La nuit est tombée, et sur ton inquiétude, t'a laissé éveillé. Tu ne pouvais pas dormir, inquiet de savoir mes écrits confiés à la toile parce qu'aucun éditeur ne trouve plus utile de publier ce genre d'écrits qui pense, nourrissant l'Amour pour l'Homme en devenir. Tu étais inquiet. Tu ne pouvais plus dormir. Faut-il m'aimer pour être inquiet sur l'avenir de mes poèmes et ne plus trouver le sommeil à cause de moi ; poète ! Oui, tu m'aimes, sinon tu ne te serais pas inquiété !
J'ai trouvé incroyable que l'on puisse, ainsi, se soucier de ce que je peux faire dans la Nature de la Poésie, car qui se soucie de cette dame aujourd'hui ? Toi !
Tu ne trouvais pas le sommeil, les yeux grands ouverts dans la nuit, songeant à comment protéger ce qu'il te semble être un trésor. Alors, tu m'as appelée.
Moi ? Je n'ai aucune inquiétude ; je fais ; je vais ; j'écris ; confiante en mon art. Je ne doute pas de moi ; je doute seulement de la réception de tels écrits ; si en osmose avec ce que nous œuvrons, la vie de l'Esprit pour l'Esprit. Je ne doute pas de la parole écrite ; toi non plus ! le Verbe en mouvement s'inscrivant chaque jour en nos gestes et nos yeux. Mais, tu étais inquiet ! La toile ! Oh ! la toile ! Je t'avais dit ce que j'avais vu de l'avenir de la toile ; cela t'a effrayé. Écrit à mots partiellement couverts pour ne pas effrayer davantage, toi, tu savais qu'il y avait un risque. Alors, tu n'arrivais pas à dormir, cherchant la solution pour protéger cette masse de poèmes qui te semble d'une prodigieuse avancée sans que je n'en sois vraiment consciente, me dis-tu ; tu me le dis souvent. Que je n'en sois pas pleinement consciente te fait sourire, car si je l'étais je tomberais -peut-être- sous le poids de cette charge. Tu dis que je le ressens partiellement, afin que je ne m'arrête jamais d'écrire. Tu crains que je cesse d'écrire, car tellement chargée par la vie depuis que je suis là ; mais non ! c'est là que réside ma force dans la plume venant pour nous tous. Je souris, parfois ris. Que suis-je ? rien ! Ce n'est pas ton avis. Tu n'en dors pas. Moi ? Je dors de ce sommeil si particulier que je suis si reposée que je ne me soucie pas, car ce qui doit être, doit être. Tu le sais aussi. Non ! Comment protéger ces textes hors de la toile ? te questionnes-tu. Je ne sais pas. Je les lui confie. Ils sont lus. C'est prodigieux me réponds-tu encore ! C'est de l'inattendu dans le besoin des gens, ajoutes-tu. Tu dis encore que c'est si nouveau que cela ne doit pas se perdre ; et tu restes éveillé à cause de moi.
Tu m'as donné un nom, Christophoros ; je t'ai dit - peut-être ! - mais Jean de Lebenkreutz est moi, aussi. C'est le nom qui est descendu. Alors j'ai deux noms comme dans la vie ici-bas ! Cela se dit, Pascal, Jean de Lebenkreutz de Christophoros ? C'est ce qui est descendu des Nues sur nos âmes soeurs. Tu m'as répondue : Jean Christophoros de Lebenkreutz est plus juste. Les gens trouveront curieux d'écrire au féminin avec une identité masculine, mais c'est cela la vie, un corps éthérique féminin pour un corps physique masculin et l'inverse, un corps éthérique masculin pour un corps physique féminin.
Alors, tu m'as dit qu'une image si belle t'avait été donné pour te rassurer, pour que tu ne t'inquiètes plus, et que tu as retrouvé le sommeil. J'en suis contente. Je ne dois être une gêne pour personne. je suis souvent invisible, venant de nulle part pour aider ; cela aussi, beaucoup l'ont vu. Tu as écarquillé les yeux regardant cette image, et m'as dit « je suis rassuré, seule toi la comprendras, mais je suis rassuré. »
Qu'as-tu vu ? demandai-je. Tu me dis, à la tombée de la nuit, qu'un coffre carré de marbre veiné de rose flottait dans l'aether, ces douze angles arrondis, car le coffret avait un couvercle que l'on pouvait sceller et desceller à volonté. Tu dis encore qu'il était conservé dans les Nues par des êtres dont tu ne voyais pas les visages, mais dont tu savais qu'ils étaient les garants de ces écrits. Tu étais émerveillé.
Comment le perçois-tu ? me demandas-tu. Si l'image est belle, rassurante, confiée à mon entendement, je n'en vois pas toutes les significations, hormis qu'ils sont protégés et que je l'ignorais.
Je te dis alors que le marbre était symbole d'éternité ; que tout ce qui est dans le marbre gravé est vérité ; que le rose est -depuis la nuit des temps- la couleur de la Rosa Mystica ; et que les douze angles arrondis ne pouvaient que me faire penser à la Pierre de Fondation ; que je ne voyais pas autre signification. Ton aether vu, je t'ai dit que je ne voyais que la chronique de l'Akasha ; qu'il ne pouvait y avoir d'autres mémoires conservatrices, et que tout y est conservé. Que tu aies vu un coffre m'a rassurée aussi, car seul l'Esprit pourra ouvrir ce coffre et non de rampantes volontés.
J'ai plaisanté aussi, parce que j'aime acter d'humour, et je t'ai dit "À moins que ce ne soit ma pierre tombale que tu aies vue !" Tu as ri, car ce n'était pas moi dedans, mais mes écrits, le couvercle levé pour que tu puisses voir. »
Puis, je t'ai encore dit qu'il fallait bien un coffre pour y ranger tout ce que j'avais écrit sur mes nombreuses vies incarnées. Je t'ai rappelé mon Credo en 1250, les mémoires de mon saint Roy, et tant d'autres depuis.
J'ai ajouté que c'était pour cela que tu avais vu le marbre veiné, témoignant du fruit de mes veines vécues, alimentant la vie et les saints actes de vertu qui sont miens depuis tant de vies. J'ai senti tout cet amour qui m'enrobait, de toi à moi, de nos vies ensemble, de nos pas marchés ensemble ; toujours dans le même combat : être pour l'Esprit.
Alors, tes yeux se sont fermés dans la nuit, allant chercher le sommeil, l'âme apaisée, l'Amour éclatant. Moi ? J'ai continué à écrire. J'ai repensé à mon Credo, fier de l'avoir écrit pour mon saint Roy. Ô Louis !
Ensemble, mon âme sœur ! Je t'ai offert mon cheval et toi, un coffre de marbre rose veiné d'éternité.
Ma falaise bleue, drapée de verdure, tu sommeilles et pendant que je demeure loin de tes entrailles, je rêve encore de toi dans ton drap de velours bleu-émeraude que tu révèles de blancs, de bleus, à mon souvenir . Ma falaise, mon épouse, qui de tes formes auréole mes fenêtres, tu attends que je te revienne, me connaissant fidèle à tes traits maquillés de nuages que légèreté aime de tes pentes dévalées jusqu'à l'épuisement du rêve qui n'a jamais cessé d'envoûter ma mémoire. Pas un jour, pas une nuit, sans toi ! Songes harmonieux à ma vie qui te voient comme un tombeau, je mourrai entre tes bras, puis je te reviendrai, siècles passants d'automnes éclairés à tes étés chauds comme le soleil caressant ton visage ; attends-moi !
Ma falaise bleue, tu t'es endormie, triste, lorsque de mon mouchoir agité d'un pli mouillé, je t'ai crié : Ne m'oublie pas !
Chaque printemps, de tes narcisses corollés* d'étoiles blanches, tu écris ton amour à ma parure or que tes sapins, géants de nos amours, cachent en leurs écrins pour quelques sanguins d'automne feus.
« Dis à tes sombres rires veloutés les mornes chagrins qui m'ont faite veuve de tes collines et de tes ravins, quand j'épousais, l'âme tranquille, tes nobles atours, assurée de ta loyauté à ma vénération ; lorsque mes pieds soumis t'aimaient de ces caresses ombragées que le ciel éclairait d'enluminures pourpres lors de nos couchers, je chantais un psaume que toi seule entendais.
Comme j'aime ton manteau blanc couvrant mes cheveux que tu embellis de flocons crapuleux, tourbillonnant tel le vent voulant se faire remarquer, car las d'être seul, et que s'amuser avec les branches pour la joie de mes yeux t'est le zèle de ma constance émerveillée, toujours éblouie par tes joyaux que tu caches secrètement tel un hiérophante qui ne veut rien enseigner. »
Ma falaise bleue comme la mer roulant ses flots, tu cueilles des pierres pour toutes vagues ondoyantes sur tes talus, et je pense à toi, mourante entre tes valons, pourtant si loin de tes yeux. Je sais que tu penses à moi parce que je pense à toi. Je t'entends hurler pour me voir revenir :
« Viens ! cris-tu ; reviens ! moi aussi, je meurs, me dis-tu, car seule toi m'aimais de connaissances, batifolant avec mes elfes et mes salamandres adoucies dans les épines de mes branches. C'était si doux de te voir assise sur une pierre au bord de mon étang transparent comme la galaxie se mirant à ma surface, me lisant la vie de l'esprit que tu en égayais ma pensée revenue à la vie. Ah ! cette lésine si douce quand elle aime le silence pour toute symphonie bleue ! Je rêve de tes pas creusant mes rides lors de mes pluies printanières. Je fleuris mes grottes et mes cascades pour ton retour afin de te voir enfin revenue en mon giron meurtrie par ton absence. Que le temps m'est d'une langueur sibylline chaque fois que tes yeux emplissent mon rire de ton regard admirant la dévotion de mes eaux déboulant sur mes roches éclatées par les millénaires, qui n'osent plus espérer mes levers de sommets. Pourquoi n'ai je pas figé l'instant pour l'arrêter ?
Que restera-t-il de moi lorsque siècles m'auront érodée pour ton retour ? Pleureras-tu mon silence ? ajoutes-tu. »
Et triste, et mélancolique, je lui réponds que, là-haut, je veillerai sur elle, ma falaise bleue dans le firmament or, qu'on entendra un chant plaintif et tout à fois enjoué caresser les nuages baignant sa cime. Ce sera moi, mais chut ! ne le dites à personne !
Vézelay, colline éternelle, patrimoine mondial de l'Humanité U.N.E.S.C.O
Propos personnel avant d'aller, ensemble, la visiter
( Article copié-collé paru sur un ancien blog à mon nom )
Aujourd'hui, je vous emmène sur la colline de Vézelay, lieu où je me rends fréquemment. L'envie me prend de vous faire visiter ce lieu sacré, resté pur dans ses traditions.
Il est quatre heures trente lorsque je me réveille pour aller, retourner et encore vivre dans ce lieu qui n'a pas sa semblable en France. Je me frotte les yeux, si fatiguée ! Comment et pourquoi se lever si tôt un jour de repos alors que se lever à 4h30 est mon quotidien ? Cela restera une énigme voulue ou plutôt une spirale allant de l'avant, toujours en mouvement.
Il fait nuit noire, une de ces nuits si sombres avec un brouillard si épais que j'ai envie de me recoucher mais c'est sans compter sur le lever du soleil que je vais vivre, ni sur la Merveille ( La Merveille est son autre nom.) qui m'attend en haut de la colline pour refuser au dernier moment cet immense appel renouvelé !
Le froid est intense, l'humidité me glace le sang. Je roule dans la nuit noire, fracturant le brouillard de mes sept chevaux - motorisés - ( question d'époque ! ) ! Est-ce pour cela que je ne parviens pas à me réchauffer ? Fichtre brouillard ! J'ai envie d'abandonner ma course pendant que le frisson et le froid me figent. C'est cependant sans compter avec ma pensée qui vole et vole déjà vers la colline éternelle. J'ai envie d'entrer consciemment dans la spirale du temps, dans la spirale du Narthex qui me fera franchir ses portes, dans les robes blanches des moniales, dans la spirale de ma vie qui me crée moi ! Alors, je vais, coupant la nuit noire avec détermination et constance. Parfois la peur me saisit de tant me confronter au brouillard dans une nuit sans lune et sans étoiles parceque cachées par l'épais manteau de brume blanche opaque. Que ne suis-je pas restée sous mes draps blancs ! Personne sur la route ! C'est dimanche. Le deuxième de l'Avent, celui de la miséricorde ! Je roule vers Noël. Je commence la fête de tous les espoirs. Mais pourquoi pas une étoile ne s'offre à mon regard ? C'est alors que je pose cette question, que j'ose tourner la tête vers ma gauche, là où est l'est, appelée par un je ne sais quoi de la lumière ! Oui, elle est là, enfin ! Cette aurore nouvelle, cette aurore chaque matin renouvelée, cette aurore qui va se vouloir flamboyante comme je les aime tant. Un trait de vert émeraude, un autre de bleu indigo, un dégradé de roses naissants, une touche d'alizarine dans un blanc de titane pour tout éclairer et rendre la transparence aux reflets ombrés terrestres que les arbres, encore, voilent de bruns et de terre de Sienne dans cette immense nuit, une envolée de couleurs ! Enfin la lumière ! Enfin cette énergie qui nous fait mériter le jour après la noirceur de la nuit ! Je franchis le mur opaque à grands "enjambées" de roues, tout en écoutant des chants de Noël, de ces chants qui élèvent l'âme dans l'allégresse et la joie d'être, simplement, le coeur vaste comme l'océan, la foi indémantelable, chevillée à ma pensée et mon coeur.
J'ignore comment je parviens à couper le brouillard, le regard levé vers cette aurore, comme lorsque je marche le nez en l'air, sans risquer l'accident, ni la fracture de mes os !
L'aube s'installe pérenne comme la colline éternelle qui pointe ses croix souvenirs vers son Être. Je suis enfin dans le Morvan, dans les monts si usés du Morvan. Je longe alors la Cure (rivière du Morvan) embrumée dans son lit de pierres bleutées mauves. La terre fume de cette chaleur bienveillante qu'elle accueille du lever du soleil.
Tout n'est que beauté, paix et mouvement du cœur.
photo François Bonnet - Vézelay dans sa nature givrée
Puis, la voilà, elle, Sainte Madeleine, basilique de Vézelay dans ses draps de brume dont on ne voit que ses tours carrées au dessus de ses volutes spiralées des froids qui s'évanouissent.
Je rêve ! non ! Je ne rêve pas ! C'est toujours ce même émerveillement. La nuit s'est couchée fatiguée, la lune et les étoiles ont fait leur révérence au jour avant de se retirer quelques petites heures.
Mais, où se situe donc Vézelay et sa colline éternelle ? Vézelay est dans le département de l'Yonne, dans la région Bourgogne, à quelque distance sud d'Auxerre, à quelques lieues de Paris, vers le sud-est, en descendant vers Dijon, vers la Provence, vers la mer. Voyez-vous, là, sur la carte le massif du Morvan ? Elle est à la pointe nord, centre exact entre Clamecy et Avallon.
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Vézelay, célébrée grâce à la basilique de sainte Marie Madeleine et de la colline classées au patrimoine mondial de l'Humanité, elle est l' alpha de l'une des principales voie de pèlerinage de saint Jacques de Compostelle , la via Compostella en parallèle à la via Turonensis au départ de Tours.
Ville historique de la chrétienté, elle fut le départ de la seconde croisade prêchée par Saint Bernard au XIIe siècle.
Photo DANIEL DRAY
La ville est ordonnée sur une haute colline. Cette colline a valu à Vézelay d'être renommée en 793 Vézelay-la-Montagne. Pourquoi ? Le côté ouest est facilement accessible, alors que les versants sud, nord et est ne le sont pas. Vézelay ordonne la vallée de la Cure qui fut la voie de navigation principale de la région morvandais
La basilique et ses rayons
La basilique sainte Marie Madeleine est un monastère bénédictin où vivent encore les moniales des Fraternités de Jérusalem et où le saint sacrement est toujours celui donné par saint Jean de Chrisostome, père de l’Église grecque : χρυσόστομος/chrysóstomos, littéralement « Bouche d'or "
En l'an 782, à Saint Père, est entrepris dans la vallée un premier monastère. Détruit par les Normands quelques années plus tard, il sera reconstruit sur la colline pour y être inattaquable. Réédifié après l’incendie de 1120, le monastère compte alors près de 800 moines bénédictins. Mais, de nombreux conflits opposent les abbés et les habitants exaspérés par les impôts levés pour la construction de l’abbatiale.
Au XIIe siècle, la présence des reliques de Marie Madeleine fait de Vézelay un des hauts lieux de la chrétienté. Comment sont-elles arrivées là ? Nul ne l'a jamais su .
La crypte de la basilique comportant les reliques de Marie Madeleine. Vous verrez là sur le sol, à ses pieds, des feuilles par dizaine, intentions de prières pour les détenus de Joux la Ville.
La prospérité et le calme revenus, Vézelay adopte timidement le style gothique, alors que celui-ci en est encore à ses balbutiements. Rappelons que l'art gothique est né de l'abbé Suger (1081-1151) dont la première cathédrale gothique fut celle de Sens en Bourgogne dans l'Yonne et dont le « brouillon », à ce qui se dit, fut l'église de Pont sur Yonne, 10 kilomètres de Sens.
La gloire de l'abbaye grandit encore lors de la réunion tenue en son sein pour le lancement de la troisième croisade en 1146 par Bernard de Clairvaux.
Puis à la veille de la révolution française de 1789, elle est déjà en piteux état. Toutes les dépendances monastiques sont détruites. Les effigies des saints sont attaquées comme dans toutes les villes de France. La France et sa révolution décident de faire de notre beau pays un pays laïque faisant fie de sa mémoire architecturale en sacageant les visages des sculptures religieuses et donc de sa chrétienté ! Des églises sont abattues mais Vézelay tient debout malgré son saccage.
Tombée dans l'oubli et vouée à la ruine aux XVIIIe et XIXe siècles, la commune cherche à sauver l'édifice, mais éprouve de grandes difficultés à trouver des fonds. C'est Prosper Mérimée, écrivain (1803-1870) Inspecteur général des Monuments historiques, qui obtiendra les subsides nécessaires. La restauration est confiée au jeune Viollet-Le-Duc ( 1817-1879) ainsi qu'une reprise des pèlerinages lui permettent de retrouver une partie de son éclat.
En 2010, c'est un appel de Nicolas Sarkosy qui souhaite refondre le site avec un projet voulant redonner du lustre à l'abbaye et la colline, voté pour sa consolidation bétonnée qui voit le jour et est réfuté par l'ensemble des Vézeliens. Non, c'est non ; Vézelay ne le sera jamais. https://blogs.mediapart.fr/anne-duvivier/blog/220513/vers-la-betonisation-de-la-colline-de-vezelay Le projet d'une Vezelay bétonnée, fort heureusement, ne verra pas le jour. L'opposition fut forte. Les Vézeliens ont refusé de voir leur ville soumise à un grand marché du Temple pour lui conserver sa vie spirituelle.Certes il faut restaurer Vezelay et sa basilique dont le Narthex menaçait, menace de s'effondrer mais en lui conservant sa vocation première et unique : mission de pélerinages et de spiritualité vécue. La porte centrale du Christ en majesté sera soutenu par deux portes géantes faites de vérins hydrauliques
Bernard de Clairvaux naît en 1090 à Fontaine les Dijon près de Dijon-Bourgogne-, mort en 1152
En 1115, l’abbé de Cîteaux confie à Bernard,un groupe de moines pour asseoir une abbaye qui prendra le nom de Abbaye de Clairvaux, parce qu'elle fut bâtie dans une clairière. C’est au Val d’Absinthe que le jeune père abbé, futur Bernard de Clairvaux, et quelques moines venus de Cîteaux,commencèrent à défricher une clairière de terre inculte au cœur de la forêt qui couvre les collines et les vallées aux confins de la Champagne.
Cette terre de silence et d'austérité va évoluer pour la postérité. La grande abbaye est arborée de vignes, colorée de granges, de forges, de moulins pour qu'y vivent les moines Le jeune Bernard y mûrit une doctrine personnelle, expression de sa spiritualité . Les sermons qu’il fait aux moines et ses chartes sont retranscrites puis diffusées. Les moines de l’ordre de saint Bruno sont bouleversés par ces écrits. Bernard fait légion de convertis par le rayonnement de ses écrits,sa charité , son humilité et son dénuement total.
Bernard est confirmé par ses contemporains et entretient de nombreuses relations épistolaires, particulièrement avec Hildegarde de Bingen.
« Remarquez que la crainte engendre la componction, la componction, le renoncement à tout, celui-ci la vraie humilité et cette dernière la vraie confession, où se trouve la purification de tous les vices. La confession fait pulluler les vertus; une fois devenues grandes ces dernières font la pureté du cœur en quoi consistent la vraie sagesse et la charité parfaite. Après cela, il faut savoir que c'est l'esprit de crainte qui donne la crainte ; l'esprit de piété, la componction; l'esprit de science, le renoncement aux choses présentes; l'esprit de force, la traie humilité; car l'humilité vainc tout; l'esprit de conseil donne la confession; l'esprit d'intelligence, l'acquisition des vertus ; l'esprit de sagesse, la parfaite pureté du cœur et l'amour. »tiré de la bibliothèque des Dunes
et « Nul ne mérite plus notre colère, qu'un ennemi qui feint d'être notre ami » (De Conv. ad Hug).
Le Narthex et le Christ en Majesté de la basilique Sainte Marie Madeleine
« Le Narthex est doté de sculptures romanes qui sont parmi les plus belles qui soient : une collection de chapiteaux complémentaires à ceux de la nef et surtout les trois portails merveilleux qui s'ouvrent sur la nef. Le portail central est la gloire de Vézelay et l’un des plus beaux portails romans du monde. L’ensemble d'une énorme richesse a été sculpté vers 1125-1130 et représente le miracle de la Pentecôte, avec, sur le tympan, la Descente de l’Esprit Saint sur les Apôtres autour du grand Christ en Majesté. Son corps majestueux occupe la mandorle ; ses mains envoient des rayons aux têtes des douze Apôtres, qu’il envoie pour évangéliser les peuples. La scène est entourée par huit compartiments où sont sculptées plusieurs scènes aux saints et peuples variés du monde : des apôtres écrivant, Jéroboam, cappadociens, arabes et cynocéphales, Ethiopiens, phrygiens, byzantins et Arméniens. Le large linteau sous le tympan porte de nombreux personnages étranges. C’est le monde profane où on remarque des scythes, le monde romain, les macrobii, les Pygmées et les Panotii avec leurs oreilles démesurées. Saint Pierre et Saint Paul se trouvent au centre du linteau sous les pieds du Christ. Il est supporté par le trumeau où la figure de Saint Jean-Baptiste a été mutilée à la Révolution (l’Agneau Pascal qu’il portait a disparu). Deux rangées de voussures entourent cet ensemble : la première est composée de 29 médaillons contenant les Signes du Zodiaque et les Travaux des Mois, admirablement sculptés » Issu d'un article issu de : http://www.bourgogneromane.com/edifices/vezelay.htm
Les spirales sur le manteau du Christ en Gloire
Là, sur Son habit, tout est de spirales sculptées, point n'existe de vide, tout est plein en mouvements solaires
Nous savons que la spirale parcourt une ellipse autour du soleil mais le soleil se déplace aussi. La figure que notre planète trace dans l’espace est une spirale ou hélice simple. D’ailleurs, dans sa marche autour du noyau de la Voie Lactée, le soleil décrit lui aussi une spirale.
De tout temps, la spirale a été utilisée par l’homme pour symboliser de multiples choses : l’accomplissement, l’élan vital, l’ordre cosmique, le cycle des saisons et divers autres cycles, miroirs de sa racine sacrée.
Hélice de toutes choses et des toiles entr'autres de Van Gogh ou de Léonard de Vinci, elle est mouvement d’incarnation, elle est à l’origine de la vie, à l’origine du cosmos, elle raconte l'univers.
C’est le mouvement que fait l’âme quand elle s’incarne.
Vézelay, c'est aussi
Les rencontres musicales
Elles ont été crées par Pierre Cao, chef de chœur et d'orchestre Luxembourgeois.
Vézelay est alors nommée la cité de la voix.
Ces rencontres musicales sont consacrées à l'art vocal de la musique sacrée de tous les temps et ont lieu tous les ans fin août sur quatre journées riches d'émotions. Elles sisent dans la basilique mais aussi dans le village à saint Père petit village juste sous Vezelay.
Je ne peux que vous convier à vous y rendre, vous, amateurs de musique sacrée.
Vous trouverez le programme sur le site d'Arsys Bourgogne.
Christian Zervos, écrivain, sculpteur, éditeur, né en 1889 dans l'île grecque de Céphalonie, il étudia la philosophie à Paris. En 1923, il travailla pour l'éditeur Albert Morancé sur les revues « L'Art d'aujourd'hui » et « Les Arts de la maison ». En 1926, il créa sa propre revue, « Cahiers d'art », l'œuvre de sa vie dont il réalisera seul chacun des 97 numéros (de 1926 à 1960), consacrés aux arts plastiques, arts premiers et art contemporain. Ainsi trouvons-nous dans la collection les signatures de Desnos, Breton, Tzara, Éluard, Char, Beckett Artaud, Bataille, Blanchot, Leiris, Dali, Bellmer,, au côté de celles de critiques internationaux. Zervos publie des monographies d'artistes, des ouvrages d'archéologie, de poésie et sur la musique. En 1932, il commença le monumental catalogue des œuvres de Picasso en 33 volumes).
Christian Zervos et Pablo Picasso
Réel amoureux des arts et authentique mécène, personne n'a relevé la place laissée vacante, lui créateur de galerie d'arts et éditeur d'écrits pour lesquels ils se voulait découvreur de valeurs artistiques vraies, pionnier d'artistes inconnus où à valoriser, inconnus ou déjà connus.
Romain Rolland,écrivain, 1866- mort à Vézelay en 1944, prix Nobel de la littérature en 1915.
Romain Rolland avec Gandhi
D’une culture ciselée par l'amour de l’art et de la musique, ainsi que le culte des héros, il chercha toute sa vie la communion entre les hommes. Son besoin de justice le poussa à souhaiter la paix « au-dessus de la mêlée » pendant et après la première guerre mondiale. D'idéal humaniste et en quête d’un monde non violent, il voua son admiration à Léon Tolstoï, aux écrits des philosophes orientaux . Il conversa avec Rabindranath Tagore, poète indien dont l’œuvre entière et « Le Cygne » l'émurent, ainsi qu'avec Gandhi, grande figure de la non-violence.
Artistes en villégiature, tous ceux du 19 ième et du 20 ième siècle, seront tous des estivants prolongés de la colline de Vezelay, grâce à Christian Zervos qui y élut domicile dans la rue Haute : Picasso, Marc Challenge, Fernand Léger, Le Corbusier, Bernard buffet, Miros, Paul Claudel, Stéphane Mallarmé, etc seront les hôtes privilégiés de Vézelay, sa colline et de Christian Zervos.
Marcher dans Vézelay c'est entendre tous ces artistes rire, disserter sur le monde et sa politique, composer, les voir écrire sous les ramures étalées des glycines âgées de siècles odoriférants, dans l'ancienne infirmerie-hostellerie du 10 ième siècle, actuellement café musée du « Cabalus » où il fait si bon de s'y arrêter et de boire un bouillon chaud assorti de toasts et de tartines grillées, assis près de la cheminée médiévale flambant ses bûches crépitantes et chaleureuses. C'est aussi les voir dans les caves voûtées des maisons ceinturant la rue Haute ou rue saint Pierre et les profondeurs cachées du village. J'entends ces dandys et je les vois bouger au rythme de leur redingote et capes, saluer de leur chapeau les dames, muses de leurs désirs de leur création, muses secondaires cependant à la basilique qui se veut être leur première Muse d'invocation libre, Marie Madeleine.
Intérieur du café " le Cabalus" ancienne infirmerie du moyen âge où j'aime me reposer près de la cheminée, face à un bouillon chaud : des années de fréquentation du "Cabalus" , juste parce que j'aime m'y reposer.
Elle est femme et femme bénie notre Marie Madeleine. Elle parfume de nard toutes ses venelles et ses cryptes, ses allées et ses nefs. C'est elle que l'on voit, entend dans ce lieu sacré que l'on prend avec soi, sur soi et emporte avec soi comme d'une imitation initiation à ne pas manquer. C'est elle qui nous accompagne vers le Narthex...
Elle est notre rendez-vous à tous à Vezelay....artistes, gens du culte, et aussi simples visiteurs mais à Vézelay, vous rencontrerez essentiellement des gens de foi.
Comment ne pas imaginer Paul Claudel enlacer la longue chevelure de Marie Madeleine avant de faire amende honorable ? Ou imaginer Chagall découvrant là l'essence de ses visions qui furent tableaux témoignages ?
Mais elle est surtout, ici, à Vézelay, témoin d'un centre de détention qui, à 28 kilomètres de sa basilique, voit vivre derrière ses murs-remparts des temps modernes, de tristes heures d'étranges méditations sur les actes terribles de ses protégés auxquels elle voue son pardon et sa volonté de regard bienveillant.
C'est qu' "on" s'affaire, ici, tous ensemble et tous cultes confondus !
Sa crypte dans la basilique où se voit sa relique ( Est-elle vraie, nul ne le sait mais pèlerin aime à y croire ! ) est ornée d'intention de prières des familles des détenus de Joux la Ville au lieu-dit La poste aux Alouettes que vous ne pourrez pas manquer car aller à Vézelay , c'est passer à coté de ce centre de détention sur votre droite en venant de Paris.
Pas un cri, rien que le silence ! C'est Vézelay et sa campagne !
du poème " Si" de Rudyard Kippling
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.
Silence
Le soleil murmure sa volonté d'éclairer l'autre face de sa terre pour d'autres hommes au yeux lourds de leur nuit et me demande de saluer la lune et les étoiles qui renaissent dans leur spirale toujours en mouvement.
Je repars dans un brouillard sombre et plein que la vallée n'a pas abandonné de la journée.
A Vézelay, le soleil a brillé si haut que j'ai … que j'ai.... oui, réchauffé mes os transis que l'Yonne a regardés de sa déesse Icauna car Yonne provient de la déesse Icauna, déesse des rivières, par la magie de la transformation de la vie du mot au travers des siècles. J'ai alors rêvé à la floraison de ses cerisiers que je revoyais en mon âme pour son printemps qui arrive, ainsi que de ses coquelicots qui abondent encore dans nos champs l'été.
Cerisiers et coquelicots de l'Yonne entre Auxerre et Joux la Ville : photo François Bonnet
Je tiens à remercier Vincent Munier, photographe, d'avoir accepté que je me serve de ses photos animalière et de nature pour mes publications. Echange de quelques mails, il était à l'époque souffrant du froid qu'il fréquente comme une fiancée dans la solitude de l'hiver, avec quelques engelures. Une grande humilité qui fait dire que nous pouvons partager ses photos dans la mesure ou nous avons eu l'élégance de le lui demander. Oui , merci encore Monsieur.
Ce que dirait la douleur si elle avait et pouvait mot dire
Parfois, ne sentez-vous pas s'approcher la mort quand la tristesse vous envahit au couronnement des jours qui sont aboutis dans le noir des nuit étoilées ?
Il arrive quelquefois de vivre cette intériorité pressentie tel un spleen envahissant qui voudrait dire : Termine là ! Pourquoi allez plus loin ? N'as-tu pas assez vécu pour insister ? dit la voix sarcastique en écho au spleen.
Le marasme épouse les joies et plus rien ne contente la vie ! Il est temps de partir. Dit l'abomination.
Qu'est-ce vivre sinon vivre de la douleur sans répit que jamais nous ne soyons assurés que nous puissions vivre tout cela ! N'était-ce pas trop pour une seule âme ? Est-ce que les anges de la destinée n'ont pas surestimé les possibles pour un seul chemin ? Vivre en une fois tant d'amères expériences ! Est-ce Dieu possible ?
Et l'agacement s'autorise encore la critique aux âmes meurtries condamnées mille fois par l'indécence des gens qui n'ont rien vécu ou si peu et qui les jugent !
Ne sentez-vous pas le spleen envahissant qui s'en va doucement ?
La douleur dit : J'ai assez vécu . Je m'en vais, c'est ainsi !
C'est un chat , que dis-je ? Une chatte ! Elle a pour nom Ibiza de l'Empire Ottoman, angora turc.
Belle car d'un blanc immaculé. Elle vient à mon bureau et là, s'assied, voulant m'apitoyer de longs miaulements languissants, son regard planté dans le mien.
Je la regarde, ponctuant d'un claquement de lèvres, un baiser que je dépose sur son nez humide. Elle semble contente et semble penser qu'enfin j'ai compris ce qu'elle veut, il est vrai, et désespère de me voir, finalement, immobile à son souhait !
Quant à un saut hasardé de mon pupitre à la petite table posée devant ma fenêtre où autres chats se reposent, semble-t-il ! cependant réellement à l'affût de tout ce qui bouge, disons mieux, vole, ils attendent patiemment mon geste d'ouverture à leur volonté téméraire et patientent, tout en me pensant bien ingrate de ne pas concéder, d'un iota, une tolérance à leur patience légendaire !
« Ciel ! Un poète en cette maison ! » me raconte-t-elle, « Quand bougeras-tu de cette satanée table pour accéder à mon désir ? Ouvre cette fenêtre !" Implore-t-elle en vérité.
C'est donc harcelée que je suis de sa témérité sans faille. J'ai beau lui rappeler que le harcèlement est contraire à la bienséance et à la loi, elle n'en fait cure car pas de loi humaine pour mœurs animales ! Elle me maudirait presque et revient sans surmenage à la charge, persuadée que je vais, un jour, céder.
Que nenni ! Point de faiblesse à mon sang-froid car il en faut face à une volonté de chatte sans fêlure !
« Tu n'écriras pas aujourd'hui ! J'ai décidé de t'embêter ( c'est bien là le mot juste embêter ! ) et puisque tu ne veux pas comprendre ce que mon roucoulement de miaulement signifie, je vais te le montrer très clairement ! » . Elle se met alors à claquer des dents, les mâchoires si alertes, qu'elle décide aussitôt de me montrer le fond de sa gorge en mal d'un festin, comme si je n'avais pas compris, parce que je serai, selon elle, follement stupide, doublée d'une naïveté qu'un individu humain ne peut pas comprendre.
Elle tente de me rappeler que moi aussi, parfois, j'ai un poulet au four et que n'en réclamant pas tant, elle se contenterait volontiers d'une simple hirondelle, plus adaptée en taille à son palais ébloui !
« Qu'as-tu à aimer ces oiseaux fous qui n'ont de cesse de me narguer à ta fenêtre, esquivant moult pas d'ailes dans un ballet qui me titille la vue ? » ajoute-t-elle. Ibiza se fâche, balaie le bureau d'un coup de queue puis se relève pour entamer une longue procession sur mon clavier, et finalement s'y asseoir ! « Je te l'ai très clairement indiqué, j'ai faim ! Je t'assure d'ores-et-déjà que, nenni ! tu n'écriras pas aujourd'hui ! Foi de chat à la volonté tenace ! Vois Cyrano se languir devant la fenêtre ! Tu nous offres à chacun un de ces volatiles et je te promets que je te dégage de tout fâcheux nettoyage de tes belles vitres ! Écoute ! quatre nids ! Deux pour chacun de nous et hop, l'histoire est close ! »
J'ai beau lui répondre que mes oiseaux sont de pareille importance à ses vibrisses dansantes qu'Ibiza s'agace davantage. « Voulez-vous récupérer vos écrits ? » m'incrimine mon logiciel d'écriture, un peu lassé de toujours revenir sur ce qui pourrait être définitivement perdu, prouvant par là que chats ont un pouvoir de décision supérieur au mien ! D'un coup de semelle de velours, madame éteint mon engin définitivement ! Et à moi de découvrir, chaque jour, qu'elle a une connaissance du clavier qui m'épate ! Ah ! c'est peut-être elle qui a éliminé ma série sur les "discours entre la Conscience et le Soi" !
« Fais gaffe, Ibiza ! lui dis-je, car cette fois, j'écris à ton propos ! » et ne voulant pas laisser de trace de semelles blanchies par une vie bien ordonnée de chat heureux, elle bondit hors du pupitre et invite son ami Cyrano à faire de même, tout en les laissant chacun marteler mon clavier de leurs gentilles pattes que je commence à regarder avec indignation.
« Ouh ouh Colette ! au-secours ! Cette humaine préfère les plumes d'oiseaux à nos griffes qui lacèrent son bureau ! Le monde n'est plus ce qu'il était ! » miaulent-ils, tous en cœur, faisant de leur bouche un joli cul-de-poule qui me chavire sans céder, avant d'aller enfin se poser, devinez où ! sur le bel édredon rose en plumettes et duvet qui adoucit mes nuits !
Ibiza de l'empire Ottoman, Angora Turc
Pendant ce temps béni, hirondelles continuent leur danse inlassablement, laissant sur le rebord de la fenêtre, duvet et plumettes, au cas où j'aurais besoin de refaire rapidement ma literie.
Êtes-vous assurés, nobles chats que votre pouvoir de décision est supérieur au mien ?
Non mais ! Empoisonner ainsi mes minutes littéraires n'est pas de dignité à la culture qui de graines voudraient tenter de plaire au lecteur !
Ciel ! hirondelles se chamaillent près du nid, faisant voler moult plumes noires et blanches et tombent dans mes fleurs sur la margelle de la fenêtre. J'ouvre, prenant bien garde à ce qu'Ibiza et Cyrano ne s'approchent pas, et sépare les hirondelles en conflit pour une place dans le nid. Petites hirondelles devenues grandes claquent du bec à leur tour, se donnent des coups de bouche, et chats regardent, ravis, cette histoire d'oiseaux qui aimeraient bien rassembler leurs ailes en une vaste volée de couleurs émotionnelles.