Illustration Beatrice Lukomski Joly oeuvre personnelle " Longecombe "
Ma falaise bleue, drapée de verdure, tu sommeilles, et pendant que je demeure loin de tes entrailles, je rêve encore de toi dans ton drap de velours bleu émeraude que tu révèles de blancs, de bleus, à mon souvenir.
Ma falaise, mon épouse, qui de tes formes, auréole mes fenêtres, tu attends que je te revienne, me connaissant fidèle à tes traits maquillés de nuages que légèreté aime de tes pentes dévalées jusqu'à l'épuisement du rêve qui n'a jamais cessé d'envoûter ma mémoire.
Pas un jour, pas une nuit, sans toi ! Songes harmonieux à ma vie qui te voient comme un tombeau. Je mourrai entre tes bras. Je te reviendrai, siècles passants d'automnes éclairés à tes étés chauds comme le soleil caressant ton visage ; attends-moi !
Ma falaise bleue, tu t'es endormie, triste, lorsque de mon mouchoir agité d'un pli mouillé, je t'ai crié : Ne m'oublie pas !
Chaque printemps, de tes narcisses corollés* d'étoiles blanches, tu écris ton amour à ma parure or que tes sapins, géants de nos amours, cachent en leurs écrins pour quelques sanguins d'automne feus.
« Dis à tes sombres rires veloutés, les mornes chagrins qui m'ont faite veuve de tes collines et de tes ravins, quand j'épousais, l'âme tranquille, tes nobles atours, assurée de ta loyauté à ma vénération ; lorsque mes pieds soumis t'aimaient de ces caresses ombragées que le ciel éclairait d'enluminures pourpres lors de nos couchers, je chantais un psaume que toi seule entendais.
Comme j'aime ton manteau blanc couvrant mes cheveux que tu embellis de flocons crapuleux, tourbillonnant tel le vent voulant se faire remarquer, car las d'être seul, et que s'amuser avec les branches pour la joie de mes yeux t'est le zèle de ma constance émerveillée, toujours éblouie par les joyaux que tu caches secrètement tel un hiérophante qui ne veut rien enseigner. »
Ma falaise bleue comme la mer roulant ses flots, tu cueilles des pierres pour toutes vagues ondoyantes sur tes talus, et je pense à toi, mourante entre tes valons, pourtant si loin de tes yeux. Je sais que tu penses à moi parce que je pense à toi. Je t'entends hurler pour me voir revenir :
« Viens !, cries-tu ; reviens ! moi aussi, je meurs, me dis-tu, car toi seule m'aimais de connaissances, batifolant avec mes elfes et mes salamandres adoucies dans les épines de mes branches. C'était si doux de te voir assise sur une pierre au bord de mon étang transparent comme la galaxie se mirant à ma surface, me lisant la vie de l'esprit que tu en égayais ma pensée revenue à la vie.
Ah ! cette lésine si douce quand elle aimait le silence pour toute symphonie bleue ! Je rêve de tes pas creusant mes rides lors de mes pluies printanières. Je fleuris mes grottes et mes cascades pour ton retour afin de te voir enfin revenue en mon giron, meurtrie par ton absence.
Que le temps m'est d'une langueur sibylline chaque fois que tes yeux emplissent mon rire de ton regard admirant la dévotion de mes eaux déboulant sur mes roches éclatées par les millénaires, qui n'osent plus espérer mes levers de sommets. Pourquoi n'ai je pas figé l'instant pour l'arrêter ?
Que restera-t-il de moi lorsque siècles m'auront érodée pour ton retour ? Pleureras-tu mon silence ? ajoutes-tu. »
Et triste, et mélancolique, je lui réponds que, là-haut, trépassée, je veillerai sur elle, elle, ma falaise bleue dans le firmament or, qu'on entendra un chant plaintif du haut de ses cimes, et tout à fois enjouée, je caresserai les nuages baignant ses vallées. Ce chant, ce sera moi, mais chut ! ne le dites à personne !
Photo de Greg Rakozy
https://unsplash.com/fr/@grakozy
Où vas-tu pèlerin,
sans ton bâton et sans écrin,
nu de nature à toi scellée d’ardeur ?
Dans l’abîme, perdu d’heures,
vas-tu vers l’azur qui nous éclaire ?
Dans la lueur, accompagnes-tu les éclairs,
qui, chaque matin, te sont offerts,
toi, accomplissant leur destin.
Vois-tu l’éclat de l’obscurité
riche de sa lumière,
lorsque tu t’éveilles en prière,
te baignant de vie constellée
dans l’immensité étoilée
des nuits aimant la clarté ?
Prends-tu en ton cœur le baume
des rivières chantant leurs psaumes ?
La beauté des fleurs riant de joie
quand leur foi t’anime et te conçoit ?
Prends-tu de la beauté des cimes
l’élan de l’aigle en ses rimes ?
Et des océans le rythme des vagues
à la lune jouant leurs sonates ?
As-tu subi l’audace du soupir
que tu vas tête baissée au nadir
ne voyant plus le but du zénith ?
Que reste-t-il de la marguerite
quand de ton souffle, tu vas
sans fraîcheur, épouser Gaïa ?
Dis-moi, pèlerin,
toi, sans sceptre ni écrin,
où vas-tu de ce pas lourd
que je ne te vois pas chaussé d’Amour ?
Toi, agitant l’âme tel on secoue un fanion,
toi, regardant les larmes de l’ânon
ayant porté la Lumière aux Nues d’Apollon,
pour toi, dans la grâce de la guérison.
Photo de
http://Chemin de Jérusalem / Chemin de Jérusalem: Marcher jusqu'à Jérusalem - Pèlerins de Jérusalem - Route de pèlerinage: Espagne
Photo de Monqiue Boutolleau issue du site :
http://boutolleau.monique.free.fr/index.php/brumes-daubrac-6548
Sur le plat de la laine tissée par la brume,
Sur la soie tournoyant autour de l’écume,
Vont d’amples ritournelles que l’aube file
De reflets épris des nuages volubiles.
Pendant que se lèvent le soleil et sa flamme,
Flamboyant avec la pluie, adulant mon âme,
Mille rayons câlinent l’éveil du matin venu,
En jouant de la flûte sur un saut de dahu.
Et le sol trempé par sa nuit de bruine
Ruisselle des hauteurs, exaltant l’Ondine
Levant sa parure de perles d’eau vers l’azur,
Pendant que descend la lumière pure.
C’est la plaine se moutonnant de coton
Pour une multitude de blancs moutons
Lors des flambées solaires aux aurores,
Pour l’embrasement de ses feus boutons d’or.
Les monts scrutant les pas dans l’angélique manteau
Psalmodient un baiser de leurs cimes au ciel si haut,
Priant pour l’homme ne voyant plus la solennité
Des étincelles, sculptant leurs cœurs en majesté.
Voyez ce suaire, le temps d’un lever,
Sur une prairie scintillante, sur une rose élevée !
Et épousez de votre main, celle d‘un autre
Endormi sur le champ glacé, guettant son apôtre !
C’est un tulle de brume se posant sur le pré,
Ayant tissé l’hermine du Roi pour nos pieds,
Et mes yeux, ayant vu l’invisible, sourient,
Face à tant d’Amour consacré à nos vies.
Peinture à l'huile me représentant sur la berge de l'étang des Lésines à Hauteville-Lompnés - 1983 -
Propriété : Julie Joly-Koutzine
Photo issue du site
https://blogs.futura-sciences.com/feldmann/tag/antares/
Au fort des murailles ensevelies
par presque mille printemps jolis,
j'ai vu tant de mousses d’ombrage
verdir les années sans dommage,
qu'au sermon pris telle l'offrande,
j'ai dessiné le temps qui transcende,
et de sa mine de graphite aiguisée,
aux écrits des Sages, ma vie, j’ai voué.
Des rides du pré jauni, avec Perceval,
lors des sécheresses estivales,
j'ai reconnu la branche vivante en Antarès,
sur la sève de l'arbre en détresse.
Combien de siècles faudra-t-il au végétal
pour élaguer une brindille pâle,
et aux hommes d'orgueil sans mesure
voir croître leur liesse dans l’azur ?
La pluie ravinait les flancs des collines,
ternis de traîtrise et de vermine,
quand sous le nuage parfumé de rose,
je vis se lever le voile des Atlantes.
Je vis trois soleils s’unir et tomber,
message aux hommes desséchés,
dans le vaste océan des ténèbres,
aux âmes terrifiées de leur lèpre.
Des flots montants, tout dévastant,
je demandai aux âmes sensibles s’élevant
de me suivre en ciel, et nous sommes envolées
pour une belle terre fraternelle levée,
que l'espace offrit à nos sagesses,
avant la source conduisant vers Hermès ;
le doux rayon couronna nos destins,
bien avant l'heure éternelle en ce noble matin.
Quand l'heure sombre s'acheva, vint la vertu,
un ange apparut tout de blanc vêtu ;
aux marches du temple solaire, feu le chaos ;
montra la clarté revenue sur les eaux,
monta avec moi le grand escalier blanc
tout de marbre céleste revêtu vers le Goéland ;
quand parvenus à son faîte dans les nuages,
il me dit de regarder l'en bas et l'en haut sans âge.
De l'en bas, je vis un gouffre de feu et de sang
fourvoyé de douleurs au serpent ;
de l'en haut, je vis une ville de lumière
étincelante d’aurores irisées en prières.
Sur un mont sans âge, brillant tel le levant,
Il était là à montrer les arpents en sa voie
que ma foi devait franchir de clarté et de joie,
et des portes franchies, être le servant.
Au chemin des roses sous l'embellie des lys
des jasmins parfumés et des corbeilles d’Adonis
j’entendis sa voix grave et douce me dire
accompagné de ciel sur sa lyre :
"Quand tu auras franchi la vallée de la peur,
va libre vers le Temple, Il t'attend à cette heure.
C'est un combat d'initié contre le venin !
Ne t’arrête pas en chemin. Vois Odin ! »
Tu souffriras tout ce que esprit endure
en franchissant cet effroi en sa Nature."
Je sus qu'entre l'initié antique qui n’est plus,
aux Atlantes dévoyés et ceux sauvés du reflux,
un mystère avait fait son entrée en lettres célestes
pour le baptême du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est.
Aux roses tant chéries parmi les épines à élire,
que ma Perse soignait les plaies d’avenir,
aux ronces rouges et au serpent sous les pieds,
j'ai vu le Graal de mille embrasés sur le sentier.
Alors que les roses dans le déluge fleurissaient,
j'ai vu la Lilith sur le cep que la vigne repoussait
près du voile à Saïs que nul ne doit voir avant l'aube,
et au levant, je me suis éveillée, baignée de psaumes.
Tableau " Sophia et son enfant"
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Mais quel est ce jour sombre
Arpentant sa rivière, livrant l'Hombre*,
Mes épaules endolories, le poids des bois,
Mes pas lourds. Qui me montre d'un doigt ?
Suspendu à ma douleur, trahi pour un denier,
Quelle est cette offense et son figuier,
Ce lent calvaire qu'il faut monter,
Cette robe gênant mes enjambées ?
Quel est ce midi qui m'appelle
Pour éblouir ma douce chapelle,
Et ce rêve donné aux soumis
Comme aux plus endurcis ?
Moi, la vie baignée de rosée,
Marchant avec peine, les pieds blessés,
Le caillou pour ami, la colline gravie,
Moi, aux douleurs si vives en mon pays.
Que faut-il porter de blessures,
Le cœur rougi, fortes voussures,
Pour que mon soleil fleurisse au Soleil,
Et que soleil offre sa lumière à l'éveil !
Là, entre mes épaules, vif est le pas,
Je m'enfonce, et je brûle du trépas,
Et je regarde la foule,
Et j'ai peine sous la houle.
Là, dans le silence, hurle la vie
Qui attend, donnant son aile bleuie,
Sans faiblesse, sans traîtrise,
Le cœur riche dans la colère de la bise.
Je porte vous et moi, l'oiseau et le ver,
La fleur et l'arbre ensemencés en hiver,
Pour abreuver la vigne éclose,
Nourrir ma terre, d'un nectar s'arrose.
Mes cheveux ruisselants de parfum,
Mes yeux couverts de thym,
Je vais ensemencer l'avenir,
Dire à tous que j'aime, vous réunir.
Et je marche, pauvreté dans les bras,
Le ventre miséreux, et douce aura,
La joie arrimée à mes jours
D'avoir plié pour Son secours.
Qui croit m'avoir enseveli,
Les actes satisfaits de l'ordalie,
Fer et souffre, froid et chaud,
Ignore qu'il me couvre de chaux.
Et chaux, et sel, envolent la pureté
Sur une aile d'ange, un dôme or est né.
Vois ma colombe voler si haut !
N'ignore pas mon rameau !
Jour sombre, heure d'éclipse,
Neuve et douce apocalypse,
Sans m'éclipser, je verse en mon vase
Sept roses, baume de nard, Ô extase !
Je vais, même chargé, sourions !
Ruisseler sur vous de rayons,
Que ne voyez-vous ma colombe
Descendre et voler plus haut !
Déposer un baiser sur vos cheveux,
Poser un doigt sur vos lèvres d'aveux,
Et je rayonne, je resplendis, j'aime,
Et j'aime, j'aime, j'aime.
Peinture Waldorf
*Hombre ! mot français tombé en totale désuétude signifiant homme et issu de la langue espagnole
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