Blanche est partie en septembre
laissant vide son trône de novembre
sans avoir su qu’elle était Blanche
car née d’une ancienne branche.
La noblesse sacrifiée avec ses privilèges,
pourtant profondément liée à son siège,
sa nouvelle chaire entourée de deux,
elle n’a pas vu l’ancien sceptre des adieux.
Sans plus de monarchie, mais de règne élu,
elle a pu unir les gueux aux Preux invaincus,
souvent leurs intimant de partir sans vaillance,
car née d’une récente nouvelle alliance.
Du visage, les traits identiques, elle était nue.
De sa personnalité de fer, elle était revenue.
Aujourd’hui épousant son ciel sans foi
alors que de foi elle avait vécu de son roi.
Blanche est morte pour la seconde fois.
Avant de Castille, bourguignonne en ses lois,
Gouverner est ardu quand née simple élue.
Sans père sur le trône ni fils Saint Élu.
Sur le parvis, les gueux refluent sans ombrage,
et de la cathédrale, revoient le beau mariage
qui n’a laissé aucun souvenir en sa mémoire,
car elle ne sut pas qu’elle était Blanche.
Son adoré fils en cette vie, elle n'a jamais revu,
car lui avait choisi les gueux pour revivre in-situ,
sans qu'elle ne sache qu'il était de proximité,
Non loin d'elle, la regardant de l'avenir au passé.
24 septembre 2022
Thyphon
Suspendus aux lèvres du temps hagard
que le très terrestre esprit regarde,
va le nombre mi-conscient, endormi,
s’enliser au fond du mensonge en son lit.
L’ennemi n’est point démasqué, va, court.
Son masque rit son grime ravi de son discours.
Celui criant, point n’est blessé mais se prosterne.
Allant clopant, nez coulant, et vous berne.
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
On dit que ; on se tait ; on va où souffle le vent,
belle convention des vanités lors leur temps !
La route est tracée ; le genre humain boite,
si pervers, mais se croyant bon, et l’autre convoite.
S’éloigne du genre divin et clopine extrême.
L’ennemi est un autre qui n’est pas son carême.
Ainsi se ronge le sang de mille âmes sans lys
qui n’ont jamais vu une seule rose fleurir.
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon
C’est l’histoire depuis des siècles l’affirmant.
On tisse ; on tricote ; on coud la misère au firmament
pour que les différences soient assassinées.
L’éloquence décède parce qu’elle est vérité.
Attend la loyauté depuis toujours après les drames.
Son vêtement laissé sur l’envers de sa trame
voit les charlatans qui donneraient à croire
qu’il est à l’endroit, et chacun le croit ! Voir !
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
J’ai vu gémir, crier, mentir l’assassin
qui veut de sa patrie, comme autrefois le Sarrazin,
tuez le frère, cet homme ! Puis, libre sans liberté,
déjà il tremble aux Nues tel l’errant dans sa nuit.
Le Malin n’est pas toujours où on l’attend de sa lame
mais là où on le voit œuvrant de ses armes.
Il forge le bras en l’habillant de ses tentacules
et la main armée prend pour nom « Haine ».
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
Sur ses cheveux jadis blonds que la mort a blanchi,
la lèvre à peine maudite éclate de rire en son logis,
feignant le sanglot pour qu’on la plaigne.
Va petite ! Ta terre est loin ! Elle saigne.
Et le blé continue de fleurir après avoir mûri
si Dieu lui donne le temps de naître appauvri,
car mûrir n’est que le second pas de mourir
dans la folle tragédie que crient leurs rires.
C’est ainsi que les hommes font
quand ils aiment la lie du Typhon.
Hercule et l'Hydre, vers 1475, Antonio del Pollaiuolo, (Florence, musée des Offices)
Photo issue du site
http://www.le-blog-de-gerard.com/2018/10/sur-les-bords-de-pont-sur-yonne.html
C’est une maison rouge, coiffée de vigne vierge,
Rendant l’âme de l’été, au cœur de l’automne.
Et lorsque je grimpe sur la pente de sa berge,
Elle m’invite à charmer sa face mignonne.
Qui l’a vue se reposer au bord de l’Yonne,
Connaît son talent à se mirer sur les eaux,
Quand proche d’une pierre qui se fait lionne,
Elle baigne ses pieds meurtris dans les flots.
Là, adossée au parapet, elle, dans son oriel,
Car triste un peu, hâlée dans la lumière,
Parle au peuplier dansant, caressant son ciel,
Pour un baiser qu’elle donne, altière.
C’est une petite maison rouge, coiffée de vigne,
Proche du pont de pierre, proche d’un saule doré,
Dissipant des eaux dormantes le crépuscule digne,
Venant, prudente, pour loger son tourment blessé.
Lumière éclatante des automnes s’éveillant,
Au début du soir qui me surprend d’adoration,
Elle marche sans peine vers la nuit me scellant,
Et au fleuve offre sa douleur, pour mon émotion.
Là, couchée sur le pont flétri, si vieux de pierres,
Que le temps a grisées, fleuries de fleurs mauves,
Encore rosées malgré son lourd suaire,
Je dors sur son flanc, dérobant son alcôve.
C’est une maison rouge, fière de sa vigne,
Flirtant avec un papillon sur une feuille défunte,
Et, son pont de pierre, que bercent les cygnes,
S’endort sur le temps qu’années ont éteintes.
Pensant à partir pour laisser ce vide immense,
Je les regarde, blême qu’ils ne soient plus de beauté,
Elle sans poésie, sans plus de danses,
Morte après avoir été, tristement défigurée.
Mahler: Adagietto Symphony 5 - Karajan