"L'ange debout dans le soleil" WilliamTurner
Qui connaît la douleur de l’absent au revoir
lorsque nous est volé la mort et son instant,
et que, dans le noir de la nuit, le feu devoir,
nous est pris tel on vole l’alerte du temps ?
Qui se soucie des verbes non dits au chevet
qu’à la seconde du trépas, nous voulions dire ;
Le bienfait et la clémence, soudain muets,
que nul n’a prononcés de la vie au Nadir ?
Qui pense à la crainte des gestes assassinés
quand loi inhumaine soustrait la vie à la mort,
au nom du maudit pouffant en son obscurité,
laissant affligés les cœurs à l’heure du Condor ?
Si du Zénith, au faîte des astres abreuvés,
le défunt vient réconforter le cœur désolé,
lui aussi empreint de chagrin en ses Novaé*,
il pleure la mort que le vil roi a obligée.
Et l’Ange debout devant le soleil se fâche,
réclamant justice aux âmes malveillantes,
pour les âmes attristées par ce spectre lâche,
venant requérir le Juge d’une épée vaillante.
"la plainte de la jeune fille" de HORACE VERNET
https://www.collectionprivee.paris/grands-maitres/toutes-les-oeuvres-des-grands-maitres/4589-l-ange-de-la-mort-ou-la-jeune-fille-et-la-mort.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Horace_Vernet
*Novaé : pluriel de nova ;du latin nova stella (« nouvelle étoile »), créé par Tycho Brahe en 1572
Ecrit pour tous les morts dits du covid lors du premier confinement dont les familles et les défunts n'ont pas pu se dire au-revoir.
"Fleur fanée" de Mireille Malouet
http://mireille-malouet.fr/fleurs-fanees-2/
C’était un poète,
dit-on,
mais que dis-je ?
Quel poète ?
Nul poète en cet être.
C’était une femme,
disions-nous,
mais que dis-je ?
Quelle femme ?
Nulle femme en cette âme.
C’était un mensonge,
a-t-on dit,
mais que dis-je ?
Quel mensonge ?
Il n’était que songe.
C’était une menace,
dit-on
mais que dis-je ?
Quelle menace ?
En cette mort, nulle menace.
Nous sommes habitués à entendre dire : " ma spontanéité me perdra !" N'y a t-il pas plus exact que cette sentence personnelle que ceux, habituellement ou occasionnellement, spontanés, utilisent.
J'ai donc vu des gens spontanés arguant que leur spontanéité les perdra.
Tout dépend de la spontanéité.
Si elle est riche d'amour, qui perdra-t-elle ? Personne ! Elle ne fera qu'enrichir le monde et son Humanité.
Si elle est de la volonté d'une vipère, qui verra-t-elle fuir ? celui qui a risqué d'être piqué et d'y perdre la vie en étant piqué.
La spontanéïté n'a pas de demie mesure, elle est pleine et entière.
La spontanéité comporte en conséquence le bienfait de dévoiler ce qu'est la réalité de l'âme en face de soi.
Demeurez spontané, bon ou mauvais, à demi-mots, ou entier, là est votre vérité pleine et nul ne sera leurré sur qui est en face de soi.
BL
Tableau Louis Janmot '"fantôme"
https://en.wikipedia.org/wiki/Louis_Janmot
Où sont passés les camarades d'antan
Qui ne juraient que par vous, séant,
Et qu'au faîte de leur vie sans division
Est né l'absolu hallali des fissions ?
Hier, un remous d'âme ! Hier, une joie !
La nuit pour tout habit, un brou de noix !
Le jour s'éteint sur ses vanités gangrenées
Et rend sa tunique de femme accouchée.
Ô ! Forfaiture ! Ô ! inconvenance !
Hier, le ciel ! Demain la tombe ! J'avance !
C'est toujours ainsi quand les amis meurent
Et qu'au cimetière se fanent les fleurs !
Hier, un baiser ! Puis le mensonge !
Une amitié sans inimitié ! Un songe !
La force des sombres désirs enlise le rêve
Et lève, sans pitié, le glaive qui, tout, achève.
Tout, voulaient-elles des gloires humaines
Qui, jamais, n'aiment l'autre près du dolmen,
Bien qu'utilisant l'arme des beaux amours
Qu'Amour divin souffle sur du velours.
Il n'est rien de clarté qu'amis d'antan
Qui, sans rien attendre, aiment du levant
Et aiment qui vous aiment pour vous
Sans rien attendre en retour, ni dégoût !
Aujourd'hui, un remous d'âme indolore !
Demain, un remous d'âme sans belle flore !
Il est bien de plaire sans lourde félonie
Quand différences aiment chacun d'harmonie.
Sujet du poème : les trahisons amicales utilisant le mensonge pour expliquer, à qui écoute, les pourquois d'une rupture.
Les autres titres de ce poème sont " trahison" et "le baiser de Judas"
Photos libres de droit du site
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Il était une fois un petit garçon âgé de sept ans qui se prénommait Pierre. Il était si beau qu’on lui aurait donné le bon dieu sans confession comme il se dit. Intelligent, il réussissait à l’école sans effort. Chacun disait de lui qu’il était un ange incarné à cause de sa beauté et de ses silences.
Le petit garçon avait un goût immodéré pour le chocolat noir au point de n’en avoir jamais assez. Sa gourmandise était un de ses principaux défauts mais nul ne pouvait penser qu’il avait des défauts car à son jeune âge et à sa figure angélique, nul n’aurait pensé qu’il savait déjà manipuler autrui et le monde.
Chaque fois que sa mère allait en course afin de ravitailler la famille pour les besoins hebdomadaires, celle-ci achetait plusieurs tablettes de chocolat pour assurer le goûter de ses enfants nombreux. À peine acheté, le chocolat disparaissait du placard, chaque semaine. L’acte était invariable, recopié jusqu’à l’usure.
La mère en avisa son époux qui, sûr de lui, disait que ce ne pouvait être que leurs filles, leurs fils étant si sages, croyait-il. Peut être avait-il un doute sur le second fils, mais non ! Ce ne pouvait être que leurs filles ! ravisés en leurs convictions. Pierre était exclu. De tous les enfants, Pierre était le seul à ne pas pouvoir commettre de vols, disait le père ébloui par ce fils. Pierre savait que le père accusait ses soeurs, mais ne disait rien.
La mère eut un jour un doute puissant. Un seul de ses enfants adorait le chocolat noir. Elle décida de ranger ses courses en présence de son époux et de Pierre qui était assis dans l’escalier, la porte de la cuisine ouverte. Les autres enfants n’étaient pas dans le sillage du complot maternel. Le père riait sous cape, ne croyant pas un instant que Pierre put être le voleur de chocolat. Elle cacha les tablettes dans un autre placard que celui habituel, faisant semblant de ne pas remarquer la présence de Pierre puis vaqua à ses occupations ménagères. Le dîner prêt, tous dînèrent et s’en allèrent ensuite dormir.
Au matin, la mère et le père allèrent vérifier sans attendre la présence des tablettes de chocolat. Le père continuait de sourire. Lorsque déplaçant tous les aliments placés devant les tablettes bien cachées aux yeux de tous dans ce placard inhabituel, le père fut dépité, s’apercevant que le chocolat avait disparu. Plus une seule tablette ! La mère regarda le père, disant : tu n’y croyais pas ! Tu ne croyais pas Pierre capable de voler ! Tu es fixé, maintenant ! "
Le petit garçon ne fut pas puni, juste réprimandé légèrement, car sa figure d’ange et ses grands yeux rieurs les faisaient fondre. Ils ne surent pas, ce jour-là, qu’en ne le punissant pas, ils venaient de créer un des plus grands manipulateurs et un voleur né. Devenu grand, Pierre continua de voler avec élégance, prenant soin de ne plus être vu, de ne plus fabriquer de preuves qui pouvaient lui nuire. Il était passé maître d’œuvre dans l’art de tricher, de falsifier, de voler autrui. C’est ainsi qu’avec le temps, un œuf devint un bœuf, qu’une tablette de chocolat devint un héritage tronqué. Il avait pris soin de rédiger le testament, de le faire recopier sans en expliquer les termes à la personne au très grand âge qu’il avait spoliée, exhumant l’enveloppe du placard au moment venu dont il avait eu, seul, la clef. Il avait également des bijoux élégamment récupérés dont il disait avec conviction à qui l'écoutait qu'il n'en savait rien.
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