Peinture de David Newbatt
http://cargocollective.com/davidnewbatt
Savent-ils les gens forts d'excellence
Dont l'orgueil admet leur carence,
Qu'en semant le malheur, ils se dévoient
Dans les méandres de la laideur à leurs voix ?
Savent-ils les gens forts de pouvoir
Que leurs âmes se perdent sans s'émouvoir,
Et n'auront aucun réconfort dans l'après,
Persuadés qu'il n'y a pas de couperet ?
Savent-ils les gens forts d'ignominie
Dont les actes engrangent les rires infinis,
Que demain leur réserve pire détresse,
Sans regard de leurs pairs pour leur sécheresse ?
Savent-ils les gens forts de mensonges
Que de crime plus odieux, point n'existe,
Quand le choc, si grand, éteint la lumière
Qui n'a pas dit le dernier mot qui nous sert ?
Car si chacun est d'accord pour affirmer
Que tout acte aura son revers exprimé,
Tous ignorent qu'il est déjà en chemin
Car nul n'agit sans créer un arbitre plein.
Bienheureux est celui qui n'a commis,
Jamais, l'émergence d'épidémies
Que la pensée regarde, triste, dans le ravin
Des actes pourvoyeurs de lourds chagrins.
Les hommes aiment parler d'eux en une somme de qualités dont ils se parent. Il suffit d'un évènement et cette somme se réduit au peu acquis dont chacun peut se rendre compte en étant le témoin.
BL
Jules Bastien Lepage 1882 " La pauvre Fauvrette"
Vont, certains, les affligés
Sans dire mots, le pas léger,
Le geste assuré d’amour
Sans s’enorgueillir d’atours.
Les affligés vont le cœur léger,
Le regard doux, les yeux levés,
Sans faire leçon au monde ;
Ils sont. Les âmes, ils sondent.
Ils vont certains les affligés,
Le dos courbé, la croix devinée,
Ils portent la mémoire des éons
Que leur ciel bâtit de sillons.
Riches sont-ils les affligés de destin,
L’amour ancré dans leurs mains,
Offrant de leurs doigts l’Oint
Qu’ils ont vu au sein du Saint.
Sépulcre est leur tombe bleuie,
Roi, ils sont dans l’Esprit,
Calvaire porté est leur nom,
Les affligés aux dons foison.
Vont, différents, les affligés,
Sans vos regards et dards osés,
La main tendue à moins affligé,
Sans craindre la parole armée.
Vous croisent-ils les affligés d’alliance
Que de la pointe d’une lance,
Ils se souviennent de la blessure,
Prise sur eux, en eux, pour l’azur.
"Les juges" dans "Le poème de l'âme" de Louis-Jean Jammot - Lyon -
"les juges" ou les bien-pensants.
Auteur photo inconnu
Pendant que notre monde hurle et s’enflamme,
Qu’il brûle et crie les tourments à ses pairs,
La colère rejoint le désespoir, et la foi se terre,
Désertant le pavé trop foulé à Paname.
La famine lancinant les ventres creux,
Qu’hommes d’État ignorent et ne croient,
Excavent les artères, foulent les rues aux abois,
Priant les hommes bleus d’épargner ses yeux.
Mais, aveugles, muets et sourds, de leurs bottes
Martèlent cent visages, brisent cent membres,
Leurs émotions ternies sous les sapins de cendres,
Ignorant la joie de Noël, des balles dans leurs hottes.
Et les hommes vont, cherchant sous les casques,
Un peu d’argent, un peu de bien, un peu d’amour,
Que les coques cirées nient, révélant d’eux le vautour
Qui blesse leurs semblables, protégés d’un masque.
La foule va, s’en va, vient, revient, sans dents,
Le cheveu hirsute, la plaie hémorragique,
Le cœur détruit, l’âme puissamment léthargique,
Afin qu’Esprit s’éveille, s’il est encore temps.
Et misère galope, frappée par l’ordre en action,
Parce qu’il ignore que son ventre vide arrive,
Préparant la face noire de la lune qui se ravive,
Et à son noir dessein, les ratisse de filiation.
Image du site pixabay
Quel est ce terrible vide ouvrant sa fosse,
Laissant la mort soudaine arrachée à sa vie,
Pour que conscience ardue perde sa survie,
Dans les remous du chaos, sans Éos * ?
- Je suis la démence ! répond la fosse ;
Viens ! Je t'emmène ! Tu m'as vue !
Point, tu ne témoigneras de Thanatos ; *
J'ai comblé le vide de mes abus !
- Qui défies-tu à cette heure, misérable ?
Si c'est l'Amour, passe ton chemin, toi l'affamé !
Si c'est moi pour elle, j'ai une épée fiable
Que ma forge a sorti de la céleste cité !
Et de son rire caustique crachant le venin,
Les abîmes se relèvent, fiers d'être,
Entre ténèbres et obscurité habitées de Huns,
Que le soleil regarde affligé, peut-être.
- Vois sa terreur ! Je l'accompagne !
En elle, je suis en sa maison désertée
Pour te happer d'attaques, et de ma hargne
Te balafrer de mes crocs acérés.
- Vois ma paix ! Je l'accompagne !
Quelques sanglots et alors ! Je te vois !
Mon Verbe contre ta noirceur épargne
Mon âme ceinturée de lumière et de joie.
Et de sa main levée au faîte de sa nuit,
Elle tape sur la rampe d'un marteau dressé
Qui voudrait fracasser mes membres et autrui,
Pendant que je l'aide à se redresser.
Et, n'actant pas seul, il trouve cohorte semblable
Pour le servir afin de dire sa force ;
Sur le chemin, se palabre d'âmes malléables,
Utilisant les mots qui fendent l'écorce.
- Ha ha ! ricane-t-il de sa bouche tordue
Que le vide aime à parer de laideur.
Je t'aurais, crie-t-il, de vœux perdus,
Et, glanant une larme, voit qu'elle brille d'Amour.
* Éos : déesse de l'aurore
* Thanatos : dieu de la mort
Fil RSS des articles de ce mot clé