Béatrice Lukomski-Joly


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Un souffle

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

de Ladislav Záborský peintre Slovaque

https://en.wikipedia.org/wiki/Ladislav_Z%C3%A1borsk%C3%BD

https://www.artforchristian.com/en/

 

Sur le chemin rougeoyant, j’ai marché un matin.

Les veillées étaient feutrées comme la mort.

Elle, pleurant en son voile, embaumait le chemin,

Le jour était prudent tel un enfant qui dort.

 

Il était là, encore suspendu aux bois d’olivier.

Nous entendions le sol gémir du calvaire.

Chaque pas résonnait d’un écho sur le gravier.

Nous marchions, les yeux baignés d’hiver.

 

Le froid ternissait nos joues embrumées.

Jour et nuit, lune et soleil, se confondaient.

Nous allions en ce drame de chagrin, troublés.

La nuit était lente et nos cœurs tremblaient.

 

Il semblait que le temps avait cessé de vivre.

L’éclipse terrible l’avait oint et nous pleurions.

La solitude avait volé nos âmes ivres.

D’effroi, nous étions figés. Nous gémissions.

 

Les onze se cachaient, espérant le Cygne.

Ils attendaient l’aube comme on attend le pain.

Un souffle dehors, et tout sursautait dans la vigne.

Les pierres, les blés, les oiseaux, tissaient le lin.

 

Il est venu, ajouré d'épines, le sourire aimant.

Le cœur joyeux, Il nous montrait ses plaies.

Recueillis, étions-nous en Son Temple, Son levant.

La vie bruissait. Nous renaissions. Il nous louait.

 

Ces jours, ces nuits, Ses rayons, nous ont clarifiés.

De ses mains élevées, Il nous a béni de Sa terre.

Le vent s’est tu. Le soleil dans la vie s’est élevé.

Nous étions là, avec Lui, nous en Lui, Lui en nous.

 

de Liane Collot dHerbois 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liane_Collot_d%27Herbois

La petite fille sombre

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

photos issues du site

https://pixabay.com/fr/photos/cr%C3%A8me-glac%C3%A9e-hiver-gel-hivernal-2435657/

 

Il était une fois…

il était une fois une enfant,

triste comme l’automne finissant,

une petite fille sombre,

affligée comme peut l’être la pénombre

en décembre.

 

Il était une fois…

une petite fille au sang pourpre

que la Toussaint fête de sa foudre

en Lorraine, en novembre,

car de sa douleur sans jamais d’ambre,

ne sait se défendre.

 

Brune et triste et sombre,

le regard qui sombre,

ses draps teintés d’amertume

sous la couverture usée en plumes,

elle était en silence le cri du cœur :

« Non, je ne fais pas exprès ! ma soeur ! »

 

La nuit rendant à la peur l’épine,

épine que la douleur butine,

elle allait la tête baissée, amère,

quand entendant l’offense de la mère :

«  Quelle affreuse, tu es ! »

buvant son lait le matin, dans le bol son nez.

 

Le gel dessinait sur les carreaux

mille fleurs de givre qu’emporte le caveau,

transie dans ce froid redoutable

que chaque enfant craint effroyable,

elle dormait, le lit au centre de la chambrée

sans chaufage, sans cheminée,

cernée de noirs barreaux malheureux

sentant l’air glacial caresser ses cheveux.

 

Alors, elle se recroquevillait sur elle.

Pourquoi descendre, un peu rebelle,

quand la chaleur fœtale protège,

douée même en été de réconfort sans neige ?

Elle, la petite brunette, aux courts cheveux,

que l’alambic appelait, heureux.

"Béatrice ! J'ai si froid, j'ai peur,

la nuit me glace de cauchemars. L'horreur !"

 

Si ma voix d’enfant put lui dire :

« Pourquoi te laisses-tu insulter ?

Cette harpie qui ne voit pas l’amour,

laissant la peau épaisse sur le lait fumant

que le poêle en hiver de joie réanime,

ne peut pas t’injurier, maligne! »

 

J’entends encore les cris de la dame,

le père soumis ne répondant pas à l’infâme,

doux tel un agneau lassé et doux,

parfois haussant le ton en bon époux,

et ma disgrâce dans l’intense misère

était plus belle que celle de cette pauvre hère.

 

Le matin aux journaux livrés

pour quelques sous gagnés,

avant la classe avec ses sœurs,

encaissait son pain mérité de l’absent cœur.

Point de vacances, se lever chaque jour,

pour nul ne saura quoi, sans vrai amour.

 

La petite fille au regard sombre et dur,

baissant souvent la tête car endure,

rendit l’âme, la floraison des vœux passée,

retrouvant l’Amour de son étoile fatiguée

qui l’accueillit, la destinée achevée,

ses draps propres et enfin de soie tissés.

 

 

La balançoire

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

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Une petite fille, mélancolique, fait de la balançoire,

Accrochée à la branche d'un frêne.

Elle se balance, du matin au soir, flirtant avec le ciel,

Quand, émerveillée, voit venir d'un battement d'aile,

Un bel oiseau dans un rêve bleu, et le vent tournoie.

 

Quand surgit le vertige du balancement, elle vole,

Sans trop savoir ce que, de l'oiseau bleu, elle aime.


Une petite fille mélancolique cueille une rose,

Toute de pétales rouges et blancs,

Et dans le jardin s'empourpre le visage.

D'un jus de framboises se maquille les joues,

Parce que son père, idole de ses jours, la taquine ;

 

D'un trait de cerise il lui dessine l'avenir

lors ses éclats de rire que l'oiseau bleu envie.


Une petite fille mélancolique fait semblant de rire,

Le sourire accroché à ses lèvres pourpres

Que sa poupée regarde, le cœur palpitant.

Rousse comme le jus d'une carotte.

Elle la jette au fond du jardin.

 

La poupée, d'un Noël vieux, raconte la beauté

Des étoiles que les amours enfantines sèment.


Une petite fille mélancolique,

Son petit cœur flambant de couleurs, émerveillée,

Raconte à sa balançoire, aux arbres dansants,

Toute la beauté des lianes rose crèmes

Qui la cernent de toutes parts.

 

Le temps a fleuri douloureusement ses lèvres

Pour un ciel nu en plein arc-en-ciel.

 

Vingt et un mille jours

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

https://fr.123rf.com/portfolio/kevron2001/6.html

 

Quel est cet embarras incompris

qui me lancine l’âme et l’esprit ?

Ce mal-être terrible in-saisi

qui burine mes matins maudits ?

 

Vingt et un mille jours d’affreux heurts,

deux-cents-cinquante-mille, tant d’heures,

coiffant le chagrin et sa douleur,

chaque jour ranimés en ses pleurs.

 

Quel est ce sentiment déchirant

arborant mes sanglots défaillants

trempés dans le sépulcre m’aimant

que de nuit je verse, me frappant ?

 

Plusieurs vies, tant de destins,

tant de jours, de nuits, de matins,

sondant l’impossible venin

qui a obscurci mon jardin.

 

Quel est cet insondé dimanche

à l’oubliée mémoire franche

voyant la douleur sur ma branche

qui, rien, ne voit lors mes nuits blanches ?

 

Tant de leçons reçues l’âme vide

qui se disent depuis Atlantide,

ne voyant pas mon chemin livide.

Qu’ai-je ouïe de l’esprit limpide ?

 

La colombe et le corbeau

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

https://www.pinterest.fr/pin/700309810775657477/

Il était une fois une colombe et un corbeau. Le corbeau avait grands biens et plusieurs niches en ses murs et la colombe n’avait qu’un arbre fleuri pour se poser. Le corbeau aimait agacer la colombe et tournait sans cesse autour de l’arbre où se reposait l’oiseau blanc. Il avait en vue de prendre l’arbre qui avait une roseraie pour amie et d’agrandir son domaine. Il pensait que la roseraie pouvait lui appartenir également. Pour ce but, il volait sans répit autour de l’arbre. La colombe ne bougeait pas. Elle n’avait que faire du corbeau qu’elle trouvait bien laid dans ses vœux et ses actes. Elle le regardait tournoyer autour de l’arbre fleuri de roses, paisible, mais ne doutant jamais qu’un coup de bec du corbeau pouvait détruire ses ailes. Le corbeau avait appelé en renfort les corbeaux de son lignage alors que la colombe était seule en ce lieu. Tous attaquaient la colombe en sa roseraie. Les corbeaux sont foison ; les colombes sont rares.

Le corbeau croassait fort et parfois imitait le roucoulement de la colombe. C’est un mimétisme que possèdent tous les corbeaux. La nature l’avait doté de ce pouvoir alors qu’elle n’avait donné à la colombe que le pouvoir de roucouler. Injustice dirons-nous, mais c’est ainsi que la nature est faite. Nous pouvions nous demander si dans cette capacité à imiter, la création n’avait pas voulu signifier qu’un oiseau noir pouvait ressembler aux hommes néfastes et par là, s’en méfier.

Le corbeau était tout juste sorti du nid et savait déjà imiter les attitudes apprises par ses pairs. La colombe ne ressemblait qu’à elle-même, unique parce que pure en son intelligence d’oiseau blanc.

Jours et nuits, il épiait l’arbre et la roseraie. Un jour, il agressa avec un de ses semblables une branche fleurie. Les griffes acérées balafrèrent le bel arbre. La branche tomba. La colombe gémit. Le corbeau revint à l’attaque. Il renversa l’abreuvoir d’eau pour que la colombe ne put plus boire ni se laver. La colombe alla à la rivière pour boire et se laver, loin de tous regards, pour que sa pureté demeure. Le corbeau ne l’ignorait pas et fut satisfait. Le corbeau vit un chien se promener dans la roseraie. Il lui donna un coup de bec, comme à son habitude, et envoya le chien dans un refuge. Il fit de même avec tout ce qui se promenait dans la roseraie, amis de la colombe. Il la  toisa et et lui dit : Le béton siérait mieux à cet endroit, je m’en fais le garant. Il dit encore : Ici vivent des gens sales et malotrus, en parlant de la colombe et du peuple des oiseaux. La colombe appela le peuple des moineaux et demanda à ce que cette infamie soit mise sur le compte de ses actes et paroles malveillants. Ce fut acté. Le corbeau ne lâcha pas prise. Il y avait un mur près de l’arbre. Il décida de le détruire à coups de becs et de griffes, et d’agrandir, ainsi, son territoire. Le mur gémissait au sol. Il fit venir un ouvrier qui se servit des pierres pour bétonner sa cour. Le corbeau put ainsi entrer chez la colombe. Et ne s’en privait pas. Nul ne le voyait.

Hors de son domaine, il avait curieusement bonne réputation car, avec ses amis sombres plumés, il embauchait corbeaux et corneilles de la campagne pour s’enrichir. Lorsqu’il croassait, il exigeait que la colombe point de bruit ne fasse, point ne se montre. Son chant lui était insupportable. Les oiseaux de la roseraie pleuraient, car il avait aussi volé une carabine dans un champ voisin et d’un coup tiré, sans que nul ne s'en aperçoive, il tua un pigeon qui volait au dessus de ses nids. Il s’attaquait inlassablement au peuple des tourterelles nouvellement arrivé qui veillait sur le lieu. Le corbeau travaillait dur à ses niches, les embellissait avec des moyens dont nul ne savait d’où ils provenaient et payait ses congénères avec des plumes noires mais, laissant croire d’une belle écriture, que la plume noire était une plume blanche cachée sous son ventre, il paradait, or chacun sait qu’aucun corbeau n’a de plumes blanches sur le ventre.

Le peuple des oiseaux nichait dans une haie de thuyas plantée près de ses alcôves ténébreuses. Ils chantaient si fort que les matins heureux louaient les rouge-gorges,  les mésanges, les moineaux, les rouge-queux, les merles, les pigeons et la colombe dans son arbre. Un jour les oiseaux tinrent conseil. Les pigeons décidèrent de salir les niches pour que le corbeau comprenne que la laideur n’est pas de l’âme pure. Plus personne ne vint voir l'oiseau noir. Il s’en alla un temps pour trouver refuge ailleurs. Son oeuvre n'était qu'une  grande faillite. A force d'acculer la colombe, il avait tout perdu. Ses mangeoires délaissées s'abîmèrent. L'une de ses niches s'écroula, preuve que l'on peut vouloir déloger une colombe, la vie vient en aide au bel oiseau affublé de tristesse.  Il décida de revenir chez lui et d’embellir à nouveau son bien, clamant au peuple des oiseaux et à la colombe qu’il avait changé et qu’il avait compris la leçon, qu’il serait désormais leur ami. Mais le corbeau reste un corbeau, sombre et envieux, inquisiteur et épiant la mort. Il redevint lui-même et décida de tuer la colombe puisque telle était sa nature. Le peuple des oiseaux pendant son absence s’était multiplié dans le jardin. Ils avaient connu la paix et dans leur sérénité construit leurs nids. Le corbeau ressortit sa carabine trouvée dans un champ. Il avait appris à la manier comme tous les corbeaux font pour se nourrir de cadavres. Voyant parfois un des leurs gémir au sol, un autre agonir avant de rendre l’âme, le conseil des oiseaux se réunit une nouvelle fois. La colombe écoutait. Les moineaux en plus grand nombre dirent : il nous faut déménager de cette haie car la haie va périr, ainsi sera juste la sentence. Le corbeau comprendra que sa laideur n’a d’égal que la mort de ses arbustes proche de ses niches.

Il nous faut nous en aller, dirent les oiseaux. La colombe approuva, tout en étant triste, car elle serait seule en son arbre, sans plus avoir d’oiseaux près d’elle si la haie venait à mourir. Le corbeau avait entendu cela et ne comprit pas leur intention. Il dit : pourquoi devraient-ils partir, je ne pourrais plus jouer avec la mort, mais je veux bien raccourcir les branches pour que la plupart quitte cette demeure que je n’aime pas, salissant la mienne. Au diable la roseraie ! Alors, il vint sur l’arbre de l'oiseau blanc, visita son jardin. La colombe le poussa dehors, lui affirmant que son arbre était sien et que nul ne la délogerait par la volonté démoniaque d’un corbeau mal- embouché.

Le jardin des oiseaux était si beau que la colombe aimait y vivre. Le jardin du corbeau était devenu un vaste plan bétonné dont la mémoire des pierres du mur abbattu racontait encore qu'elles n'étaient pas de ce lieu. Il croyait que nul n'avait compris mais beaucoup se souvenait  qu'avant d'y avoir une terrasse bétonnée, il y avait eu là un mur fait des même pierres. La vie est juste et la mémoire des uns et des autres est intacte. Nul ne lui disait  que la situation était claire. Le corbeau s'illusionnait et la colombe observait. lI aimait cela. Il trouvait beau la laideur. Deux mondes différents se côtoyaient. Le corbeau fit venir un jardinier qui élaguerait sa haie en plein hiver. La colombe comprit que là était le signe attendu du dépérissement du massif et du départ de ses amis pour une autre maison. La colombe resta chez elle. Elle regarda le jardinier tailler la haie en plein janvier. Le jardinier n’avait pas nettoyé ses outils avant d’œuvrer. Il apporta aux résineux une foule de parasites nichés en ses lames. Les oiseaux virent cela. La colombe sut que le signe attendu était là.. Elle le dit aux oiseaux qui commencèrent à déménager. Elle, occupait toujours son arbre et son jardin fleuri. Le corbeau ne sut pas, pas plus qu’il ne vit, que sa haie avait commencé à dépérir. Les branches commencèrent à roussir, symptôme d’une défaillance engagée. Bientôt le massif n’existerait plus.

La colombe était âgée. Ses pattes la portaient désormais difficilement. Elle tombait  de plus en plus souvent de sa branche, fragilisée par l'âge et les actes des oiseaux noirs. Le corbeau était jeune. Il était dans l'espérance d'avoir un jour gain de cause. La colombe, à force de le subir, commençait à sentir la défaillance de son coeur. Elle volait de moins en moins souvent. Le peuple des oiseaux continuait à chanter pour lui donner courage et la roseraie devenait de plus en plus belle pour émerveiller son regard. Le corbeau continuait de nettoyer ses niches, toujours avide, toujours utilisant ses plumes noires pour qui voulait l'aider sans plumes blanches à offrir. Il attendait que la colombe meurt d'épuisement pour, enfin, qu'elle libère ce jardin et cet arbre qu'il voulait toujours abattre. 

Si un jour vous passez près de cet Eden et que vous entendez dire que sa colombe est  décédée, pensez au corbeau qui n'aura eu de répit dans sa nature propre à détruire. 

Les oiseaux se réunirent une dernière fois voyant leur foyer rougir aux brindilles cramoisies.

« Bien ! Il nous reste encore deux à trois ans avant que cette haie ne soit disparue, et au corbeau de comprendre qu’il peut continuer à faire le mal qu’il ne lui sera pas donné de temps pour réaliser que la malveillance le le condamnera. On ne peut vouloir tout tuer de son environnement sans que la sagesse  n'oublie cet affront." La colombe décida de rester en son jardin et d’attendre le retour des oiseaux quand le corbeau serait défait, quand   sa propre mort pointera la fin de son chant.

C’est ainsi que la sagesse œuvre pour que le mal se transforme. Le corbeau pourra revenir s’apitoyer, disant qu’il a à nouveau compris la leçon, que le peuple des oiseaux n’en croira rien, la nature du corbeau n’étant pas de changer. Ainsi partira-t-il car son départ et sa misère sont écrits dans le livre du monde. Le temps est donné aux colombes paisibles et bienveillantes alors que celui des corbeaux est toujours mesuré. 

 

 

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