgence.
Le bruit l’affirme outrage,
querelle et discorde,
ne voyant pas son jardin
que les fleurs témoignent.
Irrite-t-il le scandale,
car il ne veut rien dire,
qu’il laisse au vent le tumulte
impétueux et infernal.
Jamais une rose ne le dédaigne
ni un diamant ne le méprise,
aimant du silence sa Nature
que le Verbe au Cénacle a béni.
Le silence est un temple,
un monastère de prières,
que nul ne peut rompre
d’un ton violent.
Classé dans : Poésies
Mots clés : Bruit , Être , Fleur , rose , Silence , Conscience Poète , Spiritualité , Solitude , Nature , Temple , LIBERTE
"Le cri" de Edouard Münsch
https://fr.wikipedia.org/wiki/Edvard_Munch
Qu'est-elle cette nouvelle ombre rampante
Allant tranquille et cependant bruyante ?
Quel est ce raffut, toujours mutant son charivari
Que monologue crie sa douleur sans bruit !
Entendez-vous le silence arpentant la nuit
Soliloquant son repos faisant tant de bruit ?
Que de bruits muets qui ont, larges, crié
Le désamour dans l'abjuration exprimée !
Qu'ont-ils à plisser leurs fronts ruinés et leurs yeux
Quand vent ne passe pas même près des adieux ?
Que de déraison en ce sombre après-midi
Qui a foulé la rose en larmes brisées à midi !
Mais qu'ont-ils tous à hurler, les yeux injectés,
La joue gonflée des gifles griffées infligées ?
Que de douleurs au verbe que doubles saisissent
Quand de l'amour, nous voyons qu'haines sévissent !
De qui parlez-vous quand les querelles s'amusent
À blesser le jardin des fleurs avant l'hiver d'une muse ?
Il faut quelques valeurs pour tant de mal vécu,
Sans l'inimitié d'autres, saurais-je mon écu ?
"Cauchemar" dans "Le poème de l'âme" de Jean-Louis Janmot
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