De soie blanche tissée
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaireFragment du tableau de Michel Ange " la création du monde"
https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel-Ange
Aux pas marchés sur la terre de mes aïeux,
Je proclamerai demain mon adieu,
À mes ailes invisibles, aux sillons imparfaits,
Aux vœux énoncés si souvent défaits,
Aux rêves d'adieux, je dirai au-revoir.
Aux rêves du partir, je montrerai le ciboire.
À la vérité éclatante des initiations de verdure,
Aux pieds endoloris plein de blessures,
Aux cœurs des défaites riches de morsures,
Je prononcerai la parole des tristes gerçures.
Sera-t-il plus grande joie que d'être bruyère
Dans l'absolue reconnaissance de la lumière
Quand attendra la corbeille des offrandes,
Quand m'attendra le silence de l'Irlande ?
Le temps est venu m'a murmuré la nuit.
La mort vient m'a dit la blanche brebis.
Lorsque je marcherai parmi les étoiles, dévoilé,
Ayant vu les anges de leurs rayons venir me chercher,
Recueillis, les mains jointes, les yeux nus,
Qu'aucune ombre ne ternira, leurs habits vus,
Semblables à de la soie , qu'aucun homme ne peut tisser,
Je verrai, de tous, l'aura de soleil,
Portant tour à tour, les armes du supplice,
Et aussi les brassées de fleurs, libres du sacrifice.
Trois sont allés majestueux devant ma face,
Grands comme peut être l'immense espace,
Épousés d'éclats d'étoiles natives si purs,
Que le temps n'aura pas ombré ma voilure !
Trois viennent éloquents en mon plein jour
Recueillant de mes pardons, l'amour,
Ornant la barque des adieux de mes accords
Et à l'oraison du dernier vœu, seront à son bord.
Quand je vis leurs robes si chaleureuses,
Jaune, rouge et bleu, écrins de brodeuses,
Encore je les vois se penchant sur moi, assurés de mon retour,
Paré de mes plus beaux atours !
Quand je verrai ma mémoire terrestre
Des trois qui ont orné mes jours alpestres,
Je verrai leurs voiles, la paix engrangée.
Sur mes matins à mon soleil vendangé.
Bercé par tant d'aurores aux lunes si pleines
Qui, m'enseignèrent l'espérance Pauléenne,
Je reverrai le labeur des joies offertes,
La gratitude à leur reconnaissance ouverte,
Aux âmes souffrantes apaisées, adorées, vénérées,
Apaisées, aimées, pour leurs ailes réverbérées.
Je me demanderai de quel mérite ils diront
La grande trouée des ténèbres franchis par Hypérion.
Qui s'est lassé de tes étoiles ? écriront-ils, sans censure.
En lettres d'or sur les destinées sans réelles meurtrissures.
Sur les mains et les pieds baignés par tes blessures
Ils inscriront les pensées de leurs fissures !
De tes étoiles, nous prendrons celles qui nous ont honorés
Si tu veux toujours tisser la soie de la bonté !
Autant que la vie t'aura meurtri, nous t'aimerons.
En tes jours pareils à nos créations, nous te recevrons.
Ne laisseras-tu jamais tes étoiles se ternirent en l'esprit
Quand aux sombres dédales, tu partiras le cœur en vie,
Si plein de nos mémoires aux jours et lunaisons.
Qui ont créé en nos esprits la plus belle étoile, ta guérison ?
Le temps est venu m'a murmuré la nuit.
La mort vient m'a dit la blanche brebis.
Il est des âmes légères comme des vents passants,
Ne laissant aucune trace sur terre aux pas menaçants,
Muettes comme pourraient être les lèvres des abîmes,
Jumelles aux promesses sublimes que rien n'anime.
Avons-nous admiré les mots, la beauté des sons,
La musique des paroles qu'encore nous berçons,
Que sous le poids des failles mensongères
Nous aurons vu plus de douleurs que la vie n'en gère.
Chaque jour, aurons-nous béni tant de tristes départs,
Aimé mille instants de désolation, qu'avec toi, tard,
Dans la nuit, les cœurs accrochés à tes lèvres de plume,
Nous aurons tendu les mains vers la lumière.
Pour d'ultimes au revoir, sans goût des nobles prières,
Nous aurons vu et entendu tant de nobles souffrances,
Chaque jour levées aux aurores après tes nuits de tolérance
Que décrire la souffrance comme une promesse d'avenir
Serait si peu dire que nous voyons tes expériences jaillir.
Qui frappent les humains de bonne volonté
Aura à souffrir de mille morts dans l'inertie confrontée.
Le temps est venu m'a murmuré la nuit.
La mort vient m'a dit la blanche brebis.
Je n'ai rien demandé, ni gloire, ni voulu d'affreuse rancune,
Ni l'amour des autres, ni reconnaissance aucune,
Rien de ce que les hommes veulent, tellement gourmands
D'être un nom, un titre, tout de ce qu'Il, point, n'attend.
À tant attendre, on se fourvoie l'âme, pis encore, l'esprit !
Pis encore, l'esprit se ternit, affaibli de tant de mépris
À attendre la gloire d'hommes que nous n'avons pas choisis !
Je n'ai rien demandé, ni attendu, ni espéré, ni quémandé, je vis.
Des hommes, je n'ai rien voulu des faux sermons avortés,
Moins de leurs belliqueuses courtes-vues aux rêves saccagés !
Quand attaquée de charité donnée aux affres des journées,
Les larmes d'abondance versées, je n'ai, rien, pensé.
Pour cette seule vérité, j'ai vécu le cœur des béatitudes,
Du haut des Temples me servant, assurée de servitude !
J'aimais, j'aimerai tant et plus d'heures émouvantes
Les vents, les soleils levants, la nature vivante,
Les océans me portant aux rivages des plaies suintantes
Qu'en ma vie je donnerai la gloire et sa couronne savante
Pour ne jamais être à la gloire le parjure de ma foi ;
Ne jamais être la trahison des robes vues pointées du doigt !
Si des salutations à mon dernier jour qui advient, bel,
J'entendais compliments , les pieds tournés vers l'autel,
Recevant le baiser des adieux sans les avoir jamais reçus,
Un grand souffle se verra sur les colonnes tremblantes nues
Que mes anges agiteront de leur verbe tranchant
En écho aux trompettes chantantes, le Verbe approchant.
Enfin, je n'entendrai plus les hurlements criés sans son,
Ni ne verrai plus les déguisements d'hommes voraçons,
Aux mots si pervers qu'ils ont sali l'âme du soleil,
L'âme de la terre en mon cœur souffrant sa treille.
Je voudrais, à cette heure, des roses et des lys par milliers
Les lancer sur les cathédrales et leurs clochers hospitaliers
Pour qu'un seul pétale vienne sonner une unique cloche,
Sans que main d'homme n'ai joué la musique des croches.
À mon retour en Ciel fervent, habillée de soie blanche tissée,
Je penserai le souvenir de la terre à mes roses de joie mariée.
Chaque fois que j'ai aimé les départs comme acte de vie
En la vie la servant, la blouse blanche en offrande,
Je reverrai le cœur, à mes lèvres, dessiné dans mes mains.
Le temps est venu m'a murmuré la nuit.
La mort vient m'a dit la blanche brebis.
Je n'ai rien été car ainsi devait être la demande ;
Je n'ai été que le geste des vies qui quémandent.
Le temps est venu m'a murmuré la nuit.
La mort vient m'a dit la blanche brebis.
Les colombes ont tournoyé autour de mon ciel
Me révérant près des robes, bleue, jaune et rouge,
À la mienne tissée de soie blanche
Dans la nuit des voilures blanches.
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Michel Pépé - Les Yeux de l'Ange