Béatrice Lukomski-Joly


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"L'HISTOIRE ? UNE FABLE CONVENUE "de  RUDOLF STEINER : « J'ai souvent attiré l'attention sur le fait que si un jour, à l'avenir, on écrit l'histoire on ne pourra pas employer la méthode qui a abouti à ce conte, à cette légende – comment l'appeler ? – que l'on désigne actuellement du nom d'histoire. Cette « Histoire », des érudits – ainsi les qualifie le monde – sont restés des mois, des années, des décennies dans les bibliothèques à étudier des documents diplomatiques pour l'écrire. Il faudra que le temps vienne où la plus grande partie de l'histoire confectionnée de cette façon sera bonne à mettre au rebut. » (R.Steiner, La Chute des esprits des ténèbres, 1ère conférence)

Anna Anderson - Anastasia Romanov -

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

 

Le ciel est gris.
Anna Anderson vient de mourir.
Le ciel est blanc.
Anastasia est nimbée d'or.

…..

Dites-moi, Anna, si des câlines années
Entre les champs vierges et les immenses plaines,
Que slaves et beaux rois aiment éperdument,
Vous êtes l'horizon ou le tourment des rois !

Je ne veux pas changer la plainte de nos terres
En vous invitant à nos tristes tables pourpres.

Dites-moi si de l'épuisement des duchesses,
J'ai vraiment rêvé l'infortune profondeur
Quand de nuit je vole large en plein clair soleil, 
Et cours le couloir sous la villa Ipatiev ?

Je ne veux pas réveiller cette sombre nuit
Qui fut, ne fut pas, fut Votre mélancolie.

Dites-moi si des exils, la pluie a lavé,
Enfin, Vos plaies que seul cœur ruisselant endure
Quand forts cris sont inaudibles, quand larmes coulent,
Votre belle main les retenant d'un drap blanc !

Je ne voudrais pas offenser un pas de danse
Quand Vous manquez trébucher et Vous relevez.

De Tsarskoïe à Notre-Dame-de-Kazan
Vous êtes l'icône en argent qu'or édifie
Quand brillent sur Votre front les astres vermeils
De Michaël, martyr en Vos plaintes amères !

Je ne veux pas ignorer Votre fort combat, 
Avec le prince Kaspar, là-haut, ce matin.

Dites-moi, si ensemble, Vous avez souri 
Quand à Unterlengenhardt Vous êtes fondés
Contre l'obscurcissement de la vérité,
Parce que clarté est vie et que l'esprit Est.

Je ne veux pas céder à la pensée du temps
Que Marie transforme de Son beau voile bleu.

Dites-moi Anna que j'estime, de quel prix
Fort Vous avez aimé lutter contre les hommes
De mensonge quand ils Vous ont laissée sans nom
Pour l'excès du léninisme qui tout détruit.

Je ne veux pas Vous aimer davantage morte
Qu'en vie, car Vous êtes Grande Duchesse, Anna.

Si je rêve de Vous la nuit dans la lumière,
C'est que de là-haut encore Vous combattez
Pour que Marie Vous révèle dans ses écrits
Que Bible ne renierait pas, ne niera pas.

Je ne veux pas aimer l'histoire que temps feint
Mais Votre histoire pour Marie à Fatima.

Vous souvenez-vous de cette obligation
Que les robes d'amarante ont apostasiée,
Tout là-haut sur la sainte colline papale
Qu'encore Vous en appréhendez l'épouvante.

........

Le ciel est blanc.
Anastasia vient de mourir.
Le ciel est pur.
Anastasia est nimbée d'or.

 

 

PARTIE II

 

Le ciel est blanc au-dessus d'Unterlengenhardt,

Bavière s'habille de ses cols blancs.

Le ciel est blanc au-dessus d'Unterlengenhardt.

Bavière l’accueille de ses lumières.

....

- Dites-moi, Anna Anderson, si vous avez chaud,

L'âme éprouvée qu'amis soignent d'Amour,

Leurs cœurs vivant entre leurs mains tendues

Quand Vous craignez les hommes sans âmes.

 

- Appelez-moi Anastasia, ma mie ! pour que je vive.

Si vous croyez que je le suis, honorez-moi,

Car des fables convenues, je suis la preuve,

N'en déplaise aux hommes de mauvaise volonté.

 

- Dites-moi, Anastasia, si encor' Vous avez faim

Quand la vie de l'Esprit Vous nourrit chaque heure,

Aimée d'Adèle Heydelbrant, gardienne du Temple,

Pour Qu'Esprit et Âme Russe vivent d'avenir ;

 

- Connaissiez-vous, ma mie, mes amis prince ?

D'en haut comme d'en bas, ils supportent mon bras.

Avez-vous vu l'élégance des oiseaux à ma fenêtre ?

Et de mes chiens, fort en noblesse, que je puisse être ?

 

- Dites-moi, Anna, pourquoi ces ombres rampantes !

Il y en a autant sur terre qu'au ciel ! Les voir

Terrifie l'âme slave qui pourtant ne craint rien.

Pourquoi tant de douleurs à Votre souffle divin ?

 

- Ô ma mie, l'âme Russe appartient à la rédemption,

Pour la délivrance des hommes quand sa nuit la quittera

Et que la lumière tirera un trait sur les ténèbres.

Dites cela aux hommes, ma mie, comme Prokovieff.

 

- Dites-moi, Anna, si Sergej Olegovich vous tient la main

Lorsque « Les Origines Spirituelles de l'Europe de l'Est

Et des Mystères du Saint Graal » Vous protège en Bavière.

J'aime à le penser quand il dit de nous réunir .

 

- Ma mie, je ne sais de quel enjeu je fus la victime.

Adèle m'a tant aimée et protégée que je suis

Indéniablement la vérité et l'avenir

Quand l'orthodoxie reviendra de ses cendres.

 

........

Le ciel est blanc au-dessus d'Unterlengenhardt,

Bavière s'habille de ses cols blancs.

Le ciel est blanc au-dessus d'Unterlengenhardt.

Bavière l’accueille de ses lumières.

 

Sergej Olegovich Prokovieff auteur de " « Les Origines Spirituelles de l'Europe de l'Est 
Et des Mystères du Saint Graal »  

 

 

PARTIE III

 

Je ne sais si le ciel est sombre aujourd'hui,

Je ne vois que du bleu au-dessus de moi.

Pouvez-vous me dire de quelle couleur est le ciel,

S'il est blond comme fils d'or ou brun comme l'ours ?

 

Miroir de l'âme slave, « medwed »* gît dans son terrier,

Les pattes paralysées, le nez collé à sa terre.

Que chasseurs ont expulsé de leurs flèches,

Quand expulsé, il grommela son désespoir.

 

M'avez-vous vue passer sur le pont avec mes cheveux or ?

Je flottai telle Ophélie poussée d'une main inconnue,

Et ours a rugi pour que Russie pleure

Les larmes de l'abandon, qu'encore je grelotte.

 

J'ai froid dans mon lourd manteau de brume,

C'est l'hiver à Berlin, et Berlin ignore ma beauté.

Qui a osé me pousser par-dessus la rampe

Pour que, jamais, je ne témoigne de ma vie ?

 

 

Une main lourde me bouscule et me jette.

Je la sens dans mon dos transi d'amertume,

Et mes os bravent avec courage leurs géodes,

Que triste phtisie harcèle de ses bacilles.

 

Triste canal de Landwehr dans le froid !

Je n'ai rien demandé au suicide, moi ne l'aimant pas,

Moi ! Anastasia, la battante, malgré les blessures,

Que mon corps atteste de toutes ces ignominies.

 

Nul n'a voulu me reconnaître avant le printemps,

Quand internée, je fus alitée de souffrances, à Dalldorf,

Innommables et incomptables douleurs

En ma mémoire d'heures somptueuses et déchirantes !

 

Vous dirais-je autre nom que le mien ?

Oh ! Romanov qui m'avez reniée au chevet de mes jours !

Je suis Anastasia Nicolaïevna, ne vous en déplaise !

Gleb Botkin, mon fidèle ami à la cour, me reconnut.

 

 

Que croix Russe est lourde à porter quand l'ours est couché,

Et que la Neva n'a pas dit son dernier mot, ni Marie !

Je vous appelle au-secours d'en-haut pour être,

Simplement être ce que je ne fus pas de mon vivant.

 

* medwed ours en russe

 

 

canal Landwehr à Berlin

http://beatrice-lukomski-joly.copyright01.com/

 

 

 

PARTIE IV

 

Fragilisée par tant de haine, battue, blessée,

Je porte les traces de mes bourreaux, agressée.

N'eut-il pas mieux valu que je meurs en cette nuit

Que juillet de son deuil de nature, pourtant, éblouit ?

 

 

J'ai peur quand la lune se lève, quand vient le jour,

L'effroi me ceinture l'âme, la terreur accapare Iekaterinbourg.

Quand hommes s'acharnent, alourdis de fusils forts ,

Croyant que révolution est l'issue de leur malheur, c'est cruor.

 

Si dans nos palais, nous ne voyons la misère dehors

Qu'engendre l'heure des vœux démoniaques sous les miradors,

C'est pour notre parjure que je lutte de vérité,

Être reconnue vivante dans cette fatalité.

 

 

Et je pense, et je pense à la misère des hommes

Qu'aucune révolution ne change d'idiomes.

Quelque soit le régime, c'est la terreur qui surgit

Quand le temps fait de nos illusions, des vigies.

 

Je l'ai vu d'Unterlengenhardt, alitée dans ma baraque,

Quand j'ouïs en 1968, en France la révolution en attaque.

Mon angoisse fut croissante, laminant ma détresse.

Comment ? les hommes ne sont-ils jamais tendresse ?

 

À tant vouloir, ils en perdent leur humanité.

L'argent est maître du monde, ils ne sont pas comblés.

Lorsqu'ils en acquièrent, ils veulent davantage

Et appellent cela liberté de penser au tournant des âges.

 

Si d'un héritage si grand je n'avais prétendu, moi, Anna,

Aurais-je été reconnue Anastasia Nikolaëvna ?

Si de la fortune des Romanov, leur désir de gain fut fiel,

Aux désirs des Cours, aurai-je été martyrielle ?

 

 

Il pleut ce soir en mon âme. Étreinte d'angoisse, j'ai peur.

Les hommes sont fous. Ces révolutions ! Ces aboyeurs !

Ces guerres qu'aime le monde sont à mon front

L’infamie et la terreur que monde réclame d'affronts.

 

Ai-je vu autant d'hommes armés, aux dents belligérantes,

De la Russie de 1917 à l'Allemagne de 14 et de 1940 ,

Qu'encore je pleure, aidée d'Adèle pour comprendre

Ce qu'est l'enjeu de notre humanité au chevet de ses cendres.

 

J'ai peur quand se lève le soir, quand le jour s'éteint.

Parfois je déraisonne. On me croit folle quand j'étreins

Mon ara, en colère, majestueuse habillée de blanc.

La paranoïa se veut être mon amie, m'accablant.

 

Mais qui, dites-moi, n'aurait pas craint les entités

Aux désirs de tout supprimer, tout vilipender ?

Oui, j'ai peur et je m'enferme dans ma maison,

L'habillant de barbelés pour protéger ma raison.

 

Fragilisée par la haine, « unbekannt » *chez les mondains,

Je fuis les rumeurs et les vautours au coin de mon jardin,

Protégée par mes chiens et le griffes de mes chats

Que les hommes ont assassinés dans ma datcha.

 

Et les Russes blancs ont enterré nos images, nos visages,

Par volonté de pouvoir, semblables au bolcheviques qui saccagent,

Pour que jamais nous ne soyons reconnus vivants

Au grand fronton écrit du temple de la vie, tristement allant.

 

 

unbekannt : inconnue en allemand ; ce fut le nom qui lui fut donné lors de sa première apparition publique.

 

PARTIE V

 

Comment ? Encore tous ces discours sur mon nom !

Faut-il que je sois votre fin bouc-émissaire

Pour que vous refusiez qui je suis de renom !

Comment vous le dire ? Dites-moi un rosaire !

 

Cent ans après le drame, vous m'apostasiez,

Encore, enfonçant le croc du diable en ma chair,

Lorsque disant que je suis une simagrée,

Une farce que vous arguez en vos diaires*!

 

Et, Russie, égérie noble de la foi, laisse

Ses théophanies mentir aux crêtes d'Oural

Quand de ma Sophia, Russie sacrifie et blesse

D'autres, sous la flèche de notre cathédrale.

 

Quand trépassée à son Credo, je suis la mémoire

D'une lutte sans failles que seule j'ai osé,

Sans ternir les miens de royauté au saint-ciboire,

J'ai porté la croix comme un soleil embrasé.

 

Bolcheviks, Lénine, rois, princes, nobles blancs,

Tous ont combattu la vérité pour que du monde

Demeure le mensonge, brisant mon corps tremblant

Dans les cercles témoignant de ma survie féconde.

 

Sans lassitude, j'ai hurlé mon nom, d'Europe

Jusqu'à la grande île libre qui me reçut,

Pourtant me pensant de danger, elle, cyclope !

Que mensonge s'ancra jusqu'aux confins des Nues.

 

Que de larmes, derrière mes paupières lourdes,

Ont baigné les trahisons de tous, et des couards

Se sauvegardant de mes confessions sourdes

Afin de vivre heureux dans leurs fiers douars.

 

* Diaire = journal, le mot français a disparu au profit de celui anglais « diary »

 

Dédié à Marie Stravlo, historienne, journaliste, spécialiste des Romanov

 

à suivre

 

Anastasia - Die Zahrentochter im Schwarzwald

 

Rachmaninov: The Isle of the Dead, Symphonic poem Op. 29

 

Здмила Зыкина - Течёт река Волга

LE SIECLE EN MARCHE

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

http://www.maisonsvictorhugo.paris.fr/fr/node/974

 

Deux mille quinze ! ai-je vu le siècle livide en marche ?

Ai-je vu le millénaire procréer des cendres sous l'arche,

D'alliance à ses vœux d'humanité que veulent les temps ?

Est-ce que Nathan a pleuré l'inconstance sacrilège du vent ?

Ai-je participé à tout ce que j'ai vu, entendu, rêvé, espéré,

Qu'encore résonne le glas des semonces, sonnant le déféré.

Des affres subies à l'embolie de la littérature et des dessins,

J'ai vu mon millénaire s'envoler vers le sein allaitant Caïn,

Quand Abel de sa triste mamelle, dévoya le lait des espoirs.

Le premier assassin de l'humanité a fourvoyé le ciboire.

Ai-je vu Europa se lever, chevauchant en amazone le taureau,

Qu'océan a pleuré quand Zeus s'est emparé de l'innocent paréo.

De son tombeau, l'ai-je vue pleurer ses enfants sur la terre

Quand un cri sauvage a frôlé nos oreilles sourdes à Déméter.

Le drapeau d'étoiles sur fond bleu a flotté dans le Zéphyr

Que la saison douce à nos corps glorieux a pleuré de porphyre.

Il me faudra longtemps pour savoir si la colombe blanche,

De ses ailes a adoré la France ou a vu l'envol de sa branche,

Au loin s'éparpiller comme une volée de cendres,sans Phoenix.

Au loin grondent les remous des enfers sur l'onde du Styx

Qu'Océan et Téthys ont engendré, fille d'Erèbe et de Nyx.

Est-ce que l'étoile, les Rois partis, a engendré l'espoir de l'onyx ?

Où est-ce la volonté ténébreuse d'Hérode ressurgie de l'irrespect ?

 

J'ai vu une force se lever, riche d'espérance d'amour et de paix,

Encore de libertés qui déjà appellent l'absence de libertés,

L'âme en prison, l'esprit renié, la vérité ensevelie au caveau.

J'ai vu des marées humaines se soulever rayonnantes,

Et l'ombre rampante saccageant tout sur sa voix flambante.

J'ai entendu gronder l'invisible manifesté, ramant sur le Styx,

Comme voyant mille âmes déportées à la nuit du Phoenix.

Il est des jours tristes comme mille lunes obscurcies.

Il est des jours sombres comme des cœurs endurcis.

Un soleil éclipsé en plein midi sous la fange de vies

Que rien n'a éclairé, ni soleil, ni étoiles, affamées d'envies.

Il est des jours sans identité, ni visages, ou le pain a manqué,

Ou le blé a pourri en terre infertile aux mains cloquées !

Partout où la peste embrume l'esprit, ou pauvreté dégénère,

Naît l'irrépressible mensonge qui tout donne et se vénère !

Quand l'illusion sonne le glas des espoirs enténébrés,

Montent les marées humaines vouées à la constance ombrée.

 

J'en appelle à vos consciences, hommes des libertés de demain.

France , patrie des libertés, ne t'assoupit pas sur ton levain !

Garde le pain qui nourrit l'âme autant que ta terre semencière ;

Emplit de vivres et de livres toutes les gibecières !

Sépare l'ivraie du bon grain sans te tromper de graines fertiles !

Est-ce qu'Europa se relèvera d'une marguerite posée sur son île ?

De Thyr, d'Agénor et de Téléphasa, viendra le cœur édifice

Que la Sophia crée de tous temps au fronton des supplices.

 

Le glas a sonné et les cloches se sont tuent, en ce mercredi.

Les nuages d’Éole n'ont rien déversé, tellement abasourdis.

La pluie a cessé de pleurer, accaparée à ramasser ses larmes.

Le vent est tombé dans l'oubli, immobilisé au tertre des armes.

Il n'y a rien eu d'amour en ce jour de ténèbres houleuses,

Rien n'a même dit aux hommes, les affres de l'an, honteuses !

 

L'esprit armé de lumière de sa cuirasse bleue engendre l'aube

Et au clair des jours se levant, terrasse l'ombre noire qui rôde

Car il n'est de liberté sans la lumière des esprits éclairés d'amour

Qui du nord au sud, de l'est à l'ouest, reprend de volonté, son labour.

 

Oh ! j'aurais voulu des édifices religieux entendre de la musique,

Sur la terre entendre jouer les orgues de Bach, séraphiques !

J'avais espéré entendre le son des cloches et des beaux bourdons !

Voir le saintier honoré de ses chants merveilleux, et aimer le pardon !

Organisé sans carillon, la tristesse dans l'âme , je suis vivant !

Phoenix de la pensée, je marche aux pas du siècle se levant,

Les larmes en cristal sacrifiées que le soleil vivifie déjà.

Que le soleil vivifie déjà.

 

II

 

Je me suis réveillée à l'aurore que le ciel de ses mains, soulevait.

Quand le rideau de la nuit, à ma nuit, a vu l'hydre qui se soulevait,

S'est évaporé aux étoiles la fresque des temps pour que je vois.

Avec Victor et Raphaël, fils engendrés, j'ai vu la ville des rois

Que la terre a peine à porter en son sein lourd de misères.

Ne m'en veuillez pas d'être à ce siècle une étrange lumière

Quand des mots dessinés, je ne fais pas de lecteurs avertis,

Ni ne pensez que naïveté ne se marie pas avec sagesse !

Je dirais moi, innocence. Je dirais encore hardiesse !

Dites-moi, fils de la vie, pourquoi à nos visions du monde

Nos têtes bien pleines ont subi l'arrogance immonde !

Lorsque j'ai ouï le fracas des murailles qui tombent

Je savais que la pensée était la cible du monde, sa fronde,

Et que sa tombe creusée à la force des ongles, ne sera pas.

On peut vouloir tuer la pensée, nul ne tue sa vie à mes pas.

 

L'inculture est vaste. J'en prends à témoin l'incompréhension !

Écrivons des textes forts de pensée et voyons les révulsions !

N'en avez-vous pas marre d'être l'ignorance aux mots ardus

Que Platon, Aristote, Goethe et Hugo en pleurent leurs sens perdu !

Chaque fois qu'un livre s’éteint, c'est la vie qui meurt à nouveau !

En faut-il des âmes amères qui aiment être du troupeau,

Se pensent être des individus libres, sans liberté aucune !

Les Muses s'endorment et à leurs musés, il y a des lunes,

Belles bibliothèques du monde, s'assoupissent à Thalie.

Qu'est la place d'un homme éduqué aujourd'hui,

Dans ce monde léthargique ou plus rien ne résonne ?

Le siècle en marche a vidé les têtes de ses neurones

Quand de l'absence d'humanisme meurt l'homme ?

J'en appelle à Clio, à Euterpe, à Calliope, voir l'homme !

 

Le mur s'est effondré sous les orages des siècles puissants

Que rien n'a voulu reconnaître comme créateur du Graal versant !

Moi, le plein contre le vide, j'ai lutté toujours de volonté,

Le front immense caché sous une épaisse frange en dégradé,

Pour que le monde s'emplisse de vérités. L'illusion gronde !

Nul ne peut être libre s'il est monsieur tout le monde !

Le troupeau fait du bouc, l'émissaire. Moi, je pense !

Tel le veut la pensée rayonnante au firmament des danses.

Les arbres font leur révérence lorsque je passe, m'aimant ;

Les fleurs psalmodient des chants si beaux, me révérant.

J'entends les pierres chanter la terre à mes pas chantants.

Je vois les azurs aux voiles des vierges m’embrassant.

 

Le siècle en marche verra son ombre ramper sur les flancs

Les flancs des femmes et des hommes et des enfants !

De la liberté j'ai oint mon esprit sans craindre l'ombre

Parce qu'avoir vue l'ombre me donne la vue du nombre

D'entre les nombres sacrés que je géométrise de pensée.

Être à la pensée le géant des siècles qui pleurent sa fiancée.

 

III

 

C'était beau de croiser un siècle à un millénaire, sans épée,

Juste se croiser sans s'être croisé à nouveau comme jadis,

La croix sur la manche, le siècle sans croix car la croix levée,

Qu'Albatros nourrit avec fort acharnement ses beaux petits.

Affamés, ils sont là, dans le nid, giron du millénaire nouveau,

N'ayant plus de quoi se vêtir, prenant le chiffon vendu fort cher,

Pour tout habit. La terre du trop plein vide ses seaux dans l'eau.

L'eau devient boue et de cette boue, nous buvons tout l'amer.

Du haut de mon âme, je regarde le nid des enfants blessés

Que le cygne prend désormais sous son aile aux cieux bleus.

Le siècle dernier a balafré leurs idéaux et le millénaire a crié.

L'albatros et le cygne ont relié leurs ailes par une plume bleue.

Le siècle a enfermé les enfants dans les rues que Victor haïssait.

Le millénaire a donné des foyers aux enfants des rues noires

Que foyers et juges ont ordonné du vide, interdisant l'amour-lait.

Pour l'éducation qui n'en est plus une, le labeur est vaste foire !

Comment peut-on penser sur de la boue quand le soleil s'éteint ?

Comment pouvons-nous aimer large dans la fange de l'hydre

Si des fermes courages, nous ne tirons pas le sein des saints ?

Si des femmes nous n'avons l'espoir du bel empli des clepsydres !

 

Les enfants ont sangloté de sanglots muets dans la boue propre.

Ils ont dit ce qu'adultes disent, car l'enfant n'a que le jeu en ami.

Comment pouvons-nous traîner l'enfant dans la fosse de la lèpre ?

Mal du siècle que d'aimer voir l'enfant battre le pavé des paris !

Oh ! comme j'aimerais les voir rire d'innocence ces enfants

Au lieu de les voir prendre parti pour tous faits et causes.

Sages ânes de notre aliénation que notre culture aime, insolents !

La rue a crié liberté, applaudi la rébellion masquée aux causes.

Non ! je n'étais ni l'un ni l'autre, pour ma liberté revendiquée.

La liberté ne se tâche pas des autres. Elle est une, individuelle.

Tous courbaient l'échine, la colonne droite, réclamant la trique :

Des lois ! des lois ! répression des libertés fut la réelle querelle.

Enlevez-nous les possibles de la liberté en nous asservissant, sots,

Pensèrent certains, le serpent glissant dans la foule à l'unisson.

Ils étaient tous un, le moi aboli, sous un seul nom, pas un mot !

Appelle-t-on la mort et le saccage d'un pays au cri d'un prénom ?

Personne n'a rien vu ! J'étais seule à voir ce qui ne se voit pas,.

La grande marche méphistophélique ! C'était lui déguisé d'amour !

Dix sept morts dans nos rues et deux mille morts au Nigeria !

Ah ! Méphistophélès ! Ton acte fut puissant au nom de l'amour !

Europa pleure sur ses enfants. Le drapeau n'a pas vogué au vent.

Il n'y avait pas de vent ces jours là. Même le ciel a soufflé ses astres !

La lune s'est effacée, laissant entrevoir la huitième sphère au temps.

Des cadavres gisaient partout dans le ciel soumis aux désastres.

 

Le siècle a pleuré sur le millénaire et sur l'âme de conscience.

J'ai pleuré avec Michaël, les Archaïs, les Dieux d'hier et le Christ.

Les anges ont essuyé les larmes des archanges sur l'inconscience.

Chagrin d'amour, le ciel se retire. L'homme est prêt pour l'Anti-Christ !

Le drame du jardin d’Éden se rejoue avec le serpent glissant,

Avec l'hydre à sept têtes se mariant désormais à la tête humaine.

Vous perdrez l'essentiel, la liberté éteinte pour un seul mot hurlant,

Sans jamais voir du cœur torrentiel, le sang nourrissant nos veines.

Chronos, j'en appelle à Éther pour que Thanatos recule !

Hypérion, regarde Éos et Séléné pour que Thémis flanche !

Prométhée ombre Persès et Pallas pour que Ménétios, point ne circule !

Qu'Aléthéia et Arété soient au siècle du Dieu Fils, lumière franche !

 

IV

 

Le monde était couché aux pieds de la liberté.

La liberté était levée aux regards du monde.

Les pas silencieux arpentaient le bitume hébété.

Les bras brandissaient des écriteaux sur la rotonde.

La foule a montré sa peur et la peur a appelé la peur,

La peur résonne dans Europa qui ne se reconnaît plus.

Europa a vu la peur comme fertile élément agitateur.

La peur s'est levée et la peur a ceint l'esprit en son jus.

La France a vu l'horreur et de l'horreur, s'est armée.

Les nations d'Europa ont vu s'étioler la blanche marguerite

Et la marguerite s'est transformée en tulipe noire, affamée.

À nos pieds foulés, le pas indéterminé, la raison s'est écrite,

Vacillant sur ses vagues. Le bitume a tremblé et a pleuré.

La grande marche a montré sa volonté de paix,

Tout à la fois son agonie face à l'horreur qui a germé.

Le millénaire a commencé à récolter ses adeptes sans paix ;

Tel « la guerre de tous contre tous » sans arpège, ni symphonie.

 

Avons-nous vu d'Europa les sanglots qu'Europa est nouvelle.

Zeus mort s'est réveillé, proclamant à nouveau l'enlèvement ;

Déguisé sous la forme du taureau, il a appelé le viol de la belle.

Europa, ma sœur, ma procréée, ma mère, mon monument,

Ma raison, ma liberté, qu'as-tu fais de ton drapeau cueilli ?

À la chapelle de la rue du Bac, tu avais dévoué ta mission.

La vierge Marie, pour tout avenir, était devenue ton élan de vie.

Europa, mère des filles aux cœurs purs, aux corps de dévotion,

Où sont parti tes rêves d'humanisation de la terre, toi, mon lys !

As-tu sombré que plus personne ne te voit sous le bel horizon

Que chacun a pensé bleu sous tes étoiles brillantes données à Isis,

Quand Osiris de son morcellement aura enfin quitté sa prison ?

Dans le bruit, les douleurs gémissent et pleurent sur ton retour.

Quand viendras-tu, au clair des soleils de minuit, nous rassurer,

Nos consciences pleines d'avoir su apprendre le doux mot amour ?

Tout s'effondrerait-il loin de ton regard aux rayons cuivrés ?

 

Toi, Europa, au miroitement d'ailes d'yeux éclairés, espères.

Tu quémandes de nos supplices la saine raison à nos entendements.

Enfant du monde, je pleure dans tes yeux qui m'émancipèrent.

Mon désarroi est vaste quand tout s'effondre de rêves insouciants.

Me relèverai-je de ta peine que j'ai pris en mon regard effondré ?

Me prendras-tu sur ton sein, m'allaitant d'aile d'ange sur ton autel ?

Serai-je pour toi, Europa, fidèle amie à ta rose quand le chaos viendra ?

Et de ton lait coulant sur mes lèvres, tu me montres ton voile immortel.

 

V

 

Et... le temps a continué de se souiller, avide de ses gains

Que rien, ni personne du peuple n'a souhaité de levain.

La conscience amère et sourde face au labeur des petites gens,

Ouvriers ayant tout rêvé, en voulant tout saisir, ont cru à l'argent.

Etait-il sage de tout vouloir, confort et tous biens, soupirants,

Sans penser à l'Hydre que nos désirs créaient de maux rampants,

Multipliant ses têtes hideuses, têtes rougeoyantes de feu

Que le feu a rendu invisibles, que l'appât a créé de mille adieux !

Fous desseins rendus au destin de Mamon régnant en maître de rage

Et qu'hommes encore ignorent, quémandant toujours davantage.

Ah ! la peur de manquer, manquer de quoi, quand, pour qui ?

Voulant chaque jour le beau et le futile qu'engrangent les vies,

Que pensées désertent à la lumière des vertus, la vérité pensante

Que personne n'a demandée, tellement persuadé de l'autorité tapante !

 

Oh ! hydre aux neuf têtes invincibles qu' Héraclès a tuées,

Pourtant enlisées au creux du marais de Lerne, sous le rocher,

A-t-il fallu que sa tête d'or ne soit pas morte sous la flèche

Que Lolaos avait tirée, extirpant le mal aux heures fraîches,

Cautérisant ses moignons sous les bobèches des brandons

Qu' Éole attisait de son puissant souffle pour que vive Cupidon,

Que Romains rendaient à Éros afin que l'amour, toujours,

Soit de tous les temps le rêve des hommes, seulement l'amour !

 

La tête de l'Hydre s'est réveillée, les siècles passants, croissant

Chaque nuit au marais, malgré le conseil avisé de Thésée au levant.

Les hommes ne l'ont pas vue revenir, ni n'ont cru que c'était elle

L'hideuse instigatrice des désirs convoités ! Tout avoir d'elle !

La bête a crée le superflu et avec le superflu, l'argent virtuel

Qui tout permet, tout offre, tout ensevelit, tout avilit, cruelle !

Car elle est cruelle dans son invisibilité, l'Hydre des cauchemars !

De rien elle ne fait cas et dirige de ses entrailles par milliards,

Le monde et les hommes devenus fous à force de tout vouloir.

Tout prendre, ne laisser aucune miette aux oiseaux affamés, le soir !

Préférant pleurer la pauvreté plutôt que de venir à son aide

Avec mânes de cœurs bien pensants, riche d'intentions laides

Qui point ne se disent, arguant de tant de mots affriolants de civilité

Qui ne signifient rien dans l'horreur des neuf têtes d'incivilité !

 

Ne vous offusquez pas si je nous remets à nos places,

Préférant la lumière à l'ombre de la bête qui clame son palace

Pour toute pensée en haut de la falaise que le bien récuse !

Vous n'en pensez rien, et préférez l'apologie du mal à celle qui accuse,

Parce que l'Hydre se nourrit aussi de ces fallacieuses avancées !

Elle n'avance plus, elle galope, rasant le berceau ancestral Grec

Qui fut son hyménée et son tombeau, son pouvoir à coup de becs,

Les griffes acérées de ses corbeaux noirs au bleu ombré effacé !

A-t-on jamais vu de mémoire humaine plus rampante ombre enlacée

Que celle qui avance sans bruit, creusant le ravin pour tout lit,

Que pauvres s'arrachent, que riches offrent aux ravins des taillis !

Non ! Ne riez pas, ne souriez pas de tout avoir pendant qu'encore

Tout avez de ses mains car de sa volonté, bientôt elle nous fera or,

Qui tout couronne sans vergogne, nous reprenant tout, riant de nous.

Triste dédale que le minotaure admire sous le caillou !

A-t-on jamais vu plus grand serpent avançant d'orbes si amples

Que se profile déjà la guerre, que Grèce et ses temples

Voudraient éloigner du feu germain renaissant aussi de ses cendres.

Pour que jamais Europa n'appelle à son secours le bel Alexandre.

 

Des hommes de conscience, je vois un combat monstrueux

Terrassant à nouveau l'Hydre ogresse dont les têtes aux mille yeux

Enlacent les pensées endormies des hommes sans volontés, enflés

De tant d'orgueil que conscience aide Europa à se relever des cris persiflés !

Nephtys nous attend et à Isis confie ce chaos

Pour que nous voyons Europa retrouver Osiris sous Kronos.

 

VI

 

La bête a frappé, l'arme lourde au poing, le regard vide.

Sans sentiment, mue par les drogues de l'anéantissement.

Elle a crié au monde sans dire un mot, son fiel , bruyamment,

Sa volonté de tout anéantir d'une rafale de salves impavide.

À la force du démon qui, réjoui, témoigna de sa haine,

Mettant en joue le genre humain au théâtre de sa vie,

Au grand refus de l'humain détruit comme il le fut à Varsovie,

L'instant d'un feu nourri, il redessina l'agonie macchabéenne.

 

Nul ne détruit le Temple sans échapper au feu de la géhenne !

Mais à quelle géhenne croyaient-ils quand une balle siffle

Et que tant de corps s'affaissent sur le pavé à coup de rifles ?

Faut-il penser à contre courant pour croire que l'abîme est plaine

Pour les hommes porteurs d'armes à la main ! Ainsi pense Satan

Quand il espère prendre du monde son Humanité !

Tromper la pensée sous le masque qui avance, auto-créé,

Sans vérité si ce n'est sa haine rampante dans le temps !

 

Avais-je prévenu, que la ligne est restée sourde,

Mais que peut l'évidence quand tout est en place à Beauveau ?

Ne jetez jamais de pain sans, avant, penser aux oiseaux !

L'oiseau peut piquer de son bec la cornée si elle est esgourde.. !

 

Les fleurs ont fleuri les asphaltes pendant que démons riaient ;

Les flammes de vie pleuraient la mort rusée qui tout engloutit

Quand mourir relève de la trahison voulue par ses cornes de prophétie.

Les fleurs ont vu sur le bitume le genre humain qui pleurait.

S'il fallait chasser la haine, ne le faite qu'avec amour,

Car seul l'amour est son amie pour toute expiation,

Car veut-elle dévorer la beauté du soleil en communion

Mais jamais ne croyez que la haine se veut l'amie de l'amour !

 

À l'heure du temps qui égrène ses heures d'envergure

Pour ramasser qui de foi, qui de véhémence, qui de furie,

Voyez comme l'esprit humain nous veut de conscience à la vie

Quand son voile noir se pose silencieusement sur la torture !

De Belgique ou de France à Paris, de Syrie ou d'Ukraine,

Nul pays ne fabrique ses combattants sans l’œil avisé des fous

Qui prépare le terrain des dépendances à son combat vaudou.

Liberté, tu es combat ; guerre tu es massacre ! Qui est souveraine ?

Les familles ont sangloté de colère, d'abandon des patries éloquentes,

Quand mettre en terre le sang versé des amours tristement inachevés

Les a laissées sans cœur qui se répand, sans cœur livré à leur chevet !

Ainsi est la mort dans les luttes armées sans feuille d'acanthe !

Les eut-elle griffé aux visages, nymphe des rebellions

Qu' Apollon encore attend ses fils chevauchant le soleil

Réclamant l'ordre, la raison, la clarté et la sagesse de l'abeille

Au fronton du peuple silencieux qui pense au retour des Bourbons !

 

Le temps n'en finit pas de s'oublier sur ses drames

Car le temps aime s'oublier, reprenant son chemin,

Oublieux des tragédies qu'il vécut, le confort comme matin,

Et morts éternisent leur plainte sur le sang versé des larmes !

Achlys aime la mort, aidée d'Arès, elle rampe,

Avec sa sœur Até, persévère à égarer migrants et pèlerins

Qui loin de leurs rêves ignorent tout d'Atlas portant sur ses reins

Le monde de génocides qu'il n'a pas même voulu d'estampes !

 

VII

 

Quel siècle avons-nous esquissé !

Quelle millénaire avons-nous amorcé !

Sommes-nous si assurés que nous dépeçons la vie

Jusqu'aux entrailles des chemins que l'homme trahit ?

Faut-il de l'assurance fourbe pour tout avaler

Des arrogances qui se regardent fières de morfaler !

 

Faut-il que l'individualisme exacerbé crache venin

Et vomisse le genre humain, croyant qu'il est malsain ?

Faut-il que la haine nombriliste l'emporte sur l'Amour

Sans que nous n'ayons crié gare à ce tue-l'amour

Et que la parole lapidaire avance à pas de géant

Massacrant la vérité qui jamais ne peut être de néant ?

 

Que présager quand l'orgueil affabule son être,

Terrifiant le simple et le humble en petit maître,

Qui voudrait donner, de sa froideur, la lie des malins

Qu'au vent des affres tout espère des vilains ?

Faut-il vivre de ces suffisances carnassières

Quand le millénaire se targue d'avancées meurtrières ?

 

Faut-il toujours encenser pour mériter la gloire

Et hurler sur son frère pour écraser sa mémoire ?

Faut-il se nourrir du mensonge pour être beau

Et au temps qui dévore boire les mots des corbeaux ?

Que dire des volontés acharnées à trucider la beauté

Pour hisser la laideur au rang de la souveraineté ?

 

Ainsi va le siècle s'engouffrant dans le millénaire

Que Kairos aime d'opportunités, que Chronos erre !

Désormais, l'individu choisit d'ores et déjà sa part d'ombre

Sans que sa lumière n'anime sa volonté dans les décombres.

Les ténèbres grandissent et nul ne voit son âme se ternir

Sous l'influence du millénaire en marche que veut l'avenir.

 

Faut-il qu'Anubis envahisse la porte des trépassés

Qui avec effroi découvrent enfin leur cœur angoissé

Pour que Aton enfin éclaire le seuil pour Son éternité ?

D'Aton, le grand soleil qui est lumière et principe de vérité

Que ne voyons-nous pas Seth voulant dévorer les fils de la déité !

Faut-il crier sans fin que Sobek les espère de fatuité ?

 

Faut-il des hommes de peu d'entendement en ce siècle

Pour qu'endormis, ils errent sans lassitude, loin de Thècle ?

Faut-il de l'indignation devant la versatilité humaine

Quand le soleil chaque matin nous aime de sa veine

Nous ne voyons pas le sang royal s'épandre sur nos têtes frileuses !

Dante, a-t-il crié dans le vide les heures bienheureuses ?

 

VIII

 

Obscur est l'amour de l'homme pour l'enfer

Quand, des fables que les patries écrivent dans le fer,

Ils ne perçoivent pas les ombres rampantes d'ardeur,

Et que des ombres ils trouvent beau la laideur !

Comment se glorifier des modernités incantatoires

Quand femmes s'affublent des couleurs grise et noire

Et que plus aucune splendeur ne les habille de couleurs ?

Qu'hommes sont femmes les traits maquillés sans douleur,

Et que femmes sont hommes, sans volonté d'être nymphe !

Tous objets de leur mirages forts des leurres de leur lymphe !

 

Obscur est l'amour de l'homme pour la bassesse et l'adieu,

Comme à Sodome et Gomorrhe, que le doigt levé de Dieu

N'a pas empêché l'abolition ferme des horreurs,

Que Priape a érigé tel un avertissement du malheur,

Qu'Aphrodite a renié pour l'étalement de ses charmes.

Fixer le drame de ce que nous édifions dans le vacarme !

 

Le siècle en marche bêtifie l'homme que l'homme encourage,

Acquiesce l'abolition d'Europa, acquiesce d’Élysée la page.

Quand à ses champs, nul ne sait plus qu'ils sont limbes,

Demeure de leurs dieux qu’Hadès adore et rien n'y regimbe !

On l'a dit île des bienheureux . On l'a dit champ de fortune.

Et Neptune des océans aux confins de ses bordures importune !

Elle, la déesse Élysée, qui du trône des dieux éloigne le sage,

Malgré l'apparence d'une idylle bienfaisante, grime ses visages.

 

Ainsi en est-il du siècle en marche que la Lumière élit mature

Pour qu'entre tous les dieux, les hommes apprennent Sa nature.

 

Les dieux sont morts, et vit la Lumière en la vérité

Que les aurores témoignent chaque jour en Christ aux levers,

Qui, tout, espère de couleurs nobles, de liberté et de sagesse.

Que la connaissance enlève du voile des cécités pour notre noblesse,

À nos cœurs sourds et nos yeux malvoyants, à nos oreilles inaudibles

Et nos esprits bien nés, endormis au faîte des espoirs invincibles.

 

IX

 

Ils ont dit, ont crié toute leur volonté de paix,

Sur les trottoirs ont hurlé leur appel de pacification,

Dans la foule, ils ont tous rêvé d'un monde meilleur,

L'ont proclamé à voix haute, assurés de cette frondaison ;

« Nous voulons être libre, vivre de concorde,

Et encore témoigner de la paix dans le monde,

Taisant : « Tout en espérant vivre la pendaison des malotrus. »

Satisfaits de croire en leur pensée noble,

Les bonnes gens rêvaient de voir les cordes danser.

 

« Pas d'amour si le malotru se promène en vie !

Tuons ! Tuons !  Tuons celui qui tue ! » dirent-ils

Persuadés que la sentence des gibets est amour !

« Retournons à la peine de mort qu'Hugo a combattu,

Nous n'aimons pas Hugo pour ses combats

Quand bien même nous proclamons qu'il est la liberté !

Maltraitons toujours celui qui maltraite

Car c'est de cette gloire immense que coule la vie ! »

Croient-ils, avachis dans leur sofa bien souple !

Ils ont crié la liberté en condamnant le monde

Pis que cela, en décidant, tels des dieux, de la mort !

 

Aime-t-on lorsqu'on hurle fort à la liberté,

La supprimant sous renfort de décrets en abondance ?

Personne ne crie plus dans la rue, sur les asphaltes

Quant la liberté est pendue au bout d'une corde !

 

Aime-t-on quand la volonté de vengeance

Anime la pensée comme le mal qui a assassiné ?

Peut-on avoir la gorge nouée de plaisir

À voir se balancer au bout d'une corde une tête difforme

Sans avoir fait un procès équitable à l'erreur ?

 

Ils parlent tous de paix, la sincérité active,

La volonté de mort en bandoulière, semblables,

Si semblables à ceux qu'ils condamnent !

Les dit-on bons qu'ils applaudissent l'adjectif,

Aimant la flatterie plus que l'amour dont ils parlent,

Ignorants l'Humanité en marche que le siècle attend.

Le temps les façonne à sa mesure entre compas

Et règles informes dont nul ne voit la ligne angulaire,

Au lieu de la rectitude du trait. Le serpent contre la lumière !

La destruction du bien pour l'installation du mal !

 

Non ! Ne croyez jamais que la vengeance

Est des meilleurs plats, et pensez que savourer un mets

Relève de l'éducation du goût. Tout se rééduque !

Répondre au mal par le mal aggrave le mal,

Éduquer est une lumière qu'il nous faut vouloir !

 

Si dans les prisons, nous obligions à repenser les actes

Plutôt que d'affaiblir en consentant l'inertie,

Si dans les cellules, nous pensions le bien

Comme ferment de l'humanité,

Ne serait-il pas plus juste d'aimer son semblable ?

 

Le mal alimente le mal et point n'est prêt à disparaître

Si penser que la vengeance est le remède !

Je ne veux pas de cette pensée qui argumente

Que l'orgueil rétablit toute justice !

Croyez-vous que Métis, déesse de la ruse,

Est à la vérité la sombre ténèbre

Tendant ses doigts crochus à Janus ?

Sombres portes larges ouvertes en temps de guerre,

Ses portes fermées en temps de paix !

Le temps des choix habite les âmes,

l'Humanité déjà se scinde en deux !

 

Vous qui appelez à l'amour, le pensez de priorité,

Pourquoi appelez-vous à la haine

Chaque fois qu'un pendu se ballade au bout d'une corde ?

Satisfaits de cette danse, ne perdez-vous pas votre humanité

Quand votre âme s'assombrit de ce désordre ?

 

Si nous voulons des fleurs belles en nos prairies

Ne devons-nous pas semer leurs graines en terre saine ?

Si nous voulons des arbres forts en nos villes,

Ne devons-nous pas tailler les faibles branches

Sans déraciner l'arbre ?

 

À vouloir supprimer le mal, nous lui donnons force !

À vouloir le reconnaître comme ferment du bien,

Nous donnons de la prestance à l'Amour.

Là est la différence !

Qu'un homme ait voulu être reconnu par ses actes pervertis

Ne signifie-t-il pas qu'il ait été mal-aimé

Par un des maillons que fait la société et la famille,

Le fils par le père,

La fille par la mère,

L'enfant par l'enseignant surmené,

L'adolescent par la société détériorée,

L'adulte par la civilisation décadente ?

Qui est l'assassin ?

Le père, la mère, la société, la civilisation ?

Aucun ! Seule la cécité choisie engendre

 

X

 

Le siècle n'a pas formulé son dernier mot,

Acharné à défaire ses lois, pris de frénésie, devenu sot !

Je regarde chaque jour la vie transformer ses édits,

Et pleure mon âme face à ces volontés écrites en leur lit !

Thémis souffre ; Thémis regarde sa justice périr,

Que plus rien ne semble pouvoir secourir.

Comment souffre-t-elle de tant d'ignominies

Qu'elle ne dit, hurlant peut-être l'infamie

Qu'elle regarde de haut, d'en haut, triste en cette bise ?

Les Parques, dans les jupons de leur mère, gisent,

Regardant les destinées humaines se courber,

Pliant l'échine face à l'inéluctable chemin souillé.

 

Rien ne se fait au grand jour sans que l’en-haut n'agisse

Pour qu'hommes ouvrent leur conscience face à l'abysse.

Un mouton n'est pas un agneau, et l'agneau regarde,

Fort de sa décision, puisqu'il faut aux hommes hagards,

Le malheur, pour le voir en son éveil en ses heures blêmes !

Forces noires se révèlent au grand jour

Et nul ne comprend ce qu'elles sont de labour.

La terre hurle son désarroi car il faut des hommes

Pour que terre fleurisse d'amour et de cléomes.

Les aethers souffrent ; les êtres élémentaires s'agitent,

Ignorant qui, d'eux ou des hommes, sera faillite,

Prendra le sanctuaire, élèvera le dôme d'or ou de fer.

C'est l'infernale demeure révélant sa sphère,

Chorégraphie sa valse macabre pour l'ignorance.

De France ou d'ailleurs, l'ombre rampe.

Gens s'éveillent, mais sans vraie lampe

Se terrent dans leur confort ; agir est difficile.

Penser est tâche ardue, et peuples sont des bacilles

Attaquant leur propre immunité d'un vaccin de plomb.

 

Faudra-t-il des jours pour qu'hommes cessent de rêver,

Prenant en mains leur destinée que l'agneau a gravée ?

Faudra-t-il des siècles pour que courtes-vues réagissent,

Et enfin se révèlent agissantes à la vertu du calice ?

 

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