Béatrice Lukomski-Joly


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Préambule au "sentier"

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Le sentier est l'histoire d'une initiation par l'épreuve subie. Ces épreuves sont croissantes.

Le début est lent, presque monotone, car le sentier se mérite. Ne peut continuer sur le sentier que celui qui ne se laisse pas envahir par la monotonie du quotidien, ne partant de rien pour aller vers rien. Le sentier est le chemin ardu de ceux qui veulent savoir ce qu'est la vie, et ce qu'elle enseigne dans ses épreuves, d'où l'extrême lenteur du début du récit, avec quelques rares rencontres utiles qui, d'emblée, lui feront se poser quelques questions qui semblent sans importance, mais qui s’avéreront indispensables par le fait de l'observation.

Le narrateur demande régulièrement au lecteur s'il veut suivre le chemin ou s'arrêter là ! Que le lecteur s'arrête en chemin, qu'importe ! car le néophyte va aller croissant sur son sentier et y rencontrer foule d'amis qui sont des pierres, des fleurs, des falaises, des hommes dont la laideur et la méchanceté est sans bornes, des êtres angéliques, et l'Homme qui apparaît à la fin du récit dans la plus belle des élévations. Cependant, le narrateur a, à cœur, de vous emmener avec lui affronter la laideur du monde pour y découvrir ce qu'elle révèle de beauté, car tout mal cache un bien.

Tout le long du sentier apparaît, en même temps qu'un être angélique, un serpent qui veut le détourner du chemin, l'attaque, ou lui fait moult éloges, espérant le déstabiliser, lui faisant miroiter la beauté de la lune noire pour délaisser la puissance du soleil, source de toute vie et de toute initiation.

Le promeneur en quête de vérité est Jean Christophoros de Lebenkreutz...

Nul ne s'attend à la fin du récit. Elle n'est pas ce que le lecteur attend, car le serpent se dresse encore et encore. Et cependant le sentier s'achève dans toute sa splendeur...mais chut !

Un poème clôture chaque chapitre.

 

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"La grande marche" de "Tannhäuser" de R.Wagner

Ma mère

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

Tableau d'Edouard Munch  https://fr.wikipedia.org/wiki/Edvard_Munch

 

Comme un jour s'achevant en plein midi,

Aux rides du temps ardent, tout à la fois engourdi,

Ma mère s'est levée d'âges, forte de courage,

Sans que les ans, jamais, ne la découragent.

 

Des années envolées, sans les avoir vues passer,

Elle a tellement pleuré, pourtant jamais lassée,

Tellement souri aussi, dans les larmes a tant œuvré

Sans que sa vie ne la plie, pourtant souvent navrée .

 

Plus forte que le chêne qui au vent se balance,

Que tous les rocs envient de solide résistance,

Elle va le cœur empli de souvenirs d'amour,

Riches d'éclats d'étoiles en plein jour.

 

Défiant le souple roseau aux étangs ballottés

Que rien des douleurs n'a ébranlé, ni affecté,

Que rien n'a plié, elle va le cœur au lointain,

Riche de ses chérubins aux jours incertains.

 

Parfois âprement meurtrie et aussi effondrée,

Parfois ancrée à l'heure des mémoires poudrées,

Jamais elle ne voit l'affût du vieillir qui tout envole

Que ses gestes encore alertes imitent des rossignols.

 

Quand de ses beaux yeux sans belles rides

Que jamais elle n'a fardés d'ombres, ni de vides,

Je vois tout l'amour promis au temps achevé

Que son âme noble a consacré de beaux levers.

 

Je plie à genoux déposés, l'âme toute froissée,

Quand l'idée me vient qu'elle peut nous laisser.

A-t-on idée de vieillir sans avoir tout dit de la mort

Et surtout de n'avoir que peu vu tous ses efforts ?

 

Quand je regarde les nuages blancs en balade,

Balayant tous nos ciels gris en promenade,

C'est d'amertume lourde que je la vois vieille

Sans que le temps ne m'ait montré ses merveilles.

 

Est-il trop tard pour honorer ses gestes de reine

Et encore pour élever le gland de l'imposant chêne

Qu'au fil des mousses des dimanches à nos rêves,

Elle a orné de ses bras nos visages à sa relève ?

 

Ô ! petite mère grande ! si majestueuse stature !

Jamais chêne ne fut plus sauvage, ni droiture,

Ni de force inégalée devant les mornes adversités

Qu'aux tempêtes des ans, elle s'est forgée de liberté !

 

 

Gertrude Stein, Alice Toklas et Rose d'Aiguy

Rédigé par béatrice Lukomski-Joly Aucun commentaire

"Gertude Stein" par Pablo Picasso

Ayant habité dans la région du Bugey de 1983 à 1991, j'ai, là, rencontré la mémoire d'un grand écrivain, que la France a reconnu de son vivant, sans avoir travaillé son souvenir au frontispice de ses grands artistes :

Gertrude Stein

" Rose is a rose is a rose is a rose is a rose..."

Rencontrer la mémoire de cette femme qui fut l'amie de Picasso, Jean Cocteau, Matisse, Sergey Prokovief (père), Cézanne, Aragon parmi les artistes de son époque, qui écrivit « Le monde est rond » - conte poétique et philosophique - allait être pour moi un des écrivains incontournables qu'il nous faut absolument lire.

 

 

Rencontrer Gertrude Stein ne se réalisa pas dans une première rencontre avec un de ses livres, mais par le biais de rencontres de personnes qui l'ont connue de son vivant, et d'une rencontre qui ne fut pas des moindres : Rose d'Aiguy pour laquelle Gertrude Stein écrivit « Le monde est rond », et dont le très célèbre vers « Rose is a rose is a rose is a rose à l'infini »,  aujourd'hui "cuisiné à toutes les sauces", sans qu'on n'attribue ce célèbre vers dédié à cette petite fille de 9 ans, a estampillé sa vie d'écrivain-poète dans le Bugey, dans cet autre livre « Sacred Emily ».

J'avais 26 ans en 1985  lorsque Isabelle Didier, critique littéraire du groupe Hersant en résidence à Belley, me présenta Rose d'Aiguy, car tellement en adéquation avec ma poésie, qu'elle pensait que je pouvais être mise en relation avec Rose, la petite fille qui avait tant ému Gertrud Stein, âgée d'environ 55 ans lorsque je la rencontrai en son château de Béon, proche de Culoz.

Je rencontrai alors trois fois Rose d'Aiguy :

  • Rose venue acheter mon livre « Âmes amères » lors d'une journée signature à Belley. J'avais 26 ans. 
  • Rose lors d'un vernissage peinture
  • Rose lors d'un mariage d'amis commun en son château de Béon.

 

Le château de Béon

 

Rose d'Aiguy, enfant à l'âge de neuf ans.

 

D'une timidité inouïe à l'époque, j'avais peu osé parler avec Rose, alors qu'elle tentait moult approches. Je me souviens, cependant, qu'elle me dit que nous étions semblables, et pointant un de ses tableaux accrochés au mur de sa cuisine, une colombe bleue sur un ciel bleu qu'elle avait peint, elle me demanda ce que j'en pensais. Je lui répondis : « Le vent souffle où il veut et tu en entends le bruit mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va.... ». Elle acheva ma phrase

"...Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit."

 

Je la regardai dans les yeux, lui souriant d'un sourire amical de connivence.

Elle me dit encore : « Nous ne nous reverrons pas, Béatrice, et l'esprit étant réincarnation nous nous reverrons... » pourquoi cette sentence ? J'ignorais qu'elle était malade.

J'inclinai la tête, pour la saluer, en guise d'approbation, et de profond respect. Elle savait déjà que la personne avec qui je vivais m'empêcherait de la revoir, lui, estimant que nous étions aussi « folles » l'une que l'autre, avec des pensées pareilles ! ( Annotations personnelles rédigées à l'époque sur mes rencontres avec Rose D'Aiguy  ).

Rose est restée ancrée en mon âme comme un souvenir n'ayant pas vieilli, flottant dans mon aura consciente qui la ramène souvent. Rose est morte deux ans après notre troisième rencontre. Rose d'Aiguy na pas eu le temps de lire ma pièce «  le Génie » qu'Isabelle Didier a continué de porter haut en article journalistique.

Elle m'avait légué cette autre mémoire, celle de Gertrude Stein et d'Alice Toklas par une autre amie commune : Isabelle Roux qui travaillait sur les mémoires de Gertrude Stein dans le Bugey.

 

 

Qui était cette Gertrude qui avait adoré Rose d'Aiguy au point de lui écrire un conte et de voir un de ses vers devenir le vers le plus connu et le plus emblématique de la poésie ?

Rose n'était pas une fleur... elle était Rose, cette petite fille du village, née D'aiguy-Pierlot de la baronnie Pierlot. Cette Rose que j'ai connue et dont je n'ai pas même de photos.

 

 

Gertrude Stein, naît en Pennsylvanie aux États Unis en 1874 et vient s'installer en France à l'âge de 20 ans. Elle vivra dans notre pays la plus grande partie de sa vie. Elle s'installera principalement dans la région du Bugey, à Belley, Billignin précisément, puis Culoz et Béon. Bien qu'américaine, et ayant vécu à Londres, en Suisse, en Autriche et en Italie, c'est la France qu'elle choisit comme patrie durant trente ans et pour toute culture qu'elle considère comme unique au monde. Pour elle, c'est la France qui est la patrie des artistes, quelque soit leur pays d'origine. C'est à Paris que les artistes se rencontrent. C'est la France qui est la mamelle de l'art. A-t-elle raison ? C'est ce que Gertrude Stein pense.

 

 

Getrude Stein à Virignin Bugey

 

A Belley, cette toute petite ville de l'Ain dans les monts les plus hauts de la chaîne de montagne du Jura, se rencontre toute une intelligentsia Picasso, Daniel-Rops, Paul Claudel, André Breton, Pavel Tchelitchew, Francis Rose, William Cook, Élisabeth de Gramont, Nathalie Barney, Henri Robinson, Luce et Clare Luce, Balthus, Cecil Beaton, Paul Bowles, René Tavernier, Pierre Balmain, Hemingway, Aragon etc.

Hemingway dira de cette génération d'artistes qu'ils sont la "génération perdue", termes que Gertrude Stein s'approprie.

Il faut dire qu'à l'époque, Belley est proche de trente kilomètres de la station sanatoriale d'Hauteville-Lompnes ( prononcez Lompnes en Lônes) et qu'un grand nombre d'artistes se soigne dans les sanatoriums d'Hauteville. Nous savons, tous, que la maladie que fut la tuberculose ou phtisie, dite encore peste blanche au dix-neuvième et début du vingtième siècle, était reconnue comme faisant partie de la personnalité romantique artistique, car presque tous atteint du « mal de vivre » ou spleen profond.

 

Le Modern Hotel à hauteville Lompnes Ain Bugey

https://tuberculosejeanbaptistesay.wordpress.com/2013/02/02/la-phti...

De nombreux artistes, poètes-écrivains essentiellement se soignent sur le plateau bugiste d'Hauteville Lompnes, quand ce n'est pas le plateau d'Assy en Haute Savoie, à quelques 100 kilomètres de là, où un grand nombre d'artistes séjournera également. Il est donc tout naturel que Gertrud Stein se fasse l'hôte des artistes atteints de la maladie, tout en étant avec ses deux frères, venus vivre également à Paris, les mécènes de Picasso, de Cézanne, de Matisse. Gertrude Stein entretiendra une relation étroite avec Picasso dont celui-ci dira d'elle dans la grande amitié qui les noue ce jugement sans équivoque : « Miss Stein était antipathique, excentrique, méchante, intelligente, pleine d'humour libre et franchement laide. » Picasso ira si loin dans le sarcasme qu'elle aurait pu en être blessée, mais ne le fut jamais, se satisfaisant de sa seule gloire d'avoir mis un peintre au monde : Picasso. 

Picasso dira que c'était de l'humour, mais le sarcasme est-il humour ? Elle, elle se fichait de ce qu'il disait d'elle, tellement heureuse d'avoir mis un génie de la peinture au monde. Est-ce parce que ce fut elle et pas un autre qui le plaça comme phare de la peinture qu'il l'agressa verbalement avec tant de véhémence, malgré des décennies d'amitié ? La mémoire des habitants du Bugey ont rédigé un tout autre portrait de cette femme ouverte, toujours à recevoir et prête à aider. Mâchait-elle ses mots ? Non ! Entière ! l'attribut de méchante où d'antipathique ne peut que convenir qu'à ceux qui se sentent offensés dès lors qu'il y a de la franchise. C'est ainsi que Rose me l'a décrivit, et il faut dire que Rose avait beaucoup pris de la personnalité de cette Gertrude qu'elle admirait au point de lui ressembler.

Peinte par Christian Bérard, Marie Laurencin, Francis Picabia, Pablo Picasso, Tal Coat, Félix Vallotton, sculptée par Jo Davidson, Jacques Lipschitz, photographiée par Cecil Beaton, Carl Van Vechten, Man Ray, habillée par Pierre Balmain et Alice Toklas (sa compagne et amante)( nous reviendrons sur Alice Toklas ), mise en musique par Léonard Bernstein, Paul Bowles, Al Carminé, Ned Rorem, Virgil Thomson...tous les artistes de sa période de vie, citée par tous et lue par si peu de gens, telle est la fatalité de Gertrude Stein, cette grande inconnue d'aujourd'hui dont il se disait que la lecture était âpre et que pourtant les éditeurs ne voulaient pas voir publier ailleurs que chez eux. C'est que Gertrude Stein est d'une écriture avant-gardiste qui n'a pas encore révélé tout son mystère. Elle sera classifiée dans le mouvement surréaliste mais l'était-elle ?

 

 

Elle écrira dans ses mémoires :

 

« […] Je rentrais à Paris, après ces longues années passées dans une petite campagne, et j'ai eu besoin d'un jeune peintre, un jeune peintre qui m'éveillerait. Paris était merveilleux, mais où était le jeune peintre ? Je regardais partout : mes contemporains et leurs suivants jusqu'au dernier. Je me suis promenée beaucoup, j'ai regardé partout, dans toutes les boutiques de peinture, mais le jeune peintre n'y était pas. […] Pas un jeune peintre ! Un jour, au tournant d'une rue, dans une de ces petites rues de mon quartier, j'ai vu un homme faisant de la peinture. Je le regarde, lui et son tableau, comme je regarde toujours ceux qui font quelque chose, et j'étais émue. Oui, un jeune peintre ! Nous commençons à parler […]. Son histoire était la triste histoire des jeunes de notre temps. Un jeune Espagnol qui étudiait aux Beaux-Arts à Barcelone : la guerre civile, exil, camp de concentration, évasion, Gestapo, encore prison, encore évasion… Huit ans perdus ! S'ils étaient perdus, qui sait ? Et maintenant un peu de misère, mais quand même la peinture. Pourquoi ai-je trouvé que c'était lui le jeune peintre, pourquoi ? Je suis allée voir ses dessins, sa peinture : nous parlons. […] Et maintenant voilà, je trouve un jeune peintre qui ne suit pas la tendance […] C'est Francisco Riba Rovira. »

 

https://www.franceculture.fr/peinture/gertrude-stein-laudacieuse

 

Féministe sans ambiguité et acceptée par tous pour sa différence -elle était lesbienne- aurait-elle aidé Camille Claudel si elle avait su ce que Paul Claudel, avait fait à sa soeur  ? Elle  fréquentait l'écrivain , avec assiduité, Paul Claudel venant régulièrement dans le Bugey car il avait une propriété dans le Bugey, non loin de chez elle.

 

Avec Alice Toklas à Paris

 

Elle vit avec Alice Toklas, autre féministe, écrivain américain. Toutes deux sont juives, d'où leur décision de s'installer dans le Bugey pour fuir les persécutions de la seconde guerre mondiale. Pourtant le Bugey ne sera pas exempt des persécutions à l'encontre de la population Juive. Ses forêts immenses, ses montagnes abritent un maquis imposant. Les nourrices d'enfants et les sanatoriums abriteront les mères et enfants juifs sous prétexte de tuberculose flambante par la volonté sans faille de sauver ces enfants. C'estr le docteur Dumarest d'HAUTEVILLE LOMPNES qui assurera ce vaste sauvetage à l'aide des nourrices, des infirmières et des médecins du plateau d'Hauteville.

Ajoutons que Gertrude Stein échappa au camp de la mort sur le "triple crime" dont elle était l'expression aux yeux des nazis – juive, artiste et lesbienne-. Artiste ? Serait-ce là la raison de son écriture jugée énigmatique ?

Gertrude Stein meurt en 1946 d'un cancer de l'estomac et est inhumée au cimetière du Père Lachaise à Paris.

 

lettre de Picasso à Gertrude Stein

Alice Toklas naît en 1877 à San Franscisco , issue d'une famille de la bourgeoisie juive d'origine polonaise, elle s'installe en France à 20 ans, suivant de près le parcours de Gertrude Stein qu'elle rencontre à Paris en 1907 avec laquelle elle fonde un salon des écrivains au 27 rue de Fleurus. Elle était écrivain mémorialiste, journaliste. Elle se convertit au catholicisme sur la fin de sa vie. Elle meurt en 1967 à Paris.

Elle est donc l'épouse de Gertrude Stein.

A lire l'excellent livre écrit par Dominique Saint Pierre originaire de Belley : «  Gertrude Stein, le Bugey, la guerre. »

http://beatrice-lukomski-joly.copyright01.com/

 

Parutions originales ( issu de Wikipédia )

 

  • Dix Portraits, (trad. Georges Hugnet et Virgil Thomson, La Montagne, 1930; Deux Temps Tierce, 1991.

  • Américains d’Amérique, Paris, Stock, 1933 (trad. Bernard Faÿ); 1972.

  • Picasso, (ouvrage écrit en français), Paris, Floury, 1938 ; Paris, Christian Bourgois, 1978; 2006.

  • Paris France, Charlot, 1941.

  • Petits poèmes, pour un livre de lecture, Charlot, 1944.

  • À la recherche d'un jeune peintre, Francisco Riba-Rovira, Paris, Revue Fontaine, n° 42, Paris, 1945, p. 287-288.

  • Autobiographies, Lyon, Confluences, 1945.

  • Brewsie and Willie, Morihien, 1947; Paris, Rivages, 1990.

  • Les Guerres que j’ai vues, Charlot, 1947.

  • Trois vies, Paris, Gallimard, 1954 ; rééd., Paris, Gallimard, 1981, coll. "L’imaginaire".

  • Gertrude Stein, numéro spécial Luna-Park no 4 / [Cahiers du Grif], [Transédition], 1978.

  • Autobiographie d’Alice Toklas, (trad. Bernard Faÿ), Paris, Mazenod, 1965; Paris, Gallimard, 1973; Paris, Gallimard, 1980, coll. "L’imaginaire".

  • Autobiographie de tout le monde, Paris, Le Seuil, 1978.

  • L’Histoire géographique de l’Amérique ou la relation de la nature humaine avec l’esprit humain, Paris, Christian Bourgois, 1978.

  • Ida, (trad. Daniel Mauroc), Paris, Le Seuil, 1978, coll. "Fiction & Cie".

  • Lectures en Amérique, Paris, Christian Bourgois, 1978.

  • Du sang sur le sol de la salle à manger, Paris, Christian Bourgois, 1984.

  • La Terre est ronde, (trad. Marc Dachy), Transédition, 1984.

  • Une pièce circulaire, Traversière, 1985.

  • Q.E.D. Les choses comme elles sont, (trad. Michèle Causse), Paris/Montréal, Vlasta/Remue Ménage, 1986.

  • Interview transatlantique, (trad. Marc Dachy), Transédition, 1987.

  • Le monde est rond, (trad. Françoise Collin et Pierre Taminiaux, Paris, Tierce, 1984 ; Paris, Le Seuil, 1991 ; esperluète éditions (Noville-sur-Mehaigne, Belgique), 2011 (édition bilingue).

  • Poèmes, Textuel, « L’œil du poète », 1999.

  • Strophes en méditation, Romainville, Al Dante, 2005.

  • Tendres Boutons, Caen, Nous, 2005.

  • Flirter au Bon Marché, (trad. Jean Pavans), Paris, Phébus, 2008.

  • Henry James, (précédé de Shakespeare, par Henry James), (trad. Jean Pavans), Paris, Phébus, 2008.

  • Willie est Willie, Noville-sur-Mehaigne, Belgique, L'Esperluète, 2010.

Gertrude Stein a écrit des livrets d'opéra pour le compositeur Virgil Thomson.

 

Merci Rose.

 

(article repris d'un ancien blog à mon nom sur Arts et Lettres Belgique)

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/gertrude-stein-alice-toklas-et-rose-d-aiguy

Gertrude Stein en 1934

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Poème alchimique à la nature et la nature de la femme.

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Tableau "the wind flowers" de John Waterhouse

https://fr.wikipedia.org/wiki/John_William_Waterhouse

 

 

Mozart "symphonie numéro 40"

 

Le vent s'est levé,

Dans l'arbre de la retenue m'a dit :

" Que cherches-tu qui n'est pas là ?

Ne vois-tu pas le vent s'infiltrer aux désirs,

Et aux désirs de la beauté naître le beau,

Quand tu aimes la beauté du désir ?

 

Ne crains point d'aller vers la vie

Ni d'expérimenter le geste !

 

L'Amour est ce qu'il est ;

Il va où il veut, souffle où il veut,

Emplit le temps et l'espace,

Fait du monde un vase,

Des corps des ciboires,

Loin des mondes obscurs.

 

tableau de William  Bouguereau

 

Va libre à toutes tes aspirations,

Car je n'ai enfanté le cœur

Que pour nos besoins,

Que pour mon rayonnement,

Que pour la vertu,

La bonté, le don,

le don de soi,

L'offrande,

Le partage,

La communion.

 

Ne ressens-tu pas l'Amour

Naître de ta poitrine,

Et au ventre se regarder,

Et au sein, palpiter,

Longtemps après

Que le cœur n'ait pensé ?

 

Il existe des Hommes

Qui palpitent du ventre,

Et longtemps après

Du cœur.

 

Heureux, êtes-vous

Quand le cœur

Brille de mille feux

Avant que le ventre

Ne s'enflamme !

 

tableau d'Edouard Burnes Jones

 

Vois la chance d'aimer

Au cœur rayonnant

Et à la rive des femmes

Se reposer l'homme.

 

Ressens le mouvement

Des forces de nos vœux

Et à nos vœux

Devenir notre cœur.

 

Qu'as-tu à craindre ?

Jamais du bois noir

Ne surgira le monstre ;

Tout est achevé ;

Laisse-toi frémir. "

 

L'aurore au vent s'est levée ce matin

Derrière une nuit gorgée de rêves.

 

Qu'avons-nous retenu

Du silence nocturne ?

 

 

Aux soifs nycthémérales,

J'ai caressé les lèvres

Du rien invisible

Et du tout palpable.

De tout l'invisible

Pour le tout palpable.

 

Le souvenir est venu

Du désir de toucher

La peau qui s'approche

Camouflée de soies.

Seule la main a frôlé

L'irrésistible appartenance.

 

C'était hier,

Et encore au printemps.

L'été des forces en expansion s'est éveillé

Et à L'automne crie :

« Tu en es encore là ! "

 

La conscience répond :

 

" Que nul ne plaigne la langueur,

Ni la longueur du temps,

Car à la longueur naît la langueur

Du désir de se vouloir.

 

Il n'est pas bon

De suivre l'air du temps

Dans tous ses mouvements,

Car au temps vite consommé

Meurent les désirs trop vite

Consommés

Que le souffle des patiences

S'investisse dans le non-souffle,

De l 'attente aux attentes renouvelées,

Que ne se dessinerait un tableau

Si des Dieux, naissait le regard

Qui, de la fleur, naît

De l'envie

D'être dessinée,

Et au fruit

D'être croqué !"

 

J'ai senti

Le cœur

Battre,

Se combattre,

En ma poitrine,

Se poser,

Se reposer,

Demander,

Quémander,

Supplier,

Prier.

 

Quant à l'aurore,

Il me surprit de vouloir

à nouveau aimer

La Terre

Pour ce qu'elle est :

 

" Je suis née pour être l'Amour

Et à ton corps

Aux Dieux offrir ma sage Chapelle."

 

Le corps est un temple.

 

Ose-t-elle frapper de ses cordes d'orgue

Que l'on appelle des vaisseaux,

Fantômes peut-être,

La carotide rime sous le cou

le soin de la cariatide qui porte l'émoi.

 

La pluie a épousé l'envie,

Et à la chemise collée,

Fondue à la poitrine trempée,

A dit :

" J'ai vu l'horizon des lointains,

 

Aux voyages abandonnés,

La nuit a épousé le jour,

Et au son des chants d'étoiles,

J'ai vu les rayons fendre l'espace.

 

Une main a coulé le long,

Tout le long de sa nuque,

L'a retenue,

L'a embrassée,

L'a emportée. "

 

La pluie l'a dit aux astres.

Ils ont blêmi,

Peut-être pâli,

Je ne sais plus !

 

 Je ne sais plus

Ce que peut la pluie !

La pluie est timide…

Et aussi téméraire ;

Elle ose l'impossible.

Elle rêve les non-dits,

Les actes silencieux.

 

Je crois qu'elle a des saveurs,

Des parfums et des odeurs,

Des bruits, des silences, des cris.

 

C'est le soleil qui me l'a dit, m'ont raconté

Les forces de l'eau qui ruissellent

Et qui encore roulent.

 

Mes cheveux mouillés en prise avec le vent

Ont tout vu des caresses

À la nuque embellie,

Honorée d'un si beau geste.

 

La nuque a dit à la main :

" J'aime ton geste.

Pourquoi es-tu main ?

Pourquoi Dieu créa la main ?

Et ta nuque ?

Pourquoi s'y est-il arrêté ?"

 

- Pour que le geste des mains qui caressent

Soit une offrande au corps de désir ! »

Dit la main en offrande.

 

Une main, c'est fait pour aimer,

Pour ruisseler d'amour,

Pour offrir un cadeau,

Le geste qui aime

Qui geste la reconnaissance.

 

J'ai envie d'aimer :

Le cœur,

Le mot,

Le verbe,

Le geste

La gravité

La légèreté

Le frémissement,

Le ruissellement,

Le soleil.

 

La pensée des désirs

Au vif de la mobilité du regard

Éclaire les yeux de cette transparence

Étrange que, seule, l'envie dessine.

 

Qui n'a vu le Ciel dans le désir

Ignore tout de sa clarté,

Des Cieux dans son désir

Et du désir dans son Amour !

 

Que l’œil d'amour est élégant

Quand il se vide du terrestre,

Pour épouser son origine

Et des origines, retrouver la virginité

L'Adam originel.

 

J'aime la quintessence  des éclats

Quant à la douceur d'une main

Pavoise le regard de l'étreinte

Et que l'étreinte se sert des corps

Pour se donner impudique

À la mémoire des talents

Que l'art conçoit

Telle une œuvre magistrale

Qui s'achève en un cri de pinceau !

 

Dieu a créé.

 

La couleur aime la toile,

Le rose aux joues,

Le lin de la chemise suinte

Le divan a pâli.

 

Les Dieux ont vu et ont regardé

Sans déconvenue, riant de joie,

Souriant aux vœux

Qui font des jeux, des petites morts.

 

Le jour s'est levé ces matins,

Sur le désir s'est assis,

Comme la mousse épouse la pierre

Pareil au levant des étoiles

Qui s'en vont.

 

J'ai vu les astres sourire

Aux émotions se plaire

Au miroir se dévouer

Aux ombres se cacher.

 

Aux petites morts souvent reçues

 Souvent offertes

Malgré l'odieux viol

En Éden

Qui n'a rien éteint de la virginité

J'ai vu le jour paraître brûlant,

Aux Cieux proclamer :

 

" Rien ne sera impuni

De ce que tu as vécu.

Je garde ta virginité intacte

Au fol amoureux qui viendra

Car il en viendra un,

Murmure l'étoile du nom de Mira ;

Laver la souillure

Réparer l'hymen

Des plaisirs insalubres.

 

Veille !

 

À l'heure des rides viendra

Le fol errant

L'amoureux de la nature.

L’Éden restauré.

 

Les arbres témoins des grottes solaires.

Les êtres aux verdures sur leur séant

Veilleront au Temple

À la porte seront les veilleurs,

Des veilleurs seront les passeurs,

Vers la Petite Mort te redonneront

Les virginités de l'âme. 

 

William Bouguereau

 

Le jour s'est levé aux matins clairs

Des aurores boréales.

 

J'ai vu tant de lumières colorées

Voguant vers l'arche au port de mon corps

Que les veilleurs et les passeurs de voiles

Ont déchiré l'envie

À la main qui caresse la nuque.

Invisible

Imaginaire

Fragile

 

Incertaine

A crié

Le souvenir

Des envies,

Des espoirs.

 

Alors, alors, je suis allée dehors

À l'ombre d'un bois

Aimer mon arbre,

Mon fidèle ami,

Celui qui tout entend et tout reçoit. 

 

 

"Pour lui, je me suis dénudée, 

Doucement, je me suis approchée

Pour l'enlacer.

 

Ses branches chargées de fruits

De ceux de l'automne baisaient le sol.

Un rameau s'est posé sur mon épaule,

J'ai cru à ta caresse.

 

 Mon pied a broyé deux pommes,

 Le jus ruisselait entre les doigts,

Je sentais le bon fruit

J'ai grimpé tout en haut de mon arbre,

Je suis devenue rameau

Et j'ai plié, j'ai plié

J'ai plié, j'ai crié !

 

Ployée sous l'emprise du vent

J'ai pensé à l'odeur des fruits

Des automnes oubliés,

Sur mon sein me suis appuyée,

Je me suis sentie petite fille

Je suis devenue feuille

Je suis devenue le rameau

J'ai senti la pluie couler sur le feuillage

Des natures et de la mousse, j'ai aimé le chant."

 

Les cheveux volants au vent,

Dansant telle une Ondine

Au gré des vœux et des songes,

Je suis repartie plus loin

Danser dans la prairie.

Mon arbre, de loin, me regardait.

Il me salua, posant branches à terre.

 

La jupe des éternelles danses 

Virevoltait

Un brin d'herbe l'a soulevée.

Terriblement s'accoquina aux ourlets.

 

Il n'y avait plus d’Éden.

 

 

Les pieds amoureux écrasaient les grains

Les grains gémissaient sous la peau.

La vision était belle.

 

 "Je me suis allongée sur l'herbe

Pour me cacher des oiseaux.

Mes cuisses écrasaient l'herbe

Elles sont devenues toutes vertes !

Sans cesse ma tête roulait,

Aux parfums terrestres, s'enivrait.

Je me suis retournée

J'ai appuyé mon ventre au sol

J'ai senti la caresse de la verdure ;

Je pleurais."

 

Ont-elles rafraîchi mes lèvres, les larmes,

Les larmes du passé

Au bois transformé

Au viol envolé

Aux blessures décédées ?

 

J'ai déposé un baiser sur un épi de blé

Croyant que c'était, là, ta bouche.

 

Adam me voyait

Me rêvait,

M'espérait.

 

Mon cœur s'emplit à la vasque du temple.

 

 

Aux beaux rêves vécus

À la nature en moi fécondée,

Frigide aux hommes indélicats,

Fontaine aux hommes délicats,

Ai-je vu l'arbre me trahir,

De ses branches me flageller

Et de ses rameaux me vider ?

 

Ai-je connu un vœu qui épouserait

La semblable timidité

À l'envol de la timidité fracassée

Quant aux roches éclatées -  elle — se donne ?

 

 

Qui a vu le beau ballet à la féerie des roses

S’ailer des éclats sortis de l'âme ?

Le cœur ayant empli son vase

Jusqu'aux rondeurs des secrets ?

Car il n'y a de vase qu'en deux vases

Que j'ai scellé.

 

Les poèmes centrés sont parus dans le livre " âmes amères" publié en 1984 aux éditions Gabriel Lardant, et ont été insérés dans cet écrit de 2012. Soit l'art de remanier un poème qui fut pour être.

Ce poème glorifie le corps-Temple et la nature, les deux étant en transmutation continuelle.

L'amour et le désir spiritualisés de deux êtres sont offrande, et retrouvent la virginité d'origine de la terre. La dernière illustration en est le symbole.

 

 

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