Béatrice Lukomski-Joly


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L'an qui est

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

"Typhon" 

http://www.greek-gods.info/monsters/typhon/

 

Quand le vent vous verrez, sa colère se lever,

Au grand regard qui ne se voit pas, est là,

Percera de son cristallin la flèche animée,

Qui ira d'un saut de biche, percer les cœurs las.

 

La terre tremblera d'une chaleur précoce au glas,

Bitume fondera, coulant sa glu sur les corps,

Les pieds brûlés iront, sanglants ; sol se lèvera,

Pieds ne pourront plus marcher, cieux désaccord.

 

Ciel brûlera la terre ; maisons seront enfer ;

Manquera l'eau en l'année terrible qui est ;

Blés grilleront avant d'être levés ; Lucifer

Du fer tombera sur le noir venin, depuis l'ouest.

 

Failles colossales surgiront de la terre grise,

Jetteront une lave qu'océans pleureront,

Plus d'abris en ce siècle aux tumeurs éprises,

Vent se taira ; pluie dira son silence au giron.

 

Mille ailes tomberont sur la nuit de l'homme ;

Suppliques demanderont grâce aux supplices,

Le pas brûlé, la plaie excavée, la pensée sans om,

Les hommes iront, lassés et pervertis de silice.

 

Quand cela sera en l'an qui est, n'est pas demain,

Qu'aujourd'hui creuse le lit des iniquités,

Orgueil plaidera, cheveux se dresseront au matin,

Avant que la nuit étale sa douleur exorbitée.

 

L'homme dans la mansarde, son épouse près du lit,

La charpente crissera, l'enfant s'éteindra,

Vide sera la litière ; rires croiront flétrir l'ordalie ;

Le feu entamera l'asphalte, fuiront les rats.

 

C'est ici, maintenant, l'an qui est sans nom,

Siècles consumés, millénaire à l'agonie,

Insolation, irraison, c'est le court du typhon

Qui n'a pas d'eau, les pieds brûlés pour Mani.

 

le fardeau de la rose

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

 

Pourquoi, ce soir, vivre le souvenir dans mon silence ;

Revoir le fardeau de la rose, subir l'insolence,

Trembler comme feuille au vent, dans sa panse,

Le froid dans l'âme des affres des violences ?

 

Tous ces sarcasmes ! Pourquoi n'es-tu pas morte ?

Dit-elle, le rire caustique, la ride en escorte,

Et encore la bouche voulant mordre mes mains,

Arguant sa haine qui n'a jamais cessé sur le chemin !

 

Tu es la honte de ma vie, dit-elle encore dans un cri,

Je te hais d'une telle profondeur que j'agonise ; c'est écrit !

Rajoute-t-elle le cœur vide de tous sentiments.

Pleure ! J'aime ça, surenchérit-elle d'un aboiement.

 

Et, ses yeux me tuent d'une lance dans le coté,

De clous plantés dans mes mains et mes pieds,

D'une couronne enfoncée jusqu'à mes sourcils,

Qui n'ont pas même la volonté de se froncer, dociles.

 

Elle rit et rit, l'âme si noire, que j'en frissonne.

J'ai tout tenté pour que tu aimes, forte de n'être personne,

Répondis-je, le regard riche d'amour que pleurs donnent,

Quand engendrée du soleil, je vois sa lune belladone.

 

Le spleen revient ; mes mains pleines de richesse

Que fortes douleurs ont fécondées de largesse.

Et, je la regarde s'engluer dans sa peur terrible,

Comprenant que l'on peut craindre la mort audible,

 

Quand la vie a tant haï, sans jamais de doutes,

Que cette heure arrive, que l'âme redoute

Au seul moment venu. Dis-moi ! me dit-elle,

On souffre après ? Meurs ! c'est un ordre ! ajoute-t-elle.

 

La sagesse des maux

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Tableau de Gustave Moreau " Le soir et la douleur"

 

Chemin sans fin, poids d'une douleur, je vais plié ;

Mon dos s'affaisse et douleur dit : « Entends cette force !

Je suis le réveil de la terre portée, que j'offre ;

Prends cette dette partagée pour mon être arqué.

 

Ne crains pas de te voûter du poids de ma charge,

Quand bien même, je te sais être mon disciple ;

Prends ce lourd fardeau et accompagne-moi, triple,

Car de l'Amour compris, ne s'élève que le sage.

 

Va au large, écrit le verbe qui guérit l'esprit ;

Pour le corps ébranlé, vois la sagesse des maux

Inscrivant ma lettre au front de tous les ormeaux

Consacrant leur nacre secrète aux pas meurtris.

 

Quand je vois ta tête courber d'un geste inaudible,

Et entends le cri porter son message au loin,

C'est moi en toi inscrivant la rondeur du benjoin

Soignant la plaie du levant pour l'émoi invisible.

 

Quand je vois la brume te couvrant de sa clarté,

Je souris de te reconnaître l'amie de l'aube,

Et ma solitude drape mes plis sur ta robe,

Sur l'autel des douleurs réclamées pour ma beauté."

 

 

Les trois singes

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J'ai rencontré trois singes assis, fort tranquilles,

Main dans la main, mécènes et ennemis, seuls,

Reprenant chacun leurs mains, isolés sur leur île,

Oublieux de la vie fertile sous un tilleul.

 

Le premier couvrait ses yeux, ne voulant rien voir.

Pour vivre heureux, ne rien contempler, dit ce vigile ;

Vite, cachons le destin! Je crains ce miroir !

Et de ses mains, détruit la foi des nuits agiles.

 

Le second ferma ses lèvres pour ne plus rien dire,

De crainte d'avoir à blesser celui qui vient ;

Et sans rien dire, vit le repos le contredire.

Comment ? Ton frère n'existe pas ! Païen !

 

Le troisième clôt ses oreilles. Ne rien entendre

Était son confort, afin de n'être pas lassé

Dans sa vie d'ignorance, pour sa paix sans esclandre.

Il dit : ma paix est sensée ; j'aime ma surdité.

 

Les trois singes étaient hautains dans leur sagesse,

Côte à côte, chacun seul, sans amis, heureux.

La vie est à ce prix, dirent ceux dont l’ouïe blesse

La nature qui n'est que chant mélodieux.

 

Aucun n'entendait rien du monde, ni de ses frères.

Ravis d'être doux parmi les doux qui n'en sont pas.

L'abîme les prit, sans voir les rayons solaires,

Témoins du non-être, pour le deuil de leur trépas.

 

Ils ne virent rien du mal, pour vivre bienheureux,

Pendant qu'il trottait, fou d'être prodigieux.

Les trois singes avaient masqué le bien glorieux

Dans la beauté de l'amour bien mystérieux.

 

Morale plie face à la sagesse et proclame :

Ne sois jamais comme ces trois singes qui mentent,

Car, n'aiment pas ceux qui nient le monde de l'âme,

Refusant la vie, dont le mal est sur la sente.

 

Morale crie la parole vraie dite au matin,

Quand tu n'as point fermé l'ouïe, la vue et tes lèvres,

Et quand sur terre, tu vois son levain

Tu vois ton frère, ce pareil que tu avais éteint.

 

 

 

 

 

Ma mère, ma Dame,

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Oeuvre personnelle, non libre de droits , pastel sec 

 

J'ai pleuré, ma Dame, quand sourire s'esquive,

Et que je vous ai vue triste comme un nuage gris ;

Quand déversant sa pluie sur mon épaule naïve,

Vous me prîtes à témoin de votre amour aigri.

 

Vous m'avez attendrie, ma Dame, près de l'ogive,

Quand de vos espoirs plus aucun ne vit,

Et que votre logis a été visité, façon hâtive,

Découvrant à votre insu vos traits vieillis.

 

Je vous ai montré la vérité proche du viaduc,

Ma Dame, terrifiée qu'une venue soit impromptue ;

Et qu'à votre insu a piqué votre petit duc

Laissant l'anse fracassée d'un bol inattendu.

 

J'ai souffert pour vous, ma Dame, quand vos yeux,

Si lourds, se sont assombris, effondrés,

Portant dans la mémoire des jours vieux

L'enfant aimant vous faire croire déjà cendrée.

 

Si votre froid surprend l'indécence folle,

Je répète à l'infini que je suis là, avec vous,

Et si ce n'est pas moi l'attendue auréole,

Je suis la gomme de vos peines, pour vous.

 

Quand je vois votre peur hanter votre gîte foulé,

Pour une clef blessant votre porte transie,

« Qui a osé ? », je vois les pas dans l'allée,

Pour quelques miettes de terre sur le pavé moisi.

 

Vous, ma Dame, tant blessée, l'attente trahie,

Que même dés-aimée, je suis importante,

Les années mortes ne sont plus qu'un abri,

Et je suis là, toujours là, pour vous, grelottante.

 

Ne supportant pas vos larmes, malgré le passé,

Mon amour pour vous, ma Dame, habite votre ciel,

Et le mien illumine le vôtre, peut-être, mamé !

Votre main dans la mienne pour votre arc-en-ciel !

 

Rient-ils de votre désarroi que j'en suis déchirée,

Eux vous espérant ailleurs avant l'heure, avant l'été,

Que je ne suis pas de ces trahisons, désespérée,

De vous voir, ma Dame, traîner la tombe espérée.

 

 

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