J’ai rencontré sur le chemin trois mystérieuses roses. L’une était blanche, l’autre bleue, auréolées, que d’étoiles il n’y eut pas assez pour les aimer, et la dernière, rouge, écrivait le livre de la vie.
Lors marchant sur le chemin fort en broussailles l’une vint à marcher devant moi, quand l’autre marchait à ma gauche et la dernière, à ma droite.
Toutes semblaient flotter dans l’air, toutes utilisant leurs pétales pareils à des ailes d’anges pour parfois, tourner autour de moi. La rose blanche invita mon regard. Accueillant un subtil rayon presque invisible, elle me dit : Où vas-tu ainsi marchant lentement ?
Je ne sus quoi lui répondre car je marchai très vite sur le chemin que mon bois aimait de sa terre foulée : mon bois et ma forêt sous le soleil. La rose bleue vint à se poser sur mes lèvres tel un papillon doré venu m’entendre. Elle dit : Où vas-tu ainsi silencieuse ? Ne sais-tu pas que je suis la musique des sphères ?
Je ne sus quoi lui répondre car il me semblait avoir parlé si fort, que je n’avais pas reconnu sa musique jouée en moi, et ainsi l’offensai. La rose rouge tomba à mes pieds. C’était terrible car je crus que je l’écrasai. Elle m’invita au repos en disant : Marche ! N’arrête pas de marcher !
Je ne sus quoi lui répondre car je m’étais arrêtée pour la sauver, pour ne pas la piétiner, elle, ma rose rouge. Je ne reconnus pas la force du labeur me demandant de ne jamais cesser de marcher dans le repos.
Elles étaient trois sur le chemin, voltigeant tels des filets d’air dans les arbres, l’une soulevant un de mes cheveux, l’autre un pan de ma robe tellement imparfaite et mal cousue, la dernière mon voile si beau malgré l’imperfection de ma robe. Belles comme l’aurore, le midi et le soir, elles dansaient devant, derrière, autour de moi, tour à tour aimables et sévères. Elles étaient trois à m’attendre de blanc vêtue, espérant ma robe enfin achevée.
Rose blanche montra son beau turban blanc. Derrière son vêtement , qui était une aube ample, nouée d’une ceinture si belle, je vis mille pèlerins le suivre pareillement de blanc vêtus. Tous silencieux, tous en prière.
Rose rouge à l’amour platonique me fit entendre de son calice vivant des chants s’envolant des pensées qu’hommes avaient bellement tissées. Quant à Rose bleue, toute de sagesse, m’affirma l’ordre de la morale en son cœur que je ne pus qu’emplir mon vase pour être à sa parole le son qui soigne.
J’étais bien entourée par mes trois roses. Rose blanche me dit : Encore cinq Roses et nous t’élirons jardinier céleste en notre roseraie stellaire. J’osai répondre, les questionnant : Quelles sont les Roses que je n’ai pas nommées ? Rose blanche répondit : Celles que tu as vues et dont tu n’as pas assez sculpté les bois croisés ni assez aimé leurs épines.
Ah ! Rose jaune ! m’écriais-je. Oui ! Rose jaune ! Puis, Rose d’or coiffant le dôme béni ! Encore Rose pourpre au parfum si doux ! Et, et... Rose-ciel dont la symphonie est joie.
Rose blanche s’inclina devant la rose d’or. Rose bleue fit fleurir le jardin pendant que Rose rouge réparait les fissures dont la terre était meurtrie.
Ainsi, sur le chemin étaient venues toutes mes Roses que j’en fus si éblouie que je sus que Rose jaune était moi. Je donnais la main à Rose blanche ; mon cœur à Rose d’or ; ma parole à Rose bleue ; mon geste à Rose rouge et ma voix à rose-ciel.
Je ne les revis pas sur mon chemin car je les savais me suivre m’observant chaque seconde de la vie depuis le premier jour. Elles s’étaient montrées fort satisfaites que je puisse les reconnaître en mon jardin.
Y eut-il une rose qui m’impressionna davantage qu’une autre ? Non ! Toutes furent d’un tel éclat que je ne pus en préférer aucune.
Dédié à K.Hauser et en sa mémoire sur sa tombe qui a toute ma gratitude en sa venue.
Portrait de Kaspar Hauser de Greg Tricker ( éclairci )
Matin au bord du ruisseau de TC Steele 1893
https://www.wikiart.org/en/t-c-steele
Prenons soin de la rose qui, discrète,, aime entendre la musique du silence afin de mieux fleurir quand les épines qu'elle regarde n'appartiennent plus à sa tige que la tige fanée voisine convoite pour mieux fleurir dans le dessein des nuages ayant assombri son horizon.
Dans l'habit clair de sa demeure où vit la clarté de l'air, foulant au pied sa terre, que deviendra-t-elle si la musique des sphères ne parvenait plus à nos oreilles quand tombent ses pétales sur lesquels s'assoie un corbeau noir ?
Lorsqu'elle chantera la beauté de son nom, donnant son prénom, quelle sagesse en sa sève donnera l'agir qui se voudra prompt à l'heure de sa floraison car, quand rose au jardin de lumière s'esquive, elle pleure ses petits qui sont de superbes boutons en devenir. L'air est sa cape blanche que caresse le rayon du soleil ayant la forme d'une épée brillante.
Laissons la forme revêtir la beauté du silence, car du silence nait la cueillette des épines que la sombre nuit noire ne peut saisir.
La rose a besoin de calme, et lentement s'épanouit, quand la nuit la crée bleue, le symbole rougeoyant sur son épaule qu'est le calice en son pistil. Abeilles ne butinent que si le fruit de la fleur est mûr au crépuscule pour son levant.
Chante la Rose Calice.
BLJ
Tableau Freydoon Rassouli
http://www.rassouli.com/
Je ne suis rien, car je ne veux rien, rien être,
Ni être une chose, ni être un nom, rien qu'être !
N'être aucune prétention sinon prétendre être
Qu'aux pas des arbres rencontrés, j'ai été pour être.
N'être rien que ce que je peux être, chaque instant,
Quand l'instant épouse l'éternité pour le firmament.
N'être que ça, le firmament dans mon éternité !
Rien que cette étole d'étoiles à mon regard édifié !
Pourquoi être un autre quand s'efface le jour,
Et que la nuit m'embrasse de ses astres d'amour,
Quand à la rondeur des déliés des vies passées,
Je marche d'inclinaisons face au vent, rassasiée ?
Je ne veux rien être, rien que le temps qui passe,
Riche de gloire aimante au cœur des espaces,
Quand un battement d'ailes frémit, large suspendu,
Arrimé à mes pas, que l'être flotte avec moi, inattendu.
Le temps épure les lacunes à la liesse des nuitées,
Qu'être s'enrichit de n'avoir rien été sinon avoir été,
Chante alors le cœur des revers et l'être dit « j'ai été »
Parce qu'être de tous les soleils, le rayon ciselé, est gaîté.
N'être rien que ce que je veux être : une flamme !
Catharsis des desseins éteints à l'ère de Pergame ;
Nos cascades parlent des sept astres étincelants.
Rien qu'être elles pour les sept esprits à Manès éclatant.
Je ne suis rien qu'être au clair des nuits se levant,
Des forges et des feux battant le métal pour l'or aimant,
Préparant le lever de l'aurore sur mille nuits tissées
Qui donnent de l'être l'éclat des vitraux à Laodicée.
Seul cet aspect de l'être ne me veut ni chose,
Ni nom connu, mais reconnu, sans plainte à la rose,
Que ma plaine, ayant gravi les montagnes, veut d'ardeur,
Lorsque éveillée sous les étoiles, je suis le parfum de la fleur.
de Gabriela de Carvalho
https://winterreise.online/gabriela-de-carvalho/
Écrit sur :
La Nuit, se lèvent, s’élèvent, les roses,
fleurissant une par une nos étoiles
qu’au firmament, nous pouvons voir de gnose.
Jaunes, rouges, bleues, du ciel, nos cathédrales,
De leurs rayons lointains, elles nous bénissent,
ourlant nos Cieux de dentelle cristalline,
en rêvant des dieux endormis et de leur fleur de lys,
scrutant nos vies qu’elles jardinent.
Que les roses soient de Damas ou d’Ispahan,
si belles en leur habit soyeux de mystère,
elles dansent à l’unisson, éprises d’un chant,
liant leur parfum à la beauté de l’invisible éther.
C’est de leur nuit première qu’elles rêvent
lorsque revoyant la lumière jaillissant des ténèbres,
elles se voient si douces, flottant dans les boucles d’Eve,
que le Père en orfèvre cisela en leurs lèvres.
Puis, elles s’animèrent d’un nom, devinant le jour,
gardé pour l’éternité quand l’heure serait venue.
Ô, opéra de la vie qui les nomma Amour.
Et le Père grava leur nom en Poésie d’un murmure ému.
Quand la nuit engendra les ombres terribles,
l’essence céleste donna aux solitaires la connaissance
pour que jamais l’homme n’oublie la beauté des roses
portées sur leur chemin enluminé de garance.
Le mouvement venait de fleurir le temps à leur image
qui ne se finit jamais pour ses gerbes d’aurores.
Nous vîmes les roses de leur règne tisser les âges,
et du temps parfait, créer mille passés que tous ignorent.
Nourries de silence dans l’âme qui crée sans cesse,
elles s’ornèrent d’or que seul le soleil connaît de prières.
Jaunes, rouges, bleues, elles dirent la messe,
voyant la nuit achevée dans l’enveloppe de l’air.
Car de leur terre fertile à l’aube de la vie,
elles fredonnaient le sentier périlleux
pour le mérite de leurs parures lapis-lazuli,
que nul ne devine dans leurs astres laborieux.
Roses de nuit, rose du jour, vues à l’aube,
elles appellent l’émerveillement des regards levés
Ô hommes comblés d’une pareille beauté,
sans la saisir ni la voir d’un dieu Amour morcelé !
Car le Temps revient à son premier jour,
de sa première nuit, Ô, de l’incréé pour le tout crée,
son morcellement par le Fils redevenu Un dans l’Amour
dont Il orne toutes chevelures qui ne sont plus d’Eve.
Lapis-Lazuli
Roses de mon jardin ; photo personnelle
C'est un Petit Prince...
Qui est reparti
Comme il était venu
Laissant l'endroit
Triste et désert
Sans une rose
Grimpant sur un mur !
J'ai cherché le Petit Prince
Au clair de l'aurore;
La porte était ouverte,
Nul n'était besoin de frapper.
L'endroit était beau
L'endroit était bien fleuri
Mais aucune rose sur un mur !
Le monde est venu,
Des rubans verts glissaient
Je me suis pensée rose,
Alors j'ai été piquée
Du plus beau venin
Quand le monde a fui
Voyant le bout de mon nez.
J'ai cherché le Petit Prince,
Qui ignore que je l'aime bien,
J'ai cherché le Petit Prince,
Qui s'était envolé,
Retourné vers son astéroïde
Un autre jour de venin,
M-a-t-on dit.
J'ai vu un renard désespéré.
En ma pensée, il gémissait,
D'avoir perdu de vue l'amitié
À peine apprivoisée
À l'orée des champs de blés
Que l'aurore appelait
Que la couleur des blés pleurait.
J'ai cuit le pain
Le pain de la vie
Sous l’œil averti de l'ouvrier
Qui m'a dit :
« Ici , je fais ce que je veux !
On s'arrange entre nous ! »
Le pain a failli brûler
Et la vie a pleuré.
« Cette terre est à nous
Pour la comprendre
Il faut l'épouser ! »
« Mais moi, je suis d'ici ! »
Répondis-je.
« Non, tu n'es pas d'ici,
Tu es d'un pont que nous ignorons ! »
Je me suis sentie étrangère en ma terre
Que la lumière arrosait de clarté
Et j'ai cessé de chercher le Petit prince
Qui avait tout emporté
Parce que l'amour avait déserté.
L'endroit était beau
Et bien fleuri
Mais aucune rose sur un mur
Sous cette clarté divine !
Je suis repartie
Piquée par les serpents
Rejoindre mon astéroïde,
Un simple petit pont
Sur une rivière qui déroule son ruban.
A "Montaphilant"
A Geneviève, et Victor.
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