Béatrice Lukomski-Joly


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Des édifices religieux

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Portail de l'église de Pont sur Yonne

 

Nous sommes arrivés à une époque qui déconstruit, vend, annihile nos églises pour les anéantir en les cassant à coup de bulldozer, ou les transformer en leur contraire, c’est à dire d’un lieu de prières, quand elles sont transformées en hôtels, restaurants, discothèques, elles deviennent lieux de l’expression matérialiste dans l’athéisme qui a saisi notre époque et lieu de perversions dans l’expression des plaisirs, du badinage, des paillardises, des débauches. Comment pouvons-nous accepter que ces édifices deviennent discothèques, restaurants, hôtels ? L'autel devient hôtel, juste un changement de sens par l'homonyme ou homophone ! ou d'autel à une simple table. Personnellement, cela me fait pas mal et à défaut de comprendre, simplement comprendre que je puisse avoir mal à l'âme. L'on désacralise, ce qui en terme ancien était éxécration, mais qui désacralise ? le Vatican. Est-ce que le Vatican a autorité en la matière dans la mesure où il n'a de cesse d'amputer le sacré de sa fonction ayant apporté son lot d'athéisme. Il faut le dire. Je ne reconnais donc que le sacré de l'archétypal sans verser dans tous les conciles et décrets de l'église terrestre - les sept collines - pour ne rester que dans le choeur et le coeur de ses monuments en leur pleine signification. Si, pour convenances personnelles, nous acceptons que soient désacralisés les édifices religieux, c'est que nous acceptons l'église terrestre comme valeur s'en nous soucier de l'église spirituelle authentique quand bien même nous serions athés : la pensée matérialiste de Vatican prévaut alors sur le sens spirituel premier de sa mission. En tanbt que spiritualiste dans sa dimension sacrée, je ne peux pas accepter cette voie de faits matérialistes. Si c'est l'Etat qui désacralise parce qu'il en est devenu le propritaire depuis la terreur, je ne le reconnais pas dans la désacralisation des édifices religieux. Je ne lui reconnais pas ce droit. Guère davantage ne l'accorderait Louis IX sur lequel notre société d'équité, de justice, sociale, administrative, prend pourtant appui et est toujours inconstestée. Considérons un autre aspect qui pourrait être phénomène de modernite si l'on continue en ce sens  : imaginons un instant que nous disions pour désacraliser la musique sacrée que "Le Messie" de Haendel ou le " Requiem" de Mozart , c'est du rap, nous ferions exactement la même chose. Encore plus loin, faire croire qu'une plante est un homme ; ou une rivière, une fleur, vous sentiriez que quelque chose n'est pas à sa place et vous auriez raison.

 

 

Allons écouter Haendel  qui a davantage sa place en ces édifices que la musique jouée en une discothèque édifiée en nos monuments  : 

 

 

Déconstruction, désacralisation, vente, transformation, affiliation à un autre but. Pourquoi ? Désertification des campagnes, appartenance à l’État lequel n’est pas le clergé qui n’a quasi plus de droit d’entretien, pas de subventions, athéisme croissant, absence de fréquentation, disparition de la foi : Dieu et le Christ sont remplacés par les dieux confort, argent, loisirs, plaisirs, fêtes laïques au sens commercial. La modernité, la science, le vide, sont devenus les nouvelles références. Le vide. Le vide, ce chemin de douleurs qui n’a pas encore dit son dernier mot et qui l’exprime, l’exprimera, en d’autres valeurs. Il faut bien que l’homme se réveille à un moment ! La nature s’en charge. Ses tempêtes, ses grondements, ses éruptions, ses fleuves et rivières sortis de leur lit, ses tremblements de terre devenus si nombreux, ses virus et leurs mutations, sont là pour rappeler la fragilité de l’homme en ses nouveaux motifs établis, et  rappeler toutes les illusions et erreurs de la pensée. L'homme orgueilleux croit la maîtriser, elle fait ce qu'elle veut sans prévenir. Exit la science matérialiste dite exacte. Les éléments sont les seuls à voir l’homme à genou, en prière, lorsqu’ils perdent tout de leur confort, oubliant, là encore, que, là, n’est pas le but de la prière et qu’il ne doit pas être la cause de la génuflexion, qu’ils réclament l’éveil en leur source. Ne pas percevoir l'invisible n'est pas la preuve qu'il n'existe pas. La physique quantique, aujourd'hui admise,  ne dit-elle pas : le visible est une manifestation de l’Invisible, l’Esprit crée la matière et non l’inverse. Demanderiez-vous au monde aquatique si le terrestre existe qu'il vous répondrait que non si ce monde était doué de la parole. Il ne le voit pas.

Le phénomène n’est pas nouveau ; il existe depuis la transformation de la sainte Chapelle construite par Louis IX qui abritait les saintes reliques, ayant perdu ainsi sa vocation première. Elle n’est donc plus un haut lieu de culte, mais un lieu touristique avec parfois une vocation artistique à type de concerts. La musique sacrée s'y exprime toujours et c'est une grâce que les ogives en prière muette reçoivent. Elle était jusqu’à ce moment, le lieu de l’affirmation de la foi que le continent européen entier admirait, portait en dévotion comme témoignage du christianisme dans son expression de louanges et d’un tout début de l’âme de conscience. Pourquoi âme de conscience ? Car celui qui écrivit les mémoires de Louis IX, Jehan Sire de Joinville, fut le premier historien dans l’histoire à relater les faits en utilisant le «Je». Ce «Je» reconnu par tous les historiens de Louis IX affirme que le «Je» épistolaire n’avait pas existé avant Joinville. Il est le premier à le faire. «J’ai vu, j’ai entendu, j’ai senti, j’ai vécu, moi, Joinville, avec mon roi.» (Jacques Le Goff.) Jusqu’à Joinville aucun témoin contemporain n’avait relaté des évènements en son nom propre. Joinville est également le premier à rédiger une explication selon son ressenti au nom de son «Je» le Credo. La sainte chapelle avait alors une double signification par l’amitié étroite entre le roi et son conseiller, son plus fidèle ami : donner au monde ces reliques en témoignage et apporter le « Je » par la narration de sa nature. Il ne viendrait plus à la pensée d’aucuns de s’exprimer autrement qu’en disant « Je ». C’est en conséquence que la connaissance de l’édification des édifices religieux voit se transformer l’art roman en art gothique, c’est à dire la forme des mains jointes pour la prière par l’arc-boutant élevant et soutenant l’ogive que l'art gothique confesse, témoigne, atteste. Si la forme ne fut pas spécialement consciente, elle relate néanmoins de l’évolution de l’âme en son esprit-guide, soit son archétype spirituel ayant œuvré pour ces nouvelles formes. L’homme ne fait que se saisir de ce qui existe dans l’esprit de son temps.

- le Credo de Joinville https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63708063.texteImage -

Qui fait encore le signe de la croix en entrant dans la sainte Chapelle parce qu’elle a été désacralisée ? Qui l’a désacralisée ? Le clergé ou la révolution d’idées ? Le sens n’en est pas le même. Modestement, je dirais moi, parce qu’elles est avant tout un édifice spirituel. Ses ogives parfaites et ses vitraux les ayant épousés sont toujours l’hommage à l’évolution de l’esprit. Cela ne peut être oublié, effacé d’un coup de gomme ni raturé d’un trait violent parce que l’homme a épousé le matérialisme, l’athéisme, par choix personnel ou à son insu, dans la modernité rapide qui ne met plus l’homme au centre de sa vie mais en périphérie de son avenir, de son être essentiel.

La sainte chapelle Paris

Quelle est alors la signification de notre temps qui veut déconstruire le passé et en faire table rase pour ne plus nous relier à la conscience de soi ? Il n’est pas question, ici, de se mettre en opposition avec d’autres confessions et autres hommes, mais d’établir l’essentiel de la relation. C'est pourquoi je titre " des édifices religieux" sans faire de différence bien que je parle des édifices chrétiens qui sont les premiers à disparaître d'entre toutes les confessions. Détruirions-nous un temple ou une mosquée ? Non ! Alors pourquoi la chrétienté seule en est la victime en ses églises, chapelles, cathédrales (Notre Dame restera une énigme), abbayes, monastères catholiques ? Posons-nous la question. Le XIX ième siècle avait reconstruit les églises, abbayes, cathédrales, le XXI ième les vend, les détruit, ou les réoriente vers d'autres buts que le leur. Le soleil brille pour chacun et ne fait pas de différence entre les hommes dans leurs appartenances. Il les conduit et voudrait que la pensée se saisissent de lui comme témoin de la vie dans nos fois, idées, pensées, êtres. L’ogive gothique est une de ses preuves.

 

Si je regarde l’histoire, je suis force de constater que par la désacralisation première des édifices religieux, récupérés par l’État lors de la révolution française, ne fut qu’un cheminement lent vers leur destruction d’abord physique partielle, têtes scupltées des saints coupées, blanchiment des peintures murales intérieures, puis dans leur sens profond de relation d’âme à âme - religere en latin pour le mot religion, soit relier les hommes entre eux. Force de constater également que l’histoire me rapporte « Sodome et Gomorrhe », lieu de toutes les perversions, et que nous serions dans le renouvellement d’une épreuve identique. Nous ne pouvons pas vouloir des autres le bien en actant son contraire ; nous ne pouvons pas crier à la morale si nous ne l’appliquons pas soi-même. Or, c’est ce que nous voyons aujourd’hui : l’autre dans ses uniques défauts et pas soi dans les nôtres au lieu de voir l'autre beau et bon parce que je me suis pensé tel que je suis grâce à la force de l'esprit conquis en soi à force de travail et de foi. A mon sens propre, nous ne pouvons pas nous plaindre de l'absence croissante de l'immoralité si nous acceptons que soit détruit ce qui l'a précédée, en a été le fondement. Tout va ensemble. De fil en aiguille, disons-nous. Toujours à mon sens propre, si je peux restituer l'âme dans les yeux que je dessine, c'est que l'âme en son esprit existe, sinon, je ne le pourrais pas. Je donne en clair à regarder ce qui existe en l'autre. L'âme c'est l'église intérieure de l'être que les temps ont donné à voir en nos édifices. Elle est "la chambre intérieure" que chacun possède en propre et qui ne peut appartenir à nul autre. Je suis donc bien témoin de l'esprit en soi que je traduis.

 

Le courage d’être soi

Si j’ai le courage d’être soi, et chacun ne peut être un soi que pour lui-même et personne d’autre pour lui, nous sommes alors convaincus que l’action d’aller contre ces destructions est réellement un courage pris en soi pour l’esprit. Pourquoi ? Car si je pense les évènements, je comprends que par mon âme de sensation, celle qui a des émotions, celle qui reçoit les impressions du monde, et en ai conscience, je suis obligée de penser ces émotions dans leurs causes et de les transformer dans ce qui est mon âme d’entendement – je comprends, ou commence à comprendre – pour parachever dans l’âme de conscience, celle qui a élaboré la compréhension de la cause et qui dans la vérité ne peut plus être contournée. Si nous restons dans l’âme de sensation, que comprenons-nous des causes qui nous ont mis en joie ou en colère ?

Ayant donc pensé l’édifice religieux en sa conception archétypale, créatif, pour devenir réalité physique, incarnée en le monde, car avant que quelque chose existe physiquement, il nous faut le concevoir, le penser, le dessiner, le structurer, j’admets avec facilité que ce que nous a offert l’histoire en ces civilisations antérieures et dans ces faits, a bien pensé en moi en un acte de volonté. Je ressens en moi et en conséquence la nécessité de perdurer de ces édifices. Nous ne pouvons pas balayer ce qui fut la conscience de nos ancêtres si nous regardons la conscience. La conscience est vérité et exclue son contraire, l'inconscient, et exclue le doute. Nous pouvons nous demander si la conscience comporte une conscience dans la mesure ou elle diffère de l'un à l'autre, et nous pouvons répondre que oui, car la conscience entière se fait de petits pas en sauts avant d'être pleine, explicitant que chacun ne soit pas au même degré de conscience en admettant le doute ou exigeant l'adhésion à l'idée d'un autre sans vouloir observer ce qu'est celle de l'autre. dans ce cas, la conscience n'est qu'un mensonge, une illusion, car elle ne peut être et ne pas être. La conscience aboutie est forcément identique à celle de mon voisin ayant fait le même chemin d'intériorisation en sortant de la seule idée pour penser.

N’est-ce pas là la mission première des architectes, par exemple, pour bâtir nos maisons ? Ils les ont pensées, dessinées, avant qu’elles ne soient nos résidences. C’est donc là bien la preuve que tout est archétypal. Ils sont la conscience de nos besoins dans nos demeures. Demain, nous ne pourrons pas nier cette réalité de nos besoins parce qu’ils ont été au passé l’évidence de ceux-ci. Mais, là, nous ne tenons compte que de nos besoins primaires dits de base, et non de nos besoins spirituels, pourtant l’homme est fait de tous ces besoins et si il en a oublié le besoin spirituel, il n’en garde pas moins le besoin de reconnaissance si chère à notre temps, lequel besoin est la base du «Je». Reculerions-nous en reléguant au passé le besoin spirituel pourtant encore manifesté par un grand nombre ?

 

"Michaël" de Liane Collot d'Herbois

 

C’est donc pour ce besoin que nous ne pouvons pas nier, renier, chez l’autre, que le courage d’être soi dans la défense des acquis est primordial pour combattre ce qui voudrait être anéanti, et veulent progresser en beau et en bien dans la valeur de l’amour de tout ce que nous percevons et qui existe à l’infini. C’est sur cette note de l’essentiel en soi que je conclurai l’indispensable respect envers les convictions de chacun quand bien même d’autres les refusent pour ne plus se penser qu’en individu de plaisir (âme de sensation n’ayant pas encore élaboré l’âme d’entendement et de conscience), et de conception uniquement physique.

Les édifices religieux chrétiens dans leur transformation matérialistes ne sont donc plus au service de l’esprit et de la pensée qui se pense dans la foi et la réalisation de l’homme, mais bien d’une évolution qui veut anéantir ce christianisme encore vivant en bon nombre d’âmes. Certes, nous pouvons prier en soi, soit dans « notre chambre », c’est à dire notre âme, sans témoins, mais nous ne pouvons pas refuser ni nier le besoin de se relier ( religere) à d’autres hommes en les supprimant dans ce qui fut leur archétype de pensée.

 

"Je" " ich" de Rudolf Steiner

"La philosophie de la liberté" de Rudolf Steiner - Extrait -

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

La maxime de l'homme libre

 

L’homme est libre dans la mesure où il est capable de n’obéir qu’à lui-même, à chaque instant de sa vie. Une action morale n’est mon action que si elle peut être nommée libre, dans le sens que nous venons de préciser. [...]

L’action née de la liberté n’exclut pas les lois morales, elle les inclut au contraire ; elle se montre seulement supérieure aux actions qui sont simplement dictées par ces lois. Pourquoi mon action servirait-elle moins bien le bien commun lorsque je l’accomplis par amour, que lorsque je l’accomplis seulement parce que je ressens le devoir de servir ce bien commun comme une obligation ? Le concept d’obligation pure élimine la liberté humaine, parce qu’il refuse de tenir compte de l’individuel et qu’il soumet tous les hommes à une norme uniforme. La liberté de l’action n’est concevable que du point de vue de l’individualisme éthique.

Seulement, comment la vie collective s’organisera-t-elle lorsque chacun ne cherchera qu’à mettre son individualité en valeur ? C’est là une objection courante du moralisme mal compris. Il croit qu’une collectivité humaine n’est possible que si un ordre moral fixe et commun en réunit tous les membres. Ce moralisme-là méconnaît le caractère unitaire du monde idéel. Il ne sait pas que le monde d’idées qui agit en moi est le même que celui qui agit en chacun de mes semblables. Cette unité est le résultat de l’expérience du monde. Elle doit d’ailleurs être objet d’expérience, car si elle était connaissable par une autre voie que celle de l’observation, son domaine cesserait d’être celui de l’expérience individuelle, pour devenir celui d’une norme commune. L’individualité n’est possible que là où chaque être individuel ne connaît les autres que par son observation individuelle. La différence entre mon semblable et moi, ce n’est pas que nous vivons dans deux mondes spirituels différents, mais que nous recevons d’un même monde idéel des intuitions différentes. Il veut réaliser ses intuitions, et moi, les miennes. Si nous puisons tous deux véritablement à l’idée, et non point à des impulsions extérieures (physiques ou spirituelles), nous nous rencontrerons forcément dans le même effort, dans les mêmes intentions. Tout malentendu ou collision morale est impossible entre des hommes moralement libres. Seul, l’homme moralement non-libre, enchaîné à l’instinct naturel ou à un devoir impératif, se heurte à ceux de ses semblables qui n’obéissent pas au même instinct ou au même devoir.

Agir par amour de l’action, et laisser agir dans la compréhension du vouloir de l’autre est la maxime fondamentale de l’homme libre. Il ne connaît pas d’autres « tu dois » que les actions intuitivement conçues avec lesquelles sa volonté s’est mise en résonnance. La manière dont il se comporte dans un cas particulier ne dépend que de son propre pouvoir idéel.


Extrait de Rudolf Steiner, La philosophie de la liberté, Chapitre IX : “L’idée de la liberté”, traduit par Germaine Claretie, Éditions Alice Sauerwein, Paris 1923. 

Après avoir lu cet extrait, en rappelant que toute l'oeuvre de R Steiner  se transmet en ces termes, qui osera encore dire que l'anthroposophie est une secte ? 

Extrait pris de ce blog : https://www.anthroposophie.ch/.../la-maxime-de-lhomme...

 

 

 

 

02 février 2021

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

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2 février 2021

Le temps est au froid. Il s’habille de gel et de neige que les années précédentes n’avaient plus connu depuis longtemps. Il surprend chacun tout en les émerveillant.

La neige, c’est la manifestation d’un autre silence que la nature épouse comme si elle avait besoin d’exprimer sa réprobation au charivari terrestre qui lui nuit, exigeant des hommes qu’ils ralentissent leurs mouvements pour presque les figer dans la contemplation de sa beauté pure. Pas un bruit sur un flocon venu du ciel ! Les gens ne s’étonnent pas de ce silence et pourtant, l’aime. Il est là pour rappeler que lui seul permet l’intériorisation des vécus. Elle soumet l’homme à sa grandeur le temps d’une giboulée, et de son habit nappant tout, comme si tout devait être voilé pour mieux distinguer ensuite ce que le regard n’avait pas supposé être, elle révèle les formes. La neige est le silence dévoilé, devenu perceptible dans son intériorisation obligée. Elle ne laisse à l’homme aucun autre choix que de l’entendre. L’homme ignore qu’il est à son écoute dans l’admiration qu’il lui voue. C’est le message de la neige : je suis un silence audible. Elle est lumière dans sa blancheur immaculée lorsqu’elle a cessé de napper la terre de son vol vertigineux et pourtant d’une grande lenteur. Son seul bruit, presque un cri, est celui du pas qui la foule, la blessant dans son volume et son œuvre d’architecture, sculptant chaque élément en une autre forme que nous n’avions pas vue avant qu’elle soit. Je l'ai toujours vue comme le témoignage de la forme que les Esprits du même nom révèlent au monde.

Y a-t-il plus grande joie dans la nature enlaçant l’homme dans la presque conscience de sa beauté lorsqu'il la voit  ? Je ne sais. Car, elle seule voit se rouler en son âme l'enfant, alors que l’herbe ne connaît plus cette euphorie perdue par le genre humain à moins d’avoir préservé son âme d’enfance. L’individu, tellement guindé de modernité, ne sait plus s’étendre en ces deux lits de nature. L’enfant, encore, connaît l’harmonie de la neige en sa grâce. Jusque à quand, pensé-je ?

Je m’enchante de son pouvoir à demeurer intacte et intègre lorsqu’elle épouse notre main tendue vers elle, ne fondant pas à la chaleur de celle-ci avant que nous ayons pu la regarder pour l’admirer. L'avez-vous observé ? Le flocon devrait fondre au contact de la chaleur de la main ; il ne le fait pas dans l'immediateté.

Je suis éblouie lorsqu’elle pare nos chevelures d’une mantille étincelante, nous offrant sa beauté naturelle. Encore éblouie lorsque je découvre les sourires qu'elle dessine sur les lèvres de chacun. Je me dis qu'elle a un don et un pouvoir extraordinaire : celui de déclencher le sourire spontané, prouvant l'homme rayonnant. J’écoute son humilité réclamant de nous sa pareille grandeur humble. Je regarde l’expression délicate du ciel en nos jours presque éteints, voulant se rappeler à nos mémoires célestes.

Je la regarde tomber avec cet éternel émerveillement qui me ceint l’âme en son sein l’habitant. Une pluie est un même émerveillement quand bien même nous préférons le soleil étincelant, quand bien même elle manifeste le bruit, un bruit naturel qui n’est pas de l’homme mais de l’Être. J'ai toujours comparé les bruits de la nature aux prières données par le monde de l'esprit pour chaque heure du jour et de la nuit : Laudes, Nones, Vêpres, Complies et les autres.

Le crépuscule vient sobrement. Je me rappelle qu’il me faut rentrer en ma demeure avant le couvre-feu imposé par l’indécence matérialiste qui oppose la nature à la réalité humaine pour un virus qui n’a de cesse de s’entretenir en mutant, car refoulé par l’homme qui ne le comprend pas, ne veut pas le comprendre." Empêchez-moi d’être et je ferai davantage de ravages !" exprime-t-il silencieux. "Tentez de vous défaire de moi sans que je n’ai enseigné mon message et je grandirai," semble-t-il ajouter dans le même silence. La neige tue d’ordinaire les virus, et là, s’en fait la complice pour que l’intelligence humaine s’en saisisse. Empêchez la nature d’exprimer sa volonté et mieux se défend-elle. L’homme n’a pas son mot à dire, elle le sait et agit en conséquence. Un virus est l’expression du karma du monde qui veut installer un avenir meilleur en soignant son âme. Il n’est pas un ennemi, il est un ami porteur d’un bien après avoir buriné la douleur, tel le sculpteur éclate morceau de marbre après morceau de marbre pour donner forme et polir son œuvre. Nous lui avons opposé la valeur de l’argent en amendes indélicates, et mécontent, il s’agite croissant en s’opposant également à cet état infernal qui n’est pas lui malgré qu’il confie ses âmes au ciel les attendant. "Qu’as-tu appris de moi en cette humanité que je réclame ?" est sa parole.

Je pense la neige. Je pense le couvre-feu. Je pense le virus. Je pense l’humanité. Je conduis. Je rentre chez moi sous la neige déversant son esprit en nos cœurs admiratifs. Enfin ! un peu de beauté et de calme pour tous ceux qui n’ont pas l’habitude de penser le monde, vivant ceinturés de vacarme ambiant ! Je conduis. Je conduis une nouvelle voiture acquise d’occasion pour une somme très modique, puisque l’autre a cessé de vouloir me servir dans et après les aides offertes à Jeanne.

Au matin de ce jour, je m’étais réveillée dans la pensée de Jeanne, si haut au ciel, si proche de moi, qui me confia sereine, d'une voix si douce que jamais je ne lui connus, au point que cette douceur tranquille me fait l'écouter attentivement dans la profondeur de nos deux âmes liées. : « Cette nouvelle voiture n’est pas fiable ; elle est dangereuse. Sois prudente. » Sa parole est encore accessible car cela ne fait pas un an qu’elle est retournée en la demeure primordiale. Elle s'exprime dans la pensée par la parole et par l'image. Bientôt, elle sera éteinte à la parole et ne restera plus que  l'expression de l'image. C'est, préparée à cette connaissance donnée par Rudolf Steiner, que je m'y prépare.

Cette pensée reçue en moi a un écho tout mon jour. Je comprends qu’un évènement soudain va me mettre en danger, encore un, et là ce ne sera pas mon compagnon spirituel dans un souffle puissant qui m’avertira, mais elle dans l’anticipation de l’avenir. La nuit prépare le jour suivant, c’est vérifié. Le rêve prémonitoire révèle une fois de plus que le présent a bien sa source dans l’avenir, sinon y aurait-il rêve prémonitoire ? Cela aussi est vérifié. la destinée est établie, elle est de l'avenir s'installant chaque jour au présent pour des faits passés. Cela m’impressionne toujours. Je conduis, pensant au message de ma mère, écoutant une chanson enjouée en ma voiture que je danserais chez moi si je n’étais pas au volant. J'aime danser, souvent seule sans témoins. 

Je roule prudemment, sur la route enneigée, glissante, car chargée d’eau. La neige est mouillée. Elle ne crisse pas sous les pneus ni sous les pas. Elle ne s’est pas voulue poudreuse. Arrivée, roulant à peine à vingt à l’heure sur le pont en travaux domicilié à côté de ma maison, cerné de plots de béton armé pour protéger du vide environnant qui surplombe le fleuve, mes freins lâchent. Plus rien ! Bien que je sois habituée à ne pas freiner sur la neige, car jamais il ne le faut, ayant vécu longtemps en montagne, je suis obligée d’appliquer un léger freinage à cause de la voiture circulant devant moi. La rupture des freins m’oblige sur ce pont dangereux à utiliser le frein à main chaque fois que la voiture me précédant ralentit à cause de la neige. La mienne entre en collision avec les plots en béton sur ma gauche, et se remet dans sa trajectoire grâce à ma pratique connue de la conduite sur neige et verglas. « Cette nouvelle voiture n’est pas fiable ; elle est dangereuse. Sois prudente. » s’impose en ma récente mémoire du matin. Elle, ma mère, est là. Elle habite l’habitacle, prête à me recevoir si je tombais dans la rivière. Je la sens. La neige dans sa beauté aurait pu m’inviter en son ciel, et la présence de Jeanne a évité le pire. Je me questionne une fois nouvelle et constate que lorsque nous sommes à l'écoute de nos défunts aimés, nous n'avons pas besoin de l'intervention urgente du grand Maître.

Chaque fois que cela est, et ce n’est pas rare, personne ne faisant attention à ces messages de l’au-delà ni à toutes ces possibilités nombreuses de la vie voulant nous emporter loin d’elle, je remercie l’aide précieuse, toujours rendant grâces à mes guides dans la conscience que j’ai d’eux.

Prêtez-y attention de temps à autre car le hasard n’existe pas, et surgira alors pour vous l’ultime preuve de la vie post-mortem, débutant à ce moment précis le long parcours sublime de l’initiation.

Image issue de : 

https://news.obozrevatel.com/ukr/lady/holidays/vodohrescha-privitannya.htm

Artiste peintre : Rimma VUGOVA  peintre Russe

Don de soi ou autres dons

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Quand l'appel du don dans sa monnaie frappée de métal et de papier est  la cause et le but d'une action spirituelle, c'est l'action qui s'éteint car nulle lumière n'aura été alimentée par son feu vivant.

Préférons le don de soi au don dans la monnaie lorsque nous oeuvrons pour un bien spirituel commun.

BL

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