Béatrice Lukomski-Joly


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Fragile

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Photo issue du site : http://www.bassinsjardin.fr/bassin-de-jardin-rectangulaire/

 

Vous êtes ailleurs ; je ne le suis pas.

Vous vivez un étrange chemin

Pendant que je ne suis qu'un parchemin,

Et de vos mots, je n'ai que l'ombre de vos pas.

 

Vous êtes absents ; je ne le suis pas.

Vous sculptez des preuves pour une vie,

Pendant que je ne serais qu'une argutie,

Fausseté à tous vos sophismes en appât !

 

Elle est là et ailleurs, fragile,

Perdue d'être mal-aimée, frêle et floue,

Pendant que vous vous consumez à Saint Cloud,

Tels des châtelains sans évangiles.

 

Elle quémande, demande, sans Rolande,

Un fil ténu entre ses mains gercées et lourdes,

Vos ailleurs, vos statues, vos fontaines sourdes,

Sans que l'une ne cligne d'un œil en offrande.

 

Vous êtes distants et offensants,

Pendant qu'elle pleure sans rien vous dire,

Sa misère, sa défaite, sans vous trahir,

Pour un amour qui ne fut qu'un semblant.

 

Vous êtes d'éloquence morte à son chevet,

Quand elle appelle de sanglots vos présences,

Pour vos enfances dorées à son existence,

Qui n'ont été que sa croix au Chevet.

 

Elle est là, et pourtant déjà partie,

Disant la phrase terrible qui assassine,

« Pourquoi n'ai-je que mes gamines

Et ne m'aiment pas mes fils tout petits ? »

 

«  Il est si bon ; il m'appelle ; vois ma fille !

De Monsieur, à quoi joue-t-il ? » dit en secret !

Puis se couche, mandant où est son lit et son fils muet.

Toutes les eaux ne sont pas pures à la ville.

 

Le vide

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Image du site pixabay

 

Quel est ce terrible vide ouvrant sa fosse,

Laissant la mort soudaine arrachée à sa vie,

Pour que conscience ardue perde sa survie,

Dans les remous du chaos, sans Éos * ?

 

- Je suis la démence ! répond la fosse ;

Viens ! Je t'emmène ! Tu m'as vue !

Point, tu ne témoigneras de Thanatos ; *

J'ai comblé le vide de mes abus !

 

- Qui défies-tu à cette heure, misérable ?

Si c'est l'Amour, passe ton chemin, toi l'affamé !

Si c'est moi pour elle, j'ai une épée fiable

Que ma forge a sorti de la céleste cité !

 

Et de son rire caustique crachant le venin,

Les abîmes se relèvent, fiers d'être,

Entre ténèbres et obscurité habitées de Huns,

Que le soleil regarde affligé, peut-être.

 

- Vois sa terreur ! Je l'accompagne !

En elle, je suis en sa maison désertée

Pour te happer d'attaques, et de ma hargne

Te balafrer de mes crocs acérés.

 

- Vois ma paix ! Je l'accompagne !

Quelques sanglots et alors ! Je te vois !

Mon Verbe contre ta noirceur épargne

Mon âme ceinturée de lumière et de joie.

 

Et de sa main levée au faîte de sa nuit,

Elle tape sur la rampe d'un marteau dressé

Qui voudrait fracasser mes membres et autrui,

Pendant que je l'aide à se redresser.

 

Et, n'actant pas seul, il trouve cohorte semblable

Pour le servir afin de dire sa force ;

Sur le chemin, se palabre d'âmes malléables,

Utilisant les mots qui fendent l'écorce.

 

- Ha ha ! ricane-t-il de sa bouche tordue

Que le vide aime à parer de laideur.

Je t'aurais, crie-t-il, de vœux perdus,

Et, glanant une larme, voit qu'elle brille d'Amour.

 

* Éos : déesse de l'aurore

* Thanatos : dieu de la mort

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