Béatrice Lukomski-Joly


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Liberté de soi ou toi est moi.

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Tableau du peintre Rassouli

 https://www.facebook.com/Artist.Rassouli         https://en.wikipedia.org/wiki/Freydoon_Rassouli

Le ferment de la liberté est l'autre à travers soi car sans l'autre, je suis quelqu'un de stérile qu'aucune relation sociale ne peut féconder. Il nous faut en conséquence faire un plongeon en l'autre pour commencer à se comprendre soi-même et commencer ainsi le pas  de notre transformation par notre nuit intime trouvant le jour partagé en l'autre.

Si notre nuit se situe à minuit et que le jour en l'autre est à midi, c'est le choc des rencontres exigeant que midi soit le phare de la nuit, soit de notre nuit intérieure. Craindre la rencontre avec l'autre c'est refuser d'aller vers son éclat qu'il soit au matin ou arrivant vers son midi. À midi, nous pouvons nous brûler si nous n'avons pas préparé la rencontre avec cette heure en l'autre ; c'est, là, la raison des reculs dans une relation dans laquelle nous posons un masque sur la différence et sa volonté que nous ne comprenons pas, ayant cru la connaître, nous étant alors illusionné soi-même.

 Si d'une rencontre avec l'autre, nous signons son oubli en refusant de continuer  une relation, et de l'éteindre en supprimant toute rencontre avec l'autre, c'est un saut en arrière qui nous fait perdre le peu que nous aurions pu apprendre ; si au contraire nous restons l'amie de la différence dans la rupture avec l'autre en continuant la relation, c'est que chacun peut aller son chemin, libre, ayant appris de l'essentiel de son heure pour appréhender un nouvel autre qui n'est pas soi mais  le devenant.

C'est donc l'erreur commise dans la liberté de soi qui une fois observée, scrutée, qui devient le ferment d'une relation future aboutie. L'autre est mon miroir. Si le miroir est à midi, nous sommes aveuglés et notre regard  brûle de son heure d'évolution si nous n'avons pas l'envie de soigner la brûlure pour en voir ce qu'elle reflète en soi ; si le miroir est à minuit, reculer semblerait juste si nous n'avons pas l'envie de l'emmener vers son midi.

C'est transformer la Lilith en soi pour aller vers la Sophia.

BLJ

 

LE SIECLE EN MARCHE

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

http://www.maisonsvictorhugo.paris.fr/fr/node/974

 

Deux mille quinze ! ai-je vu le siècle livide en marche ?

Ai-je vu le millénaire procréer des cendres sous l'arche,

D'alliance à ses vœux d'humanité que veulent les temps ?

Est-ce que Nathan a pleuré l'inconstance sacrilège du vent ?

Ai-je participé à tout ce que j'ai vu, entendu, rêvé, espéré,

Qu'encore résonne le glas des semonces, sonnant le déféré.

Des affres subies à l'embolie de la littérature et des dessins,

J'ai vu mon millénaire s'envoler vers le sein allaitant Caïn,

Quand Abel de sa triste mamelle, dévoya le lait des espoirs.

Le premier assassin de l'humanité a fourvoyé le ciboire.

Ai-je vu Europa se lever, chevauchant en amazone le taureau,

Qu'océan a pleuré quand Zeus s'est emparé de l'innocent paréo.

De son tombeau, l'ai-je vue pleurer ses enfants sur la terre

Quand un cri sauvage a frôlé nos oreilles sourdes à Déméter.

Le drapeau d'étoiles sur fond bleu a flotté dans le Zéphyr

Que la saison douce à nos corps glorieux a pleuré de porphyre.

Il me faudra longtemps pour savoir si la colombe blanche,

De ses ailes a adoré la France ou a vu l'envol de sa branche,

Au loin s'éparpiller comme une volée de cendres,sans Phoenix.

Au loin grondent les remous des enfers sur l'onde du Styx

Qu'Océan et Téthys ont engendré, fille d'Erèbe et de Nyx.

Est-ce que l'étoile, les Rois partis, a engendré l'espoir de l'onyx ?

Où est-ce la volonté ténébreuse d'Hérode ressurgie de l'irrespect ?

 

J'ai vu une force se lever, riche d'espérance d'amour et de paix,

Encore de libertés qui déjà appellent l'absence de libertés,

L'âme en prison, l'esprit renié, la vérité ensevelie au caveau.

J'ai vu des marées humaines se soulever rayonnantes,

Et l'ombre rampante saccageant tout sur sa voix flambante.

J'ai entendu gronder l'invisible manifesté, ramant sur le Styx,

Comme voyant mille âmes déportées à la nuit du Phoenix.

Il est des jours tristes comme mille lunes obscurcies.

Il est des jours sombres comme des cœurs endurcis.

Un soleil éclipsé en plein midi sous la fange de vies

Que rien n'a éclairé, ni soleil, ni étoiles, affamées d'envies.

Il est des jours sans identité, ni visages, ou le pain a manqué,

Ou le blé a pourri en terre infertile aux mains cloquées !

Partout où la peste embrume l'esprit, ou pauvreté dégénère,

Naît l'irrépressible mensonge qui tout donne et se vénère !

Quand l'illusion sonne le glas des espoirs enténébrés,

Montent les marées humaines vouées à la constance ombrée.

 

J'en appelle à vos consciences, hommes des libertés de demain.

France , patrie des libertés, ne t'assoupit pas sur ton levain !

Garde le pain qui nourrit l'âme autant que ta terre semencière ;

Emplit de vivres et de livres toutes les gibecières !

Sépare l'ivraie du bon grain sans te tromper de graines fertiles !

Est-ce qu'Europa se relèvera d'une marguerite posée sur son île ?

De Thyr, d'Agénor et de Téléphasa, viendra le cœur édifice

Que la Sophia crée de tous temps au fronton des supplices.

 

Le glas a sonné et les cloches se sont tuent, en ce mercredi.

Les nuages d’Éole n'ont rien déversé, tellement abasourdis.

La pluie a cessé de pleurer, accaparée à ramasser ses larmes.

Le vent est tombé dans l'oubli, immobilisé au tertre des armes.

Il n'y a rien eu d'amour en ce jour de ténèbres houleuses,

Rien n'a même dit aux hommes, les affres de l'an, honteuses !

 

L'esprit armé de lumière de sa cuirasse bleue engendre l'aube

Et au clair des jours se levant, terrasse l'ombre noire qui rôde

Car il n'est de liberté sans la lumière des esprits éclairés d'amour

Qui du nord au sud, de l'est à l'ouest, reprend de volonté, son labour.

 

Oh ! j'aurais voulu des édifices religieux entendre de la musique,

Sur la terre entendre jouer les orgues de Bach, séraphiques !

J'avais espéré entendre le son des cloches et des beaux bourdons !

Voir le saintier honoré de ses chants merveilleux, et aimer le pardon !

Organisé sans carillon, la tristesse dans l'âme , je suis vivant !

Phoenix de la pensée, je marche aux pas du siècle se levant,

Les larmes en cristal sacrifiées que le soleil vivifie déjà.

Que le soleil vivifie déjà.

 

II

 

Je me suis réveillée à l'aurore que le ciel de ses mains, soulevait.

Quand le rideau de la nuit, à ma nuit, a vu l'hydre qui se soulevait,

S'est évaporé aux étoiles la fresque des temps pour que je vois.

Avec Victor et Raphaël, fils engendrés, j'ai vu la ville des rois

Que la terre a peine à porter en son sein lourd de misères.

Ne m'en veuillez pas d'être à ce siècle une étrange lumière

Quand des mots dessinés, je ne fais pas de lecteurs avertis,

Ni ne pensez que naïveté ne se marie pas avec sagesse !

Je dirais moi, innocence. Je dirais encore hardiesse !

Dites-moi, fils de la vie, pourquoi à nos visions du monde

Nos têtes bien pleines ont subi l'arrogance immonde !

Lorsque j'ai ouï le fracas des murailles qui tombent

Je savais que la pensée était la cible du monde, sa fronde,

Et que sa tombe creusée à la force des ongles, ne sera pas.

On peut vouloir tuer la pensée, nul ne tue sa vie à mes pas.

 

L'inculture est vaste. J'en prends à témoin l'incompréhension !

Écrivons des textes forts de pensée et voyons les révulsions !

N'en avez-vous pas marre d'être l'ignorance aux mots ardus

Que Platon, Aristote, Goethe et Hugo en pleurent leurs sens perdu !

Chaque fois qu'un livre s’éteint, c'est la vie qui meurt à nouveau !

En faut-il des âmes amères qui aiment être du troupeau,

Se pensent être des individus libres, sans liberté aucune !

Les Muses s'endorment et à leurs musés, il y a des lunes,

Belles bibliothèques du monde, s'assoupissent à Thalie.

Qu'est la place d'un homme éduqué aujourd'hui,

Dans ce monde léthargique ou plus rien ne résonne ?

Le siècle en marche a vidé les têtes de ses neurones

Quand de l'absence d'humanisme meurt l'homme ?

J'en appelle à Clio, à Euterpe, à Calliope, voir l'homme !

 

Le mur s'est effondré sous les orages des siècles puissants

Que rien n'a voulu reconnaître comme créateur du Graal versant !

Moi, le plein contre le vide, j'ai lutté toujours de volonté,

Le front immense caché sous une épaisse frange en dégradé,

Pour que le monde s'emplisse de vérités. L'illusion gronde !

Nul ne peut être libre s'il est monsieur tout le monde !

Le troupeau fait du bouc, l'émissaire. Moi, je pense !

Tel le veut la pensée rayonnante au firmament des danses.

Les arbres font leur révérence lorsque je passe, m'aimant ;

Les fleurs psalmodient des chants si beaux, me révérant.

J'entends les pierres chanter la terre à mes pas chantants.

Je vois les azurs aux voiles des vierges m’embrassant.

 

Le siècle en marche verra son ombre ramper sur les flancs

Les flancs des femmes et des hommes et des enfants !

De la liberté j'ai oint mon esprit sans craindre l'ombre

Parce qu'avoir vue l'ombre me donne la vue du nombre

D'entre les nombres sacrés que je géométrise de pensée.

Être à la pensée le géant des siècles qui pleurent sa fiancée.

 

III

 

C'était beau de croiser un siècle à un millénaire, sans épée,

Juste se croiser sans s'être croisé à nouveau comme jadis,

La croix sur la manche, le siècle sans croix car la croix levée,

Qu'Albatros nourrit avec fort acharnement ses beaux petits.

Affamés, ils sont là, dans le nid, giron du millénaire nouveau,

N'ayant plus de quoi se vêtir, prenant le chiffon vendu fort cher,

Pour tout habit. La terre du trop plein vide ses seaux dans l'eau.

L'eau devient boue et de cette boue, nous buvons tout l'amer.

Du haut de mon âme, je regarde le nid des enfants blessés

Que le cygne prend désormais sous son aile aux cieux bleus.

Le siècle dernier a balafré leurs idéaux et le millénaire a crié.

L'albatros et le cygne ont relié leurs ailes par une plume bleue.

Le siècle a enfermé les enfants dans les rues que Victor haïssait.

Le millénaire a donné des foyers aux enfants des rues noires

Que foyers et juges ont ordonné du vide, interdisant l'amour-lait.

Pour l'éducation qui n'en est plus une, le labeur est vaste foire !

Comment peut-on penser sur de la boue quand le soleil s'éteint ?

Comment pouvons-nous aimer large dans la fange de l'hydre

Si des fermes courages, nous ne tirons pas le sein des saints ?

Si des femmes nous n'avons l'espoir du bel empli des clepsydres !

 

Les enfants ont sangloté de sanglots muets dans la boue propre.

Ils ont dit ce qu'adultes disent, car l'enfant n'a que le jeu en ami.

Comment pouvons-nous traîner l'enfant dans la fosse de la lèpre ?

Mal du siècle que d'aimer voir l'enfant battre le pavé des paris !

Oh ! comme j'aimerais les voir rire d'innocence ces enfants

Au lieu de les voir prendre parti pour tous faits et causes.

Sages ânes de notre aliénation que notre culture aime, insolents !

La rue a crié liberté, applaudi la rébellion masquée aux causes.

Non ! je n'étais ni l'un ni l'autre, pour ma liberté revendiquée.

La liberté ne se tâche pas des autres. Elle est une, individuelle.

Tous courbaient l'échine, la colonne droite, réclamant la trique :

Des lois ! des lois ! répression des libertés fut la réelle querelle.

Enlevez-nous les possibles de la liberté en nous asservissant, sots,

Pensèrent certains, le serpent glissant dans la foule à l'unisson.

Ils étaient tous un, le moi aboli, sous un seul nom, pas un mot !

Appelle-t-on la mort et le saccage d'un pays au cri d'un prénom ?

Personne n'a rien vu ! J'étais seule à voir ce qui ne se voit pas,.

La grande marche méphistophélique ! C'était lui déguisé d'amour !

Dix sept morts dans nos rues et deux mille morts au Nigeria !

Ah ! Méphistophélès ! Ton acte fut puissant au nom de l'amour !

Europa pleure sur ses enfants. Le drapeau n'a pas vogué au vent.

Il n'y avait pas de vent ces jours là. Même le ciel a soufflé ses astres !

La lune s'est effacée, laissant entrevoir la huitième sphère au temps.

Des cadavres gisaient partout dans le ciel soumis aux désastres.

 

Le siècle a pleuré sur le millénaire et sur l'âme de conscience.

J'ai pleuré avec Michaël, les Archaïs, les Dieux d'hier et le Christ.

Les anges ont essuyé les larmes des archanges sur l'inconscience.

Chagrin d'amour, le ciel se retire. L'homme est prêt pour l'Anti-Christ !

Le drame du jardin d’Éden se rejoue avec le serpent glissant,

Avec l'hydre à sept têtes se mariant désormais à la tête humaine.

Vous perdrez l'essentiel, la liberté éteinte pour un seul mot hurlant,

Sans jamais voir du cœur torrentiel, le sang nourrissant nos veines.

Chronos, j'en appelle à Éther pour que Thanatos recule !

Hypérion, regarde Éos et Séléné pour que Thémis flanche !

Prométhée ombre Persès et Pallas pour que Ménétios, point ne circule !

Qu'Aléthéia et Arété soient au siècle du Dieu Fils, lumière franche !

 

IV

 

Le monde était couché aux pieds de la liberté.

La liberté était levée aux regards du monde.

Les pas silencieux arpentaient le bitume hébété.

Les bras brandissaient des écriteaux sur la rotonde.

La foule a montré sa peur et la peur a appelé la peur,

La peur résonne dans Europa qui ne se reconnaît plus.

Europa a vu la peur comme fertile élément agitateur.

La peur s'est levée et la peur a ceint l'esprit en son jus.

La France a vu l'horreur et de l'horreur, s'est armée.

Les nations d'Europa ont vu s'étioler la blanche marguerite

Et la marguerite s'est transformée en tulipe noire, affamée.

À nos pieds foulés, le pas indéterminé, la raison s'est écrite,

Vacillant sur ses vagues. Le bitume a tremblé et a pleuré.

La grande marche a montré sa volonté de paix,

Tout à la fois son agonie face à l'horreur qui a germé.

Le millénaire a commencé à récolter ses adeptes sans paix ;

Tel « la guerre de tous contre tous » sans arpège, ni symphonie.

 

Avons-nous vu d'Europa les sanglots qu'Europa est nouvelle.

Zeus mort s'est réveillé, proclamant à nouveau l'enlèvement ;

Déguisé sous la forme du taureau, il a appelé le viol de la belle.

Europa, ma sœur, ma procréée, ma mère, mon monument,

Ma raison, ma liberté, qu'as-tu fais de ton drapeau cueilli ?

À la chapelle de la rue du Bac, tu avais dévoué ta mission.

La vierge Marie, pour tout avenir, était devenue ton élan de vie.

Europa, mère des filles aux cœurs purs, aux corps de dévotion,

Où sont parti tes rêves d'humanisation de la terre, toi, mon lys !

As-tu sombré que plus personne ne te voit sous le bel horizon

Que chacun a pensé bleu sous tes étoiles brillantes données à Isis,

Quand Osiris de son morcellement aura enfin quitté sa prison ?

Dans le bruit, les douleurs gémissent et pleurent sur ton retour.

Quand viendras-tu, au clair des soleils de minuit, nous rassurer,

Nos consciences pleines d'avoir su apprendre le doux mot amour ?

Tout s'effondrerait-il loin de ton regard aux rayons cuivrés ?

 

Toi, Europa, au miroitement d'ailes d'yeux éclairés, espères.

Tu quémandes de nos supplices la saine raison à nos entendements.

Enfant du monde, je pleure dans tes yeux qui m'émancipèrent.

Mon désarroi est vaste quand tout s'effondre de rêves insouciants.

Me relèverai-je de ta peine que j'ai pris en mon regard effondré ?

Me prendras-tu sur ton sein, m'allaitant d'aile d'ange sur ton autel ?

Serai-je pour toi, Europa, fidèle amie à ta rose quand le chaos viendra ?

Et de ton lait coulant sur mes lèvres, tu me montres ton voile immortel.

 

V

 

Et... le temps a continué de se souiller, avide de ses gains

Que rien, ni personne du peuple n'a souhaité de levain.

La conscience amère et sourde face au labeur des petites gens,

Ouvriers ayant tout rêvé, en voulant tout saisir, ont cru à l'argent.

Etait-il sage de tout vouloir, confort et tous biens, soupirants,

Sans penser à l'Hydre que nos désirs créaient de maux rampants,

Multipliant ses têtes hideuses, têtes rougeoyantes de feu

Que le feu a rendu invisibles, que l'appât a créé de mille adieux !

Fous desseins rendus au destin de Mamon régnant en maître de rage

Et qu'hommes encore ignorent, quémandant toujours davantage.

Ah ! la peur de manquer, manquer de quoi, quand, pour qui ?

Voulant chaque jour le beau et le futile qu'engrangent les vies,

Que pensées désertent à la lumière des vertus, la vérité pensante

Que personne n'a demandée, tellement persuadé de l'autorité tapante !

 

Oh ! hydre aux neuf têtes invincibles qu' Héraclès a tuées,

Pourtant enlisées au creux du marais de Lerne, sous le rocher,

A-t-il fallu que sa tête d'or ne soit pas morte sous la flèche

Que Lolaos avait tirée, extirpant le mal aux heures fraîches,

Cautérisant ses moignons sous les bobèches des brandons

Qu' Éole attisait de son puissant souffle pour que vive Cupidon,

Que Romains rendaient à Éros afin que l'amour, toujours,

Soit de tous les temps le rêve des hommes, seulement l'amour !

 

La tête de l'Hydre s'est réveillée, les siècles passants, croissant

Chaque nuit au marais, malgré le conseil avisé de Thésée au levant.

Les hommes ne l'ont pas vue revenir, ni n'ont cru que c'était elle

L'hideuse instigatrice des désirs convoités ! Tout avoir d'elle !

La bête a crée le superflu et avec le superflu, l'argent virtuel

Qui tout permet, tout offre, tout ensevelit, tout avilit, cruelle !

Car elle est cruelle dans son invisibilité, l'Hydre des cauchemars !

De rien elle ne fait cas et dirige de ses entrailles par milliards,

Le monde et les hommes devenus fous à force de tout vouloir.

Tout prendre, ne laisser aucune miette aux oiseaux affamés, le soir !

Préférant pleurer la pauvreté plutôt que de venir à son aide

Avec mânes de cœurs bien pensants, riche d'intentions laides

Qui point ne se disent, arguant de tant de mots affriolants de civilité

Qui ne signifient rien dans l'horreur des neuf têtes d'incivilité !

 

Ne vous offusquez pas si je nous remets à nos places,

Préférant la lumière à l'ombre de la bête qui clame son palace

Pour toute pensée en haut de la falaise que le bien récuse !

Vous n'en pensez rien, et préférez l'apologie du mal à celle qui accuse,

Parce que l'Hydre se nourrit aussi de ces fallacieuses avancées !

Elle n'avance plus, elle galope, rasant le berceau ancestral Grec

Qui fut son hyménée et son tombeau, son pouvoir à coup de becs,

Les griffes acérées de ses corbeaux noirs au bleu ombré effacé !

A-t-on jamais vu de mémoire humaine plus rampante ombre enlacée

Que celle qui avance sans bruit, creusant le ravin pour tout lit,

Que pauvres s'arrachent, que riches offrent aux ravins des taillis !

Non ! Ne riez pas, ne souriez pas de tout avoir pendant qu'encore

Tout avez de ses mains car de sa volonté, bientôt elle nous fera or,

Qui tout couronne sans vergogne, nous reprenant tout, riant de nous.

Triste dédale que le minotaure admire sous le caillou !

A-t-on jamais vu plus grand serpent avançant d'orbes si amples

Que se profile déjà la guerre, que Grèce et ses temples

Voudraient éloigner du feu germain renaissant aussi de ses cendres.

Pour que jamais Europa n'appelle à son secours le bel Alexandre.

 

Des hommes de conscience, je vois un combat monstrueux

Terrassant à nouveau l'Hydre ogresse dont les têtes aux mille yeux

Enlacent les pensées endormies des hommes sans volontés, enflés

De tant d'orgueil que conscience aide Europa à se relever des cris persiflés !

Nephtys nous attend et à Isis confie ce chaos

Pour que nous voyons Europa retrouver Osiris sous Kronos.

 

VI

 

La bête a frappé, l'arme lourde au poing, le regard vide.

Sans sentiment, mue par les drogues de l'anéantissement.

Elle a crié au monde sans dire un mot, son fiel , bruyamment,

Sa volonté de tout anéantir d'une rafale de salves impavide.

À la force du démon qui, réjoui, témoigna de sa haine,

Mettant en joue le genre humain au théâtre de sa vie,

Au grand refus de l'humain détruit comme il le fut à Varsovie,

L'instant d'un feu nourri, il redessina l'agonie macchabéenne.

 

Nul ne détruit le Temple sans échapper au feu de la géhenne !

Mais à quelle géhenne croyaient-ils quand une balle siffle

Et que tant de corps s'affaissent sur le pavé à coup de rifles ?

Faut-il penser à contre courant pour croire que l'abîme est plaine

Pour les hommes porteurs d'armes à la main ! Ainsi pense Satan

Quand il espère prendre du monde son Humanité !

Tromper la pensée sous le masque qui avance, auto-créé,

Sans vérité si ce n'est sa haine rampante dans le temps !

 

Avais-je prévenu, que la ligne est restée sourde,

Mais que peut l'évidence quand tout est en place à Beauveau ?

Ne jetez jamais de pain sans, avant, penser aux oiseaux !

L'oiseau peut piquer de son bec la cornée si elle est esgourde.. !

 

Les fleurs ont fleuri les asphaltes pendant que démons riaient ;

Les flammes de vie pleuraient la mort rusée qui tout engloutit

Quand mourir relève de la trahison voulue par ses cornes de prophétie.

Les fleurs ont vu sur le bitume le genre humain qui pleurait.

S'il fallait chasser la haine, ne le faite qu'avec amour,

Car seul l'amour est son amie pour toute expiation,

Car veut-elle dévorer la beauté du soleil en communion

Mais jamais ne croyez que la haine se veut l'amie de l'amour !

 

À l'heure du temps qui égrène ses heures d'envergure

Pour ramasser qui de foi, qui de véhémence, qui de furie,

Voyez comme l'esprit humain nous veut de conscience à la vie

Quand son voile noir se pose silencieusement sur la torture !

De Belgique ou de France à Paris, de Syrie ou d'Ukraine,

Nul pays ne fabrique ses combattants sans l’œil avisé des fous

Qui prépare le terrain des dépendances à son combat vaudou.

Liberté, tu es combat ; guerre tu es massacre ! Qui est souveraine ?

Les familles ont sangloté de colère, d'abandon des patries éloquentes,

Quand mettre en terre le sang versé des amours tristement inachevés

Les a laissées sans cœur qui se répand, sans cœur livré à leur chevet !

Ainsi est la mort dans les luttes armées sans feuille d'acanthe !

Les eut-elle griffé aux visages, nymphe des rebellions

Qu' Apollon encore attend ses fils chevauchant le soleil

Réclamant l'ordre, la raison, la clarté et la sagesse de l'abeille

Au fronton du peuple silencieux qui pense au retour des Bourbons !

 

Le temps n'en finit pas de s'oublier sur ses drames

Car le temps aime s'oublier, reprenant son chemin,

Oublieux des tragédies qu'il vécut, le confort comme matin,

Et morts éternisent leur plainte sur le sang versé des larmes !

Achlys aime la mort, aidée d'Arès, elle rampe,

Avec sa sœur Até, persévère à égarer migrants et pèlerins

Qui loin de leurs rêves ignorent tout d'Atlas portant sur ses reins

Le monde de génocides qu'il n'a pas même voulu d'estampes !

 

VII

 

Quel siècle avons-nous esquissé !

Quelle millénaire avons-nous amorcé !

Sommes-nous si assurés que nous dépeçons la vie

Jusqu'aux entrailles des chemins que l'homme trahit ?

Faut-il de l'assurance fourbe pour tout avaler

Des arrogances qui se regardent fières de morfaler !

 

Faut-il que l'individualisme exacerbé crache venin

Et vomisse le genre humain, croyant qu'il est malsain ?

Faut-il que la haine nombriliste l'emporte sur l'Amour

Sans que nous n'ayons crié gare à ce tue-l'amour

Et que la parole lapidaire avance à pas de géant

Massacrant la vérité qui jamais ne peut être de néant ?

 

Que présager quand l'orgueil affabule son être,

Terrifiant le simple et le humble en petit maître,

Qui voudrait donner, de sa froideur, la lie des malins

Qu'au vent des affres tout espère des vilains ?

Faut-il vivre de ces suffisances carnassières

Quand le millénaire se targue d'avancées meurtrières ?

 

Faut-il toujours encenser pour mériter la gloire

Et hurler sur son frère pour écraser sa mémoire ?

Faut-il se nourrir du mensonge pour être beau

Et au temps qui dévore boire les mots des corbeaux ?

Que dire des volontés acharnées à trucider la beauté

Pour hisser la laideur au rang de la souveraineté ?

 

Ainsi va le siècle s'engouffrant dans le millénaire

Que Kairos aime d'opportunités, que Chronos erre !

Désormais, l'individu choisit d'ores et déjà sa part d'ombre

Sans que sa lumière n'anime sa volonté dans les décombres.

Les ténèbres grandissent et nul ne voit son âme se ternir

Sous l'influence du millénaire en marche que veut l'avenir.

 

Faut-il qu'Anubis envahisse la porte des trépassés

Qui avec effroi découvrent enfin leur cœur angoissé

Pour que Aton enfin éclaire le seuil pour Son éternité ?

D'Aton, le grand soleil qui est lumière et principe de vérité

Que ne voyons-nous pas Seth voulant dévorer les fils de la déité !

Faut-il crier sans fin que Sobek les espère de fatuité ?

 

Faut-il des hommes de peu d'entendement en ce siècle

Pour qu'endormis, ils errent sans lassitude, loin de Thècle ?

Faut-il de l'indignation devant la versatilité humaine

Quand le soleil chaque matin nous aime de sa veine

Nous ne voyons pas le sang royal s'épandre sur nos têtes frileuses !

Dante, a-t-il crié dans le vide les heures bienheureuses ?

 

VIII

 

Obscur est l'amour de l'homme pour l'enfer

Quand, des fables que les patries écrivent dans le fer,

Ils ne perçoivent pas les ombres rampantes d'ardeur,

Et que des ombres ils trouvent beau la laideur !

Comment se glorifier des modernités incantatoires

Quand femmes s'affublent des couleurs grise et noire

Et que plus aucune splendeur ne les habille de couleurs ?

Qu'hommes sont femmes les traits maquillés sans douleur,

Et que femmes sont hommes, sans volonté d'être nymphe !

Tous objets de leur mirages forts des leurres de leur lymphe !

 

Obscur est l'amour de l'homme pour la bassesse et l'adieu,

Comme à Sodome et Gomorrhe, que le doigt levé de Dieu

N'a pas empêché l'abolition ferme des horreurs,

Que Priape a érigé tel un avertissement du malheur,

Qu'Aphrodite a renié pour l'étalement de ses charmes.

Fixer le drame de ce que nous édifions dans le vacarme !

 

Le siècle en marche bêtifie l'homme que l'homme encourage,

Acquiesce l'abolition d'Europa, acquiesce d’Élysée la page.

Quand à ses champs, nul ne sait plus qu'ils sont limbes,

Demeure de leurs dieux qu’Hadès adore et rien n'y regimbe !

On l'a dit île des bienheureux . On l'a dit champ de fortune.

Et Neptune des océans aux confins de ses bordures importune !

Elle, la déesse Élysée, qui du trône des dieux éloigne le sage,

Malgré l'apparence d'une idylle bienfaisante, grime ses visages.

 

Ainsi en est-il du siècle en marche que la Lumière élit mature

Pour qu'entre tous les dieux, les hommes apprennent Sa nature.

 

Les dieux sont morts, et vit la Lumière en la vérité

Que les aurores témoignent chaque jour en Christ aux levers,

Qui, tout, espère de couleurs nobles, de liberté et de sagesse.

Que la connaissance enlève du voile des cécités pour notre noblesse,

À nos cœurs sourds et nos yeux malvoyants, à nos oreilles inaudibles

Et nos esprits bien nés, endormis au faîte des espoirs invincibles.

 

IX

 

Ils ont dit, ont crié toute leur volonté de paix,

Sur les trottoirs ont hurlé leur appel de pacification,

Dans la foule, ils ont tous rêvé d'un monde meilleur,

L'ont proclamé à voix haute, assurés de cette frondaison ;

« Nous voulons être libre, vivre de concorde,

Et encore témoigner de la paix dans le monde,

Taisant : « Tout en espérant vivre la pendaison des malotrus. »

Satisfaits de croire en leur pensée noble,

Les bonnes gens rêvaient de voir les cordes danser.

 

« Pas d'amour si le malotru se promène en vie !

Tuons ! Tuons !  Tuons celui qui tue ! » dirent-ils

Persuadés que la sentence des gibets est amour !

« Retournons à la peine de mort qu'Hugo a combattu,

Nous n'aimons pas Hugo pour ses combats

Quand bien même nous proclamons qu'il est la liberté !

Maltraitons toujours celui qui maltraite

Car c'est de cette gloire immense que coule la vie ! »

Croient-ils, avachis dans leur sofa bien souple !

Ils ont crié la liberté en condamnant le monde

Pis que cela, en décidant, tels des dieux, de la mort !

 

Aime-t-on lorsqu'on hurle fort à la liberté,

La supprimant sous renfort de décrets en abondance ?

Personne ne crie plus dans la rue, sur les asphaltes

Quant la liberté est pendue au bout d'une corde !

 

Aime-t-on quand la volonté de vengeance

Anime la pensée comme le mal qui a assassiné ?

Peut-on avoir la gorge nouée de plaisir

À voir se balancer au bout d'une corde une tête difforme

Sans avoir fait un procès équitable à l'erreur ?

 

Ils parlent tous de paix, la sincérité active,

La volonté de mort en bandoulière, semblables,

Si semblables à ceux qu'ils condamnent !

Les dit-on bons qu'ils applaudissent l'adjectif,

Aimant la flatterie plus que l'amour dont ils parlent,

Ignorants l'Humanité en marche que le siècle attend.

Le temps les façonne à sa mesure entre compas

Et règles informes dont nul ne voit la ligne angulaire,

Au lieu de la rectitude du trait. Le serpent contre la lumière !

La destruction du bien pour l'installation du mal !

 

Non ! Ne croyez jamais que la vengeance

Est des meilleurs plats, et pensez que savourer un mets

Relève de l'éducation du goût. Tout se rééduque !

Répondre au mal par le mal aggrave le mal,

Éduquer est une lumière qu'il nous faut vouloir !

 

Si dans les prisons, nous obligions à repenser les actes

Plutôt que d'affaiblir en consentant l'inertie,

Si dans les cellules, nous pensions le bien

Comme ferment de l'humanité,

Ne serait-il pas plus juste d'aimer son semblable ?

 

Le mal alimente le mal et point n'est prêt à disparaître

Si penser que la vengeance est le remède !

Je ne veux pas de cette pensée qui argumente

Que l'orgueil rétablit toute justice !

Croyez-vous que Métis, déesse de la ruse,

Est à la vérité la sombre ténèbre

Tendant ses doigts crochus à Janus ?

Sombres portes larges ouvertes en temps de guerre,

Ses portes fermées en temps de paix !

Le temps des choix habite les âmes,

l'Humanité déjà se scinde en deux !

 

Vous qui appelez à l'amour, le pensez de priorité,

Pourquoi appelez-vous à la haine

Chaque fois qu'un pendu se ballade au bout d'une corde ?

Satisfaits de cette danse, ne perdez-vous pas votre humanité

Quand votre âme s'assombrit de ce désordre ?

 

Si nous voulons des fleurs belles en nos prairies

Ne devons-nous pas semer leurs graines en terre saine ?

Si nous voulons des arbres forts en nos villes,

Ne devons-nous pas tailler les faibles branches

Sans déraciner l'arbre ?

 

À vouloir supprimer le mal, nous lui donnons force !

À vouloir le reconnaître comme ferment du bien,

Nous donnons de la prestance à l'Amour.

Là est la différence !

Qu'un homme ait voulu être reconnu par ses actes pervertis

Ne signifie-t-il pas qu'il ait été mal-aimé

Par un des maillons que fait la société et la famille,

Le fils par le père,

La fille par la mère,

L'enfant par l'enseignant surmené,

L'adolescent par la société détériorée,

L'adulte par la civilisation décadente ?

Qui est l'assassin ?

Le père, la mère, la société, la civilisation ?

Aucun ! Seule la cécité choisie engendre

 

X

 

Le siècle n'a pas formulé son dernier mot,

Acharné à défaire ses lois, pris de frénésie, devenu sot !

Je regarde chaque jour la vie transformer ses édits,

Et pleure mon âme face à ces volontés écrites en leur lit !

Thémis souffre ; Thémis regarde sa justice périr,

Que plus rien ne semble pouvoir secourir.

Comment souffre-t-elle de tant d'ignominies

Qu'elle ne dit, hurlant peut-être l'infamie

Qu'elle regarde de haut, d'en haut, triste en cette bise ?

Les Parques, dans les jupons de leur mère, gisent,

Regardant les destinées humaines se courber,

Pliant l'échine face à l'inéluctable chemin souillé.

 

Rien ne se fait au grand jour sans que l’en-haut n'agisse

Pour qu'hommes ouvrent leur conscience face à l'abysse.

Un mouton n'est pas un agneau, et l'agneau regarde,

Fort de sa décision, puisqu'il faut aux hommes hagards,

Le malheur, pour le voir en son éveil en ses heures blêmes !

Forces noires se révèlent au grand jour

Et nul ne comprend ce qu'elles sont de labour.

La terre hurle son désarroi car il faut des hommes

Pour que terre fleurisse d'amour et de cléomes.

Les aethers souffrent ; les êtres élémentaires s'agitent,

Ignorant qui, d'eux ou des hommes, sera faillite,

Prendra le sanctuaire, élèvera le dôme d'or ou de fer.

C'est l'infernale demeure révélant sa sphère,

Chorégraphie sa valse macabre pour l'ignorance.

De France ou d'ailleurs, l'ombre rampe.

Gens s'éveillent, mais sans vraie lampe

Se terrent dans leur confort ; agir est difficile.

Penser est tâche ardue, et peuples sont des bacilles

Attaquant leur propre immunité d'un vaccin de plomb.

 

Faudra-t-il des jours pour qu'hommes cessent de rêver,

Prenant en mains leur destinée que l'agneau a gravée ?

Faudra-t-il des siècles pour que courtes-vues réagissent,

Et enfin se révèlent agissantes à la vertu du calice ?

 

PROPOS LIBRE SUR LA LIBERTE

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

oeuvre personnelle BLJ

 

« Être libre signifie : pouvoir déterminer par soi-même, grâce à la fantaisie morale, les représentations, bases de l'action. La liberté est impossible si quelque chose qui m'est totalement extérieur - soit un processus mécanique, soit un dieu extraterrestre exclusif - détermine mes représentations morales. Je ne deviens libre que si je produis moi-même ces représentations, et non si j'accomplis les mouvements, si je saisis les représentations qu'un autre a introduits en mon être. Un être libre doit pouvoir vouloir ce que lui-même tient pour juste. » Rudolf Steiner dans «  la Philosophie de la Liberté »

 

Ce soir, je voudrais vous parler de la liberté, de celle embrassée chaque jour, qui fait la différence d'un être à un autre parce que j'ai été et suis un être libre, assujettie à rien si ce n'est à la morale la plus pure, choisie et épousée par choix et volonté.

 

Mais, qu'est-ce être libre lorsque chacun s'approprie ce mot-idée sans en comprendre la profonde signification dans son mouvement qui choisit le vivre-appesanti plutôt que le vivre-libre ?

Sommes-nous libres lorsque nous sommes confrontés à la pensée et les mouvements des autres et du monde ?

Sommes-nous libres lorsque nous attendons, du monde et de ses représentations, une direction-guide qui semblerait être de sagesse, ou sommes-nous libres lorsque ces représentations prises en soi jusqu'à l'usure des pensées, pensées par l'autre, nous étreint au point de pouvoir nous apparenter à l'un ou à un autre parce que la pensée se rejoint semblable, mais est-ce soi que de penser comme l'autre et de ne pas penser comme une autre ?

 

Où se situe notre liberté lorsque nous attendons de l'autre le consentement ou la désapprobation d'une idée, d'un acte, d'une émotion, d'un sentiment, et encore le compliment, voire la critique ?

 

Quelle est notre liberté de penser et d'action dans le tout commun qui voudrait nous assujettir aux autres en nous laissant oubliés de nous-même, sans décence, juste parce qu'il semblerait bien et bon de faire comme l'un, comme l'autre ? Est-ce penser la liberté individuelle que d'attendre toujours de l'autre, la juste conduite qui est celle de l'autre et n'est pas la notre ? Qu'est notre liberté lorsque conseils bienveillants -selon l'un- n'est pas le conseil que l'on se donne à soi ?

 

Je lâche le « nous » pour arriver au « je » qui exprime notre -mon- moi intérieur, ce moi le plus intime qui ne peut dire « je » qu'à soi-même et pas à un autre, alors que tous les autres sont des « tu » pour soi ; ce « je » si particulier qui nous (me) rend libre dès lors que j'ai conscience que « je » acte libre lorsqu'il s'affranchit du « nous » pour arriver au « nous » qui est autre que le « nous » commun, mais le « nous » fait d'une multitude de « je » rencontrés, totalement absous de ce que « je » peux être et vouloir pour l'autre.

 

Si « je » suis libre, c'est que quelque chose en moi pense et se pense en moi, libre de tout, affranchit des conventions acquises dans le respect total des conventions quand bien-même elles ne sont pas notre, pas les miennes et pourtant acceptées parce qu'elles existent et sont autant de pas pour aller vers l'autre qui fait de mon « je »une volonté secourable pour soi, et tout à la fois une volonté secourable pour l'autre, tous les autres.

 

Lorsque nous regardons briller le soleil, que voyons-nous ? Est-ce la liberté du soleil à briller pour lui ou briller pour un autre, briller pour les hommes et la nature que nous voyons ? Ou est-ce la liberté du soleil à vouloir briller seul sans direction pensée ? Est-ce que notre liberté sait différencier le soleil extérieur du soleil intérieur ? Si nous n'en voyons que sa surface à défaut de ne jamais pouvoir atteindre son cœur, saurons-nous pour autant ce qui le compose et le rend si brillant à nos regards ? Sommes-nous libres face à sa volonté de briller ou ne prenons-nous de lui que ce que nous en comprenons, sans rien comprendre de lui finalement. Si « je » suis libre, n'est-ce pas parce que « j »'ai pensé le soleil astre, comme « j »'ai pensé le soleil entité qui à nos regards se révèle dans la pensée libre, comme une étoile avec un cœur d'espace vide, un corps de lumière réchauffant la terre et une surface si brillante qu'elle en cache les deux autres soleils en son être.

Pourquoi parler de liberté individuelle à partir de l'exemple du soleil ? J'aurais pu penser la liberté individuelle à partir d'un autre objet, n'importe lequel, mais « je » choisis le soleil, comme « je » choisirais un tout autre objet, parce que nous n'en voyons que la surface, et que sa surface nous cache l'essentiel ; et que dans l'absence de l'essentiel, nous ne sommes pas libres puisque nous ignorons tout de la pensée qui, seule, nous fait libre et nous affranchit de soi-même comme des autres , en devenant les autres et soi-même.

 

Bien ! « je » suis libre. « Je » pense. « Je » suis, donc « je » pense, et non son contraire, n'en déplaise à Descartes qui n'a pas observé le minéral qui ne pense pas et qui pourtant est pour ne citer que l'élément minéral de la vie qui forge la terre-être. R.S teiner nous le décrit avec une telle profondeur de conscience indéniable que j'en ai fait ma pensée, librement pensée et expérimentée. 

 

Je pense. Je suis et je suis  libre.

 

Pour revenir à une pensée moins élaborée et plus facile à saisir, comment alors « ma » liberté peut-elle alors se traduire si « je » suis vraiment libre d'agir et de penser.

 

Si « je » suis vraiment libre, l'autre est tout pour moi et jamais ne me contrarie parce que cet tout autre est mon reflet en permanence, il est le miroir de ma liberté pensée en lui. Il pense le monde et je suis en lui – le monde et l'autre-. Là où je deviens libre, l'autre se détache. Son impact n'a plus d'importance. « Je » n'agis plus au travers de sa propre pensée qui n'est plus le miroir de la mienne car « je » me suis forgée ma propre pensée qui, elle, m'affranchit. La critique ne nous touche plus et nous n'attendons plus rien de l'autre, ni en compliments, ni en critiques. Nous ne rampons plus. Nous quittons le cerveau reptilien et le cerveau émotionnel pour aller vers le cerveau cortical comme organe de pensée libre , voulu et travaillé, façonné, taillé tel un diamant, comme instrument de perception façonné par les forces du cœur. Il n'y a pas de pensée libre sans l'activité morale pure qui s'est appropriée les forces de la connaissance par les forces du cœur en mouvement constant. Les forces libres du cœur libèrent l'activité ancestrale d'un organe pensant vers sa soif de la liberté qui ne dépend plus que d' elle-même. Plus rien alors n'a d'importance dans la liberté que la morale ou éthique choisit par soi-même et qui a la valeur du monde reconnu comme valeur essentielle des bases de la vie et de la connaissance dépassant la surface des choses : le soleil n'est pas que la brillance aveuglante perceptible par notre regard , mais possède ses soleils cachés que seule la connaissance peut nous faire toucher du doigt. A cet instant, nous devenons productifs ; nous créons la pensée, et par là,  créons la liberté. Nous sommes co-créateurs de ce que voulons de juste et de sagesse, de bon et de beau, et voyons en toute chose et en tout être, le beau et le bon, là où l'absence de liberté individuelle vraie montre d'abord le laid, l'iniquité, le défaut, la parade, l'orgueil, car l'absence du penser vraie est l'antithèse de la liberté, de la bonté, de la beauté et de l'amour.

 

Si « je » suis libre, cela signifie alors que dans « ma » liberté » chacun à une égale valeur à la mienne et que « je » vois en chacun, même le plus laid,le plus perverti, la beauté de l'âme qui nous -me- fait acteur de sa liberté avec la mienne, toutes deux adombrées. « Je » n'attends alors plus rien du monde que sa beauté et sa bonté parce que « je » les a pensées pour être libre.

Et si la douleur du monde devient mienne, c'est que « je » a pensé la douleur du monde comme élément de liberté, en devenant acteur de sa rédemption, car n'est pas libre celui qui pense le monde sans acter le monde. Acter le monde c'est agir pour lui sans contrainte par la seule force de la volonté mise en mouvement.

 

Ce qui nous amène à penser la liberté comme un ferment libre de volonté sans contrainte aucune, d'où que ces contraintes viennent. Ce qui nous amène à penser  aussi que sans liberté individuelle pure, sans morale pure, sans volonté pure, le monde ne peut pas penser en nous car il s'agit bien de volonté du monde de se penser lui-même en nous, êtres libres.

 

Je ne suis alors pleinement individu libre que dans la mesure ou « j »'ai réuni toutes les conditions pour le devenir : la morale, celle qu'il ne faut pas confondre avec la morale castratrice, conductrice, assujettissant l'autre aux désirs égoïstes, mais bien de cette morale libre, librement consentie, qui laisse tous les autres libres de leurs choix et actes en pensées et en actions dans la connaissance que l'autre a du monde et des autres.

Tableau béatrice Lukomski Joly "l'homme imparfait"

http://beatrice-lukomski-joly.copyright01.com/

 

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