Lettre bi-mestrielle "Novalis" par Jean Moncelon
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaireQuand je parais dans la magnifique lettre bi-mestrielle parlant du poète Novalis de Monsieur Jean Moncelon
Ce que l'on dit sur ma poésie
Quand je parais dans la magnifique lettre bi-mestrielle parlant du poète Novalis de Monsieur Jean Moncelon
Un lieu inspirant pour une poétesse transcendentale
Béatrice Joly, poétesse,
Est d'une indicible richesse
Ses écrits demeurent troublants.
L'amour pour elle est l'important.
Il existe, on sait, des espaces
Recevant un courant de grâce.
Son lieu de travail, inspirant,
En est baigné certainement.
Dans notre monde occidental,
Le poète transcendantal
S'exprime en un souverain style
Émois en images défilent.
Celui qui écoute attendri
S'émeut si lui n'a pas compris,
Tant était nouveau le langage,
L'esprit sublime des messages.
Transcender est certes un pouvoir,
Une façon de concevoir
Qui résulte de la culture,
Et d'un talent de la nature.
12 mai 2016
https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/un-lieu-inspirant-pour-une-po-tesse-transcendentale
Photo Vincent Munier https://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Munier
À Béatrice Joly de Suzanne Walther-Siksou un jour de spleen.
N'avoir pas le coeur à l'ouvrage
Est certainement ennuyeux
Quand l'inaction rend soucieux
Et cause des désavantages.
Quand j'éprouve de l'indolence,
Le besoin d'être sans rien faire,
J'accepte de le satisfaire,
Reste en attente, esprit et sens.
Gardant immobile mon corps.
Je deviens soudain attentive
Et bien souvent méditative,
Confuse en pensant à mon sort.
Je ne peux douter du passé;
Me le restitue ma mémoire.
Me semble un conte, mon histoire
Emplie de souhaits exaucés.
L'endroit où j'habite est béni.
Au Québec, la joie se partage.
D'un incomparable courage
Son peuple avance épanoui.
En ce jour terne, même choix.
Ma douce liberté perdure.
Hier, contemplant la nature,
J'ai vécu d'émouvants émois.
15 juillet 2016
Porteuse de souliers magiques,
Telle la plus jeune fée,
Par le zéphyr ébouriffée,
S'offre des séjours mirifiques.
Son âme est emplie de tendresse,
D'une acuité qui émerveille
Son esprit, toujours en éveil,
Pénètre d'étranges richesses
.Elle maîtrise le langage,
Aime saisir ce qu'elle voit.
L'imaginaire bien des fois
La ramène vers d'autres âges.
Sa culture la rend savante,
Pas le moindrement vaniteuse,
Elle demeure aventureuse
Et cependant reste présente.
Travailleuse et bienfaitrice
Elle offre son temps sans compter,
Lors son sommeil est écourté.
Elle se nomme Béatrice.
30 juillet 2016
Publié sur le site
https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/portrait-d-une-femme-remarquable
de
https://artsrtlettres.ning.com/profile/SuzanneWaltherSiksou127
Ce qui fut un autre article dans la presse parlant de ma poésie. Ma surprise fut immense découvrant que l'article occupait 1/4 de page du journal "Le Progrès de l'Ain". 1/4 de page ! Isabelle Didier, journaliste littéraire, avait décidé de porter haut mon écriture. J'ai écrit "le génie" en 2 mois en 1985 lorsque ma fille aînée faisait la sieste ou la nuit, mais l'ai laissé mûrir 5 ans avant de décider de le publier en 1991. Parfois Julie, âgée de 10 mois, jouait dans mon bureau prenant les livres de ma bibiothèque pour les étaler par terre, prenant quelques minutes, lui disant " Attends , maman a une idée, je ne peux la laisser s'envoler !" Puis , l'idée couchée sur le papier, je la prenais dans mes bras et nous dansions dans le salon. J'ai dansé avec mes quatre enfants, après l'écriture.
Lorsque la critique littéraire m'a demandé si j'écrivais depuis longtemps, je n'ai pas osé dire que j'écrivais depuis l'enfance, car je craignais de ne pas être crue ! Lorsque nous avons affaire à une critique littéraire, nous ne savons pas ce que sera son écrit dans le journal ; nous ignorons tout. Rien ne transparait. Aussi ai-je répondu "12 ans", pour sembler crédible à ses yeux. Comme je l'ai dit dans un autre article, intitulé "Mémoires peut-être !" je craignais énormément les médias ; je les fuyais ; et je pense toujours avoir raison, mais pour moi ce fut du bonheur dans la presse de lire les critiques qui étaient faites et qui me donnaient tort de penser que les médias tuaient forcément l'autre.
Ce fut mon premier article, d'autres suivirent dans la même veine.
Cet article est d'Isabelle Didier, journaliste littéraire.
« Poèmes lunaires Poèmes solaires » :
L’Élan flamboyant d’une « Rêveuse éveillée » singulière
« La sainteté n’est rien de ce qu’on imagine. J’ai rencontré aujourd’hui une troupe de primevères bavardant à l’air libre et faisant de leurs bavardages une prière qui montait droit au ciel. Leur cœur était ouvert aux pluies, aux sécheresses et même à l’arrachement. Ne pas choisir dans ce qui vient était leur manière impeccable d’être saintes. Je piétinais dans mes pensées quand elles sont apparues sur le bas-côté de la route, offrant à la lumière le berceau coloré de leurs pétales. Le vent faisait vibrer leurs formes, imprimant sur un fond d’herbes un texte digne de louanges.1 Christian Bobin
Longtemps je me suis persuadée que l’inné prédominant de par sa vocation, l’emporte sur l’acquis en matière de créativité, étant plus que consciente que nous ne naissons pas égaux concernant nos dispositions intrinsèques, soit qu’elles demeurent à l’état de germination, ne pouvant hélas, davantage éclore, soit que leur floraison s’accomplisse selon ce que nous réserve le destin, n’ayant pas d’autre alternative que d’accepter la suprématie de la Nature, notant à quel point elle sait se montrer prodigue ou a contrario avaricieuse, envers les créatures vivantes qu’elle porte en son giron, ce qui me conduit d’emblée à oser contredire la profession de foi suivante : « On ne naît pas poète, on le devient. Il y faut des armes puissantes. »2
Longtemps je me suis répétée certaines formules incantatoires dont celles du père des « Fleurs du Mal » et d’« Enivrez-Vous »3, qui prodiguait ce florissant conseil :
« Ne mépriser la sensibilité de personne.
La sensibilité de chacun, c'est son génie,»
choisissant également d’élire un fructueux adage nietzschéen : 1 : Prose issue de l’ouvrage les « Primevères » 2 Citation de Jean Lescure à propos de l’Introduction à la poétique de Gaston Bachelard in L'Intuition de l'instant (p.126, Livre de Poche/biblioessais n°4197) 3 : En référence à la pièce poétique issue des « Petits Poèmes en prose » de Charles Baudelaire : http://www.poesie.net/baudel1.htm
2
« Créer - voilà la grande délivrance de la souffrance,
voilà ce qui rend la vie légère. »4
Tout comme depuis longtemps, je perdure dans mes convictions, renforcées par une observation attentive, qui me font prétendre qu’un artiste n’a cure de définition, de catégorie sociale dans lesquelles la société occidentale dite civilisée s’ingénie à le ranger, pour faire rayonner son essence profonde, qu’il lui importe d’ailleurs fort peu en finalité, d’être catalogué dans telle ou telle discipline qu’il tente fréquemment de repousser, si ce n’est d’abolir, classification synonyme d’enfermement pernicieux, avouons-le !
Créateur donc, se plaisant, un rien frondeur vis-à-vis des étiquettes sclérosantes à défier leurs normes stéréotypées, du moins celles qui contribuent à faire des Hommes des machines5, à la façon d’un touche à tout de génie6, Jean Cocteau, qui se voulait avant toute chose poète, lui qui avait l’audace d’assumer au vu et au su du monde, sa singularité (« Ce que l’on te reproche, cultive-le c’est toi-même ») et ce, quelle que soit la forme d’art exprimée, s’attachant à faire se nouer les fils de soie de son métier à tisser sans que l’on puisse les distinguer, voire les dissocier, destin apollinien entremêlé comme autant de croisées d’ogives, de croisées de chemins allant à la rencontre les unes des autres, à condition, certes, que seuls l’emportent l’infusion de sens et la pulsion cruciale du désir de transmission du message, deux éléments majeurs facteurs d’émotion, à l’instar de l’auteur de la « Jeune Captive »7 qui déclarait ce truisme transposable à l’égard de maintes formes artistiques :
« L'art ne fait que des vers, le cœur seul est poète » préfigurant en cela une pensée atemporelle bien que fleurissant au XXème siècle due à « l’Homme-Joie »8:
« L'écriture c'est le cœur qui éclate en silence»
Pourvu, assurément, que le verbe de nos rhapsodes soit nourri de « Gai savoir »9, ne possède t’il pas d’ailleurs une puissance d’une profondeur abyssale ineffable ? :
« L'artiste a le pouvoir de réveiller la force d'agir qui sommeille dans d'autres âmes. »
4 :Évocation d’ « Ainsi parlait Zarathoustra » de Friedrich Nietzsche :
5 : Détournement de la devise du philosophe allemand Lessing qui proclamait que « «La pompe et l'étiquette font des hommes des machines» 6 : "Je touche à tout parce que tout se tient" proclamait Claude Roy… 7 : Allusion à la figure littéraire d’André Chénier 8 : Formule de Christian Bobin 9 : Emprunt au titre de l’ouvrage de Friedrich Nietzsche
3
Mais puisqu’il doit être question ici d’une plume en particulier, d’un vocable à fleur de mots éminemment inspiré, célébrant autant les joies que les peines10 de notre cheminement, sensibilité intelligible faisant appel à la métempsychose d’une Béatrice que Dante Alighieri aurait sans nul doute reconnu fraternellement s’entend, et sitôt couronné de verts Lauriers d’Apollon, Laurus nobilis emblème des poètes, qu’il me soit permis de la saluer cette incarnation même de la Voix orphique tissée de contrastes, en me référenciant à un visionnaire immortel universel que la dame en question vénère parmi sa pléiade d’aimés, ô combien vénérée :
« Le poète est « une âme de cristal (...) une âme aux mille voix (...)
Le poème s'adresse à la sensibilité, non au savoir (...) à l'imagination, non à la logique
(...).
L'espace et le temps sont au poète. Que le poète aille où il veut, en faisant ce qui lui plaît ; c'est la loi. (...)
La poésie n'est pas dans la forme des idées mais dans les idées elles-mêmes. (...)
Le poète doit marcher devant les peuples comme une lumière et leur montrer le chemin. (...) II ne sera jamais l'écho d'aucune parole, si ce n'est celle de Dieu. (...) Si le poète doit choisir dans les choses (et il le doit), ce n'est pas le beau, mais le caractéristique. (...) Un poète est un monde enfermé dans un homme. »
« La poésie n'est pas un ornement ; elle est un instrument. » « La poésie est un monde enfermé dans un homme ». 11
Ainsi, il est certains esprits... épris d'une langue ciselée, aux antipodes du vulgaire, du sucré et du mièvre dit « à l'eau de rose », modelant les consonances de la cithare dorée chère à Phébus, avec une gourmandise d’épicurien appelant à la délectation et qui traverse au-delà du dicible, la barrière du « papier » !
Il est certains esprits ... honnêtes et tourmentés, « présences pures »pour qui la fluidité coule de leurs écrits, comme s'échappe l’onde pure et cristalline de la Fontaine Castalie bienfaisante retrouvée !
10 : « Plaisir, vous qui toujours, remplacez le bonheur » déclare la poétesse Anna de Noailles, tandis que pour Oscar Wilde, « "La douleur est la pierre de touche de tout grand art" (Lettre à Alfred Douglas « De profundis »)
11 : Texte signé de Victor Hugo
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Enfin, il est certains esprits si spirituels... qui ne se contentent pas de flatter leur égo en « taquinant la Muse » mais lient avec elle un véritable dialogue placé sous le sceau de l’Amour, empreint d’une sincérité, fidélité indéniables jusqu’à susciter en nous, lecteurs, un vertige jouissif, devant lesquels l'on se doit de s’incliner par une révérence non pas de courtisan mais de fervent connaisseur, ne vous en déplaise, émerveillé de la maestria dont ils font preuve, devant lesquels l'on s’interroge pour savoir si ils ne sont pas surhumains (« Peutêtre sont-ils fées , sont-ils Dieux»12) à tel point il semble indécent qu'ils soient ainsi dotés par Natura et vous laissent seul, passé le temps de l’exaltation, presque angoissé, au bord du désarroi de n'être qu'un maladroit, qu’un pauvre « vers de terre amoureux d'une étoile » !
Or, Amis, dites-moi de grâce, vous en connaissez beaucoup, vous, de nos contemporains qui peuvent se prévaloir aujourd'hui, de relever une semblable gageure : celle de manier les vers classiques où transparait la dévotion aux « monstres sacrés », ces augustes ainés de qui nous sommes tant redevables, rimes harmonieuses d'où se dégage des sonorités musicales, sans rien occulter de la profondeur du propos tellement riche, que si je devais en tant que passeur de mots émaux, animer à voix haute la langue caractéristique de notre Béatrice, souveraine de son domaine, il me faudrait m'y reprendre plusieurs fois afin de le mettre en bouche, adaptant au mode de l'oralité, le conseil de Nicolas Boileau, qui en morale de son « Chant I », énonce ce credo :
Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. [...]
Mon Dieu, quel souffle, quel feu intérieur s’exhalent de ce langage traduisant la souffrance et la désespérance de nos destinées dégagé cependant de la moindre fioriture ou effets superfétatoires et qui nous traduit que séparé de l’affect, l’intellect n’est que froideur, que triste est la chair qui se consume sans flamme ! :
« Il existe des Hommes Qui palpitent du ventre Et longtemps après Du cœur Quand ils le peuvent !
12 :Détournement d’un poème de Charles Baudelaire in « Les Fleurs du Mal, Le Chat II
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Heureux êtes-vous Quand le cœur Brille de mille feux Avant que le ventre Ne s'enflamme ! »13
Lyrisme humaniste qui nous bouleverse ô combien, parce que témoignant plus que la difficulté de vivre, les affres ressentis par ceux-ci au gré de leur sort présidé par ce triste sire, le Fatum :
"Nous sommes tous des victimes angéliques et aussi des parts d'ombre habités de monstres"...constate notre esprit éclairé, doué d’analyse psychologique et faisant pénitence pour nous !
Et voici en un trait de crayon brossé à la pointe sèche, toute l'ambivalence humaine propre aux Dioscures, ces figures gémellaires Castor et Pollux, dont chacun d’entre-nous est pétri, avec plus ou moins de vigueur ; et voici de mis en lumière la dualité parfois effroyable, parce qu’objet de miroir, propice à la déstabilisation…
Clair obscur source de dichotomie relevant d’une once de troubles délirants proches de la pâle Ophélie et du seigneur Hamlet, Prince de nos neurasthénies, et qui fait de la créature vulnérable traversée d’énergie vitale, un mi ange mi démon, un moine et un voyou à la Poulenc, une nonne et une bacchante noaillenne, la neige et le feu noëlien...
Or, comment ne pas se l’avouer, ce qui est terrible avec notre auteur empreint d’une intégrité singulière, bercé et pénétré de sonorités orphiques, respirant au rythme des « rimes féminines », lorsqu’il daigne nous accorder l’honneur de le lire, acceptant de nous dévoiler un pan de son hyperesthésie14, de sa sensitivité, par l’évocation des thèmes fondamentaux qui lui parlent, en nous confiant au gré de ses desiderata, une publication, l’un de ses enfants chéris issus de sa raison indissociable de ce que l’on nomme communément âme, c’est que jamais au grand jamais, nous ne risquons de ressortir indemne après avoir pris connaissance de son travail d’artisan d’art modelant le verbe, non dans un dessein purement esthétique, Dieu merci, mais dans l’intention inconsciente et volontés secrètes (?) d’atteindre notre psyché !
13 : Vers extraits de « Poème alchimique à la nature » dus à Béatrice Lukomski-Joly
14 : Hyperesthésie chère à Colette et à Marcel Proust qui reconnaissait « Appartenir "à cette grande famille magnifique et lamentable des nerveux qui est le sel de la terre. Tout ce que nous connaissons de bien nous vient des nerveux. Ce sont eux, et non pas d'autres, qui ont fondé les religions et composé les chefs-d’œuvre. Jamais le monde ne saura ce qu'il leur doit et surtout ce qu'eux ont souffert pour le lui donner".
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Cette « Âme pensante » ou « penseur fécondé par une âme » qui nous délivre sa propre clarté incandescente de créateur restituée à merveille au cœur des pages tournées ponctuant les saisons, n’est-il pas, je vous prie, un orfèvre ciseleur sculptant la matière, nous dévoilant un pan de sa « substantifique moelle » pour paraphraser une formule du docteur François Rabelais ! ?
Soyons persuadés qu’il n’est guère aisé pour le commun des mortels comme pour l’érudit, de faire s’épouser fond et forme avec un panache de cette envergure ! Quant aux blessures15 ressenties traitées parfois par l’intime de Calliope, d’Érato et Polymnie, Béatrice baptisée non pas Portinari mais Lukomski, tant « nonne, que bacchante »16, pour pasticher une locution d’Anna de Noailles, combien sommes-nous à avoir éprouvé cette longue plainte verlainienne, combien sommes nous à avoir été assujettis puis ébranlés par une semblable impression de claustration due en partie à l’incompréhension et aux jugements d’autrui taxant ces écrits d’élitistes, sinon d’hermétiques, conduisant à l’exclusion ?
Dites, au cours de votre parcours, ne vous serait-il point arrivé de vous sentir prisonnier d’une situation, de quelques faits ou de quelqu’un en particulier, comme en proie à un internement contraint, funeste, de plus en plus en plus insoutenable, dépassant et de loin, la phase du chagrin, disposition psychologique voisine, en quelque sorte, d’esseulés évoluant en vase clos ?
Et si l’une des clefs pour atténuer quelques uns des maux de l’existence répandus sur ce globe terrestre par la faute de la trop curieuse Pandore, était encore entre nos mains ? « Est-ce que nous aussi, nous sommes des aveugles? »17
S’il n’était pas trop tard pour valoriser l’expression d’Apollon et de ses muses, palette de disciplines représentant un mode notable de délivrance, donc d’apaisement, pour ceux qui s’y adonnent avec une vertueuse constance, telle l’heureuse, celle qui rend heureuse si l’on embrasse l’étymologie latine du prénom Béatrice 18? :
« La sérénité ne peut être atteinte que par un esprit désespéré.
Il faut avoir beaucoup souffert, et aimer encore le monde
15 : Allusion à l’aphorisme de Georges Braque : ''L'art est une blessure qui devient une lumière''. 16 : En référence au poème d’Anna de Noailles « Deux êtres luttent », recueil « Les Forces éternelles » : http://comtessedenoailles.blogspot.fr/2012/11/563-deux-etres-luttent-le-printemps.html
17 Page d’Évangile : Jean 9, 40 18 : Une autre source concernant la signification de Béatrice nous apprend qu’elle provient du prénom latin Beatrix, .composé d'un préfixe latin Beatus, traduisible par "heureux" ou "comblé", et d'un suffixe. L'ensemble signifie littéralement "celle qui apporte le bonheur".
7
nous prévient Blaise Cendrars, aphorisme qui vient corroborer celui du prophète Khalil Gibran,
« Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par les chemins de la nuit »
renchérissant sur cette thématique :
« Si tu aimes écrire - et seuls les saints savent pourquoi -il te faut absolument maîtriser Connaissance, Art et Magie ; la connaissance de la mélodie des mots,
l'art d'être sans artifice et la magie d'aimer ceux qui te liront. » …
Me pardonnerez-vous l’un de mes derniers emprunts dans le dessein d’illustrer mes dires, du quasi sur mesure à l’endroit de la dame qui nous occupe présentement :
"Elle marche dans un monde ténébreux auquel elle apporte la lumière. Elle attire l’attention de chacun car elle vibre, ressent plus intensément. Elle apparaît à la fois ouverte et retirée. Quoique fragile, elle résiste, elle ne plie pas."19
En vertu de quoi, serait-ce utopique que d’aspirer à un bien être en se ressourçant par l’Art, ce mode de thérapie, art source d’évasions, d’infinis plaisirs sensoriels qui sont autant d’ « Invitations aux Voyages » afin de tenter de nous reconquérir et de poursuivre cette quête de la découverte de soi-même, particulièrement de l’inconnu ou de ce double qui pourrait chercher à se dissimuler derrière le masque arboré, ne serait-ce que par pudeur et courtoisie à l’égard d’autrui ?
« J'ai pu dire JE parce que tu m'as dis TU »
prônait encore il y a peu, un adepte du droit à la différence, ayant réalisé son éloge, le valeureux Albert Jacquard…
Désir d’échanges avec autrui, de compréhension de son prochain, sentiment d’empathie, de compassionnel que ne reniait guère Albert Camus, et qui d’après le regard porté à notre héroïne férue d’humanisme, lui correspond :
« Les vrais artistes ne méprisent rien; ils s'obligent à comprendre au lieu de juger. Et, s'ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d'une société où, selon le grand mot de Nietzsche, ne régnera plus le juge, mais le créateur, qu'il soit travailleur ou intellectuel. »
19 : Eric Emmanuel Schmitt, La femme au miroir
8
Beauté-Bonté sœur de celle défendue par François Cheng au cœur de ses « Cinq Méditations sur la beauté 20» avec laquelle je conclurai cette esquisse de portrait d’une « Rêveuse éveillée » s’étant enfin décidée par cette publication, à une offrande chargée de signification, nous faisant découvrir ses mystiques barcarolles et autres Bonnes Chansons… » Quelles qu’en puissent être la veine, la couleur et la teneur…
Or, une certitude pourrait nous guider à travers ces sentiers broussailleux semés d’épines, si seulement nous nous donnions la peine de l’entendre et de promouvoir toujours plus de solidarité, nous fondant sur l’espérance que délivre cette promesse dostoïevskienne nous affirmant que : « la beauté sauvera le monde », et qu’en dépit de force vilenies, l’humanité peut- encore s’extraire d’un sort tragique …
Le fait que de rares descendants d’« Hommes de bonne volonté » chers à Jules Romains résistent à une pléthore de nos médiocrités quotidiennes et s’indignent en œuvrant dans cette direction de salut par cette fameuse recherche mystique de Beauté-bonté, tendant à perpétuer leur quête d’un idéal de vie, est quand même plutôt réconfortant, non ?
Et si nous interprétions ce signe comme la manifestation d’une transcendance, fruit que nos « Frères humains »21 sont en mesure de cultiver et de par la même de se distinguer ? :
« En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourra paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu’à l’opposé du mal, la beauté se situe bien à l’autre bout d’une réalité à laquelle nous avons à faire face. »22
Que grâces soient rendues à ces inlassables veilleurs, relieurs d’âmes étoilées constellant notre parcours…
Que grâces soient rendues à une « rêveuse éveillée » éprise de coupe pleine ruisselante, de la merveilleuse alchimie que lui insufflent des forces suprêmes à cent mille lieues du marmoréen !!!
Le 21 Octobre 2103,
Valériane d’Alizée
20 : François Cheng, dans «Cinq méditations sur la beauté"(Albin Michel, 2006) s’interroge sur le thème de la beauté puisant aux sources de la langue et de la culture chinoise, et de la culture occidentale. Cet ouvrage est avant tout une histoire de rencontres, d’abord avec ses amis, artistes, scientifiques, philosophes, psychanalystes, écrivains, connaisseurs ou non de l’Orient qu’il a sollicités pour échanger avec lui sur le thème de l’existence de la beauté, au cours de cinq soirées. Ensuite est venu le temps de l’écriture, fruit de cette histoire singulière où l’homme, François Cheng se donne tout entier avec humilité. Au cœur de ces «Cinq méditations …», l’évolution de la beauté comme expérience, est ici mise en perspective avec une autre réalité, celle du « mal » qui fait face. Que signifie l’existence de la beauté pour notre propre existence ? Qu’est-ce qui rend possible la beauté ? Qu’est-ce que la vraie beauté ? François Cheng nous parle de la « beauté-bonté » rappelant que chaque être humain est unique, nous livrant aussi la jolie formule « d’unicité d’instant » Chacun peut faire l’expérience de la beauté. Pour lui, la beauté est toujours un advenir. Dans l’amour comme dans la beauté, tout vrai regard est un regard croisé. La beauté attire la beauté. Au fil des pages sont convoqués avec finesse les grands noms de la pensée chinoise, de la philosophie française, allemande, de la poésie, de la musique et de la peinture : Paul Claudel, Bergson, Kant, Confucius, Laozi, Beethoven, Léonard de Vinci ou Cézanne, pour ne citer que quelques noms. 21 : Allusion a l’expression de François Villon et à une Prose d’Albert Cohen intitulée « ô vous Frères humains » 22 : Extrait provenant de la page 13 du livre de François Cheng cité précédemment .
par Valériane d'Alizée
spécialiste de la Flore dans l'Art et l'Histoire
Auteur-interprète
3Mon Dieu, mais quel souffle, quel feu intérieur se dégagent de la langue de Dame Béatrice, traduisant les peines et la désespérance de nos "Frères humains" sans fioritures superfétatoires ! Lyrisme humaniste qui me bouleverse ô combien, parce que témoignant plus que la difficulté de vivre, les affres ressentis par ceux-ci au gré de leur sort présidé par ce triste sire, le Fatum :
"Nous sommes tous des victimes angéliques et aussi des parts d'ombre habités de monstres"...constate notre esprit éclairé, doué d’analyse psychologique et faisant pénitence pour nous !
En un tour de plume, voici de résumé toute l'ambivalence humaine propre aux Dioscures, ces figures gémellaires Castor et Pollux, dont chacun d’entre-nous est pétri, avec plus ou moins de puissance ; voici de mis en lumière la dualité parfois effroyable, parce que sujet de déstabilisation… Clair obscur source de dichotomie relevant d’une once de troubles délirants et qui fait de la créature vulnérable traversée de forces, un mi ange mi démon, un moine et un voyou à la Poulenc, une nonne et une bacchante noaillenne, la neige et le feu noëlien...
Or, pourquoi ne pas l’avouer, ce qui est terrible avec notre auteur doté d’une intégrité singulière, bercé et pénétré de sonorités orphiques, respirant de manière innée au rythme des « rimes féminines », lorsqu’il daigne nous accorder l’honneur de le lire, acceptant de nous dévoiler un pan de sa sensibilité, des thèmes fondamentaux de l’existence qui l’interpelle, en nous confiant au gré de ses desiderata, une publication, l’un de ses enfants chéris issus de sa raison, c’est que jamais au grand jamais, nous ne risquons de ressortir indemne après avoir pris connaissance de son travail d’artisan d’art modelant le verbe, non dans un dessein purement esthétique, Dieu merci, mais dans l’intention inconsciente et volontés secrètes (?) d’atteindre notre psyché !
Cette « Âme qui pense » ou « penseur fécondé par une âme » qui nous délivre sa propre émotion restituée à merveille au cœur des pages tournées ponctuant les saisons, laissant parler sa flamme de créateur habité d’une profondeur rare, fruit de ses nobles sentiments, n’est-il pas un orfèvre ciseleur sculptant des mots émaux que bien peu peuvent prétende atteindre ? Car, soyons persuadés qu’il n’est guère aisé pour le commun des mortels, de faire s’épouser fond et forme avec une maestria de cette envergure.
Quant au sujet traité ici par notre amie, combien sommes-nous à avoir éprouvé cette longue plainte verlainienne, combien sommes nous à avoir été assujettis puis ébranlés par pareille impression d’enfermement due en partie à l’incompréhension et aux jugements d’autrui conduisant à l’exclusion ?
Dites, au cours de votre parcours, ne vous serait-il point arrivé de vous sentir prisonnier d’une situation, de quelques faits ou de quelqu’un en particulier, comme en proie à une claustration méphitique, funeste, de plus en plus en plus insoutenable, dépassant et de loin le stade du chagrin, disposition psychologique proche, en quelque sorte, des esseulés du milieu carcéral évoluant en vase clos ?
Oh, certes, confessons que ce n’est probablement pas pour leurs facettes angéliques que les malheureux se sont vus signifier qu’ils allaient être dépouillés de leur plein droit de mouvements ! Mais reconnaissons que la réclusion sur un plan purement humaniste est bel est bien une chose épouvantable et dégradante, contraire à l’essence de chaque être vivant peuplant cette planète Terre, et ce, à tout niveau qu’il puisse être, sous toute forme revêtue, en analogie de l’absence de liberté participant à dresser ce terrible constat d’impuissance, reflet donc, de nos échecs !!!
Soit ! Existe-t-il alors au monde, quelque chose de pire, de plus odieux que la liquidation d’une enveloppe corporelle ?
Selon notre perception, assurément : le renoncement à la « foi », aux aspirations forgées inabouties, étouffées et enfin ensevelies, la privation totale d’action, constituent à rendre l’homme indigne dans sa « substantifique moelle » pour paraphraser une formule du docteur François Rabelais !
Et si nous rentrions en résistance, si nous refusions l’abomination de barreaux moreaux et matériels seulement punitifs, en lieu et place d’être « pédagogiques », d’une cellule devenant en finalité synonyme de perdition, de destruction par sa concentration de violences refoulées et cohorte de non-dits ?
Comment appréhender un tel univers, humaniser et surtout apprivoiser le sanguinaire à l’état de latence, sinon le mauvais génie aux facettes démoniaques enclin à l’auto destruction qui sommeille en nous et qui, à la manière du Vésuve menaçant constamment de se réveiller, perdure à officier insidieusement jusqu’à une éruption brutale, « telle est la question », comme l’aurait énoncé le Seigneur Hamlet, éminent porte parole fraternel de nos neurasthénies !!!
Et si l’une des clefs pour atténuer quelques uns des maux de l’existence répandus sur ce globe terrestre par la faute de la curieuse Pandore, était encore entre nos mains ? S’il n’était pas trop tard pour valoriser l’expression d’Apollon et de ses muses, palette de disciplines représentant un mode notable de délivrance, donc d’apaisement, pour ceux qui s’y adonnent ?
« Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par les chemins de la nuit »
nous prévient un sage, le prophète Khalil Gibran…
En vertu de quoi, est-ce utopique que d’aspirer à un bien être en se ressourçant par l’Art, ce mode de thérapie, art facteur d’évasions, d’infinis plaisirs sensoriels qui sont autant d’ « Invitations aux Voyages » où « Là, tout n'est qu'ordre et beauté/Luxe, calme et volupté », afin de tenter de nous reconquérir et de poursuivre cette quête de la découverte de soi-même, particulièrement de l’inconnu ou de ce double qui pourrait chercher à se dissimuler derrière le masque arboré ?
De grâce, consentons à cette échappée belle bénéfique nous laissant entrevoir un horizon de guérison, en évinçant au fil de notre cheminement personnel, la méconnaissance de notre idiosyncrasie, et pour ce faire, soyons prodigue à l’endroit de notre semblable : offrons lui le loisir de laisser vagabonder son âme, afin ne serait-ce que le temps d’un songe si salutaire, il puisse devenir son propre héros, s’efforçant de lutter contre une destinée empreinte de gestes automatiques, répétitifs sclérosants et générateurs d’angoisses, d’amertumes nuisibles et autres frustrations fortement délétères, conduisant soit à un état de révolte ou de renonciation synonyme de desséchement.
Pourquoi ne pas œuvrer ensemble, s’il vous plait, membres de l’humanité animés de l’élan vital de regarder son interlocuteur en ne faisant pas semblant de le voir, habités du désir altruiste de se tourner vers son prochain en demeurant à l’écoute de ses tourments ?
N’est-ce pas là, une haute mission- vocation, défi de solidarité que nous sommes tous, à notre niveau et suivant nos dispositions, en mesure de relever?
Aussi, fédérons autant que faire se peut, je vous prie, nos énergies positives en faveur des blessés, des déshérités que les Dames Providence et Miséricorde n’ont guère entouré de leurs bienfaits !
Et si nous nous empressions de les guider, en les incitant vivement à embrasser cet adage du Père du « Petit Prince » et de « Terre des Hommes » qui préconisait ceci :
« Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve. »
Qu’il nous soit permis de croire encore à ce vœu !!!
Valériane d’Alizée
le 7 Septembre 2012
Fragment d’une prose signée Albert Cohen
Page blanche, ma consolation, mon amie intime lorsque je rentre du méchant dehors qui me saigne chaque jour sans qu’ils s’en doutent, je veux ce soir te raconter et me raconter dans le silence une histoire hélas vraie de mon enfance. Toi, fidèle plume d’or que je veux qu’on enterre avec moi, dresse ici un fugace mémorial peu drôle. Oui, un souvenir d’enfance que je veux raconter à cet homme qui me regarde dans cette glace que je regarde.
Pour moi qui vis avec ma mort depuis mon enfance, je sais que l’amour et sa sœur cadette la bonté sont les seules importances. Mais comment le faire croire à mes frères humains ? Jamais ils ne le croiront en vérité, et je suis resté le naïf de mes dix ans. Mais je dois leur dire ce que je sais et advienne que pourra de ma folie. O vous, frères humains, connaissez-vous la joie de ne pas haïr ? Ainsi dis-je avec un sourire, ainsi dis-je en mon vieil âge, ainsi au seuil de ma mort.
Que cette épouvantable aventure des humains qui arrivent, rient, bougent, puis soudain ne bougent plus, que cette catastrophe qui les attend ne les rende pas tendres et pitoyables les uns pour les autres, cela est incroyable. Mais non, pensez-vous, voyez-les se haïr les uns les autres (…). Voyez-les en leurs guerres se tuer les uns les autres depuis des siècles, se tuer abondamment malgré leur loi d’amour du prochain, loi qui est d’ailleurs de ma race, inscrite en premier dans le Lévitique au chapitre dix-neuf, verset dix-huit. Voyez-les, ces singes rusés, voyez-les depuis des siècles avec successivement leurs flèches, leurs haches, leurs lances, leurs piques, leurs hallebardes, leurs nobles épées, les petits salauds, leurs arquebuses, leurs fusils, leurs baïonnettes troueuses de ventres, leurs mitrailleuses, leurs bombes à billes, leurs bombes au napalm, leurs chères bombes thermonucléaires, leurs missiles sol-sol et sol-air et mer-sol et bientôt lune-terre, et, délice et fierté, leurs missiles anti-missiles à tête chercheuse.
Telle est leur voie, telle est leur folie.
(…) Et tout en clamant depuis des siècle leur amour du prochain, ces singes vêtus continuent à adorer la force qui est capacité de nuire. O amour du prochain.
O vous , frères humains et futurs cadavres, ayez pitié les uns des autres, pitié de vos frères en la mort, pitié de tous vos frères en la mort, pitié des méchants qui vous ont fait souffrir, et pardonnez-leur car ils connaîtront les terreurs de la vallée de l’ombre de la mort. Oui, frères, ne plus haïr, par pitié et fraternité de pitié et humble bonté de pitié, ne plus haïr importe plus que l’amour du prochain.
O vous, frères humains, vous qui pour si peu de temps remuez, immobiles bientôt et à jamais compassés et muets en vos raides décès, ayez pitié de vos frères en la mort, et sans plus prétendre les aimer du dérisoire amour du prochain, amour sans sérieux, amour de paroles, amour dont nous avons longuement goûté au cours des siècles et nous savons ce qu’il vaut, bornez-vous, sérieux enfin, à ne plus haïr vos frères en la mort.
Ainsi dit un homme du haut de sa mort prochaine.
Albert Cohen
Extrait de « O Vous, Frères Humains », 1972