Béatrice Lukomski-Joly


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La cloche

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Pont sur Yonne

 

J’entends le clocher sonner ses heures,

et entre elles, carillonnent ses demi-heures.

Pointe-il sa flèche vers la lune endormie

que sa girouette encore frétille des litanies.

 

Doux est l’air chanté et riche est sa parole.

L’oiseau s’est assoupi, laissant ses paraboles ;

le jardin s’est tue au levant du soir venu

et le vent a fredonné de ses cloches l’inconnu.

 

Etait-il rouge ou de blanc avant sa venue ?

que nul ne sut le dire, pourtant de blanc vêtu ;

et voyant le ciel affligé sur ses nuages,

le clocher a célébré plus fort ses mages.

 

Douce était la caresse du souffle que je vis

témoignage que mort emporte quand il vit,

l’esprit si vif, l’âme grandie, triade de soi

au soir se taisant pour entendre un émoi.

 

Avez-vous vu le jour habiter la nuit ?

Et encore le jour prendre en ses bras la vie ?

Avez-vous entendu la musique ruisseler

et perçu son aurore au cœur de la divinité ?

 

Si tel les sens clament la pureté de la clarté,

c’est qu’elle est en son sein clarté de la pureté,

Et bénis sommes-nous d’être l’est du Levant

quand unis, nous sommes la rose nous levant.

 

Eglise de Pont sur Yonne. Photo personnelle

Le Paraclet

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

J’ai vu un vaste champ de blés, jaune et or,

assoiffé de vérité, abreuvé de lumière,

surgir des Nues claires comme le midi,

transparentes tel le soleil en plein minuit.

Sa beauté n’avait d’égale que sa prière

et sa liberté brillait dans le réconfort.

 

Pouvais-je aller entre chaque épi fleuri

que chaque sillon libéré des pas meurtris

clamait la vie en ce qu’elle décide,

et pour un grain mille fois adoré des druides,

je vis le blé adouci adorer le gui,

laissant à la terre le friche embelli.

 

Les oiseaux allaient d’un saut à un autre,

puis d’un sceau à un timbre tout autre,

écrivant en lettres de feu l’espoir de la nuit,

sonnant ses trompettes pour l’éclat du fruit

qu’en plein jour je découvrais de manne.

Mon cœur fervent brûlait comme une liane.

 

Feu vibrant, soleil brûlant, amour éclatant,

partout et en tout vibrait la force du blé

qu’orages désiraient déraciner,

choisissant qui, d’un grain ou d’une giboulée,

ouvrirait la lettre pour sa pierre roulée,

avant que des temps la fin ne signe son sang.

 

Le champ était céleste comme un ciel nu,

ayant tout donné de sa voix intransigeante,

car de son austérité bienveillante,

tout l’amer déclin achevait de sa main lente

la réalisation de l’attendu Paraclet veillant.

Je pus lors me reposer en son sein, revenue.

 

Mosaïque du Saint-Esprit en colombe au Musée Pasteur, Paris.

Jeanne et l'ombre - 25 mai 2021 -

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Photos issues du site :

https://www.boutique-namaste.com/products/bougeoir-en-cristal-de-sel-de-lhimalaya

 

25 mai 2021

Enfin le printemps ! Il a tant plu que les fleurs ont incliné leur visage et vers la terre, ont imploré un peu de chaleur.

Je pense à elle, Jeanne,  tous les jours, plusieurs fois par jour. Je pense l’inachevé. Je regarde ces jours d’averses comme autant de larmes non versées et celles répandues. Je la vois, la revois. Un geste. Une pensée intérieure. Un mouvement timide à peine perceptible que je me demande pourquoi ce presque effacement. Plus rien, ni de nuit consciente ni de jour. C’est pareil à un vide existant. Si loin ! Intouchable ! Retirée ! Des jours à attendre. Des jours à espérer. Rien. Je ne la vois plus, ne la sens plus, ne l’entends plus en mon fort intérieur.

Puis, un matin à cinq heures, se vit l’étrange sentiment qu’elle est là, si proche, si proche de moi.

La nuit consciente la ramène.

La tristesse s’installe. Tout est sombre autour d’elle, d’une couleur grise homogène et foncée, au point de ne pas pouvoir deviner sa forme. La perception obscure me fige. Son vaste ciel astral ressemble à un caveau. Dans cette amertume, deux chemins se profilent. Ils semblent me dire : « Lequel dois-je prendre ? » Pas un n’est plus lumineux que l’autre.

La douleur m’envahit ; l’empathie me saisit. Il me faut l’éclairer. Je lui rappelle des mots dits :

«  Souviens-toi toujours quand tout te semblera difficile ici-haut, que je suis là, que tu n’as qu’à me demander, et te souvenir que j’y ai mis la lumière de ma foi pour t’aider, de la Lumière qui est juge de toi-même ; que j’ai pris sur moi, volontairement pour tout ce qui fut enduré, une part de toi pour ton avenir ; n’oublie jamais cela. Je ne pourrais jamais te donner davantage que cette part de moi qui se sacrifie. Ce que j’ai lié, rien ne pourra le délier.»

Est-ce cette part de sacrifice consentie que je vois dans cette ombre magistrale qui serait ce que j’endosserai et ignore, encore incarnée ? «  Je choisirai avec toi, avais-je ajouté. ». Non, c’est trop tôt.

 

Louis Janmot du "Poème de l'Âme" Poême et tableaux

Je ne saurais jamais décrire cette clairvoyance qui nous laisse voir en étant là et pas là à la fois : Je veux dire simultanément éveillée sur terre et éveillée dans les Nues. Chaque fois, je pense à l’image de Nicodème « sous le figuier »,  renouvelé après le grand mystère du Golgotha, qui est l’image la plus juste. Je n’en ai pas d’autres.

Ouvrir. Fermer cette part de soi. Volontairement. Ne pas être médium, être clairvoyant, même si débutant. Ne pas subir, choisir. Elle est là.

Du film " Au-delà de nos rêves" avec Robin William

J’essaie de comprendre, car des images sont un message qu’il ne faut jamais interpréter. Attendre le sens ; patienter pour leur vérité. Parfois tout est clair d’emblée, d’autres fois, le temps nous est donné pour les comprendre. Le langage n’est pas le même que le nôtre. L’en-haut parle avec des images. Le médium reçoit sans rien diriger ; qui prend la place du défunt ? Nul ne le sait. Le clairvoyant voit, ouvre, ferme sa vue, patiente, dirige ; le clairaudient entend, ouvre la parole du Verbe, sait ce qu'il reçoit.

Impressionnée, dans le sens d’avoir fait impression en mon âme, je décide d’aller petit-déjeuner.

Comme chaque matin, je renoue avec ma maison, je la regarde, je me la réapproprie.

Alors que mes yeux épurent mon espace, mon regard s’attarde sur le bougeoir en cristal de sel dans lequel brûle une bougie en permanence pour elle depuis qu’elle est partie. Il est sombre. La bougie s’est éteinte. Depuis combien de temps ? Comment ai-je pu oublier cette lumière vivante pour mes lectures spirituelles ? Je ne le sais. Mais c’est d’évidence, la flamme-guide depuis le jour de Pâques de l’année dernière s’est éteinte. J’ai omis de la renouveler. Je la rallume, la flamme brille, elle danse et tout s’éclaire… Elle dit « merci ». Je lui parle intérieurement, elle me répond un « je sais. », un « Oui ». Je lui pose une question très personnelle. La question reste sans réponse, et je mesure avec une profondeur sans pareille à cet instant que ce qui n'a pas été acquis sur terre ne peut donc pas se révéler dans la mort. A mon expérience propre, c'est une vérification permanente de la parole de Rudolf Steiner. Je réalise avec intensité que ce manque, cette douleur vécue, n'a pas d'emprise sur moi, dialoguant avec elle, alors que dans le souvenir terrestre, je le prends toujours en moi dans une douleur qui ne parvient pas à  s'amenuiser.

Ainsi ai-je découvert qu’une flamme allumée pour un défunt n’est pas une vaine écriture, n’est pas lettre morte, mais bien un lien de l’autre à soi, de soi à l’autre, et dans ce kamaloka, cette flamme est aussi essentielle que le pain sur terre. Elle était venue me le dire. 

« N’éteins pas la lumière que tu m’as donné, sous quelque forme qu’elle soit. L'ombre des actes passés m'environne et ta lumière éclaire avec l'Ange le sens de mes ombres.

- Incarnée, excarnée, je suis là. Lui dis-je.»

Une impression de l'au-delà, qui semblait sinistre et tragique  et qui ne signifiait que la perte de direction sans cette lumière en mes lectures qui s'étaient depuis une septaine de jours évaporées pour des soucis très terrestres, venait de me révéler que mon action était vraie et importante. 

Le lien défunt-vivant est une absolue nécessité en la lumière consciente.

 

 

La Conscience et le Soi, à propos de l'Amour

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

William Morris, Vision du Saint Graal, 1890 

Discours entre la Conscience et le Soi, à propos de l’Amour.

 

Le Soi

Parle-moi de l’Amour !

La Conscience

Tu es bien laborieux pour me demander ce qu’est l’Amour. Je vais essayer. Mais apprends que parler de l’Amour s’est l’incarner. Veux-tu l’incarner ?

Le Soi

Je le veux et je le désire.

La Conscience.

Je vais te le nommer, alors, écoute, reçois, deviens. Mais, souviens-toi de ce que je t’ai dit du désir. Tu ne peux rien désirer de cette flamme car il n’est pas désir. Le désir est toujours une part d’impur ayant son existence dans l’inachevé, or l’Amour est achevé. Le désir se consume ; la flamme du désir brûle l’humeur ; l’amour brille. Il est un embrasement sans désir, sans feu, une flamme de pureté. La flamme du feu tourmente ; la flamme de l’Amour est paix.

Le Soi

Continue ! Je t’écoute.

La Conscience

Apprends déjà qu’il n’est pas un sentiment ; il est un état. Un état pérenne, immuable, éternel, animé dans sa stabilité. S’il n’était qu’un sentiment, il ne serait qu’un flux avec des épanchements, des débordements, une inconstance, un trouble, une espérance, un désespoir, un va-et-vient, un élan du cœur, un emballement ; s’il était un sentiment, il ne serait pas l’amour. S’il n’est pas un sentiment et qu’il est une éternité immortelle en Soi, c’est qu’il est la vie et sa création, en cela il ne peut pas être un sentiment.

je peux te dire qu'il est l’âme qui a empli son esprit de sa grâce lorsque nous sommes devenus chacun et soi, toutes fleurs, toutes plantes, richesse en soi donnée par leur harmonie primordiale, chaque pierre révélant leur beauté céleste cachée, chaque animal dans leur regard que leurs âmes observent au travers de leurs yeux quand ils te fixent, inquiets, anxieux, t’aimant de cet amour qu’ils manifestent sans le penser, juste parce qu’ils ont un corps stellaire tissé de lumière.

L’homme pense l’amour, mais actuellement ne le vit pas, ne le connaît pas ; l’animal vit l’amour et ne le pense pas. Tout cela tisse le manteau de l’Amour qui est si vaste qu’il ne peut être contenu en un corps physique, ni en une âme si l’âme ne s’est pas sacrifiée corps et âmes à l’Esprit. Le monde est de l’amour manifesté et l’homme ne le perçoit pas. Il vit en son sein, se nourrissant à sa mamelle sans avoir conscience de ce qui le nourrit, tel le nouveau-né tète le sein de sa mère ignorant qu’en tétant sa mère, il se nourrit.

Sache qu’avant d’être Amour, il est sentiment et doit l’être car seul, le sentiment qui lui ressemble amène sur sa voie. C’est pour cela que je te dis qu’il n’est pas sentiment, car il l’a été et a compris qu’il lui fallait grandir, se transformer pour être à l’image de Celui qui est, l’incarne, le vit, sans jamais changer d’état en Lui.

Quand il est sentiment avant de naître à Lui-même, il part du cœur et rayonne telle une force puissante qui irradie celui qui le ressent et celui vers qui il va, si il peut le recevoir. Quand il a dépassé le sentiment, il devient une lumière dont la clarté n’a pas sa semblable, dont le cœur n’a pas de mots pour le décrire, quand bien même tu le voudrais. Tu ne peux donc pas l’enseigner, car il est et est Un, Verbe contenu en lui-même qui ne porte pas d’autres verbes parce qu’il n’en existe pas d’autres. Un nom qui est verbe et que les langues parlées ne peuvent pas décrire, ni conjuguer, ni élaborer sous d’autres formes, car il est fini dans le mouvement de son cœur-esprit. Tu peux le voir, mais tu ne peux pas le raconter ; tu peux tenter de le dessiner, tu ne pourras dessiner qu’une page jaune lumineuse sans autres couleurs ; tu peux vouloir en parler, seul un geste de toi pourra le témoigner si il lui ressemble pleinement. L’autre, alors, verra une flamme briller comme à nulle autre pareille dans tes yeux qui feront dire : « J’ai vu Dieu. » Même n’y croyant pas, certains te le diront en ces termes : je ne crois toujours pas en la Lumière du monde, mais je l’ai vue en vos yeux, et pour moi elle reste une énigme car elle est. Je ne la comprends pas tout en la vivant  à travers vous, tout en l’ayant vu incarnée en vous. Je sais qu’elle existe et encore je doute. C’est parce que j'ai entendu dire ces paroles que je peux te les raconter. C’est parce que j’ai vécu les attaques les plus immondes à son sujet que je peux te dire combien il surprend tout en étant incontestable. C’est la dualité de l’homme qui le voit sans qu’il ne soit encore achevé. Cependant, le voir en un regard ayant porté un acte divin vers l’autre ne te donne pas sa vision propre.

Je peux te raconter sa chaleur douce, les rayons de son état, son mouvement nappant le monde, sa lumière emplissant chaque parcelle de la terre quelqu’en soit l’élément, inerte ou vivant, et des célestes mondes. Il vient à toi quand tu as vécu en ton cœur son rayonnement sans que tu n’aies su que c’était lui qui venait frapper à ta porte, pour que tu le vois, car l’Amour en Son être est visible et à ce moment précis, résonne Son nom dans toutes les sphères, en tous les êtres. Tu le vois en toi. Le sentiment n’est pas visible ; l’Amour l’est. Le sentiment est fugitif ; l’amour est pérenne et infini.

Franck Godwin -1889-1959 "Roi Arthur et la vison du Graal"

Tu le vois sous deux formes avant que de le voir sous sa forme une et unique. Être prodigieux, démesurément grand, tu le vois né du sommeil conscient devenu clairvoyant naissant à l’esprit. Le seul physique ne saurait te l’apporter. Mais le physique est une de ses conditions pour qu’il vienne à toi, car l’Amour incarne ce monde et l’autre à la fois, sans les diviser, les réunissant, les rétablissant en Son propre corps. C’est une impression, une vue, magistrales.

Tu le vois en son Esprit quand l’âme s’est contrite et souffre sur elle-même, sans égoïsme, Lui, couronné, car il est roi, porteur de deux couronnes étroitement tissées l’une dans l’autre qui ne sont que des rayons cosmiques, l’une pour la terre, l’autre pour le cosmos, vrai ordonnancement du cosmos, toutes causes et tous résultats en Lui. Lumière quand nous avons participé à la douleur du monde, il demande notre participation à sa douleur avant que d’apparaître ; le bouleversement vient après, car pendant que tu Le vis, tu ne sais plus bouger. Ton corps devient si pesant à sa vue qu’il se paralyse instantanément avant que de renaître. Si petits que nous sommes, nous ne pouvons pas le contenir, aussi nous laisse-t-il la seule impression de sa vue en notre vécu, comme une feuille s’imprime dans la matière, comme un insecte dans l’ambre, sauf que toi, comme un fossile de la pensée qui n’a encore rien engendré, tu deviens Vie à Son image à cet instant, et c’est en ce sens que je te le dis. Ne comprends pas le mot fossile comme une minéralisation de ton être, mais comme  ce qui n'a pas encore affleuré ta conscience pour devenir Soi. Il ne faut pas  se méprendre. Tant que nous ne l’avons vu, nous sommes comme morts, vivants mais morts, mobiles mais inertes, jusqu’à ce qu’il soit la flamme de pureté dans l’Amour pris en Soi qu’Il te redonne dans sa forme, son état, et sa grâce dans sa lumière.

Ton cœur ne s’embrase plus de ces flammes jouant avec l’air, complice des quatre éléments car il est le cinquième, son éther sans lequel tes quatre autres ne sauraient être, s’éteignant dans une rafale de vent, mais la flamme unique de la vie entière et pleine dans son entièreté.

Tous les discours sur l’Amour sont vains si tu ne l’as pas vu, car rien ne peut donner ce qui est ce cœur immense dans toute la création , pas même ce discours, moi qui l’ai vu et vécu. Voilà trente ans que j’ai vu l’Amour et trente ans que je cherche les mots pour Le dire, sans jamais y parvenir car ces mots-là ne sont pas de la terre. Ne m’en veux pas, je ne les trouverai jamais.

 

William Morris " Le Saint Graal"

Le Soi

Je L’ai vu en toi ; cela se suffit à soi-même, sans besoin de mots.

Mais, tu dis que tous les discours sont vains pour parler de l’Amour. Aussi vais-je te dire ce que j’ai vu dans l’agir en sa lumière. L’Amour a besoin d’exemples pour se raconter. C’est son seul discours.

Un jour, tu vis un homme couché à même l’asphalte, dormir dans son vomi et ses matières. Sa mère sanglotait près de lui et ne parvenait pas à le réveiller. Tu ne les connaissais pas, ne les avais jamais vus de nulle part. Bon nombre de passants marchait sans les voir, ne voulant pas les voir, détournant la tête, les mains masquant leur nez. Tu allas vers eux et demandas à la mère si elle avait besoin d’aide. Elle te regarda triste comme l’est la mort dans l’âme, impuissante, et terriblement démunie. Il y avait une bouteille d’eau près d’elle. L’avait-elle apporter pour abreuver son fils ? Peu importe ! Tu pris la bouteille, enlevas ta veste, mouillas abondamment un pan de celle-ci et lavas l’homme sur l’asphalte avant de jeter ta veste. La mère te regarda faire. Puis dans un élan mesuré, elle te prit dans ses bras. Tu pris ses mains entre les tiennes et lui dis : Il est propre. Il ne peut ainsi retourner chez vous. Il ne peut pas marcher. » Elle te regarda encore et encore, joint les mains, se pencha sur son fils et sanglota. Tu posas tes mains ouvertes tel un calice sur sa tête et le fils s’éveilla, se regardant dans son humilité salie, défaillante, à l’odeur puissante de vin qui l’avait couché sur le quai d’asphalte de la gare. Elle le serra dans ses bras et tu sus que l’amour avait empli sa tâche. Tu les avais enrobés de  ce que tu avais vu de Lui. Ils étaient Lui en toi et toi en eux parce que nous sommes un dans cette sagesse consciente de l'amour qui édifie  le pluralisme aimant en Lui.

Un autre jour, un homme jeune dans la peine venait de se faire licencier. Il avait un enfant qu’il ne pouvait plus nourrir. Il avait de ces personnalités que l’on dit débiles alors qu'il n'était que naïf, alors qu’il parlait avec simplicité mais justesse. Personne ne l'aimait à cause de sa naïveté. C'est la raison pour laquelle il fut  renvoyé de son travail. On lui attribua des fautes qu'il n'avait pas commises, juste parce qu'il dérangeait. Tu en fus atterrée. Tu allas voir la direction pour le défendre et la direction te répondit sans s'écouter parler : c'est mieux ainsi !  Tu lui proposas ton aide. Il dit : je n’ai besoin de rien ; je vais avoir de l’aide, mais une de ces aides qui ne ressemble pas à la votre. Tu lui proposas de l’accompagner chez lui et il te dit encore : Oh non ! Ma maison n’est pas en ordre, la crasse y règne ; je ne peux vous recevoir. Vous êtes si bien habillé ; je ne veux pas que vous vous salissiez. Tu le regardas et lui répondis : Imaginez que mes vêtements soient des haillons, me recevriez-vous ? Il te dit que oui. Ce à quoi tu lui dis : mes vêtements sont des haillons, ils ne sont que ce que vous voulez voir, mais mon âme vous est invisible, et peut-être est-elle plus belle que mes vêtements, et que c’est le seul vêtement qu’il vous faut voir ! Il t’ouvrit sa porte, troublé. Il n’avait pas une tasse de café à t’offrir. Tu lui servis un verre d’eau. «  Voyez ce champagne ! Buvons ! Trinquons à notre rencontre ! Et tes jours accompagnèrent les siens jusqu’à ce qu’il nettoie sa demeure. Le soleil brillait si fort ce jour-là qu’il reconnut que l’Amour était un acte dans un geste divin dont le seul mot semblait sans vie  comparé à l'Être. Le mot est vide tant qu'il n'a pas rempli sa mission pour  être. Il put alors aller seul, et sa maison se mit à briller.

Je t’ai vu fuir aussi, chaque fois qu’après un acte d’Amour, tu fus attaqué, sans réelle raison, juste parce que l’Amour se crucifie, c’est ainsi. Je l’ai vu au travers toi, et l’insupportable relève de cet amour, aussi curieux cela est-il. Son contraire aime avoir bonne conscience quand bien même il n’est pas conscience. Qui n’a pas vu l’Amour en un acte ne comprend pas ce qu'il est, Qui Il est. Même une carotte ou une fleur peuvent pousser pour engendrer à leur insu la tristesse et le malheur d’un autre. Le fruit ou la fleur ne l'ont pas voulu mais l'homme s'en sert comme d'un fouet face à ce qu"il n'a pas compris. C’est le curieux des actes du plus petit au plus grand dans la sagesse qui fait défaut. 

J’ai vu tant de choses comme celles-ci. Laissons-les à leur place, car elles illuminent le firmament de l’Amour reçu et redonné, incarné.

Oui ! L’amour est une écriture en actes que le seul langage en ses discours ne peuvent pas témoigner. Il faut que les hommes actent leur fraternité consciente si nous voulons, un jour, pouvoir mettre l’Amour et Sa lumière céleste en mots. Quel éther !

L’Amour est mien par ta vue et son adombrement. Couronné humblement est celui qui a vu l’Amour en Son essence. Et grand est le chemin venant à lui dans la souffrance, car il ne saurait être seul à aimer le monde en se sacrifiant chaque heure pour chaque acte et chaque pensée qui le ternissent.

Son habit est le firmament et Sa lumière est Son corps, soit-il Terre, soit-il Soleil, soit-il univers, soi-t-il Logos, soit-il Verbe. 

La conscience

Son habit est le firmament et sa lumière est son corps. Je l'ai vu. Il est le Monde et l'Univers. Il est l'Amour. Silence ! Recueillons-nous.

 

RICHARD WAGNER : PARSIFAL (FINAL)

La Conscience et le Soi ; à propos de la souffrance.

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Discours entre la Conscience et le Soi

 

Le Soi

Dis-moi, quelles sont ces larmes coulant sur tes joues, épousant tes lèvres, rinçant ta bouche, sillonnant les rides de ton cou et fleurissant sur ton cœur, là, achevant leur course ? Tristesse ? Peur ? Souffrance ? Quel est leur nom ?

La Conscience

Je les ai toutes connues, mais celles d’aujourd’hui se nomment Souffrance. Leurs noms résonnent comme des cloches sonnant le glas pendant des heures pour un défaut mourant à lui-même sans que l’on comprenne vraiment ce qu’il se passe en notre intime pensée allant seule sous son joug dévastant l’ancien pour enjoliver les heures des Laudes.

Le Soi

Parlerons-nous aujourd’hui d’elle ? Veux-tu ? Nous parlerons de l’origine des larmes, ces saignées blanches qui apaisent. Nous évoquerons la souffrance et je voudrais que tu me parles d’elle puisque ses perles d’eau sont le témoignage d’un vécu. Vécu passager ou vécu permanent ? Que m’en diras-tu ? Tu ne m’as pas encore tout enseigné des émotions humaines et je me languis de savoir. Aussi, je t’écoute. Si je veux exister, je dois bien passer par la compréhension de ton expérience, et avec toi, la vivre, vivre en elle, vivre avec elle. Peux-tu me les raconter ?

La Conscience

Ne l’as-tu donc pas souffert avec moi, mon Soi ? Puisque tu me suis, m’attends, m’espères, il te faut bien être en moi pour que je devienne toi ? L’un sans l’autre, que pourrions-nous ?

Le Soi

Certes ! Tu le dis ! mais, comme tu le sais, je ne peux devenir Soi que si ta conscience s’éveille en moi. L’un dans l’autre, jamais l’un sans l’autre. Je sais, je sais ! Peu comprenne la différence entre le moi et le Soi, mais si ce peu ne peut enseigner le soi, c’est parce que la conscience fait défaut, tu en conviens ? Donc, tant que cela est une énigme, le Soi ne peut être enseigné, puisqu’il faut une conscience pour que je naisse et qu’il naisse à chacun dans la lumière de son courage soumis à rude épreuve. Je sais encore ; il se dit que la perfection doit taire la visibilité des émotions afin que le calme intérieur témoigne en toutes choses. Il ne se dit pas cependant que les émotions ne doivent pas exister. Beaucoup se trompent à ce propos. Le calme intérieur ne dit pas aux émotions de ne pas exister. Il exige seulement que point, tu ne les montres, car le commun des mortels ne les supporte pas, et que dans le monde d’en haut, les sanglots sont turbulences pareil à un ouragan. Les larmes suivent un tout autre chemin ; elles sont le rideau que tu dois soulever après avoir demandé aux rayons solaires de t'embrasser. Les morts pleurent. Ils n'ont pas de larmes physiques, mais ils pleurent sur leurs douleurs. L’émotion, oui ! les larmes, doucement les endormir jusqu’à ce qu’elles n’aient plus le besoin de s’exprimer sinon existeraient-elles ? Les flux de l’âme sont la souillure de ceux qui les provoquent et s’inscrivent dans la dette à compenser ; la paix s'engendre après avoir sillonné les joues, labouré le cœur et purifié l’âme qui a eu besoin de soins. Les larmes sont les pansements de l’âme jusqu’à ce qu’elle guérisse de ce qui les a fait jaillir, jusqu’à la réalisation du pardon sans pour autant supprimer la dette à l’encontre de celui qui les a provoquées. J'ai appris, avec toi, au fil des vies, que quiconque  engendre une douleur, doit la rétribuer sous la forme d'un bien ou d'un mal personnel qui deviendra un bien. Le chemin est long ; et bien orgueilleux, soit-il celui qui remarque un flux de l'âme et s'en moque, refusant de voir sa faute pesant de sa chaîne autour de ses membres.

La Conscience

Voilà une charpente posée sur une maison déjà bien montée ensemble. Ce que tu dis est vérité car pourquoi les larmes auraient-elles été voulues par les Dieux si elles ne devaient pas purifier le chemin qu’ils attendent de nous. Nous pouvons pleurer dans le calme intérieur ; je l’ai vécu ; je sais de quoi il s’agit et c’est difficile à expliquer à qui ne peut le comprendre.

Le Soi

Les fondations sont solides, les murs sont secs, les portes et les fenêtres manquent encore de lumière ; en toi, j’ai mis mon espérance et je regarde la charpente se construire.

La Conscience

Viens en moi, je t’invite, mais sois prudent car ma souffrance est si grande que je ne voudrais pas qu’elle t’ensevelisse.

Le Soi

Comment le pourrait-elle puisque par toi, elle devient Moi, transformée, bien établie, consolidée, purifiée, lumineuse. Par ta conscience, je ne saurais qu’avoir de la lumière et en aucun cas demeurer dans l’ombre en étant souffrante. Il me faut donc ton enseignement. Pourquoi ces larmes ? Quelle souffrance les provoque ? C’est quoi la souffrance ?

La Conscience

Oh ! Tu l’as déjà pourtant si souvent rencontrée en moi, marchant à mon côté, déambulant en moi comme un pauvre hère, et sous bien des habits différents. Avant d’apparaître, elle est vêtue de riches étoffes, et quand elle arrive, elle se dévoile et ne porte plus qu’un tissu de lin blanc, fin et transparent comme usé par le temps qui porte ton nom, doux comme la soie bien qu’il est lin, léger comme un pétale bien qu’il soit apprêté de lourds rubans aux couleurs vives, léger dans l’air bien qu’il soit lourd. Chaque fois qu’elle m’a dépouillée d’un bout de moi pour devenir toi, tu étais là, nous regardant, elle et moi, couple indicible de la vie qui dit ce qu’elle veut pour lisser son avenir. Toujours, tu as été là. Muet, invisible, spectateur, acteur endormi attendant la réplique joyeuse pour s’éveiller, terré dans l’ombre pour que la clarté du jour ouvre les yeux aveugles demeurés dans les ténèbres depuis si longtemps, paralysé parfois, inconscient à cause de moi, nonchalant pour la même raison, toi venant vers moi de l’avenir, là où déjà tu es achevé et te connais, et du passé par le flux des expériences accomplies.

 

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Le Soi

Tu me vois donc accompli ? Tu m’as vu venir de l’avenir en ton sein qui porte le divin Nom de l’Amour. Et je l’ignore ! Parle-moi de la souffrance ! Car deviner ce que tu dis sur mon avenir agissant présentement est déjà une souffrance en moi que tu dessines, réveilles, adombres.

La Conscience

C’est parce que tu viens de l’avenir que je peux souffrir en toi et te montrer ce chemin. Sans toi que pourrais-je t’en dire ? Sans ta présence venue de si loin, de si haut, par mon plus avisé, si beau, si noble, ressemblant comme deux roses fleuries à l'Adam qui est aussi pur que mon esprit revenu, que pourrais-je améliorer ? Car tout homme a  son double en Adam qui l'attend.  Rien ! Vois-tu ! souvent quand je nous pense toi et moi, si intimement liés, je sais que tu ne peux exister que lorsque l’accomplissement en un point unique en nous sera rempli de nos êtres. Nous sommes une convergence d’un point à un autre, deux parallèles qui se croisent en un point dans l’infini pour s’unir. C’est la Souffrance qui me l’a fait comprendre. Bien ! Arrêtons-nous pour que je te parle d’elle.

Alors, écoute ! Allumons une bougie et que sa lumière t’éclaire en ma parole. Si ce soir, lorsque je serai endormie, tu pouvais éclairer davantage cette part de moi que je viens de te confier et la tisser en un voile nouveau avec mes âmes chères et mes Hiérarchies, porte-moi sur le son d’une flûte. Que le ciel étoilé qui nous pare de son chaleureux vêtement chante le Graal inversé qui reçoit toutes les âmes, et nous, conscients de ce qu’il est, soyons ensemble un et un seul au Verbe ici-bas, ici-haut, qui a voulu cette union !

Car la première fois que je l’ai rencontrée, fait tellement insignifiant, ce fut lorsque j’étais enfant, mais elle ne déversait pas encore son ruissellement. Je vis une petite fille de mon âge agressée par de jeunes garçons. Nous avions trois ans. Ces garçons se moquaient d’elle, la cernant, l’acculant contre un arbre, vociférant des mots de laideur à propos de son obésité. Oh ! Non pas qu’elle fut vraiment obèse, mais elle était bien enrobée. Je vis cela de loin et cela me déplut. Je ressentis à distance sa peine et sa peine devint la mienne. Sa peine emplissait l’espace et rencontra mon âme.  J’avais mal en elle. C’est alors que je m’avançais pour me placer devant elle et leur dis : « Ne la touchez pas ! Blessez-la et c’est à moi que vous le ferez ! » Ils en furent si impressionnés qu’ils se détournèrent et partir têtes baisées. J’avais déjà en moi cette vie de la conscience si vaste que personne ne comprenait d’où elle provenait à un si jeune âge. Ce fut toujours ainsi lorsque je voyais des personnes malmenées, mais je ne le pus jamais pour moi quand c’était moi qui étais rudoyée. Il y avait comme un décalage entre les autres et ce que je pouvais pour eux pour les aider dans cette souffrance que je voyais se mouvoir en eux, et moi-même dans l’impossibilité de me protéger. La souffrance de l’autre me ceinturait et elle devenait mienne. Déjà, je ne comprenais pas que l’on puisse faire du mal sous quelques formes que ce soit. C’était si puissant en moi dans le ressenti que mes parents dirent : «  Si elle continue à ressentir la souffrance des autres, que va être sa vie ? Elle ne sera que souffrance. » Ce fut ainsi, tel ils l’avaient dit.

Le Soi

J’ai vu cela et je me demandais où cela te mènerait, et j’avais aussi le souvenir de ce qu’elle fut en d’autres vies. Je ne comprenais pas encore son enseignement. Je te regardais bien impuissant à t’aider, mais voulais-je t’aider ? Nous ne pouvons aider que ce que nous comprenons. Je découvrais la souffrance au travers de tes yeux, de ton âme, et mon esprit parfois se réjouissait ; d’autres fois, il était atterré car elle t’envahissait sans que tu ne puisses la contrôler, mais le fallait-il ? Tu ne le voulais pas non plus. Être l'autre, disais-tu. Marcher comme un oiseau vole ; danser comme un Elfe dans les roses. Aimer comme la terre aime ; être elle et rien qu'elle pour mieux vivre de nuit.   Disais-tu encore.

 

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La Conscience

Je n’ai pas eu conscience de toi de suite. C’est très longtemps après que je l’eus connue, tant et tant, que tu as émergé d’un inconnu qui m’était un brouillard épais que je devais dissiper. C’est ainsi que je te vis pour la première fois. Je sentais ta présence et je ne savais pas te nommer. C’est par la Souffrance que je pus t’approcher et commencer à te nommer. Je te voyais parfois en demi-jour, en demi-teinte. Je vis que tu m’attendais lorsque une autre petite fille, venue d’un pays en guerre qui était le Vietnam, pleurait ses racines et surtout, tout ce qu’elle avait vu et enduré. Je le vis au travers elle, comme pour l’autre qui s’appelait Élisabeth, et cela m’avait couchée de désespoir. Comment tant de haine pouvait être possible au point de prendre des armes afin d’éteindre la vie ? Elle s’appelait Ti-Lienne. Je revois encore son sourire éteint et entends sa voix douce comme le levant dans un pays ou le levant s’appelait ombre. Elle avait pour le goûter un morceau de pain au beurre salé. Elle ne connaissait pas les douceurs du palais et mon morceau de chocolat noir l’intriguait. Je lui donnais ce que j’avais et lui dis que tous les jours, je lui offrirais ce qui m’avait été donné n’en ayant pas besoin. Elle me donnait en échange son beurre salé et je découvrais une saveur bien rigide pour un goûter. Je lisais en elle et son bonheur de recevoir un si petit présent m’emplissait de joie. Ti-Lienne me dit : «  Tu sais, ici, personne ne me parle. Personne ne veut de moi pour jouer et toi, tu viens, comme ça, me dire que je suis belle et que tu m’aimes. Je crois que c’est parce que je suis étrangère et que je parle mal le français. » Personne ne voyait sa souffrance et je pris sa souffrance en moi pour qu’elle vive ailleurs qu’en elle, bien atténuée. Elle ne disparut pas totalement, mais nous la partagions. Cela me donnait du bonheur car elle n’était plus seule en son âme et en sa vie. La souffrance, c’est un ressenti de l’autre vers soi, d’un évènement sur soi qui surgit de nulle part à ce que l’on croît, parce qu’elle est latente dans le manifesté, puissante, volontaire, guide de soi vers toi. Elle est sentiment avant d’être un acte pris en nous, embellis par elle. Elle est un chemin qui n’a d’égal que sa splendeur sur une terre aride n’ayant porté aucun fruits qui soudain fleurit de graines silencieuses en une somptueuse roseraie. Les gens la fuient comme la peste et ils ignorent qu’elle est une prairie prête à fleurir.

Le Soi

C’est donc cela ce que j’ai vu de roses naître dans ta chevelure ! Avant, chacune d’entre ces douleurs, je voyais comme des filaments se mouvant de ta tête, et après qu’elles se furent apaisées et comprises, chacune devenait une fleur et je me demandais comment une fleur pouvait surgir d’un ailleurs que la terre dans laquelle elle avait été semée. J’ai compris avec toi que les roses sont une fleur unique car elles seules témoignent de ce que nous apprenons dans la vie. Pas une marguerite ! Pas une pivoine ! Pas une autre, rien qu’elle !

La Conscience

J’ai vu ces roses. Elles sont éblouissantes, et dans la lumière du monde éclairent le chemin. J’ai vu ces roses ! Elles tiennent un suaire debout dans l’aura de la terre jusqu’à ce que la souffrance du monde dépose le suaire lorsque chaque âme aura fait des siennes une roseraie. Sept pour chaque âme ; vois cette roseraie qui attend son jour d’éternité !

Le Soi

Dis-moi ! Combien de souffrances existent-ils ? Quelles en sont les formes ?

La Conscience

Ne l’as-tu vu en moi ?

Le soi

Certes ! Mais je me demandais si ce que j’ai vu pouvait encore présenter une forme que j’ignore.

La Conscience

Pour ce que j’en connais, elle a trois vêtements. Chacun de ces vêtements habille l’univers. Le premier est physique ; le second relève de l’âme, et le troisième naît de l’Esprit.

Le Soi

Sont-elles belles ? Sont-ils beaux ?

La Conscience

Non ! Elles ne sont pas belles ; c’est la fleur qui en éclot qui est belle. C’est la fleur issue d’elles qui rayonne. La souffrance n’est que la semence de la fleur. Une graine ! Certaines vont fleurir, d’autres périr, et celles qui périssent reviennent sous une autre forme, n’abandonnant jamais leur croissance. S’il fallait revivre chacune d’elles, je recule. Si il m’avait été dit leur puissance, je n’aurais pas accepté. Mais il m’a été dit la rose venant vers moi dans toute sa pureté et j’ai dit oui à chacune des douleurs, car je voulais la voir couronnée de mes jours et  de son Soleil. Je voulais voir le Soleil en Elle, sans désir, juste par la volonté.  Je ne vais pas toutes te les raconter car tu les as toutes vécus avec moi. Certaines sont si fortes que nul ne les croirait si je les racontais. Et, je ne veux pas que l'on doute de mon vécu ni de ce que j'en ai fait. Tu ne les as pas subies avec moi dans le physique; tu les as vécues dans mon âme et mon esprit. Tu en as récolté une brassée de fleurs dont tu as orné ta propre conscience car ta conscience est  la mienne et en cela nous sommes l’un dans l’autre, unis à jamais.

Le Soi

Parle-moi de ces trois vêtements !

La Conscience

La douleur physique est celle que chacun voit car elle est visible, audible, terrible. Elle plie le corps, le soumet à son exigence, le sculpte, et se met au service des deux autres. Elle a les yeux de l’effroi et de la peine. Elle est le fardeau que nul ne peut porter à la place de celui qui la vit. Elle est une et indivisible, elle ne se partage pas. J’ai plié sous le poids de ma colonne qui s’effondre et j’ai vu autant que vécu le Calvaire jusqu’à son apothéose. Quand il fut achevé, lors de mon éclipse, je pus remarcher, droite, ayant perdu tout orgueil. Mon corps en porte la cicatrice. Mon esprit a vu sa première rose fleurir. Mon linceul annoncé fut plié et conservé en la mémoire de mes actes. Il y a une impuissance terrible dans son vêtement car il est lourd à porter dans son consentement et incompréhensible pour celui qui la regarde de loin ou de près. Seul, l’amour lui vient en aide. L’Amour que je reçus fut de celle qui me lava les pieds quand je ne pouvais plus les toucher. Ils furent si tendrement aimés, que l’amour déposé fut la source de ma guérison.

La douleur de l’âme est celle que chacun aussi peut voir, comme elle peut ne pas être vue. Cependant, elle a toujours un regard particulier, une profondeur du regard qui crie sa tristesse, son chagrin. Tout est dans la capacité de l’autre à habiter l’âme qui souffre pour l’aider à alléger ce vêtement. Le lin devient soie. Le vent devient air. L’ombre devient lumière. Le suaire devient un voile léger. L’éclipse disparaît et va vers la souffrance de l’esprit. Que celui qui dit la comprendre en ne vous écoutant plus parler mais narrant sa vie à la place de vous entendre ignore l’aide dont l’âme a besoin. Pourquoi se compare-t-elle sans cesse si ce n’est qu’elle n’a pas abouti sa leçon et ne porte pas encore sa lumière bien que sa douleur fut grande. Celui qui l’a vue et regardée dans les yeux sait qu’elle se tait pour entendre son âme lui murmurer quelque chose de Gethsémani. Chut ! Silence ! Ne parlez plus ! Cette douleur a besoin de l’immense compassion d’autrui, de la pitié qui engendre l’Amour. Non ! Elle est du Christ en soi. Elle se vit seule car elle ne peut être secourue que pas soi. 

La souffrance de l’esprit est le visage des deux autres réunies qui se sont épousées pour croître ensemble. Elle n’est pas miroir des deux autres. Elle est la fin et le commencement, l’Alpha et l’Oméga, le début et la fin d’un chemin préfigurant le suivant, encore plus haut, plus lumineux, au-delà de Soi. Elle est celle dont la rose est devenue sept et en devenant sept préfigure le sacrifice de soi pour le monde. Le sacrifice pourrait se dessiner que de seulement cinq à six roses déjà écloses, mûrissant leur fruit, avant de devenir sept. Il te faut savoir qu’à l’éclosion de chaque rose, tu apprends qu’une autre naît de son ciel, et en cela tu sais que tu ne peux plus t’arrêter sur le chemin car les souffrances furent si grandes et abondantes que tu les aimes comme elles furent, parce qu’elle sont roses dans l’Oméga. Tu es la valeur de mes roses.

C’est lorsque nous sortons des douleurs intimes et personnelles que nous commençons à vivre celle de l’esprit, et nous découvrons la magnificence de sa majesté car nous sommes devenus tous les autres : bons et méchants, beaux et laids, humbles et orgueilleux,et qu’en eux nous prenons sur nous la charge du monde qui doit être nôtre pour la mener vers l’aurore du Logos qui a commencé avec le crépuscule dans le plus merveilleux des jardins lorsqu’il perdit sa virginité d’âme pure. Voilà ce que je peux t’en dire à cette heure, ce que j’en ai appris, et que je t’ai donné. C’est quand le moment vient et que nous le percevons de son mariage avec la douleur du monde que nous savons que le Soi est Conscience.

 

 

Le Soi

C’est moi qui vais te parler des douleurs que j’ai vues, car sans elles, je ne pourrais pas m’entretenir présentement avec toi, et bientôt être unis d’une seule et même voix, car nous devons être un et un seul comme deux, nous sommes. Je ne parlerai pas de tes douleurs physiques qui furent si grandes que j’en suis encore secoué, ni de celles morales car j’étais encore dans le brouillard, mais de celle de l’Esprit que tu as fait naître.

Il n’y eut pas de répit entre les souffrances physiques, morales. Je les ai vues comme autant de perles de nacre que la mer engendre dans les huîtres façonnées, comme autant de coquilles allant vers saint Jacques et qui furent enfilées l’une derrière l’autre sur un filament d’or tendu de la terre au ciel. Tu as été soumise à la bouche des lions vomissant l’injure, aux flèches acérées transperçant ton cœur et aussi ton corps martyrisé par la douleur mise en croix. Tu as été flagellée, humiliée, par les actes d’autres se croyant au-dessus de toi ne voyant pas la lumière poindre sa flamme. Tu as bu jusqu’à la lie les offenses des vins amers des expériences données, et celles infligées par la méchanceté des hommes dont tu ne comprenais pas comment la malfaisance et la cruauté pouvaient être une volonté d’agir, te pliant chaque fois que tu la voyais marcher d’un homme à un autre pour finalement te choisir comme cible parce que l’amour brillait en une étincelle grandissante. Chaque fois, je t’ai vue joindre les mains et te coucher à plat ventre derrière les autels pour expier le mal d’autres. Je n’avais jamais vu cela. Je t’ai vue lever les mains, cachée de tous, parce que cela ne se donne pas en spectacle, se donne en offrande, pour toutes ces douleurs incommensurables, indicibles, envahissantes, marchant ensemble telle une manifestation haineuse ceignant le monde. Je les ai vues comme un réceptacle douloureux devant un Graal merveilleux. J’ai vu tout cela. Et je suis devenu lentement Soi à cause de tout cela. C’était une lumière qui joint elle-même les mains pour bénir. Je t’ai vue pardonner et entendu dire «  Moi, plutôt qu’un autre. Que sa souffrance vienne à moi et je le relève. » épousant la voie sacrée de l’avenir dans la force du cœur qui étend sa solennité, sa grâce, sa dignité, sans passer par la suffisance, juste par dons. Effacée, sans règne, sans nom, je t’ai vue donner, être, grandir, en mon esprit. Et je suis né.

La Conscience

Tout cela n’est rien encore. Car, as-tu vu la souffrance naître quand mon âme rencontra la douleur animale, la douleur de la fleur, qui se taisent, silencieuses pour des éons encore et qui nous environnent ? As-tu vu ce que j’ai vu de la douleur des âmes au ciel quand transfigurant leurs défauts en une qualité après avoir vécu de nonchalance, de négligence, d’impiété ? Je n’ai fait que les effleurer dans leur première venue à moi et me suis dit : «  L’Homme n’est pas achevé. »

Alors, lors d’une douleur immense, lors d’une guerre immonde qui transplantait son glaive en moi, je vis la lumière du Monde, immense, recouvrant tout, imprégnant tout, les bons comme les méchants, la vie comme la mort, nappant tout de son amour que j’en fus comme paralysée dans mon corps. Elle est devenue mienne et je compris que rien ne servait de La désirer car le désir venait d’un sentiment dans l’astral imparfait et animal, alors que la souffrance est du désir transformé, advenu et adombré par cette grâce. J’ai su qu’Elle venait à une heure que nous n’avons pas choisie parce que nous avons vécu en Elle, loin de tous désirs ; et la connaissance m’a portée vers Elle, en Elle, quand la souffrance dans l'Amour avait le visage de Son visage.

Le Soi

J’ai deviné cela, et je suis aise et heureux que tu l’évoques. Car, oui, le désir seul ne suffit pas. Continue de porter le Monde et je suis UN avec toi, nouvellement né. Allons ! Continuons ! La route est longue.

 

 

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