Fragile
Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire
Photo issue du site : http://www.bassinsjardin.fr/bassin-de-jardin-rectangulaire/
Vous êtes ailleurs ; je ne le suis pas.
Vous vivez un étrange chemin
Pendant que je ne suis qu'un parchemin,
Et de vos mots, je n'ai que l'ombre de vos pas.
Vous êtes absents ; je ne le suis pas.
Vous sculptez des preuves pour une vie,
Pendant que je ne serais qu'une argutie,
Fausseté à tous vos sophismes en appât !
Elle est là et ailleurs, fragile,
Perdue d'être mal-aimée, frêle et floue,
Pendant que vous vous consumez à Saint Cloud,
Tels des châtelains sans évangiles.
Elle quémande, demande, sans Rolande,
Un fil ténu entre ses mains gercées et lourdes,
Vos ailleurs, vos statues, vos fontaines sourdes,
Sans que l'une ne cligne d'un œil en offrande.
Vous êtes distants et offensants,
Pendant qu'elle pleure sans rien vous dire,
Sa misère, sa défaite, sans vous trahir,
Pour un amour qui ne fut qu'un semblant.
Vous êtes d'éloquence morte à son chevet,
Quand elle appelle de sanglots vos présences,
Pour vos enfances dorées à son existence,
Qui n'ont été que sa croix au Chevet.
Elle est là, et pourtant déjà partie,
Disant la phrase terrible qui assassine,
« Pourquoi n'ai-je que mes gamines
Et ne m'aiment pas mes fils tout petits ? »
« Il est si bon ; il m'appelle ; vois ma fille !
De Monsieur, à quoi joue-t-il ? » dit en secret !
Puis se couche, mandant où est son lit et son fils muet.
Toutes les eaux ne sont pas pures à la ville.