Celui qui connait la poésie, depuis qu'elle nourrit le monde, sait qu'elle est la plus subtile des pensées. C'est en elle qu'habite la vérité. C'est pour cela qu'elle paraît souvent hermétique aux commun des mortels.
Le roman est fait pour le loisir quand bien-même il est philosophique, alors que la poésie habite deux mondes et elle construit un pont entre les deux pour les relier.
Elle passe donc du profane vers le sacré et du sacré vers le profane sans cesse pour que le pont soit.
Le poète qui ne ferait pas ce chemin du profane vers le sacré et du sacré vers le profane ne peut pas être authentiquement poète. A ceux qui aimeraient le faire, qu'ils osent tout simplement, se moquant de ce que l'on pensera d'eux, car je sais combien nous nous créons d'ennemis à parler du sacré en notre époque si glauque ! mais la poésie n'a jamais été autrement, même chez les poètes les plus sombres.
Je n'ai pas lu un seul livre de poésie des siècles passés sans y lire au coeur de ses vers la profondeur du sacré quelque soit son appartenance.
il faut réintroduire le chemin du profane vers le sacré et laisser le sacré descendre vers le profane si nous voulons rester pleinement humains.
Béatrice Lukomski-Joly - © 2021
"Ascension vers l'Empyrée" Jérôme Bosch
Elle est partie dans un cri,
Disant « Je meurs ! » dans la nuit.
Sans avoir cru que main tendue
Est un soleil dans la mort venue.
La lune était pleine et belle,
Le jour éteint dans le jardin,
Les étoiles blotties dans le ciel,
Pendant que terre pleurait.
Qu'aimer vous soit insouciance
Chagrine mon âme ensoleillée
Quand ma main accompagne
La vie pour trépas vers la vie.
Et si rien en ce monde n'aime
L'autre tel il se doit de rayons
Que soleil burine avec la lune,
Il n'est rien que je ne puisse faire.
Elle est partie, le cri dans le cœur
La plèvre souffrante, haletante,
Et de ce cri épousé, j'ai absorbé
Au coin de sa lèvre, l'ultime exil.
Le front perlant de larmes,
Elle est partie, étouffant son cri,
Quand la croix tracée de la pointe
De mon doigt a envolé sa vie achevée.
Sœurs venues à son secours,
Leurs beaux voiles bleus du jour,
Elles ont pris du cri l'espoir
Pour dire la vie qui attend.
Chaque fois que vie s'achève
Tombe ma blouse pour autre habit
Qu'en l'Esprit, je dessine blanc.
Papillon naît de sa chrysalide.
Qu'éternité ne vous parle pas
De sa grande fraternité en marche
M'est grande douleur aux vies achevées
Pour le rideau que nul ne lève.
J'ai mal à mon tour de si peu de foi
Quand vie refuse de voir l'au-secours.
Elle est partie ,sa main agrippée
À la mienne, du verbe devenu Verbe.
Elle est partie dans un cri,
Disant « Je meurs ! » dans sa nuit.
Sans avoir cru que main tendue
Est un soleil dans la mort venue.
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Lors l’heure née,
lors l’heure voilée
tous regarderont le vide
observant leur ciel livide
la mémoire absente
lors des pas sur leur sente
leur sourire solitaire
les pleurs calvaires
car ils n’auront pas aimé
ignorants que n’avoir pas aimé
est la cause et le drame
le drame.
Marchant loin d’eux
proches de leurs yeux
que terreur masque de vacance
assoupis d’ignorance
la meute soumise au loup
oublié sera le mot amour
les mains froides de leur gel
ne donnant plus rien du sel
qui aura oint tant de fronts
point ne béniront.
Lors la désolation
car ils n’auront pas connu la dévotion
ils iront en lambeaux
ils iront tristes de fardeaux
et l’heure voilée scrutera les ombres
et des ombres verra le nombre
car ils n’auront point connu de foi
de leurs corps nus de toute loi
n’ayant pas vu le pas pressé
pendue à leurs prunelles ruinées.
"La peur de la mort" Michel-Ange
Photo personnelle : tulipe " bec de perroquet " de mon jardin
Je voudrais voir des étoiles dans le silence
Et le soleil rayonner quand la nuit s'allume.
Je voudrais voir la vie s'éclairer d'espérance,
La parole forger sa pensée sur l'enclume.
Je voudrais ne plus jamais ouïr le mensonge
Ni voir la trahison d'amis quand vient le jour.
Ne voudrais-je plus percevoir leur triste songe
Que j'entends encore le lourd vol des vautours.
Ai-je tremblé, coiffée de nuit, dans mon verger
Quand je vis ombre m'effleurer sous le pommier
Qu'encore je tressaille de tant d'âpreté
Du serpent rampant dans l'herbe des forts noyers.
Si j'ai rêvé voir l'étoile luire d'amour
Dans les regards de mille, sans que la laideur
N'entache les pupilles de cent sans amour,
J'ai vécu, triste, la calomnie des menteurs.
Puis, Lui est venu dans mon beau jardin
Cueillir le fruit de ma douleur sur le pommier,
Et du fruit, a pris ma plaie d'un vœu anodin,
Et la donna aux vermisseaux et aux ramiers.
À jamais jetée dans le val avec l'ivraie,
Du val fleurit l'olivier que la palombe aime
Pour que jamais loup ne vole ma cerisaie
Dans la hauteur du figuier qui, d'espoir, me sème.
Puis, Lui a nimbé mon cœur de ses bras,
Forgeant l'écu contre la mort de poésie
Pour que le cygne vole dans mon ciel bas,
Relevant de Son feu la lettre épanouie.
J'ai alors vu des étoiles luire en vos yeux,
Dans vos silences, nos bras étreints, nos beaux songes,
Et le soleil rayonner dans le vent des dieux,
Son serment forgeant ma paix depuis ces mensonges.
Coiffée de nuit dans mon verger, si près de moi,
Dans l'abondance de l'Amour, clef de nos voûtes,
Il montre du doigt les cents perdus sous son toit
Et m'auréole encor'de temps pour mon doute.
Piano Concerto nr. 1 - Sofia Vasheruk (piano
"Descente de croix" de Rembrandt
Je suis allé(e) cueillir la fleur de l’olivier
quand face à l’étoile, elle donna son fruit ;
lorsque la lune, devenue coupe pour le soleil,
accueillit le sacrifice du premier Homme.
Nous pouvions voir les graines de l’arbre
devenir fleurs, et d’elles, un doux parfum
exhalait la puissance du mouvement accompli
que les larmes des femmes versées ornaient.
Ces pleurs marials que nul ne peut oublier
se répandirent sur la terre à midi, et le jour durant,
s’unissant avec grandeur au sang versé,
et tout fut rayonnant d’Amour en cette union.
Là était le divin calice au pied de la croix.
De compassion vécue, nous étions avec et en Lui,
les arbres en fleurs au lointain du lieu chantaient
et croissaient déjà en bouquets ardents.
Nous voyions ces bouquets d’aurores
avant que le feu en ses flammes ne nous baigne,
laissant les aubes anciennes sur le chemin.
Le vent était glacial et griffait nos fronts.
Les cheveux des Femmes s’ornaient du nimbe.
Fleurs d’amandier, de pêcher, miroitaient l’instant,
et celles de nard pardonnaient aux hommes
l’ ignorance sans conscience de leurs âmes.
D’autres portaient de leurs inanimés vœux
des couronnes de paille flétrie les blâmant,
et d’autres encore, des lianes malodorantes
témoignant de leur vile imposture.
Un diadème d’étoiles cernait le front de la Mère
que nous pouvions voir sur le front du Fils ;
la terre frémit avec Elle lors de ses sanglots,
accompagnant avec Elle les premiers Frères.
La beauté de la clarté prise en la Coupe
côtoyait la laideur en son ombre qui regardait ;
l’impureté des hommes dits d’excellence
fut conservée pour leur futur en leur blasphème.
Ce fut l’heure la plus grave, aussi la plus légère,
qu’Humanité connut à cette heure,
dessinant en nous l’ébauche de nos avenirs
en Son chemin épousé qu’alors nous ignorions.
"Descente de croix"" de Paolo Véronèse.
Classé dans : Poésies
Mots clés : Amour , Compassion , Conscience , Esprit , Fleur , Humanité , Mort , Nature , nuit jour aurore , Spiritualité , Temps
Fleur de nard
Aller tous nos jours
semblables à des saints,
aimant de Nature, le vivant,
parlant aux oiseaux jubilants,
semblables à des saints
nous devons aller chaque jour.
De pureté et de moralité,
aller les mains d’amour rassasié,
même vides de tout sur l’onde féconde,
la fortune n’étant pas de ce monde,
aller l’âme riche et profonde
servant la colombe.
Être un saint tous les jours,
auréolé de la gloire du jour,
aimer le monde en nos séjours,
toujours portant le secours
aux âmes seules ou à la louve,
aimer même triste quand vie éprouve.
Bénir tous les fronts douloureux,
tels des saints bienheureux,
malgré les plaies et le martyr,
malgré la calomnie, malgré le pire,
et oindre de nard et de jasmin,
les pieds blessés d’un sang carmin.
Aller tous nos jours
semblables à des saints,
aimant de Nature, le vivant,
parlant aux oiseaux jubilants,
semblables à des saints
nous devons aller chaque jour.
Arild Rosenkrantz
peintre suédois
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