Béatrice Lukomski-Joly


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Petit brouillard rose

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Photos issues du site

 https://fr.depositphotos.com/184597918/stock-photo-magical-fairy-dust-potion-bottle.html

 

Le jour se lève ; petit brouillard jade fleurit,

rayonnant de félicité à la venue de la vie,

et semblable au vent dansant dans l’air,

il accourt aux noces du printemps lors d’un éclair.

 

Là, vient dans la moirure du ciel pur

l’éclat de la rosée sur la verdure,

s’élevant sur l’autel clair, vert émeraude,

nous bénissant d’une onction parfumée à l’aube.

 

 

Petit brouillard rose papillonne joyeux,

et aux épousailles du printemps heureux,

se lie aux vergers, aux aurores, aux cigognes,

que les sages chantent pour l’homme.

 

Pluies et averses se baignent dans la rivière

voyant avril aimer le renouveau en sa prière,

quand ricochant sur l’onde du courage,

elles racontent comment meurt le nuage.

 

Voyant la vie reverdir son jour, Ciel nous aime,

et depuis la nuit des temps dans sa forme,

arrose nos fronts d’un sel rose parmi les roses,

que le feu offre d’eau vive à nos métamorphoses.

 

Accompli dans "Acte II"

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

"Christ"

Acrylique Béatrice Lukomski-Joly

 

Offrons-lui de Mère nature,

le Père des éléments matures.

 

De la plante primordiale depuis la création,

il épousera chaque aurore, chaque mousson,

et à chaque crépuscule, chaque froidure,

regardera-t-il s'épanouir les êtres de verdure

qu'il les aimera au feu sacré qui toujours perdure.

Déjà les arbres et les fleurs se toilettent

à sa venue si proche que chante le poète.

 

Au Dieu morcelé en toutes choses,

il verra la Robe qui enseigne la gnose ;

au Graal, il dira enfin la joie du Père,

au Fils uni de rédemption, il dira la Mère.

Ce sera aux temps pascal accomplis

la retrouvaille du Verbe dans le Cœur uni.

Il entendra la terre psalmodier sa joie,

car de la Pâques, il verra la Vérité en Soi.

 

Tableau :

Aquarelle, pastel sec et crayon de couleurs

dans un travail personnel sur l'oeil et la représentation du ciel dans celui-ci

Quatrième marche

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Tableau oeuvre personnelle : acrylique

 

Je marche, pieds nus. J'ai jeté ma montre dans le bosquet de verts feuillages, sous l'arbre dans lequel le gui épouse la branche, là, juste au-dessus de ma chevelure que les années ont élaborée de finesse, pareille à des fils de soie. Je vous l'ai déjà dit. C'est mon quatrième jour de marche.

Me suivez-vous toujours ?

Je quitte mon champ de fleurs. Narcisses, jonquilles, coucous, boutons-d'or, me saluent en inclinant leurs pétales grâce au souffle léger du vent qui se fait complice de leur au-revoir. Faut-il se retourner ? Je peux continuer à avancer sans voir le chemin parcouru. Je peux aussi me retourner pour mieux embrasser ce que j'ai appris et qui m'embrase le cœur. Je regarde en arrière. Je vois une immense dune sans limites, longée d'une plage opalescente, avec un horizon diaphane qui me fait dire que j'ai si peu fait. N'ai-je rencontré qu'une vaste étendue d'herbes, de fleurs et de quelques rares cailloux, que je mesure que je n'ai pas encore jaugé la difficulté de mon chemin. Pourtant, n'ai-je pas déjà beaucoup pleuré que mes douleurs s'éloignent, me laissant voir qu'elles étaient si peu en rapport à celles qui m'attendent et m'espèrent ! Il me faut gravir des collines, des montagnes, des falaises, avec le risque de tomber, avec le risque de blesser mes pieds nus. J'écarquille à nouveau les yeux, plus de ce saisissement émerveillé, mais de cette loyauté consciente au sentier qui dit : va, blesse-toi et apprends ! Je fixe le chemin devenant escarpé qui s'étend sur des lieues de marche, et je vois, tout au bout de sa droiture, mon ami aux cheveux blancs comme l'écume, qui ne se présente plus seul, mais accompagné d'un ami dont j'ai grande difficulté à percevoir la couleur et la forme, tant l'issue du chemin est brillante au point qu'il m'aveuglerait presque. Il m'attend. J'étends le bras pour le toucher, sidéré, et plus j'étire mon bras, plus il s'éloigne, s'approche, recule. Je soutiens mon regard avec peine, surpris de l'immensité de ce nouveau compagnon qui semble me dire de venir, sans dire un mot.

Je ferme mon regard. Je le raviverai quand je me remettrai en marche. Je décide d'attendre quelques jours avant de me remettre en chemin. Rien ne sert à aller précipitamment. Évaluer chaque pas, chaque meurtrissure, car à quoi me servent mes pieds s'ils suppurent de tant de blessures non soignées ? La première est cicatrisée. Je n'en souffre plus. La cicatrice est si belle que l'on dirait une broderie fine. Mais voilà, que dans ma roseraie, je marche sur une branche dentelée d'épines acérées comme d'autant de coups de gerbes de ronces. Encore des épines ! Le cri se marie à la brûlure.

Je ne sais pas si c'est la douleur ou le cri qui me tiraillent le plus. Soumis à l'intensité du supplice physique, je ne perçois plus rien. Je m'évanouirai presque. Et les branches, que mon bâton ne retient pas, m'attirent vers elles. Me font-elles tomber durement dans la roseraie que je suis lacéré par les ronces. Les roses s'amusent, avec tendresse, de me voir gémir. Je hurle de douleur. La colère me gagne quand mon caillou me rappelle à sa mémoire pour que je m'apaise.

- Souviens-toi ! 

- Quand, cela fut-il ? entonné-je offusqué. Vous étiez narcisses, coucous, jonquilles, boutons-d'or, hier, et vous m'avez habillé de votre couverture tissée de vos pétales ! C'est un cauchemar ! Je rêve ! Pourquoi ces nouvelles épines ? Pourquoi avez-vous disparu de mon regard ?

- Non ! Pas vraiment, Jean ! Nous autres fleurs, nous donnons la main pour t'aimer au-delà de la mesure que tu connais. Certaines fleurs sont des poisons pour l'homme. Vois la digitale ! D'autres sont habillés de moins de velours, car il faut, pour comprendre leurs soieries, comprendre leurs tiges épineuses. Vois tes roses !

Je cligne d'un œil suspicieux, ne comprenant pas très bien leur intention, confiné dans cette nouvelle douleur que mes pieds voudraient ne plus exister ; ne plus avancer.

- Pense ! s'exclame la plus belle des roses bleues de la roseraie, laissant les roses rouges attendre ce que sera la suite du sentier.

- Je vais arpenter le sentier le plus difficile qui soit, et vous blessez les seuls membres qui me portent ! Mes pieds sont mon outil ! dis-je un peu fâché, me disant malgré tout que je dois dominer ma douleur. Dites-moi ! Pourquoi est-ce sans cesse les roses bleues qui me parlent et que celles, rouges, me regardent, muettes ?

- Ta pensée est -ton- outil ! Jean ! Jean Christophoros de Lebenkreutz ! Lebenkreutz ! Lebenkreutz ! Lebenkreutz ! chantent les roses en chœur. Mi, la, sol, fa, si. Mi, la, sol, fa, mi. Rouges ! Bleues ! Rouges ! Bleues ! À toi de trouver !

- Cela suffit ! Je dois laver mes blessures avant de penser ! Qu'elle est cette énigme que vous jouez avec la couleur ?

- Tu peux aussi penser en lavant tes blessures... rétorquent-elles d'un air amusé. Tu auras la réponse ! Bleu ! Rouge ! Bleu ! Rouge !

Au bout du sentier, là où la route d'homme s'achève, me regardent mon ami aux cheveux blancs comme l'écume sur la plage à midi, et son ami éclatant de lumière au zénith. Je ne sais pourquoi le sentiment de honte se ranime en moi et me plie d'une détresse d'âme que mes pieds souffrent peu en comparaison. Je lève la tête, baisse le regard, relève la tête, prends appui sur mon bâton, finalement tombe à nouveau, face contre terre, le visage labouré par les épines. Au bout du sentier, mon ami et son compagnon continuent de me regarder, sans bouger, et je ressens leur immense mansuétude. Mon ami vient à moi laissant au bout du sentier d'homme achevé son compagnon brillant du firmament. Il prend mon visage puis mes pieds dans ses mains, observe les plaies et dit : va à la source qui coule sur ta gauche, juste au point où le soleil décline avant que la nuit ne te prive de ta faculté de voir. Elle est bleue comme les roses de la roseraie azur. Elle te soignera avant que la nuit tombe si tu arrives avant le lever de la lune, avant que le soleil ne te devienne invisible ! Peut-être entendras-tu la voix des roses rouges !

C'est alors que je marche les pieds ensanglantés vers la source, non assuré que je puisse y arriver, qu'une image se fait jour en moi. Qu'ai-je donc offensé les fleurs et leurs épines ? Avais-je besoin de repos sur mon chemin ? Avais-je besoin de regarder ma blessure cicatrisée et de soigner mes pieds, pensant que seuls des pieds forts portent l'homme ? Qu'ai-je cru qu'une blessure ancienne donnait droit à un repos inconditionnel ? Nous pouvons marcher de blessures comme d'offenses et d’opprobres dès lors que nous le pouvons. C'est parce que je le peux que ces épines m'ont déchiré le corps et le visage, sans ménagement, heureuses de me meurtrir ! Je croyais que ce repos m'avait été offert ! Ne l'ai-je pas compris ainsi ? Je me trompais.

Pourquoi vivre cet acte de blessure dans la roseraie bleue comme l'azur strié de lumière ? Parce qu'une seule rose lapis-lazuli peut nous vouloir dans ses bras de velours rouge quand le compagnon au bout du sentier d'homme a pleuré sous les ronces pour la grâce de Parsifal dans les terres-fleurs qu'il n'a pas vues à cause de filles-fleurs enjouées.

Je marche péniblement vers la source bleue, scrutant le ciel.

Qui du soleil ou de la lune aura raison de mes lésions ? Si c'est le soleil, je suis conforté dans la joie de guérir vite. Si c'est la lune, je suis assuré de guérir lentement. L'idée me vient que ni le soleil ni la lune n'ont de pouvoir sur moi et que c'est moi seul qui possède la force de me guérir ! Je suis le bâtisseur de ma vie que je parcours lentement d'ogives, de piliers, de vitraux, de nef, vers mon autel, pour édifier mon temple. J'ai mal à mes pieds. Mon visage me brûle. Mon corps souffre. La blessure est si vaste que j'implore mon ciel de les aider à aller vers la source.

- Tiens ! me dit mon ami aux cheveux blancs comme l'écume sur la plage au zénith. Nous n'implorons le ciel que, lorsque les blessures deviennent insupportables ! C'est ainsi depuis le lever du jour ! Il est vrai que tu es bien défiguré ! Tu as perdu un peu de ta beauté. Relève-toi ! Jean !

- Oui ! me laisseras-tu souffrir seul ? Aide-moi ! Aidez-moi ! Par pitié ! Ne me laissez pas si peu présentable ! Qui voudra de moi comme ami, ou époux, si la disgrâce de mon corps physique témoigne de mon âme paresseuse ? La solitude sera-t-elle mon seul chemin ?

- Tout dépend de toi ; je peux cependant t'aider ! Je peux te soutenir dès lors que tu me demandes conseil ; par contre, je ne peux rien décider à ta place. Ce sentier, tu le fais seul. Dis-le à Alexandre ! Le sentier t'appartient, Jean. Il lui appartient. Je suis l'Amour qui patiemment guide ce que tu as voulu. Je n'ai pas le droit de penser à ta place ni de faire pour toi. C'est une autre loi que l'amour conduit patiemment. Ce que tu auras abouti m'élèvera et je laisserai mes frères sur les nuages, car les hommes n'auront pas voulu les voir ni aimer leur stature. Moi aussi, je peux pleurer sur la destinée de mes semblables revêtus de soleil, car il ne leur appartient pas de gravir une échelle sans la volonté de l'homme ! Que me restera-t-il alors ? Des larmes jetées sur la terre telles la pluie, pour que mes compagnons remontent vers les Nues ! Va ! Soigne tes pieds et ce corps endolori ! Tes blessures sont si vilaines ! Regarde-toi dans l'eau, tel Narcisse, mais seulement pour voir ton visage écorché, non pas pour regarder ton orgueil démesuré, car il est encore bien grand cet orgueil ! Soigne ton visage ! Il est le miroir de ton âme. As-tu observé que dans ton malheur, tu as reçu un grand bonheur ?

- Oui ! je n'osais pas le dire, tellement honteux de mon repos indolent ! Pourquoi me parles-tu d'Alexandre ?

- Qu'est donc ce bonheur ? me diras-tu ? Et pourquoi te parlé-je Alexandre ? car il est l'alexandrin de la force puissante du rythme qui, tout, contient.

- Les épines n'ont pas griffé mes yeux, vraie psyché de mon âme ! dis-je. Mes yeux sont sains et saufs ! Il y a toujours une chance inouïe dans un malheur si nous savons la voir. Alexandre ? Alexandre est, en mon âme, chaleureux comme l'été souverain d'un poème qui n'a pas d'âge.

- Va, Jean ! Tu commences à comprendre. Tu as, cependant, droit à un peu de repos, Jean ! Dans ce repos, aie toujours conscience que tu le prends ! Combien de fois me faudra-t-il te le dire pour que tu comprennes ? Réalise qu'il ne te faut pas faire de halte qui t'induirait en paresse. Ne t'oublie jamais, ne fut-ce qu'un instant ! Je ne me repose jamais pour toi ! Le sais-tu ? Je peux m'absenter des heures, des jours, mais sache que cette absence n'est que nourriture angélique pour mieux t'aider et te servir. Apprends aussi que je ne m'absente jamais la nuit puisque toutes les nuits, je suis avec toi pour préparer ton lendemain. Toutefois, même au loin, quand tu me demandes de l'aide, je suis là, laissant mes propres tâches, car tu es mon essentiel. Parle de nous à Alexandre, Jean ! Donne-lui la force du sentier. Tu le peux, Jean ! Dis-lui que les vers ne rongent que les pommes, mais pas les alexandrins vivants. Dis à Alexandre qu'il est l'essentiel de sa demeure. Que je devienne le tien ! Le veux-tu ? Et n'oublie pas de semer la graine du pommier pour que les vers se nourrissent des fruits gâtés afin que les alexandrins embellissent les fleurs futures sur autre pommier qui aura semé sa graine, et dont la chair des pommes sous leurs peaux rugueuses auront été guéris de la gangrène ! Que tous pommiers se voient beaux, car ils le sont !

- Je le veux. Je lui dirai.

Je marche, affligé à l'extrême. Chaque pas est un son muet que mon visage ne révèle pas, car la douleur est moins vaste sur mes traits qu'à mes pieds qui me servent à marcher et que la glaise enlise, masquant les récifs en sa bourbe, commençant à les soigner dans la mémoire de ma pierre. Je lève la tête vers le soleil qui décline et pense qu'il me faut aller à la source avant que la nuit n'ait installé son voile. Je marche. La glaise s'empourpre du nectar se déversant de mes écorchures. Il n'y a pas d'éclipse pour moi à midi bien que m'appelant Jean Christophoros de Lebenkreutz. Je suis l'imparfait en route vers la perfection. Je ne suis qu'un marcheur sur le sentier. La source profile son être. Je la vois. Il est un temps où les minutes s'avèrent plus vitales qu'une seule année. La douleur s'amplifie. J'ai envie de ramper pour ne plus sentir mes pieds. Et le serpent se glisse dans la glaise pour me dire :

- Ressemble-moi, Jean ! Tu me comprendras mieux ! Je te porterai jusqu'à la source, car il y a une autre source, plus joyeuse que je t'offre si tu rampes, et plus vite, tu guériras ! Ha ha ! Tu le veux, n'est-ce pas ? Ton tourment est si vif ! Jean ! Jean ?

- Oh non ! contre-attaqué-je. Ramper et quoi encore ? Que ma blessure me porte ! Te voir, et j'abandonne cette idée. Qu'ai-je voulu frôler la glaise de mon ventre pour ne plus sentir le déchirement de mes pas ? Je ne serais plus homme sur mon chemin si cela arrivait ! Si je le faisais, ce ne serait pas de mes seuls visage et de mes pieds que je vivrai de blessures ! C'est tout mon corps qui sera balafré en profondeur par les épines des rosiers de ma roseraie bleue comme l'azur strié de rayons jaunes alors que pour le moment, elles ne sont que superficielles, et je mourrai à moi-même de t'avoir écouté ! Elles m'offriraient tant de contusions par tant d'épines volontaires dressées que je serai obligé de te voir dans la réalité de ton ventre noir, qui n'a pas encore blanchi dans le cœur des vertus du soleil ! N'y aspires-tu donc pas ?

Il passe son chemin, cherchant la chaleur du soleil, que de son sang glacial, il aime, parce que le soleil est le sentier de tous, et il trouve une pierre hors de la glaise sur laquelle il se couche. Il me regarde m'éloigner vers la source qui n'est pas la sienne et que mon ami aux cheveux blancs comme l'écume m'a montrée. Je vais. Le soleil semble ralentir son coucher pour que j'arrive à la fontaine naissante. Le regardant briller de ces quelques minutes intenses qui font de lui un ciel rouge comme d'une catharsis qu'il veut nous montrer, j'arrive à la résurgence qui bulle de mille éclats scintillants. C'est en voyant la beauté du bouillon céleste que je vois, en imagination, la source du serpent qui ne brille pas dans la lumière. L'eau y est aussi noire qu'une nuit sans lune, parce que la lune a un secret que tous ignorent. Il se dit dans la vase qu'elle abrite une face invisible qui jamais ne s'expose à la clarté, et que l'occulte pensée nomme la huitième sphère, celle dont nul ne revient. Voudrais-je celle-là que je serai mort à moi-même ! Je ne veux pas mourir d'ignorance !

Le soleil rougit davantage. La lune s'habille d'un carmin vif qu'un rayon vert sur la mer émeraude regarde sans sourciller. J'arrive à la source qui bulle de toute sa vie trépidante et enfin soigne mes pieds meurtris ainsi que mon visage tuméfié. L'eau se teinte de pourpre. L'eau se renouvelle à chaque goutte de sang purifiée et reste bleue comme l'azur étincelant face à l'horizon vif-argent. J'ai vu Mercure ! Je vois mon bâton s'éloigner vers l'horizon autour duquel un serpent blanc avale un serpent noir. Je suis guéri. Je m'endors sous le voile de la nuit chantant son hymne mystérieux.

Lorsque je me réveille, il est midi. Je regarde dans l'eau vive crépitant de perles d'eau jaillissantes mes plaies cicatrisées, satisfait de n'avoir que quelques cicatrices. Je m'allonge sous le soleil de douze heures pour profiter de son bienfait enveloppant, ressentant chaque rayon baigner ma peau. Je jouis de l'instant, quand une petite voix intérieure glisse un « Prends garde, Jean ! » Je ne sais de quoi je dois me méfier. Je n'y prête pas attention. Prendre garde à quoi ? Le serpent ? Pas de rocher autour de moi ! Je reste allongé, profitant du soleil brûlant à cette heure. Les heures défilent, comblant de quelques perles noires mon collier. Quand soudain, réalisant que je n'ai pas remercié mes amis de m'avoir indiqué la source, ni de lui avoir demandé son nom, je les cherche du regard, sans qu'ils ne soient là. Oh ! Ingratitude ! Suffisance ! Orgueil !

Je me lève et retourne à la source. Personne ! Ils ne sont pas là. Le sont-ils que je ne les vois pas.

- Ange ! Es-tu ici ? crié-je, indélicat.

- Que veux-tu ? Qu'attends-tu de moi ?

- J'ai omis de vous remercier ! Je n'ai pas demandé le nom de la source.

- Les hommes sont les hommes ; comblés dans leurs demandes, ils nous oublient. Tu nous as oubliés. Je ne t'en veux pas. Mon amour reste sans failles. Attendais-je ta reconnaissance ?

- J'ai honte.

- C'est déjà ça ! Ton oubli a déjà quémandé réparation sans que tu ne t'en aperçoives... Ton Soi le plus avisé a prié pour toi.

- Ha ! ma peau me tiraille !

- Regarde-toi dans l'eau ! Jean Christophoros ! Leben Kreutz ! Leben Kreutz ! Leben Kreutz ! Trois fois ! Rose ne deviendra pas rouge ce soir ! Ta source s'appelle Barenton !

- Barenton ? Mais, où suis-je donc ? J'étais au bord de l'océan ; je marchais dans les prés, puis dans la vallée, et je suis maintenant en terre féerique ! Mais, Ciel ! Que fais-je ici ? Qu'est-ce que ce visage ? Je suis brûlé au second degré profond ! Quel est ce rouge cramoisi intense ? Quel est ce masque de cuir ? Défiguré pour toujours !

- Tu as aimé le soleil, Jean, en oubliant de le remercier.

- C'est cela, le karma, n'est-ce pas ! Pourquoi serait-il immédiat ? La présence des arbres centenaires ne pouvait-elle pas me protéger des rayons du soleil ?

- Parce que tu le peux ! Jean ! Forêt est ma complice avant d'être la tienne. C'est ainsi.

- Qui a dit que j'avais assez pleuré après avoir pleuré des océans ? Toi ! M'as-tu menti ?

- Jamais, je ne mens, Jean ! Ce que je t'ai dit appartenait à l'avenir ; ne l'avais-tu pas compris ? Souviens-toi ! dit mon ami angélique. Passé et avenir sont un. Ce que je te dis ou te montre sont étroitement mêlé. Je sais tout de toi. La seule chose que j'ignore est le jour qui signera la fin de ton sentier. Je peux te montrer en une série d'images ce qui te semblera appartenir à un instant présent et, pourtant, elle ne sera que l'expression de plusieurs années condensées en une seule, parce qu'elles sont écrites d'avance. À toi d'enrichir chaque image comme un peintre illumine ses tableaux.

Défiguré ! Brûlé ! Cartonné ! Je m'agenouille dans la vase, priant comme jamais, riche de promesses faites. Secondes, minutes, jours, s'enfilent nœud après nœud. Le sanglot n'est que l'ami de l'erreur, du regret, des insuffisances. Je suis secoué comme un prunier en début d'automne pour récolter ses fruits. Acceptant cet inconfort définitif, je scrute le destin qui vient de s'exprimer et m'incline.

Le serpent montre sa tête et dit : J'en ai marre qu'on te gratifie sans cesse de douleurs ! Comment faire pour te récupérer et t'aplatir sous mon ventre noir pour que jamais tu ne relèves plus la tête ? Pourquoi pries-tu ? Cela ne sert à rien ! Ils ne t'entendent plus ! Vois ta solitude ! Viens avec moi ! Alors, que je vocifère un énième cri de douleur, refusant de le suivre, lui criant « Jamais ! », mon ami aux cheveux solaires irrigue le masque de cuir, déferlant une eau limpide sous la couenne insensible. Il dit : va sous le saule pleureur que ses branches te nettoient. Demande lui de ma part qu'il éponge ce fluide que je crée pour ta renaissance. Le saule m'accueille, le sourire plein ses feuilles. Ah ! Un saule pleureur ne pleure donc pas et sourit ! 

- Quelle heure est-il ? demande-t-il.

- Il est quatre heures du matin, au troisième jour de ma brûlure !

- Bien ! S'il est l'heure de la rosée au cœur de l'hymne de la nuit ensoleillée, je vais t'aider.

Il prend une de ses branches et soulève le masque au départ de la ligne frontale. Se secouant, sa rosée déverse l'aube sur ma peau et marque de son sceau la signature de la promesse engendrée d'un chant de rouge-gorge portant une branche de houx en son bec.

- Fais le reste ! dit-il. Décolle ce masque cuiré et vois ton nouveau visage ! Et va sous le hêtre !

La rosée amplifie le geste qui sauve. Le masque tombe dans mes paumes. Et, à moi de découvrir que je n'ai même plus l'ombre d'une cicatrice d'épines, entièrement renouvelé.

- Marche ! dit le saule. Salue les chênes au passage ! Et embrasse Celui qui a entendu ta prière. C'est lui qui te sauve, pas moi ! Et quand tu reviendras, une bourrasque venue du tréfonds de la terre tentera de me déraciner. Viens tenir mon tronc que je ne m'effondre pas. N'oublie pas le hêtre ! Victoire t'y attend.

- Victoire ? Je vais le revoir ? Je vais revoir mon vieux fils ?

- Et son frère, me répond le saule pleureur qui ne pleure pas.

- Quand ? J'ai si hâte ! Je lui dois ma canne et sa garde.

- Tu verras ! Sous le hêtre, là, où les papillons jaunes du soir volent encore.

- J'ai compris ! dis-je. Le hêtre pour être... tu me parles en langue des oiseaux !

- Il t'arrive de comprendre plus vite que je ne pense.

J'appelle mon ami angélique et son ami aux cheveux ondoyants, blancs comme la dentelle d'écume dans le firmament ; m'incline, m'agenouille, et baise ses mains dans une infinie gratitude. À l'instant du baiser solaire, un cyclone se lève. Le serpent se cache sous les racines du saule qui tressaille, gémit, pleure. La queue dépasse, juste un peu, pour que je la vois. Je lève mes yeux au ciel, entourant le saule de mes bras dont je ne soupçonnais pas la force, piétinant la queue noire, appelant mon ami pour son aide, et saule s'enracine plus fortement dans la terre. On entend un rugissement venu de sous l'arbre. Son ventre noircit de n'avoir pas voulu voir l'Amour agir. Une rose bleue se teinte de rouge.


 

Avez-vous, au jour se levant, vu la source

Déverser dans nos mains, ses eaux ébahies

Quand les sculptant visage, nous rions d'éclats,

Que noirs volcans envient aux pierreries ?


Quand grimpant dans l'alpage, souvent au matin,

Mon pas uni aux boutons-d'or, assis dans l'herbe,

Je me prends à sonder la feuille, le regard mutin.

Que chante ma terre brodée de ses fleurs superbes !


Avez-vous vu plus belle église que notre terre,

Et plus belle cathédrale que nos montagnes,

Encore plus délicat monastère que nos rivières,

Et plus grand ornement que la verte campagne ?

 

Quand accompagnant le chamois, je vocalise

Des notes que la falaise me renvoie en adagio,

Je clame la grandeur de sa hardiesse que la bise,

Jamais, ne fragilise, ses pas assurés avec brio.


Avez-vous ouï le chant de la terre quand Apollon

Sait être son choriste, et que légers nuages,

De leur blancheur, appellent la flûte et le violon,

Assurés de la plus pure partition aux feuillages ?


Quand dansant parmi les blés, je valse parfois,

M'assieds aussi, le cœur riche de ritournelles,

C'est d'innocence recouvrée que je clame la joie,

Quand de son hymne, elle m'épouse de prunelles.


Avez-vous perçu le chœur des vertes prairies

Tous les matins, les midis, les crépuscules,

Lors des envols des coccinelles tachetées de riz

Que la couleur embellit de joyeuses libellules ?


Quand le cygne m'offre sa plume d'apparat,

Et que de son long bec me raconte sa note,

La plus grave que le ciel sait d'Akasha,

C'est à sa parure que ma terre dit sa linotte.

 

Dans :

https://www.amazon.fr/sentier-Jean-Christophoros-Lebenkreutz-B%C3%A9atrice-Lukomski-Joly/dp/1081981881


 

Une étoile, un hiver ; une rose, un arôme.

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Par une nuit de décembre au gel blanc

j’ai rencontré l’Amour flamboyant.

Ciel portait en ses entrailles une étoile,

perçant l’azur sombre que l’entour en son voile

portait brillante, Ô rayons sublimes ! mon âme.

Brillait-elle de mille feux et de cents flammes,

que l’Empyrée vit la robe de l’aube dans la nuit,

baignant sa Nature, les monts et l’infini.

 

Faut-il avoir froid pour rencontrer l’astre

ici venu dans le gel de l’hiver qui tout dévaste ?

Tant d’Amour perça l’azur que les monts prièrent,

se prosternant vers la clarté de l’univers.

Je la vis Elle, la splendide, la Mère en Son soleil

en Sa robe stellaire lapis-lazuli épousée de vermeil,

que l’éclat de la nuit achevée offrait au nombre,

dans Ses mains, attendait une colombe.

 

Aucun oiseau ne se montra dans la nuit

pourtant chantant l’aurore à minuit.

Les roses gelées s’inclinèrent devant sa Face.

Les cristaux de neige brillaient dans l’espace,

tel en plein jour lors de leur ballet dans l’air.

Un Ministère en ce mystère sanctuaire.

Terre resplendissait ; le froid brisa son heure

offrant aux arbres la vertu de la chaleur.

 

Élue dans la fragilité de l’âme imparfaite,

parcourant le chemin ardu de Sa voie en Son Être,

silencieux était le monde de tant de recueillement

qu’inclinée je vécus le chant de l’aurore m’aimant.

Le son de la Vie se mit à sourdre la foi,

ruisselant en mon esprit de larmes de joie.

Tant de volonté portée à notre secours

laissant l’univers orphelin de Son séjour.

 

L’Amour devenu signature de Son écriture

engendrait nos pas en Sa future sépulture.

Et, Vierge de toutes les virginités

en sa propre Trinité partagée de dignité,

je vis les cieux s’animer de la grâce de son trône

portant le sceptre de l’Amour, de sa rose l’arôme,

que déjà elle offrit à Michaël le filet de l’épée

pour le Fils de l’Homme en Son sein porté.

 

Règne animal, végétal, minéral et règne humain

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Photo issue du site : https://www.pouvoirdespierres.com/les-elixirs-en-lithotherapie/

Il n'y a que le règne animal quand l'un de ses membres attaque un autre de ses membres qui ne déclenche pas une guerre contre une autre race animale : un chat contre un chien, un tigre contre une antilope.

Est-ce que de surcroît  une âme animale, celle des oiseaux ou toutes autres par exemple, attaquent  l'homme quand l'homme a tué un de ses membres ? Non.

Nous pouvons aussi penser ce fait pour les autres règnes de la terre : végétal et minéral.

Est-ce qu'une rose attaque une anémone voisine de ses racines parce qu'elle  habite et peuple le même sol ? Non. Est-ce que le blé attaque l'orge et le tilleul, le chêne ? Non.

Est-ce qu'un rubis attaque une émeraude, ou un schiste une roche volcanique voisine ? Non.

Est-ce que la nuit attaque le jour et la lune le soleil ? Non.

Seul l'homme fait cela. L'homme déteste un de ses semblables pour ce qu'il est de culture, de pensée, d'identité différentes et il déclenche une guerre contre le monde - un pays contre un autre pays -

Le règne de la Nature est une sagesse en soi que l'homme doit contempler pour enfin comprendre ce qu'il est au monde : une absolue nécéssité d'être la Liberté d'aimer sans combattre la différence.

L'homme n'est pas fécondé de conscience tant qu'il n'observe pas la Nature en ses règnes.

BLJ

 

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