Le vent se lève, tout expire, le temps s'endort.
La pluie parle aux myosotis et à leurs cœurs or
De ce toucher velours aux pétales fatigués,
Que leurs limbes raniment de clartés prodiguées.
Je vais d'un pas lent le long de la rivière,
Le regard toujours vif caressant la lumière,
Aimant le lait des rivages que l'eau épouse,
Toujours contemplant les nuages qui la jalousent.
Toujours prête à marcher là ou nul ne va,
Le bâton de bois taillé par l'aurore qui va,
Je sais des jours que nul n'épouse au loin
Sous le soleil où je sens le parfum du benjoin.
Tout soupire, l'été et les oiseaux en apnée
Que le temps prend sous son aile d'air instantané,
Que la beauté des soupirs regarde d'horizons
Quand le sein des joies, que voit la raison, est foison.
Les jours déclinent sous le soleil et son empire
Après tant de jours comblés par ses inspirs
Qu'encore je vais le baiser long à ses rayons
Sans que ne terrasse sa volonté, ma volonté à Lyon.
Fut-il si loin, presqu'endormi le beau fils veillé,
Pour tout jamais parti que le soleil l'a éveillé,
Loin des blancs manteaux tombés de la falaise
Qui point ne l'a voulu dans sa crête faite de dièses.
Si loin des rêves, loin des visages et des rires,
J'ai marché à ses cotés sans rien lui dire,
Marchant d'un pas triste sur la rive des souvenirs
Que la mémoire accomplit des jours à venir.
Je vais d'une mémoire emplie des faits de nature
Quand avec le temps, elle accomplit, mature,
La sculpture des chênes que les glands ont semés,
Là, si loin ! que l'inspir endort d'expir réanimé.
Ah ! inspire !
Respire !
En haut comme en bas, aspire !
Volonté calme aspire l'expir.
Toujours prête à me lever, même sous la bise,
Pour le Zéphyr qui me tient de pelisse promise,
Je vais à l'ombre des riens pour être une lueur
Que le temps donne aux marches sans terreur.
Paru dans "poèmes solaires, poèmes lunaires" AUX EDITIONS DU BORD DU LOT